Dans ma contribution
précédente à ce blog j'évoquais « l'esprit de la
coccolazione ». Pourquoi un tel nom ? En fait parce qu'il
fallait bien en donner un à une chose et un projet d'importance qui
ne correspondent précisément à rien d'existant jusqu'à présent.
Ce nom est formé d'un jeu de mots en italien utilisant le verbe
« coccolare » qui signifie câliner, caresser, cajoler.
Et « collazione » qui est le nom du petit déjeuner.
La ritualisation de la
sexualité amène un trouble supplémentaire : la programmation
sexuelle. Ainsi, par exemple, quantité d'hommes croient que s'ils
parviennent à embrasser sur la bouche une femme qui leur plaît, il
s'agira d'une première étape amenant obligatoirement l'acte sexuel.
Et cet acte, s'il arrive, sera à répétition. L'accès au vagin se
fera en quelque sorte « avec abonnement ». Ce genre de
comportement perturbe gravement les relations humaines. Comme le
comportement masculin qui consiste à croire que si on est
« ensemble » ça corresponds à un « droit de
baise » permanente.
L'esprit de la coccolazione est tout autre, car il est basé sur la volonté de respecter l'autre. Y compris contre sa volonté quand elle est confuse et qu'il ne sait pas ce qu'il veut vraiment. Et a de la peine à résister aux rituels relationnels en vigueur.
L'esprit de la coccolazione est tout autre, car il est basé sur la volonté de respecter l'autre. Y compris contre sa volonté quand elle est confuse et qu'il ne sait pas ce qu'il veut vraiment. Et a de la peine à résister aux rituels relationnels en vigueur.
La séance de
coccolazione est strictement cadrée et placée sous le contrôle
d'au moins un tiers présent, ce qui permet d'éviter les situations
de domination et profitage. La coccolazione peut contribuer à aider
à soigner des troubles causés par des situations conflictuelles.
Ainsi par exemple une victime de viol, torture, une personne
souffrant d'un syndrome post-traumatique, ou d'anorexie, trouvant ou
retrouvant un contact agréable et de confiance. Ce contact l'aidant
à retrouver un meilleur équilibre. On peut imaginer la coccolazione
devenir un moyen de soigner en général les victimes d'agression qui
ont avec celle-ci perdu confiance dans leurs semblables.
En 1993, je parlais de
l'usage du toucher pour remettre d'aplomb le moral de personnes
souffrant d'un choc. Mon interlocuteur, sapeur-pompier de Paris,
était d'accord avec moi. Cependant, il doutait de l'application
possible de mon idée du fait des règles régissant la sexualité
dans notre société. Avec l'esprit de la coccolazione il est
possible non pas d'éliminer ou surmonter l'obstacle, mais, l'ayant
identifié, le contourner.
Les humains ne sont pas
hostiles aux relations câlines. Mais ils sont prisonniers des règles
existantes. Qui les amènent à refuser le contact car il est
abusivement systématiquement interprété comme une « avance
sexuelle ». Et, quand le contact se fait malgré tout, la
confusion amène à souhaiter un acte sexuel qui est bien souvent mal
venu. Les humains ont oublié ce qu'ils sont et essayent d'être autre
chose qu'eux-mêmes. Le résultat dans ces conditions ne peut pas
être bon. Combien d'humains victimes du manque de caresses se
réfugient dans l'alcool, la cigarette, l'anorexie, la fuite dans la
maladie, les comportements à risques, les drogues médicamenteuses ?
On ne le saura que quand on sera enfin sorti de cette situation
calamiteuse où il est plus facile de trop manger, trop boire, trop
dormir, fumer, que recevoir, donner, échanger d'authentiques
câlins.
En chacun de nous
sommeille notre authenticité tactile. Parfois, par moments,
inexplicablement, elle surgit puis s'évanouit. C'est un geste, une
caresse, une attitude belle et inhabituelle, inattendue, qui ne
subsiste que momentanément. J'ai pu observer quelquefois ce
phénomène. Mais le poids de la ritualisation régnante, des
ritualisations régnantes, font que ces situations ne durent pas.
Elles sont comme un rayon de soleil tombant un bref instant à
travers un manteau nuageux couvrant le ciel en permanence. Peut-être
un jour l'homme retrouvera son authenticité. On peut l'espérer. En
attendant, essayons de faire au mieux qu'il est possible. C'est déjà
autant de bien de fait.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 juin 2016
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