mercredi 7 septembre 2016

646 Le mythe de l'orgasme unique et universel

Soit le plaisir engendré par la dégustation d'une entrecôte limousine saignante avec des frites maisons et le plaisir engendré par la dégustation d'une glace artisanale aux myrtilles. Je vais décréter que ces deux plaisirs correspondent à « l'orgasme gastronomique ». Ensuite, je bâtirais une théorie de l'épanouissement par l'accès à l'orgasme gastronomique et des chemins pour y arriver. Questionnant diverses personnes certaines m'expliqueront arriver fréquemment à l'orgasme gastronomique, d'autres plus difficilement, d'autres enfin pas du tout. Je mettrais au point des thérapies pour soigner les déficients en orgasmes gastronomiques et formerais des spécialistes. Les personnes incapable d'atteindre l'orgasme gastronomique iront les consulter. Des articles dans la presse commenteront les traitements et leur efficacité. Une dame déclarera : « ça y est, grâce au traitement, à quarante ans j'ai enfin atteint l'orgasme gastronomique ! » Un homme écrira : « ce traitement est une fumisterie ! Il m'a couté une fortune et je n'ai pas obtenu un résultat satisfaisant ! »

Tout ce tableau fait bien sûr rire. Il n'existe pas d'orgasme gastronomique. Mais, l'orgasme sexuel existe-t-il ? On nous fait un film sur ce trésor à découvrir d'urgence et sinon à rechercher via des thérapies. D'abord, un « orgasme » qu'est-ce que c'est ? C'est une avalanche d'endorphines. Il n'existe pas d'endorphines propres à un endroit ou un autre de la personne concernée. Des fois une avalanche se déclenche et pour diverses raisons. Mais comment peut-on mettre un signe égal entre des situations différentes ? Soi-disant ce serait à chaque fois « un orgasme ». Et nous serions tenu de le rechercher pour réussir notre épanouissement sexuel breveté et garanti qualité optimale ! Mais, de qui se fout-on ? De nous, bien sûr !

À commencer par cette prétention bizarre à un phénomène équivalent chez l'homme et la femme. La jouissance serait à chaque fois « sexuelle ». Alors qu'il est parfaitement évident que l'homme et la femme fonctionnent de manière complètement différente. Mais ça ne décourage pas les crétins machos. Ils ont ainsi décrété que la femme avait un pénis, une érection et une éjaculation. Le clitoris devenant un pénis tout petit. L'honneur est sauf ! Seul Monsieur a un très gros zizi.

Mais non, désolé, la femme a un clitoris et l'homme une bite. Ce sont deux organes absolument différents. La sensation voluptueuse causée par la stimulation manuelle, buccale, linguale ou génitale de ces deux organes n'est pas éprouvée de la même manière. Des femmes m'ont dit que la caresse du clitoris leur apporte une sensation qu'elles appellent « une montée ». Celle-ci ne doit pas être contrariée en chemin, sinon ça donne une impression décevante et désagréable. Une fois la montée assurée, durant un moment le clitoris n'a plus à être stimulé, ça énerve, c'est désagréable. Puis on peut recommencer. Tandis que chez l'homme il existe l'éjaculation qui peut être agréable ou désagréable, intense ou pas et suivie y compris d'un arrêt complet de l'activité sexuelle durant un moment et parfois jusque y compris plusieurs heures. Le plaisir clitoridien ne semble pas fatiguer la femme, tandis que l'homme après l'éjaculation peut y compris s'endormir et se sentir épuisé. En résumé, il paraît plus faible et moins bien doté pour son plaisir génital que la femme. Les hommes connaissent divers troubles de l'éjaculation, y compris peuvent ne pas y parvenir malgré leurs efforts en ce sens.

Et puis surtout la pratique masturbatoire régulière chez l'homme adulte détraque son appétit sexuel. Il a tout le temps envie de baiser et emmerde les femmes en les harcelant. Il ne semble pas que la caresse de la femme par elle-même au niveau génital ait le même résultat. Enfin, autre différence, pour stimuler artificiellement leur appétit masturbatoire et se branler régulièrement, les hommes font appel au sexe commercial : la pornographie dont ils usent en grande quantité. Les femmes paraissent connaître un intérêt beaucoup plus réduit pour ces productions commerciales.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 septembre 2016

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