En cherchant sur Internet
j'ai découvert une communauté américaine dont j'ignorais
l'existence. Officiellement, elle se présente comme adversaire de la masturbation et de la pornographie. La réalité
est plus complexe que ça.
La masturbation est un geste anodin et inoffensif. Le problème n'est pas la masturbation par elle-même, mais les fantasmes et frustrations que les adultes, essentiellement de sexe masculin, véhiculent avec et soulignent avec. Et cette communauté condamne la masturbation manuelle pour prôner la masturbation intra-vaginale ! Se branler avec la main ce serait mal selon elle. Se branler dans un vagin serait juste et parfait. A fortiori on peut imaginer que la masturbation intra-anale ou intra-buccale trouvera également un accueil positif chez la communauté en question.
Le vraie problème est de renoncer effectivement aux fantasmes et frustrations accompagnés par diverses masturbations et à la théâtralisation des fantasmes et frustrations réalisée par la pornographie.
Le rapport sexuel, s'il
est effectivement et réciproquement désiré et réalisable dans de
bonnes conditions est en principe bienvenu. S'il consiste en une
masturbation vaginale, anale ou – et – buccal, il est à rejeter.
L'être humain ne saurait être résumé à de la viande à baiser.
Quand bien-même elle serait consentante.
La question posée n'est
pas : « pour ou contre la sexualité ? » mais : « en
quoi consiste-t-elle et à quel moment est-elle authentique et
bienvenue ou non. »
La sexualité n'est ni un
produit commercial ni un produit de consommation ni un justificatif
social. Quand elle n'a pas lieu d'être elle est à éviter
absolument car elle nuit alors gravement aux relations humaines et à
l'équilibre individuel. Ce refus doit se faire en douceur, comme on
refuse un plat dont on ne veut pas. C'est une simple question de bon
sens et d'amour de la vie.
J'ai longtemps cherché à
faire « comme tout le monde » dans le domaine sexuel et
suivre le troupeau. J'ai finalement compris que cette position que je
suivais sans l'avoir analysé était stupide et erronée. Il vaut
mieux se sentir seul dans la vérité que suivre d'autres dans l'erreur.
Les livres, revues,
émissions de télévision et sites Internet qui prônent des erreurs
à la mode dans le domaine sexuel sont innombrables. Leurs propos ne
présentent aucun intérêt, sauf si on s'intéresse à la riche
histoire de la bêtise et du conformisme humain qui l'accompagne très
souvent.
Le vrai désir sexuel est
plutôt peu fréquent. Ce qui est en revanche un besoin permanent
c'est celui de l'amour et de la tendresse. Ces éléments sont le
plus souvent contrariés par une sexualité hypertrophiée qui
prétend les dominer. Quand on renonce à cette sexualité
hypertrophiée on ne renonce pas à « la sexualité »,
mais à l'erreur à propos de la sexualité.
Quantité de personnes
s'imaginent qu'elles doivent négocier des rapports sexuels
institutionnels dans le cadre d'une relation dite « de
couple ». Prétendre institutionnaliser la sexualité est une
erreur. Cette ambition conduit tôt ou tard le « couple »
concerné à la ruine et la séparation.
L'amour est plus grand
que la sexualité. Celle-ci doit être ramenée à sa juste place. On
doit rendre à l'amour et la tendresse les larges espaces que la
sexualité hypertrophiée a depuis bien trop longtemps confisqués et
rendu inaccessibles.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 juin 2016
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