Il ne me semble pas avoir
dans mon apparence de quoi spécialement séduire les jeunes filles.
C'est pourquoi je suis toujours perplexe et intrigué quand il me
semble à l'occasion attirer l'attention d'une d'entre elles.
Plusieurs explications possible sont envisageables. Que ce soit juste
un jeu de séduction. Ou que je ne sois pas spécialement le sujet
d'intérêt précis mais que je tombe sur des personnes « qui
tirent sur tout ce qui bouge ». Ou que je personnifierais un
fantasme qui ne me correspond nullement, genre l'homme d'expérience
initiateur de plein de choses. Enfin, l'explication la plus probable
est qu'en fait à mon contact elle laisse apparaître la recherche de
toute autre chose qu'une aventure, même si ça peut en avoir
l'apparence.
L'écrasante majorité
des garçons, puis des jeunes hommes, des hommes et des vieillards
leur vie durant se droguent aux endorphines d'origine
masturbationnelle. Leur pratique toxicomaniaque démarre vers l'âge
de 12, 13 ou 14 ans. Comme le disait une fillette écœurée âgée
d'une douzaine d'années dont j'ai lu un jour l'interview : « à
partir d'un certain âge les garçons ne pensent qu'à ça. »
Ce qui amène chez les
jeunes filles et les femmes une très grande résignation. Elles se
disent : « les hommes sont tous cons. » Ou bien : « ce
sont tous des petits garçons. » Que leur reste-t-il aux femmes
comme amour ? Celui des petits enfants, de certains adultes qui, pour
des raisons morales évitent de chercher à les draguer, des femmes
quand ce sont de bonnes copines. Et les hommes représentent pour les
femmes la partie sinistrée de l'amour. Ils leur paraissent tous
obsédés du slip.
Cependant, au fond cette
vision des hommes est insupportable. Les jeunes filles espèrent
autre chose, même si elles vont intellectuellement penser que
malheureusement ça n'existe pas. Le besoin d'harmonie est ancré en
elles. Alors des fois elles le laissent apparaître. Mais attention !
Dans notre société, comme l'harmonie n'existe pas ou si peu, les
apparences sont trompeuses. Une jeune fille en quête d'harmonie fera
penser à une jeune fille en quête d'aventure. Cette quête sera
difficile.
Une jolie fille me disait
très récemment qu'on pouvait « essayer », c'est-à-dire
accepter une aventure en espérant la voir se transformer en histoire
d'amour. Elle avait essayé avec un jeune homme de son entourage et
ça avait été un échec. La question qu'elle ne s'était pas posée ici
et que j'aurais l'occasion de lui poser est celle-ci : « tu
cherchais très précisément quoi ? Et si, au lieu de chercher à
faire l'amour à l'essai vous vous en seriez tenu seulement et
uniquement à vous faire des câlins, le résultat aurait-il été
pareillement décevant ? » Car le problème est là : vouloir
faire coïncider le rapprochement entre un jeune homme qui se drogue
aux endorphines masturbationnelles et détraque avec son appétit
sexuel, et une jeune femme qui cherche l'harmonie.
La sexualité n'est
absolument pas identique s'il s'agit de l'homme ou de la femme. Une
femme peut tout à fait bien vivre en se passant des hommes, alors
qu'il est bien moins évident pour un homme de se passer des femmes.
Quantité de femmes, à force d'être emmerdées par des hommes
obsédés de la queue finissent par choisir de vivre seules. Une
jolie fille de dix-huit ans me disait récemment : « l'amour ?
En général ça ne marche pas. Je préfère me consacrer à mes
études. » Elle paraît joyeuse et pleine de vie. S'occupe de
plusieurs associations culturelles étudiantes et se passe des
garçons. Il me semble moins probable de voir une telle situation
vécue aussi bien par un jeune homme du même âge. Certaines jeunes
filles, à force de se gaver de pornographie via Internet cherchent à
prendre le taureau par les cornes. Elles font du « rentre
dedans ». Prennent des attitudes très provocantes inspirées
des vidéos et photos pornographiques. Elles font probablement le
bonheur des dragueurs et finissent par se lasser. Moi, quand je les
rencontre, elles me surprennent, sans plus. On s'habitue à tout,
même les situations les plus étranges et les plus inattendues. Ces
comportements désespérés ne mènent pas à l'harmonie homme femme
qu'il est possible de trouver.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 septembre 2016
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