Notre culture a disloqué
l'homme en au moins trois parties. Ce qui fait qu'il ne reconnaît
pas son image, la refuse et la juge. Les parties imaginaires entre lesquelles il prétend se diviser sont le sentimental, le sensuel et
le sexuel. Ainsi, il pourrait aimer indépendamment de tous contacts
réels ou rêvés. Il pourrait être « amoureux » et se
morfondre dans son coin de s'en tenir là par la force des choses. Il
réussit si bien à s'auto-suggérer cet amour infirme qu'il se rend
facilement très malheureux avec. La sensualité décrochée du reste
est encore autre chose. Il ignore généralement l'art de donner ou
recevoir les caresses et passe tout de suite au troisième segment :
le « sexuel ». Il y aurait soi-disant un domaine réservé
qui serait lié au coït et indépendant du reste. Pour confirmer
cette illusion, il a même créé le métier de prostitué qui baise
et s'en tient là en échange d'argent.
Cette dislocation
entraine le rejet, le refus, l'insupportabilité de l'image. L'homme
refuse généralement la nudité. En a horreur, la trouve
scandaleuse. Alors qu'il s'agit simplement de son état naturel. Je
me faisais tout dernièrement la réflexion que la phrase : « il
aime voir des femmes nues » est absurde. Il devrait suffire de
dire : « il aime voir des femmes ». Car voir implique de
ne pas avoir son regard empêché par un vêtement. Mais notre
société qui a inventé « le corps » pour mieux le haïr
a décrété que notre état « normal » c'était d'être
habillé. L'horreur de la nudité se concentre sur certaines parties
de l'être humain. Le sexe et les fesses de tous et les seins des
dames sont exécrés. Le sexe de la femme dont nous sortons tous, ses
seins qui nous ont nourri enfant, sont jugés obscènes et dangereux.
Notre société est bien malade.
Au pire du pire notre
culture a placé l'érection. Celle-ci intervient pour quantité de
motifs. Notre culture les a nié tous excepté le coït. L'érection
soi-disant appellerait le coït. Cette interprétation qui égare a
placé le sexe masculin en érection au sommet de l'horreur. Beaucoup
d'histoires délirantes en sont le résultat. L'homme qui bande
s'imagine qu'il a envie de baiser et commet des bêtises en fonction
de ce délire. Quand un garçon a entre 12-13 et 17 ans il bande avec
beaucoup de facilité. On lui en fait honte ou fierté, ce qui n'est
pas mieux. Cette facilité le fera fuir des camps naturistes où tout
le monde est nu. L'interdit de bander en public n'est inscrit dans
aucun règlement de centre naturiste, mais est implicite. Tous
naturiste averti se balade en permanence avec une serviette
soi-disant pour s'asseoir. En fait pour s'asseoir mais d'abord pour
cacher la « honte » de l'érection !
Le drame de la
dislocation qui rend horrible la vue du « corps », de la
« nudité », c'est-à-dire de lui-même, va amener à
juger la « beauté ». Alors que l'homme est naturellement
beau et harmonieux quand il est nu, habillé il sera classé. Très
beau, beau, pas beau, franchement laid... les belles seront traitées
en gibier sexuel harcelées sans cesse par des mâles ahuris et
imbéciles. Les vieux, les vieilles, déclarés moches seront
considérés comme des rebuts.
La gestion des
endorphines va venir poser problèmes. Quand il gâtise amoureux,
l'homme sécrète des endorphines et se shoote à l'amour
insatisfait. Alternant gâtisme réconfortant et désespoir
déstabilisant. Il peut se pourrir ainsi la vie durant dix années et
plus. Une grosse contrariété peut l'amener au suicide pour cause de
délire contrarié. Drogué, il est bête, vulnérable, exploitable.
Quantité de personnes malhonnêtes savent profiter de leur
« amoureux » ou « amoureuse ».
Le confinement des
caresses dans le pré carré et bien clôturé de « l'amour »
conduit à la carence générale, voire la famine de câlins. En
attendant l'amour, on va se priver. Durant l'amour on sera le plus
souvent insatisfait. Après on sera déçu. Et la dureté de la
déception fera qu'on souhaitera éviter de prendre le risque de
recommencer. Le sexuel enfin sera la pire des tartes à la crème
qu'a inventé notre société. Ce serait soi-disant le bonheur-même
prêt à consommer. On mange l'autre. On est mangé. L'égoïsme est
porté au pinacle. Résultat on est malheureux. Il faut chercher
ailleurs.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 décembre 2015
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