mercredi 8 juin 2016

560 L'esprit de la coccolazione et la « sexualité »

Par curiosité, j'ai cherché à voir sur Internet ceux qui parlent des caresses comme une pratique thérapeutique. Qu'ai-je trouvé ? Diverses choses, un site de prostitution déguisé en site pseudo-thérapeutique. Des sites qui eux préconisent des caresses... mais pas pour vous libérer de vos tensions, mais surtout libérer votre portefeuille d'un contenu « trop important ». Enfin, j'ai relevé une profonde absurdité et un profond non sens dans l'énoncé de caresses devant vous permettre de vous détendre et « lâcher prise » pratiquées sur des clients nus.

Cette prétention à la nudité s'oppose au but proclamé comme poursuivi. Elle ne pourrait être juste que dans une société différente de la nôtre où la nudité serait innocente, courante et habituelle. Dans notre société française et parisienne la nudité est associée à la sexualité. Or, loin d'être source de détente et « lâcher prise », la sexualité est au contraire une source fréquente de tensions. Sans compter qu'elle se rattache à la crainte omniprésente du viol et au fait qu'une part importante de la population a déjà subit au moins une agression sexuelle au cours de sa vie. C'est le cas d'au minimum un tiers des femmes et jeunes filles. Dans ces conditions, parvenir à la détente et au « lâcher prise » implique justement de se détacher de toutes références possible à la sexualité.

La caresse thérapeutique se donne sous une bonne lumière, en aucun cas dans la pénombre ou une lumière tamisée. Elle ne s'effectue jamais en tête-à-tête, mais en présence, sous le contrôle, d'un tiers. La nudité est exclue, qu'elle soit celle de la personne caressée ou celle de la personne qui caresse. On évite de toucher des zones ambiguës, considérées comme « sexuelles » dans notre société. Ce qui fait que ne sont caressés que la tête, les bras, le haut du dos et les jambes en dessous des genoux. On préviendra les personnes concernées que d'éventuelles réactions au niveau génital survenant suite aux caresses sont considérées comme sans importance, ni conséquences ou implications. A tous moments et sans justifications à donner la séance pourra être interrompue par le caressé ou le caresseur, ou les deux d'un commun accord. Le traitement sera sans but lucratif.

Si, par ailleurs, les personnes concernées souhaiteront s'envoyer en l'air, ça ne concerne plus la thérapie. C'est une affaire personnelle et indépendante de celle-ci.

L'esprit de la coccolazione doit permettre de retrouver une simplicité, une liberté, une sincérité, une sensibilité, que nous avons tous étant petits et avons le plus souvent très largement oublié.

Paradoxalement, notre société vante la caresse et l'interdit de facto au plus grand nombre la plupart du temps. En la subordonnant chez les adultes à la « sexualité » la société française et parisienne la rend le plus souvent complètement inaccessible. Il suffit de ne pas souhaiter « passer à la casserole » pour que le contact devienne impossible. On observe dans les transports publics parisiens aux heures de pointes des jeunes filles, des femmes qui, par hasard... mettent une partie d'elle au contact d'un homme. Et, au gré des secousses du voyage, se caressent ainsi. Elles prennent ce que j'appelle « des échantillons gratuits ». Car les autres sont payants. Vous voyez une jeune fille dire à un jeune homme : « je voudrais juste que tu me caresse le dos et les bras et rien d'autre ? »

J'ai rencontré par deux fois des jeunes femmes qui avaient déjà eu des amants, et aucun d'eux n'avait pensé à leur caresser le dos. Une jolie femme que j'ai connu d'un peu près m'a expliqué qu'aucun de ses amants au cours de sa vie amoureuse ne s'était avisé de lui caresser les seins. Qu'elle avait très sensible. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la vie dite « amoureuse » est très souvent d'une très grande misère tactile. Il n'y est la plupart du temps question que « d'affaires sérieuses » (lisez : du coït). Les personnes qui aiment beaucoup la tendresse finissent souvent par préférer la solitude à des services faux et désagréables. L'esprit de la coccolazione c'est tout autre chose.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 juin 2016

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