L'acte sexuel n'est pas
un acte anodin. Dans notre culture française et parisienne, il le
devient. Un de mes amis, bon vivant et aimant les plaisirs de la vie,
me disait avec dégoût il y a une douzaine d'années : « c'est
la génération capote, on se voit et on baise. T'as des capotes ? »
Notre culture actuelle a
fait du consumérisme et de la rapidité des vertus cardinales. Si
une jeune fille est belle, si un jeune homme est beau, il faut vite
coucher avec, c'est-à-dire baiser avec. Sinon on est un nase, un
coincé, un looser, un qui a des problèmes, un homo refoulé, etc.
On doit baiser. C'est chic et dans l'air du temps. Et si on ne
baise pas on est un raté, un nul, un moins que rien.
Ces âneries règnent
dans les colonnes des magazines, les ouvrages sur la « sexualité »
et autres nids d'affirmations stupides. « Combien de temps doit
durer un coït idéal ? » « quelle est la périodicité
avec laquelle on doit baiser ? » « Les Français sont-ils
de bons amants ? » « tant de pour cent de la population
s'estime heureuse au lit », etc. Voilà qui fait des titres
croustillants et vendeurs d'articles, présentations d'émissions de
télévision ou de livres à la mode. C'est bien simple : si on
descend au dessous de la ceinture le chiffre d'écoute ou de vente
augmente. Alors, pourquoi s'en passer ?
Le pire est que ces
bêtises forment une large part aujourd'hui de l'éducation sexuelle
et sentimentale de la jeunesse et pas seulement de la jeunesse.
Le défaut essentiel de
cette pseudo éducation est d'avoir remplacé le « j'ai envie »
par le « je dois ». C'est l'automation du coït. Pour y
échapper, il suffit de savoir que chercher le coït sans véritable
désir effectif et réciproque est une faute, une insulte au bon sens
et une catastrophe relationnelle. Ce « je dois » ruine la
relation.
Autre méfait de notre
culture : la recherche de « la performance ». Certains
jeunes hommes confondent le sexe avec une compétition de gymnastique
plus ou moins acrobatique. Et sont tout fiers de clamer qu'ils
réussissent quatre ou six fois la chose dans une nuit qu'on n'ose
plus appeler « d'amour ».
Le sexe sans désir
véritable effectif et réciproque est une calamité. Si on le
pratique de la sorte, on est certain de se retrouver amoureusement
seul dans la vie.
Le sexe factice, sans
authenticité, est l'objet de tout un commerce qui s'organise autour.
Le plus connu est la prostitution. La pornographie qui théâtralise
et met en scène une sexualité imaginaire et fabuleuse qui
apporterait une satisfaction détachée du relationnel est un marché
gigantesque. On a tendance à souligner l'image dégradée de la
femme que propage ce commerce. Mais cette dégradation existe ici ô
combien concernant l'homme. Il n'est pas rare que dans la
pornographie on ne voit même pas le visage de l'homme. On ne voit
guère que son attirail sexuel, fréquemment truqué. Renoncer à la
pornographie, aux frustrations et fantasmes divers qui
l'accompagnent, change et améliore le regard qu'on porte sur les
hommes et pas seulement sur les femmes.
Les énormités proférées
abondent quand il s'agit du domaine du coït. Un homme pourtant
apparemment intelligent me disait un jour : « si tu vois une
femme, il faut chercher à la draguer, même si tu n'en as pas envie.
Sinon, elle va se vexer ! » Deux hommes apparemment civilisés
papotaient un jour devant moi. L'un des deux dit à l'autre, qui
approuva : « si une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut
bien. » Je lisais dans un livre sur la dépression post partum
: « l'instinct maternel n'existe pas. » Plus c'est gros,
plus ça passe, comme on dit. Il faut ne pas se laisser abuser.
Savoir résister aux idées reçues et toujours chercher à se faire
son opinion par soi-même.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 juin 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire