Notre société est
infirme, malade de la sexualisation à outrance. Elle décrété la
caresse entre humains adultes être un « préliminaire »
à ce qu'elle appelle abusivement systématiquement « l'acte
sexuel ». Et qui n'est le plus souvent qu'une masturbation dans
un orifice naturel d'un tiers.
Les conséquences de
cette désorganisation institutionnelle de la vie entre les humains
sont effroyables et calamiteuses. Mais elles sont si habituelles, si
anciennes, si difficiles et mal vu de les dénoncer, qu'on fini très
souvent par les croire inhérentes à la nature humaine.
Alors que le toucher
paraît incontournable pour soigner nombre de maux, notre société à
porté au pinacle l'usage thérapeutique ou à prétention
thérapeutique de la parole. Elle peut être utile. Mais elle peut
aussi nuire, enfermer, déstabiliser, n'être que de la
blablathérapie à but lucratif.
Prenons un exemple :
une jeune fille est violée. Elle parvient à s'en ouvrir à des
proches. Quel traitement lui proposera-t-on pour l'aider à se
relever, reconstruire ? Un traitement consistant à voir un psy,
parler. Prétendre traiter un traumatisme physique par la parole me
paraît aussi raisonnable que traiter une fracture avec des chansons.
Il faut une intervention « physique », qui n'interdit pas
aussi de parler.
Un choc moral, un travail
épuisant, un chagrin, sont aussi à traiter par l'intervention
« physique » et pas que par les mots.
Une multitude de gens se
sentent seuls. On leur pose comme ultimatum pour bénéficier du
confort « physique » de devoir se trouver un partenaire
« sexuel ». C'est odieux, stupide, violent, inefficace,
décourageant.
On peut se sentir seul
pour diverses raisons :
Une très jolie fille qui
est sans cesse sollicitée en qualité de beau morceau de viande peut
connaître une très grande solitude. Une mère qui élève seule ses
enfants n'a guère de temps à consacrer pour rencontrer du monde. Et
on lui posera l'ultimatum de « rencontrer quelqu'un ». Et
pourquoi donc ? Le même ultimatum sera posé à un veuf ou une
veuve avec enfant : « pour l'enfant tu dois coucher ».
On m'a cité un cas plus rare : une dame divorcée depuis peu,
se retrouvant seule et exerçant des responsabilités financières
très élevées. Personne ne s'avise autour d'elle qu'elle est aussi
une femme et souffre à présent de la solitude. Elle est si
importante qu'on oublie qu'elle est aussi un être humain. On peut
multiplier les exemples.
Ce qui bloque tout et
barbarise la situation de solitude ressentie est l'ultimatum sexuel :
tu veux du contact « physique », alors il faut coucher,
passer à la casserole ! Et si on libérait les otages ?
La société a fait des
cinq étapes de l'intensité sexuelle de la relation humaine un
annexe du coït. Il faut démonter le piège. Non, la caresse entre
êtres humains adultes n'est pas nécessairement tournée vers le
coït. Il faut sortir des conventions hypersexualisantes régnantes
et aller vers autre chose entre humains sincères, sensibles et de
bonne volonté !
C'est possible, du moins
ça vaut le coup d'être tenté. Quand on modifie les conventions
morales régnantes, c'est souvent pour accentuer la sexualité. Là
on lui tournera le dos. Plus exactement on lui concédera la place
qui lui revient et rien de plus. Son règne a assez duré. Place à
la nouveauté et la liberté !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 12 juin 2017
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