Un jeune homme et une
jeune fille s'aiment, habitent sous le même toit, et le soir, nus,
partagent le même lit, se caressent réciproquement un peu partout,
s'embrassent sur la bouche avec la langue. Le jeune homme bande, la
jeune fille réagit symétriquement au niveau génital... Question :
« alors ont-ils envie de faire l'amour ? » La
plupart des personnes interrogées de la sorte répondront sans
hésitation par l'affirmative. Alors que la bonne réponse est toute
autre : « non, pas forcément. »
Pour trouver cette bonne
réponse j'ai mis des dizaines d'années. Et suis environné de gens
qui, s'ils m'entendent, me regardent d'un air condescendant. « Le
malheureux, se disent-ils en pensant à moi, il a des problèmes. »
Alors que le problème ici n'est pas en moi mais en eux. En fait la
vérité très simple et évidente est celle-ci : « pour
faire l'amour, il faut avoir envie de le faire. Il ne suffit pas de
pouvoir mimer mécaniquement l'acte. » Mais la plupart des gens
ignorent même le sentiment exact d'envie de faire l'amour. Et se
croient très malins en suivant le troupeau. Et s'étonnent que tant
de personnes sont malheureuses et déçues en amour. Alors que tout
ici est lié.
Quand tout paraît réuni
pour pratiquer le coït, si le sentiment précis et fort particulier,
l'envie effective de l'acte n'est pas au rendez-vous, il est
simplement dévastateur pour la relation de faire ce qui est
« techniquement » possible. Il faut aller vers un
ailleurs qui est en fait la suite naturelle de ce qui s'est ébauché.
Faire des câlins ? Et bien continuer. Mais combien l'ont
compris ? Bien peu semble-t-il. Et pour en parler, autant dire
que personne parmi ceux et celles qui ont compris va s'aviser
d'essayer d'expliquer aux autres. Vous voyez un homme et une femme
arrivant le matin raconter à leurs amis leurs ébats « soft »,
c'est-à-dire sans coït ? Bien évidemment non. La
compréhension de la réalité des relations sensuelles qui
n'impliquent nullement le coït obligatoire reste réservé à une
minorité consciente.
Une amie à qui je ne
cache pas ma manière de voir et faire me dit que j'ai peur. Bien
sûr, que j'ai peur. Peur de me retrouver dans une situation où
quelqu(un exigera de moi une chose que je n'éprouve pas l'envie de
faire. C'est déjà arrivé. Ça ne se reproduira plus.
Une jeune fille un jour,
faisant mine de dormir, m'a montré son origine du monde. Elle
voulait très certainement que je joue avec. J'ai regardé. Me suis
simplement demandé : « en ai-je envie ? » La
réponse était non. Je n'ai rien fait. Par la suite elle a fait
semblant de se réveiller et fut d'excellente humeur. Si elle avait
vraiment éprouvé l'envie que je joue avec son yoni, elle aurait
certainement fait la gueule suite au fait que je n'y avais pas mis
les mains, la bouche et autre chose aussi. Comme elle était au
contraire de bonne humeur, j'en déduis qu'elle n'avait pas vraiment
envie de faire quelque chose de sexuel avec moi. Elle imitait un
scénario pornographique vu sur Internet. C'est l'explication qui me
paraît la plus vraisemblable.
En restant authentique
j'ai préservé la qualité de notre relation. Quantité de gens me
traiteront d'imbécile. Leur réaction me flattera. Car les imbéciles
se sont eux. Et me faire traiter d'imbécile par des imbéciles est
un très beau compliment involontaire de leur part.
Ne pas chercher
artificiellement le coït, et ainsi éviter de se retrouver
pratiquant la masturbation dans un orifice naturel, c'est s'assurer
la plus belle tranquillité qui soit. On élimine 90 % des causes
d'angoisse cachée. Quand je me retrouve devant mon ordinateur pour
écrire, ou devant une feuille de papier pour peindre ou dessiner, je
suis parfaitement calme. Je vois les autres s'agiter, parler d'amour,
de mariage, d'harmonie recherchée, moi je suis moi. Ne m'embarrasse
pas d'efforts pour suivre le troupeau de moutons conformistes. Je ne
méprise pas ces braves moutons, mais suis en droit de choisir de ne
pas partager leur sort. Sort pitoyable qu'ils s'obstinent à
rechercher, les fous !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 16 juin 2017
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