Notre époque a développé
un modèle sexuel de référence. Si vous voulez être sain,
équilibré, épanoui, il faut vivre « en couple » et
connaître « l'harmonie sexuelle ». Kékséksa ?
« L'harmonie
sexuelle » signifie que, s'inscrivant dans un « couple »,
la femme est la putain bénévole, exclusive et active de son mari.
Et le mari est le putain bénévole, exclusif et actif de sa femme.
Sinon ils ont raté leur vie, la réalisation, l'épanouissement de
celle-ci.
Internet abonde
d'annonces de gourous plus ou moins « psy », plus ou
moins ou pas du tout thérapeutes, qui vous jurent les grands dieux.
Ça y est, grâce à Monsieur X ou Madame Y, vous allez enfin grimper
aux rideaux ! Et pouvoir recommencer tous les soirs de la
semaine et toute l'année et les années qui suivront.
Mais, bien sûr, pour y
arriver, il faudra rémunérer votre sauveur...
C'est curieux comment
notre époque a drapé dans les voiles de « la science »,
bien des charlataneries. Charlataneries, c'est bien le mot. N'importe
qui peut se proclamer « sexologue ». L'usage du titre
n'est pas réglementé en France.
Dyspareunie, anorgasmie,
panne du désir, dysfonctionnements érectiles, etc. On fait appel à
tout un jargon destiné à vous convaincre que vous êtes malade et
avez besoin de soins... payants, bien sûr.
Connaissez-vous la
gustativité et la bévitude ? C'est le parfait
épanouissement gastronomique et gustatif et le parfait
épanouissement dans le domaine de la boisson. Je viens d'inventer
ces deux concepts. Je vais, de ce pas, les breveter et m'établir
gustavologue et bévitudologue pour soigner les très
nombreux patients qui ignorent leur détresse !
Jusqu'à mes vingt-deux
ans je n'étais nullement préoccupé par l'idée de mettre mon zizi
dans un cul ou une zezette. Mon entourage médical et familial se
chargea de me mettre dans le « droit chemin ». Il
complota et réussi à me jeter dans les bras d'une vague copine. On
me déniaisa et créa chez moi un faux besoin de baise dont j'ai mis
de nombreuses années à me débarrasser.
Vous n'avez pas envie de
« faire l'amour » ? Et alors ? Vous n'êtes pas
malade. Halte à l'épanouissement sexuel obligatoire ! Ça
suffit ces tartuferies pseudo-scientifiques ! Oui ! On peut
très bien vivre bien sans faire l'amour, ou plus exactement, vivre
sans se masturber régulièrement dans un orifice naturel d'une autre
personne.
Les pseudo aidants
évitent de définir de quoi ils parlent. Et de délimiter
précisément leur « spécialité ». L'essentiel est pour
eux de vous convaincre de les payer. Le grand marché de « l'harmonie
sexuelle » est des plus lucratifs. Et les malades imaginaires
sont les plus rentables, car ils ne guérissent jamais... tant qu'ils
ont affaire à de tels « thérapeutes ».
Vous ne bandez pas. Et
alors ? Si ça se trouve c'est parfaitement normal. Votre zizi
refuse de répondre à un besoin artificiel qui ne lui corresponds
nullement. Vous n'avez pas envie de baiser ? Si ça se trouve,
c'est simplement que vous n'avez pas besoin de baiser. Mais les
gourous du sexe obligatoire veillent pour vous convaincre d'aller les
consulter. Préparer vous à payer le prix fort... En avant
la musique ! Et par ici la monnaie !
Les spécialistes
compétents sauront arranger tout dans votre vie et surtout votre
compte en banque !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 15 juin 2017
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