vendredi 3 juin 2016

554 Un épouvantable fait divers... et après ?

Je lisais hier dans la presse sur Internet le récit d'un épouvantable fait divers qui s'est déroulé à Mulhouse. Huit jeunes hommes âgés de treize à dix-sept ans ont entrainé de force une jeune fille de quatorze ans dans une cave et l'ont forcé à des fellations. Suite à cette agression elle a tenté de se suicider. Puis a informé sa mère. Plainte et arrestations ont suivi. La question posée ici est : « et après, pour la jeune fille, que fait-on ? »

Il y a ici deux problèmes auxquels on se trouve confronté pour l'aider. Le premier est qu'on a stupidement et abusivement associé le toucher en général et le toucher agréable en particulier au « sexe ». Ce concept assez flou et culpabilisateur prétend ici que toutes les caresses mènent plus ou moins à l'acte sexuel, la fellation, etc. L'autre problème ici est qu'on prétend essentiellement soigner les chocs psychologiques par la parole. A laquelle on ajoute des produits pharmaceutiques qui ne sont pas des médicaments, car ils ne soignent pas. Mais des drogues qui endorment la souffrance.

J'ai rencontré une femme trentenaire qui a dix-sept ans a connut une agression qui rappelle celle de Mulhouse. Elle m'a confié qu'avec les drogues qu'elle a reçu, dès la première année elle a pris trente kilos et n'est jamais revenue à un poids correct. Personne ne s'est préoccupé de ce problème parmi les thérapeutes ou dans sa famille. Les personnes soumises à ce genre de traitements ont fréquemment une silhouette fortement alourdie.

Revenons-en à la jeune fille agressée à Mulhouse. On va certainement chercher à l'aider avec la parole et les drogues pharmaceutiques. Ces dernières peuvent avoir leur utilité pour endormir momentanément une souffrance trop aiguë. Mais elles ne soignent pas ce qui est une blessure. L'agression physique et morale du viol demande un traitement physique et moral.

Comment procéder ? Par « l'esprit de la coccolazione ». La victime a perdu confiance dans le toucher qui s'est fait violent. Il faut organiser des séances de toucher agréable et détaché de tous les contextes « sexuels ». Dans un local bien éclairé, sous le contrôle de tiers présents - qui pourront être de la famille, par exemple, - on caressera (n'ayons pas peur du mot) exclusivement des zones considérées comme neutres et non sexuelles. Il s'agit du haut du dos, des bras, de la tête et des jambes au dessous des genoux. Une telle thérapie devant rendre à cette jeune fille la conscience d'un toucher agréable, pacifique, relaxant, rassurant.

Qui voudra bien aujourd'hui entreprendre de telles séances de thérapie pour réparer le moral abimé de cette jeune fille ? Certainement personne, car notre culture n'a pas encore assimilé « l'esprit de la coccolazione ».

Les seules traitements qui seront appliqués seront certainement basés sur la parole et les anesthésiants pharmaceutiques. Qui me font penser au traitement d'une fracture par la parole. Car il s'agit bien ici d'une fracture morale, d'une blessure invisible. Qui ne sera pas soignée par le toucher et c'est bien dommage.

Un jour sans-doute on en viendra à traiter ce genre de traumatismes avec ce genre de traitements tactiles auquel s'ajoute, bien sûr, la parole à d'autres moments. Quand y viendra-t-on ? Je n'en sais rien. Le plus tôt serait le mieux. Que de dégâts et de souffrances pourraient ainsi être évitées !

J'en parlais tout à l'heure avec quelqu'un qui comprenait et approuvait mon propos. Cela m'a incité à écrire ce texte qui est un peu comme une sorte de « bouteille à la mer » en faveur de la pratique de « l'esprit de la coccolazione » pour soigner les victimes de viols.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 juin 2016

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