J'ai participé hier soir
8 juin 2017 à une réunion ouverte à tous où trois cafés
associatifs étaient représentés : le Moulin à Café, le
Troisième café, et un café associatif en gestation à
Gennevilliers. Ce fut très vivant et très intéressant. Il se
trouve que j'ai commencé il y a quarante ans à m'intéresser à
l'associatif, que j'organise depuis vingt-quatre ans le Carnaval de
Paris, fête libre, bénévole, gratuite, indépendante et autogérée,
et fréquente le Moulin à café depuis onze ans. Ce qui me donne
quelques idées à suggérer pour l'amélioration de la vie des cafés
associatifs.
La communication auprès
du public est très difficile à faire passer. J'en prends deux
exemples : il y a quelques jours, la responsable de la
communication au Moulin à café me donne le nouveau programme
qu'elle a mis au point. C'est celui de juin 2017. Je le prends. Et
deux jours après réalise que j'ai raté une animation qui a lieu
tous les premiers vendredis du mois. Je regarde alors le programme de
juin. Naturellement l'animation en question est indiquée sur la
première page... Je n'avais pas regardé le programme. Je me
souviens aussi de la cafétéria qui existait dans les années 1990
dans le Palais des Études à l’École des Beaux-Arts. Sa grande
salle avait ses murs couverts d'affiches annonçant divers
événements. J'étais un habitué des lieux. Ces affiches faisaient
partie du paysage. Je ne les lisais jamais. Je me suis fait cette
réflexion quand en 1997 j'ai fait une campagne d'affichage aux
Beaux-Arts pour le renouveau du Carnaval de Paris. Si moi je ne
lisais pas les affiches des autres, les autres pourraient très bien
ne pas lire les miennes. À la réunion des Cafés associatifs du 8
mars 2017 une participante a dit à un moment donné, à propos de
l'appel au bénévolat qu'une affiche figurait dans
le Troisième café. Si ça se trouve quantité de personnes qui
viennent au Café associatif, voire la majorité d'entre elles, ne la
lisent pas. C'est dire la difficulté pour arriver à communiquer.
D'un côté on se creuse la tête et on passe du temps à réaliser
un programme distribué ou une affiche apposée au mur. De l'autre,
le sympathique public vient et ne lit pas ce qu'on met à sa
disposition.
S'agissant des bénévoles,
c'est une question essentielle et un très important problème. On
manque de bénévoles ! Quand le Café associatif ouvre, il y en
a une quantité parce que c'est nouveau. Puis, ça se raréfie. Le
même problème existe aujourd'hui dans un tas d'associations. D'un
autre côté existe des bénévoles semi professionnels : ils
sont tout le temps-là. Du moins ils passent régulièrement de
nombreuses heures au Café associatif. J'en connais. Le problème est
qu'il serait imprudent de trop s'en réjouir et en faire des exemples
à suivre. Un bénévole est un être humain comme les autres. Il
vieillit, il peut déménager, changer d'avis, tomber malade, se
fatiguer... que fait-on le jour où il devait venir et ne vient pas
ou ne vient plus ? On est désemparé. Il faut des bénévoles
en plus. Pourquoi les Cafés associatifs, et les associations en
général ont aujourd'hui du mal à en trouver ?
D'abord pour la première
raison invoquée dans ce texte : la difficulté à communiquer.
Les organisateurs ont l'impression d'informer le public qu'on a
besoin de bénévoles. En fait un très grand nombre de personnes
fréquentant le Café associatif ne sont simplement pas au courant ou
au courant de l'importance du problème et sa nature précise.
Comment faire alors ?
Comme je l'ai dit à la
réunion du 8 mars il faut faire de la question des bénévoles une
question centrale et un élément de communication numéro un. Il
faut mettre en avant partout et en permanence la question des
bénévoles. Tout en l'expliquant au public. Car il existe
aujourd'hui un vaste problème qui rebute nombre de gens à l'idée
de faire du bénévolat.
Beaucoup d'associations
ont une vision du bénévolat où les bénévoles sont culpabilisés.
