Quand on parle du
« plaisir sexuel », il est courant d'évoquer le fait que
beaucoup de femmes font semblant de jouir. Elles le font parce
qu'elles s'ennuient durant l'acte sexuel. Et cherchent à l'abréger
au plus vite en excitant l'homme afin qu'il finisse « sa petite
affaire ». En revanche, on n'entend pas parler des hommes qui
font semblant. Une des raisons est que le mythe de l'homme toujours
et facilement satisfait sexuellement participe de sa
pseudo-supériorité sur la femme.
Avant d'arrêter, j'ai
longtemps consommé de la pornographie. Quand on observe avec
attention des vidéos ou photos pornographiques sur Internet, on peut
chercher à décrypter les visages des « acteurs » et
« actrices ». Il est fréquent de constater que
visiblement ils s'ennuient. Ce qui est frappant c'est la misère
sensuelle des scènes. On ne s'intéresse qu'à l'acte sexuel. On
néglige tout le reste. Des femmes nues et magnifiques ne reçoivent
aucune caresse. On pourrait penser que c'est là une exigence des
scénarios. C'est ce que j'ai pensé. J'ai à présent une
autre explication.
La pratique régulière
de la toxicomanie masturbationnelle endorphinique masculine amène un
effondrement de la sensibilité corporelle masculine. Au cours des
années, j'ai pu ainsi voir ma sensibilité corporelle s'évaporer.
J'attribuais ce phénomène à des « problèmes
psychologiques », à l'existence de longues périodes sans
échanges sexuels. Alors que le problème aurait en fait une autre
source : la pratique régulière de la masturbation qui tend à
effacer la sensibilité masculine générale.
L'arrêt de la
masturbation et de la pornographie rendrait-elle cette sensibilité
corporelle disparue ? Pour moi il est trop tôt pour le dire. Ce qui
est certain en revanche, c'est qu'il suffit de quelques mois de
sevrage pour trouver une tranquillité et une sensibilité
considérablement accrues. Pouvoir vivre l'amour d'une manière riche
et désintéressée est un acquis très précieux.
Il est bien évident que
quantité de garçons font semblant d'apprécier l'acte
sexuel, mais en fait s'ennuie durant celui-ci. Sinon, ils ne
s'empresseraient pas de quitter leur copine ! Un vieil ami me disait : « si
les hommes jouissaient vraiment chaque fois qu'ils font l'amour, ça
se saurait ! »
Mais les « contes
et légendes » du sexe ont la vie dure ! On peut encore lire
des articles où très abusivement l'éjaculation est présentée
comme synonyme d'un extraordinaire plaisir baptisé « orgasme ».
Où les caresses sont traitées de « préliminaires » ou
« postludes » du coït roi.
L'effondrement de la
sensibilité masculine causé par la masturbation s'accompagne du
refus des femmes de se laisser trop prendre par des caresses s'il y
en a. Les relations sensuelles entre homme et femme se vident
complètement de leur contenu. À
force de vouloir arbitrairement faire sexe le plus possible, on finit
par ne plus rien faire du tout. L'acte sexuel artificiellement isolé
et ramené est une chose triste. On le voit même justifié comme un
acte hygiénique au même titre que « se brosser les dents »
! Se brosser les dents prévient la carie dentaire. Faire l'amour
préviendrait la carie sentimentale de la « séparation ».
Mais la « séparation » est-elle possible entre deux
personnes qui n'ont rien à se dire ? Elles sont déjà séparées ou
n'ont jamais été vraiment ensemble! On invoque les méfaits de
« la routine ». Mais parle-t-on de la routine des
vacances qui nous ôterait l'envie d'en profiter ? Non, il s'agit
d'autre chose. De la tâche impossible d'adapter la toxicomanie
masturbationnelle endorphinique masculine à la relation entre un
homme et une femme. On en vient à invoquer les « engagements »,
les « sentiments durables » et autres concepts destinés
à étayer une maison dépourvue de fondations, bâtie sur du sable
et en voie de désintégration. On invoque l'ébriété endorphinique
des premiers moments de la rencontre. En ces occasions les amoureux
sont saouls d'endorphines. Ce serait un modèle à suivre. Mais la
vie peut-elle se résumer et avoir pour but l'ivresse ? Après
l'ivresse on cuve, que ce soit des endorphines ou de l'alcool. Et on
se réveille.
Basile, philosophe naïf,
Paris le 1er septembre 2016
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