Deux dames ayant de
l'expérience de la vie et vivant seules à Paris, déclaraient
devant moi, chacune de leur côté : « j'ai bien envie
d'avoir un mec dans ma vie, et en même temps je n'en ai pas envie »
ou « j'en ai peur ». Quelle étrange position !
Qu'est-ce qu'elle signifie ?
La réponse est simple :
ces dames vivant seules éprouvent des besoins basiques et
universels : faims dermique, mucosique, buccale, linguale,
d'étreintes et de masturbations. C'est-à-dire besoin naturel de
caresses et câlins divers. Mais notre société a fait de ces
rassasiements le prélude inévitable, obligatoire, systématique et
prétendument naturel de ce qu'elle prétend être « l'acte
sexuel ». Et qui n'est très souvent qu'au mieux une double
masturbation combinée sans désir réel.
Cet égarement étant
conforté par la culture dominante, de pseudos évidences –
l'érection par exemple, qui ne signifie pas forcément le désir, –
et un discours pseudo scientifique. La plupart des gens y adhèrent.
Mais en même temps, leur organisme, plus sain et authentique que
leurs pensées, se cabre. Il refuse de se laisser ainsi utiliser
comme un outil masturbatoire pseudo-coïtant.
Cette contradiction
interne se traduit par ce propos : « j'ai envie d'un mec
et en même temps je n'en ai pas envie. »
Quand on est jeune, sans
beaucoup d'expériences et qu'on a la vigueur de la jeunesse, le plus
souvent on bricole. On croit chercher. On se perd. On croit qu'on va
enfin trouver. On s'égare un peu plus. Et on prend des coups
d'autant plus douloureux qu'ils émanent de personnes proches mais
plus conscientes que vous. On se fait larguer alors qu'on avait
l'impression que « tout allait bien ».
L'amour qu'on croit
chercher n'est pas l'amour. C'est une sorte de religion laïque du
paradis terrestre. Il existerait une personne qui serait « faite
pour vous » et pour « votre bonheur ». Avec
laquelle tout marcherait à merveille : affectivement,
journellement, au lit, en vacances, etc. Et pour preuve que ce
diamant vivant existe, on a toujours une sorte de « couple
témoin ». C'est X et Y qui vont « parfaitement bien
ensemble », qu'on voit souvent et qui sont « parfaitement
heureux ».
Les années passent et,
inexplicablement, les gamelles sentimentales s'accumulent dans la vie
de bien des gens. On prétendra qu'ils n'ont pas de chance. En fait
ils reviennent régulièrement bredouille de la pêche au Serpent de
Mer. Ce qu'ils cherchent n'existe pas : un « amour »
préfabriqué et « sur mesures ». C'est une complète
foutaise, mais allez l'expliquer à ceux qui y croient ! Autant
chercher à convaincre un croyant que sa foi ne vaut rien.
Mais comme les faits sont
têtus, les années amères passent et quantité de personnes seules
ne se remettant pas en question finissent dans une sorte de demi
résignation : « un jour, peut-être, mon Prince, ou ma
Princesse viendra... »
Une partie de ces
malheureux et malheureuses, suite à une déception plus cruelle
qu'une autre se suicident. Le culte du « Grand Amour »
est un culte meurtrier qui réclame, chaque année, sa part de sang
et de larmes. Non, ce n'est pas un beau culte. Et son histoire
emblématique s'orne des deux cadavres de Roméo et Juliette. Elle
n'est pas romantique, elle est à vomir.
Remettre en question les
mythes sentimentaux est une tâche hygiénique d'intérêt public et
de prévention de bien des drames. La vie, pour être bien vécue,
doit savoir congédier les mythes. En apparence beaux, ils tuent
chaque année un certain nombre de jeunes gens et jeunes filles en
bonne santé et plein d'avenir.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 17 juin 2017
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