samedi 25 juin 2016

570 Sources de l'irrationalité chez les humains

Chez les humains, à la base de tout leur comportement se trouve l'instinct originel, intact à la naissance. Le nouveau né humain est un parfait petit singe sauvage qui va ensuite être dénaturé par toutes sortes d'influences et de contraintes d'origine historiques et à caractère culturel. Cependant, bien que gravement contrarié, cet instinct perturbé sera toujours là. Et sa contrariété se traduira par des troubles de comportements brillants par leur irrationalité.

Le manque prodigieux de câlins et contacts physiques en général entre adultes, leur confiscation au bénéfice exclusif d'une sexualité utilitariste pour la reproduction, machiste et consumériste va générer un sentiment de crainte diffuse qui cherchera une justification. C'est ainsi que des peurs terrorisantes vont se développer chez nombre d'individus. Sans motifs visibles ou avec des motifs insuffisants, on verra des humains paniquer face à des problèmes les plus divers, à caractère réel ou non. Des humains pourront être terrorisés par exemple par : les autres en général. J'ai vu dans les années 1970 des dames parisiennes âgées et valides qui ne sortaient plus jamais de chez elles et vivaient littéralement barricadées derrière leur porte. La peur pourra être, très classiquement, celle du sexe opposé. Ou ça pourra être la peur de la sexualité, ou de l'absence de sexualité. La peur des gens différents ou d'être différent des autres. Nombreux sont les humains qui connaissent une terreur extraordinaire de la nudité, même partielle. Un jeune homme voisin qui était sorti brièvement sur son palier torse nu et que j'avais ainsi aperçu incidemment en paraissait bouleversé. Alors que la nudité du torse masculin n'est pas officiellement catégorisé en France comme indécente, à la différence du torse des femmes. Des humains auront horreur des câlins et du contact physique en général. Ils pourront aussi avoir une peur absurde d'une personne précise : parent, voisin, dirigeant politique, etc. J'ai vu une fois un homme qui avait une telle peur des chiens, qu'il n'osait pas avancer dans la rue jusqu'à la hauteur d'un chien en laisse et d'allure très inoffensive. La peur de tout ce qui présente un caractère officiel atteint des sommets d'absurdité. Recevant dans sa boîte aux lettres l'avis d'un mandat à chercher à la poste, son destinataire n'ira pas, par peur d'une démarche « officielle ». Des artisans frappés d'impôts abusifs ne voudront pas réclamer, car « contre les impôts on ne peut rien ». Des humains qui n'auront rigoureusement aucun motif d'avoir peur de la police et la gendarmerie en auront une peur panique. On verra quantité de comportements dictés par la peur immense d'être seul, ou de ne pas être seul, ou d'être pauvre, ou d'attirer l'attention, etc.

Toutes ces peurs pourront trouver des justificatifs éventuels, exceptées pour une chose : leur intensité. La peur de la différence, par exemple, a fait qu'au début des années 1960 on a fait tout un drame dans ma famille parce qu'un de mes frères se laissait pousser les cheveux mi-longs ! A l'époque, la mode arrivait de faire ainsi. On savait que cette mode avait déjà existé jadis. Mais on en faisait un drame quand-même. Puis la banalisation des cheveux longs chez nombre de garçons à calmé complètement l'atmosphère familiale concernant cette question. Le seul drame avait été : la différence.

Certains spécialistes dressent des catalogues de peurs en les baptisant de noms à racines latines. Mais le problème n'est pas la peur, mais son intensité. Avoir peur de quelque chose, pourquoi pas ? Mais en être littéralement terrorisé, là il y a un problème. Et ce problème est qu'en fait cette peur sert d'habillage intellectuel à une crainte sous-jacente qu'on ne reconnaît pas. Et quand on en parle, on suscite scepticisme et incrédulité. Une dame quinquagénaire qui refusait les bisous de son amant sur la bouche s'exclamait avec mépris : « je n'ai plus quinze ans ! » La peur absurde de telle ou telle chose se retrouve justifiée par un simple : « le contraire me dérange ! » ou bien : « mais je n'en ai pas envie ! » sans pour autant se poser la vraie question : « mais pourquoi ce refus est-il si intense ? Ne dissimulerait-il pas autre chose ? » On peut ne pas apprécier quelque chose ou quelqu'un. Mais en faire un drame montre le plus souvent qu'il y a quelque chose en dessous qu'on refuse de voir.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 juin 2016

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