Une
vieille sagesse arabe dit : « la beauté est dans l'œil qui
regarde ». Et effectivement, voir et la manière de voir sont
indissociables. Et la manière de voir influence notre perception.
Ainsi, vous pouvez tous faire cette expérience que j'ai eu un jour
le grand plaisir de faire :
Rendez
vous dans une zone où un grand nombre d'hommes, de femmes ou
d'enfants promènent leur chien, par exemple un samedi après-midi à
Paris au bois de Boulogne. Observez la foule d'amateurs de clébards
en train de marcher... et dites vous intérieurement : « en
fait, ce ne sont pas ces personnes qui promènent en laisse les
chiens, mais les chiens qui promènent en laisse les maîtres... »
Aussitôt la scène devient hautement comique, car c'est vrai. C'est
à être plié en quatre de rire ! Tous ces humains qui se croient
« supérieurs » et obéissent à leur toutou à la patte
et à l'œil !
Un
professeur de culture physique que j'ai connu nous enseigna un jour
une technique pour se muscler. Il nous dit : « imaginez que
vous tenez à bout de bras par exemple des poids de 15 kilos. Faites
ensuite des mouvements en tenant compte de cette idée et vous vous
musclerez ». Il a aussi ajouté plus tard : « imaginez le
résultat de sa pensée si quelqu'un imagine que tout le monde le
déteste ! »
Et
cela est vrai. Fort est le pouvoir de l'autosuggestion ! Or, elle se
glisse aussi dans le domaine du coït entre humains. Quantité
d'humains s'imaginent « faire l'amour » alors qu'en fait
ils se masturbent avec l'autre. Ils ont simplement remplacé leur
main par un homme ou une femme. Cette supercherie a des limites.
Une
dame sexagénaire, qui était jeune fille au milieu des années 1940,
me racontait que pour elle et toutes ses copines mariées c'était
pareil. Elles ne ressentaient rien quand leur mari « faisait sa
petite affaire ». Elles attendaient avec impatience qu'il ai
fini pour aller se laver.
Cette
illusion de « faire l'amour » quand on ne fait que « sa
petite affaire », combien d'hommes l'ont encore de nos jours ?
Beaucoup, sauf qu'à la différence d'hier, quantité de femmes
n'acceptent plus de passer leur vie à attendre que leur cher et
tendre ai fini sa petite affaire. Un beau jour, à la grande surprise
de leur compagnon, elles se séparent de lui.
On
ne peut vraiment « faire l'amour » que s'il existe un
désir véritable et réciproque et pas simplement l'acceptation de
faire « comme tout le monde ». On est jeunes et beaux,
alors allons-y ! Non ! Cette démarche détruit les bonnes relations.
Quand on y renonce. Quand on n'accepte plus que l'authenticité,
quelle sérénité ! Quelle tranquillité ! Aujourd'hui je peux voir
toutes les plus belles filles du monde, je sais que s'il n'existe pas
un désir réel, authentique et réciproque, qui est bien rare, il
n'y a rien à prétendre ajouter.
La
sexualisation abusive des rapports humains, la coïtomanie, trouve
très vraisemblablement son origine dans le sevrage tactile subit
durant l'enfance. La pression colossale du manque de câlins dans
notre société conduit à des comportements incohérents chez les
adultes. Ils ont un manque. Et, incapable de l'identifier, ils
croient qu'il est « sexuel » et vont embêter leur
entourage avec cette interprétation erronée. Témoin de cet
égarement, je me souviens avoir durant un peu plus d'une dizaine
d'années embêté une amie avec cette irritante revendication de
vouloir « faire l'amour » avec elle. D'autant plus
absurde que je me rendais compte que ça ne serait pas intéressant
si cela arriverait. Alors, pourquoi avoir ainsi poursuivi avec
obstination cette demande stupide ? J'étais comme un homme qui a
besoin de voyelles pour exprimer ma vie et ne disposais que de
consonnes. Il est grand temps de libérer la pensée, le geste et la
parole avec « l'esprit de la coccolazione » !
Basile,
philosophe naïf, Paris le 10 juin 2016
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