« Tu veux être bénévole ? Tu attaches donc de la valeur
aux objectifs de notre association ? Dont TU DOIS être là tel
jour de telle heure à telle heure ! Sinon, ça signifie que tu n'es
pas vraiment notre ami. » En gros c'est comme ça qu'on traite
souvent les bénévoles. J'ai éprouvé ce genre de situation dans
une troupe de théâtre amateur. Au début c'est très chouette, à
la fin on dirait que c'est un travail qui n'est pas payé et plus du
bénévolat avec le cœur. Alors ça marche un bout de temps. Puis on
s'en va. On arrête.
Il est possible même que
la raréfaction des crédits alloués aux associations aggrave cette
situation. Les bénévoles traités comme des esclaves, ça fini
aussi par se savoir. Ce qui fait que le cri du cœur d'un tas de gens
quand on leur propose du bénévolat est qu'ils n'ont pas le temps.
Moyen soft de refuser sans vexer la personne qui propose l'activité.
Pour redresser cette
situation, il faut ABSOLUMENT commencer par expliquer au public que
le bénévolat proposé ne sera pas un bénévolat basé sur des
ordres, la culpabilisation, le chantage affectif... Il faut expliquer
quel bénévolat est proposé. Et insister dessus. C'est un bénévolat
sain et respectueux qui est proposé, pas un bénévolat qui donne
envie de s'enfuir au plus vite.
Ensuite, il faut
expliquer en détails comment ça se passe pour devenir bénévole.
Et enfin récolter des témoignages de bénévoles qui expliquent ce
que le bénévolat leur a apporté et comment ça s'est passé. Et
diffuser ces témoignages au public.
Par exemple, pourquoi
pas ? Les afficher sur les murs du Café associatif avec les
photos des bénévoles en train de participer à l'activité du Café
associatif. Si ce n'est pas affiché en permanence, au moins de temps
en temps faire une campagne d'affichages de ce type dans le Café
associatif. Campagne qui pourrait se faire, par exemple, deux fois
par an.
Pour améliorer la
situation il est possible et nécessaire d'innover. Le problème du
bénévole c'est aussi son isolement. Il se porte volontaire. Et
puis, de temps à autre il va faire une activité. Mais il lui manque
le sentiment de participer à une communauté. Au début oui un peu,
de moins en moins ensuite, ça va le démotiver. Je propose une
réforme de la manière d'organiser le bénévolat.
Quand des bénévoles se
présentent, on les regroupe. C'est à dire qu'on leur annonce qu'ils
font partie d'un groupe de bénévoles. Ce groupe doit être petit,
une demi-douzaine, une dizaine, jamais plus de dix-neuf. Au delà ça
devient difficile, des problèmes arrivent, le groupe perd sa
cohésion. Ce chiffre de dix-neuf maximum était un vrai « chiffre
magique » : celui des effectifs des innombrables groupes
festifs, souvent appelés goguettes, qui organisaient jadis et avec
succès la festivité populaire en France. Quand ces groupes ont été
autorisés à grossir à partir de 1835, ce fut le début de la fin.
Ils ont fini par disparaître et une très large partie de la
festivité populaire avec. Sauf à Dunkerque et dans les villes
alentours où les sociétés de carnaval font pratiquement toutes
douze membres et où le Carnaval est resté de ce fait énorme et
prospère.
Le groupe de bénévoles,
on pourrait appeler ça une main, est un groupe autogéré. Une fois
lancé il s'organise et fonctionne pour donner de l'agrément au
bénévolat. Tous les deux mois au moins, ou tous les mois, la main
se réuni pour passer un moment agréable ensemble. Elle crée des
liens entre bénévoles et surtout elle rompt l'isolement du bénévole
en tant que bénévole. Elle apporte un plus au bénévolat. Le
bénévole cesse uniquement de donner, il reçoit aussi. Car la seule
gratitude pour le service rendu peut finir par paraître insuffisante
pour se motiver. Il faut aussi que le bénévolat apporte des
occasions de plaisir partagé en plus. L'idée est à creuser et
mettre en application.
