Les humains il y a très
longtemps, plus que les premières civilisations connues ayant une
écriture dont il reste des traces, ont fait l'horrifiante découverte
de l'universalité et l'inéluctabilité de la « fin de vie ».
Ils ont aussi découvert l'implication de l'accouplement dans
l'origine de la grossesse et de la parturition. Ces deux découvertes
ont appelées une conclusion également terrifiante : les mères,
qui protègent, engendrent des enfants mortels. Et ne les protègent
pas pour éviter l'issue fatal. C'est « la trahison des
mères ». Ces trois découvertes vont traumatiser l'Humanité
et plus particulièrement sa partie masculine, qui va se débattre
devant cette perspective insupportable. Ce sera l'occasion d'un
traumatisme tyrannique et fondamental. Il générera l'état de
stress post-traumatique de la Civilisation, l'ESPTC. L'ESPTC joue un
rôle essentiel dans la naissance de tous les comportements humains,
qu'ils soient classés troublés ou non. Il intervient aussi bien
dans des troubles psychologiques voire psychiatriques, que dans le
patriarcat dont il est l'origine et la source d’énergie. En
Histoire il cause les guerres, les révolutions et toutes les formes
de violences qui viennent perturber la vie des humains.
Si on vous dit qu'un
certain conflit précis d'intérêts est à l'origine d'une guerre,
on ne donne pas la bonne explication. Un autre conflit d'intérêts
similaire et même beaucoup plus violent, ne générera pas une
guerre... pourquoi ? Parce qu'en fait c'est la combinaison de
l'ESPTC rencontrant des motifs de conflit qui amène l'éclatement de
celui-ci. Sans l'ESPTC il n'y a pas de conflits.
L'ESPTC explique la
violence des réactions humaines qui sont expliquées autrement voire
restent inexpliquées, par exemple : contre la nudité publique.
Elle est en théorie très lourdement condamnée par la loi
française. Et dans une île qui s'appelait alors la Terre de Van
Diemen et porte aujourd'hui le nom de Tasmanie, les colons anglais
découvrirent une population locale qui vivait nue. Ils en
conclurent qu'étant nus, ça ne pouvait pas être des humains. Ils
exterminèrent ces humains nus en pratiquant l'équivalent de la
chasse au renard telle qu'elle se pratique en Angleterre. Une chasse
sportive et distractive pour massacrer ces non-humains parce que
vivants sans vêtements. Pourquoi une telle brutalité ? A quoi
ressemblaient les massacreurs ? Sans doute à ces riches
cavaliers et cavalières que j'ai aperçu avec une copine sur le
champ de courses anglais de Plumpton durant l'été 1979. Nous y
campions et étions visiblement d'origine modeste. Le rassemblement
de cavaliers et cavalières était formé de gens riches. Comme nous
nous en approchions, nous avons senti un extraordinaire mépris
envers nous émanant de ces riches personnes, y compris les très
jeunes filles. Ce sont les aïeux de tels riches qui chassaient jadis
l'homme nu sur cette grande île au large de l'Australie. Nier la
nudité, la condamner, c'est parce qu'on a peur d'elle. Pourquoi ?
Parce qu'elle entre en résonance avec l'ESPTC en nous rappelant
notre caractère d'êtres à chair molle, putrescible et à date de
conservation limitée, c'est-à-dire mortels. Avoir peur des humains,
nus ou pas, c'est être saisi par l'ESPTC. Ce qui explique la
violence des réactions. On pourra aller plus loin en assimilant le
pauvre, même habillé, au nu, qui n'est pas riche et habillé. Le
riche qui n'est pas ou tout au moins prétend n'être pas mortel. En
fait voudrait bien ne pas l'être, mais n'y arrive pas.
L'ESPTC amenant à
chercher à fuir la mort engendre le patriarcat qui veut dominer,
nier, opprimer la femme coupable d'engendrer des bébés mortels. Ce
qui explique le traitement dramatique de tout ce qui se trouve
associé de près ou de loin au « sexe ». Le sexe c'est
la gestation en vue et la naissance au bout. Et, au bout de la
naissance et de la vie qui suit, la mort. Donc le sexe c'est la mort.
Et la « coupable » du sexe qui donne la mort c'est la
femme qui engendre des enfants mortels. Tout ceci n'étant pas
clairement explicité dans l'esprit de chacun. Mais l'ESPTC est là
et bien là.
