Si nous devions établir
une échelle d'intensité sexuelle du contact entre humains, elle
pourrait se diviser en gros en six étapes successives :
1° Regarder. 2°
Caresser. 3° Embrasser. 4° Lécher, sucer. 5° Doigtage et
masturbation. 6° L'acte sexuel, c'est-à-dire l'intromission du
membre masculin dans un orifice naturel de l'autre personne
concernée.
Notre culture a pris les
cinq premières étapes et les a annexé à la sixième. Résultat,
hors de la sexualité « pure et dure », où on
« conclut », éventuellement après des
« préliminaires », rien n'existe de possible. C'est tout
ou rien.
Cinq étapes sont
littéralement « prises en otages » par la sixième. Mais
si, entre personnes de confiance, on entreprenait de libérer au
moins partiellement les otages ? Il existe bien de par le monde
des gens qui se déclarent « fuck friends », amis de
baise, et décrètent pouvoir se voir uniquement « pour ça ».
Cette pratique qui me déplaît parfaitement, je ne la préconise
nullement. Mais pourquoi ne pas imaginer des « caress
friends ». Des personnes avec lesquelles au moins une partie
des otages seraient d'un commun accord réciproque et bien clair
libéré de la prise d'otages régnante ?
Il s'agit d'inventer
un nouveau parlé sensuel libéré des ultimatismes sexuels stupides
et abusifs qui finalement bloquent tous les échanges possible y
compris entre personnes sincères, respectueuses et sensibles. Et créer des oasis secrets de douceurs entre amis. Pourquoi
secrets ? Parce qu'il apparaît évident que les personnes
asservies à la grossièreté régnante n'y comprendront rien ou
guère. Pour nombre de gens,
rien qu'accepter un effleurage signifie qu'on est d'accord pour
« passer à la casserole ». Résultat, le
plus souvent il n'y a ni effleurages, ni coït. C'est le grand désert
de la bêtise sexuelle obligatoire où tout devient dénaturé ou
impossible.
Pour qualifier une
relation entre caress friends le vocabulaire manquera. D'autant plus
que chaque relation sera différente et en évolution. Les personnes
concernées par une telle relation seront-elles amis simplement ?
Plus tout à fait. Seront-elles alors amants ? Pas vraiment.
Elles seront quoi alors ? Quelque chose de mystérieux, nouveau
et secret.
Ce genre de relations
existe certainement déjà. Mais vue de l'extérieur avec les idées
habituellement admises, elles doivent certainement être considérées
comme du libertinage, alors que ce n'est justement pas du
libertinage. Mais le comprendre dépasse l'entendement des gens
« ordinaires » qui partagent la pensée unique dans le
domaine dit « du sexe », dont les limites sont bien
vagues. Un médecin viennois qualifiait de « plaisir sexuel »
le plaisir enfantin de la tétée nourrissante. Ce médecin est
toujours considéré par un tas de gens comme un génie. Comment dans
ces conditions parvenir à expliquer à bien des gens le principe de
fonctionnement des caress friends ? C'est carrément impossible.
Il n'est pas pire sourd qui ne veut entendre, pire aveugle qui ne
veut pas voir, pire ignorant que celui qui refuse d'apprendre et nie
la réalité de la nouveauté.
J'ai eu l'occasion à
diverses reprises de constater à quel point le contact physique, le
toucher sensuel, la caresse manque, y compris à des personnes
pourvues de partenaires sexuels actifs et incapables tactiles. C'est
très étrange et inquiétant parfois de voir à quel point des
personnes qui se proclament équilibrées sont ravagées
intérieurement par la famine tactile. Chercher sérieusement et
efficacement à y remédier nous réserve bien des
surprises, des découvertes et des progrès dans la compréhension de nous-mêmes et des autres.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 10 juin 2017
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