Les Cafés associatifs
ont pour premier but de faire du lien social. Tout ce qui va dans le
sens contraire de l'isolement est intéressant à étudier et mettre
en œuvre. Par exemple : donner un nom aux adhérents du Café
associatif : ceux du Moulin à café pourraient s'appeler les
Moulinois et Moulinoises. Ce nom a été proposé par un ami qui
y travaille comme salarié. Tous les trois mois, une réunion ouverte
de tous les Cafés associatifs de la Région parisienne pourrait être
organisée sur le modèle de celle qui s'est passée le 8 mars avec
trois Cafés associatifs dont un en gestation. Une participante a
souligné lors de cette réunion qu'il était essentiel qu'un Café
associatif en projet ai déjà un nom.
Les salariés et
responsables des Cafés associatifs ont déjà beaucoup de tâches à
remplir. C'est pourquoi pour améliorer le fonctionnement de ces
lieux il faut proposer des activités autogérées qui ne vont pas
les surcharger. J'en vois deux possible :
Le pique nique dominical
autogéré : il est proposé aux adhérents et amis du Café
associatif de se retrouver librement dans un lieu verdoyant, le
dimanche, jour où le Café associatif est fermé. Et faire un pique
nique. Cette activité mobilisant zéro bénévoles et zéro salariés
du Café associatif. On peut aussi à cette occasion faire en sorte
que deux Cafés associatifs ou plus choisissent le même lieu pour un
tel rendez-vous dominical, d'où rencontres et échanges,
enrichissement mutuel.
Les habitués des Cafés
associatifs souffrent quand il est fermé. Cette idée serait très
bien accueillie.
Il existe des Cafés
associatifs dans diverses régions de France et sans doute dans des
pays voisins. Les Cafés associatifs ont une période de fermeture
estivale.
Pourquoi ne pas étendre
le concept du pique nique dominical autogéré à quelque chose de
plus ambitieux ?
La semaine estival
autogérée des Cafés associatifs : il serait proposé que dans
un endroit sympathique où existe des possibilités d'accueil
abordables et suffisantes (campings, gîtes ruraux) et même un Café
associatif pas loin, les habitués et amis des Cafés associatifs se
retrouvent.
Il ne s'agirait en aucune
façon d'une semaine organisée avec accueil organisé, etc. Mais
d'un rendez-vous où chacun se débrouille pour venir et passer son
séjour sur place. Il s'agirait d'une activité autogérée, où zéro
bénévoles, zéro salariés seraient sollicités.
Ce qui permettrait de
développer l'activité des Cafés associatifs, leurs liens, sans
surcharger de travail ceux qui font déjà un formidable travail pour
la convivialité et le mieux vivre ensemble. Une ancienne adhérente
très active du Moulin à café a créé un Café associatif en
Bretagne... peut-être a-t-elle dans les environs un camping
sympathique, de sympathiques gîtes ruraux, a proposer pour organiser
une telle activité ? Je n'ai pas ses coordonnées, le Moulin à
café les a. Il pourrait lui poser la question et ainsi rien qu'avec
un mail envoyé lancer ce très ambitieux projet.
L'autogestion est une
forme d'organisation qui permettrait d'enrichir le fonctionnement des
Cafés associatifs. C'est déjà ainsi que fonctionne le Carnaval de
Paris. Le 26 février dernier il y avait plus de cinq mille
participants au cortège, dont certains venus de loin :
Allemagne, Belgique, Italie (un car entier). C'est pourquoi j'ai
pensé intéressant de faire profiter les Cafés associatifs de cette
expérience joyeuse et réussie de fête libre, bénévole, gratuite,
indépendante, autogérée et apolitique.
J'espère que ce texte de
réflexion pourra contribuer à l'amélioration de la vie de ces
splendides lieux de vie que sont les Cafés associatifs et dont les
animateurs et fondateurs méritent toute notre admiration et notre
gratitude.
Je publierai ce texte sur
mon blog philosophique et l'enverrai aux adresses des deux Cafés
associatifs que je connais : Le Moulin à café et
le Troisième café.
Avec tous mes
remerciements pour ce qu'ils font pour la convivialité et le mieux
vivre ensemble dans la cité.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 9 juin 2017
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