vendredi 10 juin 2016

562 Force et limites de l'autosuggestion

Une vieille sagesse arabe dit : « la beauté est dans l'œil qui regarde ». Et effectivement, voir et la manière de voir sont indissociables. Et la manière de voir influence notre perception. Ainsi, vous pouvez tous faire cette expérience que j'ai eu un jour le grand plaisir de faire :

Rendez vous dans une zone où un grand nombre d'hommes, de femmes ou d'enfants promènent leur chien, par exemple un samedi après-midi à Paris au bois de Boulogne. Observez la foule d'amateurs de clébards en train de marcher... et dites vous intérieurement : « en fait, ce ne sont pas ces personnes qui promènent en laisse les chiens, mais les chiens qui promènent en laisse les maîtres... » Aussitôt la scène devient hautement comique, car c'est vrai. C'est à être plié en quatre de rire ! Tous ces humains qui se croient « supérieurs » et obéissent à leur toutou à la patte et à l'œil !

Un professeur de culture physique que j'ai connu nous enseigna un jour une technique pour se muscler. Il nous dit : « imaginez que vous tenez à bout de bras par exemple des poids de 15 kilos. Faites ensuite des mouvements en tenant compte de cette idée et vous vous musclerez ». Il a aussi ajouté plus tard : « imaginez le résultat de sa pensée si quelqu'un imagine que tout le monde le déteste ! »

Et cela est vrai. Fort est le pouvoir de l'autosuggestion ! Or, elle se glisse aussi dans le domaine du coït entre humains. Quantité d'humains s'imaginent « faire l'amour » alors qu'en fait ils se masturbent avec l'autre. Ils ont simplement remplacé leur main par un homme ou une femme. Cette supercherie a des limites.

Une dame sexagénaire, qui était jeune fille au milieu des années 1940, me racontait que pour elle et toutes ses copines mariées c'était pareil. Elles ne ressentaient rien quand leur mari « faisait sa petite affaire ». Elles attendaient avec impatience qu'il ai fini pour aller se laver.

Cette illusion de « faire l'amour » quand on ne fait que « sa petite affaire », combien d'hommes l'ont encore de nos jours ? Beaucoup, sauf qu'à la différence d'hier, quantité de femmes n'acceptent plus de passer leur vie à attendre que leur cher et tendre ai fini sa petite affaire. Un beau jour, à la grande surprise de leur compagnon, elles se séparent de lui.

On ne peut vraiment « faire l'amour » que s'il existe un désir véritable et réciproque et pas simplement l'acceptation de faire « comme tout le monde ». On est jeunes et beaux, alors allons-y ! Non ! Cette démarche détruit les bonnes relations. Quand on y renonce. Quand on n'accepte plus que l'authenticité, quelle sérénité ! Quelle tranquillité ! Aujourd'hui je peux voir toutes les plus belles filles du monde, je sais que s'il n'existe pas un désir réel, authentique et réciproque, qui est bien rare, il n'y a rien à prétendre ajouter.

La sexualisation abusive des rapports humains, la coïtomanie, trouve très vraisemblablement son origine dans le sevrage tactile subit durant l'enfance. La pression colossale du manque de câlins dans notre société conduit à des comportements incohérents chez les adultes. Ils ont un manque. Et, incapable de l'identifier, ils croient qu'il est « sexuel » et vont embêter leur entourage avec cette interprétation erronée. Témoin de cet égarement, je me souviens avoir durant un peu plus d'une dizaine d'années embêté une amie avec cette irritante revendication de vouloir « faire l'amour » avec elle. D'autant plus absurde que je me rendais compte que ça ne serait pas intéressant si cela arriverait. Alors, pourquoi avoir ainsi poursuivi avec obstination cette demande stupide ? J'étais comme un homme qui a besoin de voyelles pour exprimer ma vie et ne disposais que de consonnes. Il est grand temps de libérer la pensée, le geste et la parole avec « l'esprit de la coccolazione » !

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juin 2016

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