D'autres personnes
entrent en résonance avec l'ESPTC : les trans et les
homosexuels masculins. Ils rappellent à ceux qui les regardent, leur
ESPTC. D'où les réactions moralement voire physiquement ultra
violente de beaucoup d'hommes qui les rencontrent. L'homophobe
souffre de l'ESPTC et est comme un malheureux assiégé. Il ne
supporte pas « la trahison » de ceux qui désertent son
camp.
Pour supporter l'ESPTC,
les hommes useront de drogues. L'une d'elle sera la domination. Avoir
le sentiment de dominer l'autre permettra l'illusion rassurante et
momentanée qu'on échappe à la mort. La recherche de la domination
s'accompagnera de prétextes. Un jour, un ami chauffeur de taxi
parisien de nuit, charge un client qui est policier.
Ce dernier observe le
chauffeur et lui dit au bout de pas très longtemps : « vous,
Monsieur, vous ne serez jamais attaqué. » Et il l'explique par
le fait que, certes, quand on attaque un chauffeur de taxi c'est pour
lui voler sa recette. Mais on l'attaque aussi d'abord pour le
dominer. Comme ce chauffeur avait un caractère d'un calme
extraordinaire, d'une bonhomie sans pareil, il ne laissait pas voir
une faille allant dans le sens d'une domination par un agresseur
éventuel. Ce qui calmait celui-ci. Par ailleurs, il est arrivé à
ce chauffeur plusieurs fois de charger des jeunes loubards qui, une
fois arrivé à destination dans une lointaine banlieue, lui ont
déclaré : « à l'origine on pensait vous agresser, mais
vous y êtes si sympa que nous y avons renoncé. »
Alors que l'argument
social est donné pour expliquer la délinquance, on voit ici que sa
racine est psychologique : la volonté de dominer l'autre,
expression du malaise de l'ESPTC. Contrôler, dominer, nier l'autre
pour se sentir... un peu sauvé, immortel. La peur et non l'appât du
gain à l'origine de l'agression, quand bien-même l'agresseur aurait
le sentiment de manquer d'argent.
Quand la possibilité de
s'emparer d'un pouvoir, de dominer l'autre est là, la violence
surgit. Quand cette possibilité n'existe pas, les relations se
positivent. On le voit bien quand l'enjeu de pouvoir n'existe pas
parce que le groupe est et veut rester petit. Ce fut le cas des
sociétés chantantes en France nommées souvent goguettes. Tant que
la loi leur interdisait d'atteindre vingt membres, elles
prospéraient. Quand à partir de 1835 il fut autorisé d'aller au
delà de vingt, les sociétés chantantes grandirent et finirent
toutes par disparaître victimes des ambitions de pouvoirs. J'ai
moi-même organisé une société de carnaval à partir de juillet
1998. Tant qu'on était petit, tout allait bien. À
partir du moment où on s'est retrouvé à une quarantaine, elle a
cessé de fonctionner agréablement. Petit on est fort. Grand on est
faible, tel est l'apparent paradoxe. Et quand on est peu nombreux
chacun a son importance, ce qui n'est plus le cas quand on se
retrouve à vingt ou plus.
Le syndrome d'ESPTC amène
la violence sous de multiples formes. Et y compris le suicide et le
meurtre. Un paysan gentil et placide me disait que quand il lui était
arrivé de tuer un veau, il avait ressenti « un sentiment de
puissance extraordinaire. » C'est la recherche de ce sentiment
qui explique bien des comportements humains ultra violents, voire
tous les comportements ultra violents.
Le syndrome d'ESPTC fini
par toucher aussi les enfants. Il existe un syndrome d'ESPTC précoce
ou infantile. Il est favorisé par les jeux vidéos violents où on
n'arrête pas d'avoir « des vies » et de mourir un nombre
incalculable de fois, la pornographie sur Internet qui arrose dès
l'enfance, la violence des images du journal télévisé et des
images dans la presse, les modes. Le modèle masculin violent et
dominateur tendant également à être adopté par certaines filles.
Comme je l'ai vu il y a quelques années dans un espace de jeux pour
enfants dans un parc d'Asnières-sur-Seine. Une fillette âgée de
guère plus de trois ans était mauvaise, violente, méchante avec
les autres enfants qui ne lui avaient rigoureusement rien fait.
Tous les problèmes
relevant du syndrome de l'ESPTC sont niés, déformés, difficiles à
énoncer et dénoncer. Ce qui est pourtant la condition impérative
pour parvenir en en prenant conscience à les surmonter. Et ainsi
améliorer notre vie et celle de ceux qui nous entourent.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 juin 2017
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