Les humains au départ
sont de grands singes sociaux, sans industries, vivant en troupes et
n'ayant nul besoin de la Civilisation. De bonne taille parmi les
autres espèces animales, pourvus d'une mâchoire musclée, mordant
avec force, ils ne craignent pas les grands prédateurs. Ceux-ci,
plutôt que risquer les morsures d'une troupe de singes furieux et
solidaires, préfèrent des proies plus paisibles. Seuls les petits
humains peuvent les attirer. Mais les petits humains courent très
vite pour pouvoir se réfugier sous la protection des humains plus
forts et plus âgés.
Le « progrès »
vient du jeu. Les humains commencent à inventer des choses et des
idées par jeu. La transmission du savoir et des interrogations va
bouleverser la vie des humains. À
l'origine guidés par leur seul instinct, comme toutes les
autres espèces animales, les humains vont faire des découvertes qui
vont les bouleverser et contrarier.
L'universalité et
l'inéluctabilité de « la fin de vie » pour tous va à
l'encontre de l'instinct de protection. La découverte du lien entre
l'accouplement, la grossesse et la parturition va aussi déranger les
humains. Enfin, la constatation que la mère protectrice non
seulement ne protège pas de « la fin de vie » les
enfants, mais de plus persiste à mettre au monde des enfants
périssables, va constituer le phénomène troublant de « la
trahison des mères ».
Ces aspects de l'instinct
secoués, dérangés, contrariés, bouleversés, vont entraîner un
grand trouble de l'instinct de propriété chez les humains. Ce
trouble est toujours effectif et a des conséquences gigantesques sur
la société humaine.
L'homme prétendra
« posséder » la femme. Prétention absurde et
irréalisable, mais aux conséquences ô combien néfastes ! Le
travail maternel et domestique de la femme ne sera et n'est toujours
pas reconnu et rémunéré. Élevez des cochons ou des poissons
rouges, c'est un travail, il est reconnu, on vous paie. Élevez vos
enfants, c'est de l'amour, du bénévolat, un devoir, on ne vous
donnera autant dire pas un kopeck pour ça. Pire : on pourra
vous dire que vous ne travaillez pas.
Un grand phénomène
calamiteux issu de la contrariété et du désordre de l'instinct de
propriété est la volonté d'accumuler sans raisons autre
qu'accumuler. Que ce soit des cailloux, des coquillages, des ordures,
des livres, des tableaux, des photos ou de l'argent, peu importe,
l'essentiel est d’accumuler.
L'exacerbation délirante
de l'instinct de propriété conduit aux guerres de conquêtes et aux
grands conflits économiques. Et produit notamment le phénomène que
le savant grec Aristote a baptisé il y a 2300 ans : la
chrématistique. C'est à dire accumuler de l'argent uniquement pour
accumuler.
Un exemple récent de
chrématistique était donné ces jours-ci par les journaux
français : le PDG d'une grande entreprise d'automobiles française
se voyait augmenter son salaire qui était déjà élevé d'une
manière absurde. Cet homme a officiellement touché sept millions
d'euros en 2016.
Les exemples de cette
nature ne manquent pas. Notre économie est chrématistique, guidée
par une cupidité sans limites, expression de l'exacerbation de
l'instinct de propriété, suite au désordre de l'instinct humain en
général. L'argent n'est pas fautif, seul le désordre de l'instinct
dérange.
Les Chinois
traditionnellement considèrent le monde mu par deux grandes énergies
fondamentales, symétriques, dynamiques, opposées et complémentaires
qu'ils ont baptisé Yin et Yang. Ils diront de leur côté que le
désordre de notre société relève d'un excès de Yang. C'est une
façon différente et plus abstraite de parler des mêmes problèmes
actuels généraux de l'Humanité.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 28 juin 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire