Soit le plaisir engendré
par la dégustation d'une entrecôte limousine saignante avec des
frites maisons et le plaisir engendré par la dégustation d'une
glace artisanale aux myrtilles. Je vais décréter que ces deux
plaisirs correspondent à « l'orgasme gastronomique ».
Ensuite, je bâtirais une théorie de l'épanouissement par l'accès
à l'orgasme gastronomique et des chemins pour y arriver.
Questionnant diverses personnes certaines m'expliqueront arriver
fréquemment à l'orgasme gastronomique, d'autres plus difficilement,
d'autres enfin pas du tout. Je mettrais au point des thérapies pour
soigner les déficients en orgasmes gastronomiques et formerais des
spécialistes. Les personnes incapable d'atteindre l'orgasme
gastronomique iront les consulter. Des articles dans la presse
commenteront les traitements et leur efficacité. Une dame déclarera
: « ça y est, grâce au traitement, à quarante ans j'ai enfin
atteint l'orgasme gastronomique ! » Un homme écrira : « ce
traitement est une fumisterie ! Il m'a couté une fortune et je n'ai
pas obtenu un résultat satisfaisant ! »
Tout ce tableau fait bien
sûr rire. Il n'existe pas d'orgasme gastronomique. Mais, l'orgasme
sexuel existe-t-il ? On nous fait un film sur ce trésor à découvrir
d'urgence et sinon à rechercher via des thérapies. D'abord, un
« orgasme » qu'est-ce que c'est ? C'est une avalanche
d'endorphines. Il n'existe pas d'endorphines propres à un endroit ou
un autre de la personne concernée. Des fois une avalanche se
déclenche et pour diverses raisons. Mais comment peut-on mettre un
signe égal entre des situations différentes ? Soi-disant ce serait
à chaque fois « un orgasme ». Et nous serions tenu de le
rechercher pour réussir notre épanouissement sexuel breveté et
garanti qualité optimale ! Mais, de qui se fout-on ? De nous, bien
sûr !
À
commencer par cette prétention bizarre à un phénomène équivalent
chez l'homme et la femme. La jouissance serait à chaque fois
« sexuelle ». Alors qu'il est parfaitement évident que
l'homme et la femme fonctionnent de manière complètement
différente. Mais ça ne décourage pas les crétins machos. Ils ont
ainsi décrété que la femme avait un pénis, une érection et une
éjaculation. Le clitoris devenant un pénis tout petit. L'honneur
est sauf ! Seul Monsieur a un très gros zizi.
Mais non, désolé, la
femme a un clitoris et l'homme une bite. Ce sont deux organes
absolument différents. La sensation voluptueuse causée par la
stimulation manuelle, buccale, linguale ou génitale de ces deux
organes n'est pas éprouvée de la même manière. Des femmes m'ont
dit que la caresse du clitoris leur apporte une sensation qu'elles
appellent « une montée ». Celle-ci ne doit pas être
contrariée en chemin, sinon ça donne une impression décevante et
désagréable. Une fois la montée assurée, durant un moment le
clitoris n'a plus à être stimulé, ça énerve, c'est désagréable.
Puis on peut recommencer. Tandis que chez l'homme il existe
l'éjaculation qui peut être agréable ou désagréable, intense ou
pas et suivie y compris d'un arrêt complet de l'activité sexuelle
durant un moment et parfois jusque y compris plusieurs heures. Le
plaisir clitoridien ne semble pas fatiguer la femme, tandis que
l'homme après l'éjaculation peut y compris s'endormir et se sentir
épuisé. En résumé, il paraît plus faible et moins bien doté
pour son plaisir génital que la femme. Les hommes connaissent divers
troubles de l'éjaculation, y compris peuvent ne pas y parvenir
malgré leurs efforts en ce sens.
Et puis surtout la
pratique masturbatoire régulière chez l'homme adulte détraque son
appétit sexuel. Il a tout le temps envie de baiser et emmerde les
femmes en les harcelant. Il ne semble pas que la caresse de la femme
par elle-même au niveau génital ait le même résultat. Enfin, autre
différence, pour stimuler artificiellement leur appétit
masturbatoire et se branler régulièrement, les hommes font appel au
sexe commercial : la pornographie dont ils usent en grande quantité.
Les femmes paraissent connaître un intérêt beaucoup plus réduit
pour ces productions commerciales.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 7 septembre 2016
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