Chez les humains, à la
base de tout leur comportement se trouve l'instinct originel, intact
à la naissance. Le nouveau né humain est un parfait petit singe
sauvage qui va ensuite être dénaturé par toutes sortes
d'influences et de contraintes d'origine historiques et à caractère
culturel. Cependant, bien que gravement contrarié, cet instinct
perturbé sera toujours là. Et sa contrariété se traduira par des
troubles de comportements brillants par leur irrationalité.
Le manque prodigieux de
câlins et contacts physiques en général entre adultes, leur
confiscation au bénéfice exclusif d'une sexualité utilitariste
pour la reproduction, machiste et consumériste va générer un
sentiment de crainte diffuse qui cherchera une justification. C'est
ainsi que des peurs terrorisantes vont se développer chez nombre
d'individus. Sans motifs visibles ou avec des motifs insuffisants, on
verra des humains paniquer face à des problèmes les plus divers, à
caractère réel ou non. Des humains pourront être terrorisés par
exemple par : les autres en général. J'ai vu dans les années 1970
des dames parisiennes âgées et valides qui ne sortaient plus jamais
de chez elles et vivaient littéralement barricadées derrière leur
porte. La peur pourra être, très classiquement, celle du sexe
opposé. Ou ça pourra être la peur de la sexualité, ou de
l'absence de sexualité. La peur des gens différents ou d'être
différent des autres. Nombreux sont les humains qui connaissent une
terreur extraordinaire de la nudité, même partielle. Un jeune homme
voisin qui était sorti brièvement sur son palier torse nu et que
j'avais ainsi aperçu incidemment en paraissait bouleversé. Alors
que la nudité du torse masculin n'est pas officiellement catégorisé
en France comme indécente, à la différence du torse des femmes. Des humains
auront horreur des câlins et du contact physique en général. Ils
pourront aussi avoir une peur absurde d'une personne précise :
parent, voisin, dirigeant politique, etc. J'ai vu une fois un homme
qui avait une telle peur des chiens, qu'il n'osait pas avancer dans
la rue jusqu'à la hauteur d'un chien en laisse et d'allure très
inoffensive. La peur de tout ce qui présente un caractère officiel
atteint des sommets d'absurdité. Recevant dans sa boîte aux lettres
l'avis d'un mandat à chercher à la poste, son destinataire n'ira
pas, par peur d'une démarche « officielle ». Des
artisans frappés d'impôts abusifs ne voudront pas réclamer, car
« contre les impôts on ne peut rien ». Des humains qui
n'auront rigoureusement aucun motif d'avoir peur de la police et la
gendarmerie en auront une peur panique. On verra quantité de
comportements dictés par la peur immense d'être seul, ou de ne pas
être seul, ou d'être pauvre, ou d'attirer l'attention, etc.
Toutes ces peurs pourront trouver des justificatifs éventuels, exceptées pour une chose : leur intensité. La peur de la différence, par exemple, a fait qu'au début des années 1960 on a fait tout un drame dans ma famille parce qu'un de mes frères se laissait pousser les cheveux mi-longs ! A l'époque, la mode arrivait de faire ainsi. On savait que cette mode avait déjà existé jadis. Mais on en faisait un drame quand-même. Puis la banalisation des cheveux longs chez nombre de garçons à calmé complètement l'atmosphère familiale concernant cette question. Le seul drame avait été : la différence.
Toutes ces peurs pourront trouver des justificatifs éventuels, exceptées pour une chose : leur intensité. La peur de la différence, par exemple, a fait qu'au début des années 1960 on a fait tout un drame dans ma famille parce qu'un de mes frères se laissait pousser les cheveux mi-longs ! A l'époque, la mode arrivait de faire ainsi. On savait que cette mode avait déjà existé jadis. Mais on en faisait un drame quand-même. Puis la banalisation des cheveux longs chez nombre de garçons à calmé complètement l'atmosphère familiale concernant cette question. Le seul drame avait été : la différence.
Certains spécialistes
dressent des catalogues de peurs en les baptisant de noms à racines
latines. Mais le problème n'est pas la peur, mais son intensité.
Avoir peur de quelque chose, pourquoi pas ? Mais en être
littéralement terrorisé, là il y a un problème. Et ce problème
est qu'en fait cette peur sert d'habillage intellectuel à une
crainte sous-jacente qu'on ne reconnaît pas. Et quand on en parle,
on suscite scepticisme et incrédulité. Une dame quinquagénaire qui
refusait les bisous de son amant sur la bouche s'exclamait avec
mépris : « je n'ai plus quinze ans ! » La peur absurde
de telle ou telle chose se retrouve justifiée par un simple : « le
contraire me dérange ! » ou bien : « mais je n'en ai pas
envie ! » sans pour autant se poser la vraie question : « mais
pourquoi ce refus est-il si intense ? Ne dissimulerait-il pas autre
chose ? » On peut ne pas apprécier quelque chose ou quelqu'un. Mais en faire un drame montre le plus souvent qu'il y a quelque chose
en dessous qu'on refuse de voir.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 juin 2016
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