Tout un tas de
publications, notamment sur Internet, clament les bienfaits d'une
« vie sexuelle épanouie » et prétendent expliquer
comment y arriver. Ce discours est aussi valable en pratique que
celui qui prétendrait vous expliquer comment devenir intelligent.
On verrait ainsi
proclamer les bienfaits d'une « vie intelligente » et
comment devenir intelligent. Avec des exercices à faire pour y
arriver.
Nous sommes passés du
discours culpabilisateur interdisant « la sexualité »,
jusque dans les années 1960, à l'actuel discours culpabilisateur
prétendant imposer « la sexualité ». Cette
« sexualité » ayant pour tenant et aboutissant la
« jouissance » de monsieur à l'intérieur de la dame...
Les spécialistes
auto-proclamés du « sexe » prétendant savoir mieux que
vous ce qui vous convient. Et pour y parvenir vous invite à... les
payer grassement. Pour attirer un petit chat on lui chuchote :
« psst, psst, psst ! » Pour attirer un client en
recherche du bonheur sexuel, le cri est un peu différent :
« psy, psy, psy ! » Le « psy » serait le
dieu ou la déesse dépositaire de la clé magique, du « sésame
ouvre toi » de notre bonheur sexuel.
J'ai très longtemps cru
au « bonheur sexuel ». Rétrospectivement je passais en
mémoire un ou deux épisodes de ma vie amoureuse où je m'étais
senti particulièrement bien et me disais très naïvement que le
bonheur sexuel devait ressembler à ça comme un état permanent. Il
fallait seulement trouver le chemin pour arriver face à une autre
personne dans la même recherche. Nous nous trouverions et ainsi
serions parfaitement heureux. Ce discours débile mêlant réalité
et fantasmes, cherchant à donner à ceux-ci une réalité dans le
futur, relève de songes. Il ne mène à rien de bon.
En dépit de son
caractère irréel, combien de gens y croient plus ou moins ? En
y renonçant, on se donne l'impression de renoncer à une réussite
future, alors qu'on se débarrasse seulement de fantasmes débiles et
très à la mode.
« Cette fois-ci
c'est la bonne », « as-tu trouvé la bonne personne ? »,
« je crois que cette fois-ci j'ai trouvé la bonne personne ».
Tout un jargon vient sous-tendre la justesse d'une quête imbécile.
Quête qui conduit chaque années des dizaines de milliers de gens au
désespoir, et des centaines au suicide. En dépit de cette
hécatombe, subsiste toujours des chantres du « Grand Amour ».
Abusé par les discours
idéalistes imbéciles dès la petite enfance, devenu grand je
cherchais le « Grand Amour » nécessaire, bienvenu et
obligatoire. Sa base devenait alors très basique. Une fille devait
me plaire et accepter de passer à la casserole. Sa qualité de
départ se résumait et s'arrêtait à ça. Car l'idée de passer à
la casserole ne leur disait rien. Je ne réussissais pas à valider
mon fantasme. Mais à me rendre malheureux, ça j'y arrivais très
aisément. Comme j'ai appris à faire : les humains font de très
grands efforts pour être malheureux et leurs efforts sont
récompensés.
Les filles réelles qui
voulaient bien de moi ne m'intéressaient pas. Elles étaient
toujours moins belles que mes fantasmes ! Et « la place »
dans mon cœur et dans mon lit devait rester libre pour les
accueillir ! Le bourrage de crâne imbécile sur « la vie
sexuelle épanouie » ou « la vie amoureuse épanouie »
se révèle très efficace et sophistiqué pour vous isoler et rendre
insatisfait et malheureux. Il est conforté par tout un tas de
légendes, films, romans, boniments, chansons qui accordent réalité
à ces stupidités. Par exemple qu'une fille, si elle est belle et
vous plaît est forcément « faite pour vous » et « pour
faire votre bonheur ». Il y aurait là de quoi mourir de rire
si croire à ce ramassis de légendes stupides ne conduisait pas
chaque année de très nombreux jeunes au suicide.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 juin 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire