Un jour, chez une amie,
il y a quelques années, je rencontrais un directeur français de la
branche française de Disney. Il nous a dit : « notre but c'est
de faire des dollars. » Et nous a précisé que, pour cette
raison, le département juridique de Disney était, dans chacune de
ses sections nationales, très développé. Afin de poursuivre
efficacement les contrefacteurs.
La sincérité et le but
ouvertement lucratif de cet homme m'avait un peu choqué. J'avoue à
présent que, sans être animé par l'esprit de lucre, j'apprécie
positivement l'exposé sans fards du but de sa société. Car, qu'en
est-il par ailleurs ? En des temps pas si lointains, on parlait chez
nous d'entrepreneurs du spectacle. Entrepreneurs rappelant ici
d'autres entrepreneurs : du bâtiment, par exemple. Ce qui laissait
voir, par delà le mot magique « d'entreprise » un but
lucratif commun. Faire construire des immeubles ou donner des galas
musicaux se rejoignait. Puis, le vocabulaire a évolué.
Il y a un nombre d'années que je ne saurais préciser, une vingtaine, peut-être, est apparut une expression qui m'a fait bondir : « organisateur d'événements ». Comme si on pouvait « organiser un événement » ! Un événement arrive ou pas. Mais non, ici, on décide de l'organiser ! Ce concept aberrant a depuis fait florès, notamment dans l'enseignement, où existe une quantité de cursus d'« organisateurs d'événements ». Et enfin, cerise sur le gâteau, le langage promotionnel a franchi une marche de plus dans l'escalier de l'hypocrisie. Il ne s'agit même plus de personnes qui organisent, mais de « lieux ». Je lisais pas plus tard qu'hier que le lieu X était dédié à la promotion de la chanson. Le lieu nous invitait donc à participer à cette belle, grande, juste et généreuse œuvre de sauvegarde culturelle des richesses du monde... Tiens, mais qu'est-ce ? 15 euros.... bah! C'est juste le prix à payer pour pouvoir asseoir son cul dans un fauteuil du lieu. Mais le but est grandiose, pas faire de la thune, comme le vulgaire directeur précité. Mais : faire de la CULTURE. Au fait, pour entrer chez Disney ou dans ce lieu « culturel », à chaque fois, il me faut payer. Où est la différence ? Et si j'aime la culture et n'ai pas d'argent, où je vais ? Je n'ai qu'à aller me faire foutre. Ce que j'ai fait s'agissant d'un remarquable concert donné en ce lieu fameux, qui, etc., etc.
Il y a un nombre d'années que je ne saurais préciser, une vingtaine, peut-être, est apparut une expression qui m'a fait bondir : « organisateur d'événements ». Comme si on pouvait « organiser un événement » ! Un événement arrive ou pas. Mais non, ici, on décide de l'organiser ! Ce concept aberrant a depuis fait florès, notamment dans l'enseignement, où existe une quantité de cursus d'« organisateurs d'événements ». Et enfin, cerise sur le gâteau, le langage promotionnel a franchi une marche de plus dans l'escalier de l'hypocrisie. Il ne s'agit même plus de personnes qui organisent, mais de « lieux ». Je lisais pas plus tard qu'hier que le lieu X était dédié à la promotion de la chanson. Le lieu nous invitait donc à participer à cette belle, grande, juste et généreuse œuvre de sauvegarde culturelle des richesses du monde... Tiens, mais qu'est-ce ? 15 euros.... bah! C'est juste le prix à payer pour pouvoir asseoir son cul dans un fauteuil du lieu. Mais le but est grandiose, pas faire de la thune, comme le vulgaire directeur précité. Mais : faire de la CULTURE. Au fait, pour entrer chez Disney ou dans ce lieu « culturel », à chaque fois, il me faut payer. Où est la différence ? Et si j'aime la culture et n'ai pas d'argent, où je vais ? Je n'ai qu'à aller me faire foutre. Ce que j'ai fait s'agissant d'un remarquable concert donné en ce lieu fameux, qui, etc., etc.
A tout prendre, je
préfère la sincérité du directeur de chez Disney France : « notre
but c'est que notre entreprise marche bien et donc qu'elle nous
rapporte de l'argent. Nous n'avons pas honte de le dire. »
Plutôt que d'entendre un discours « culturel » qui
s'achève avec une sébile tendue : par ici la monnaie !
J'ai connu de dynamiques
« organisateurs d'événements ». Ils se donnaient à
fond, disaient-ils, pour organiser un événement. Le soir de l'événement, le
responsable marchait au radar tellement il était crevé. Et puis, un
jour, il n'y a plus eu d'argent. Et, d'un seul coup, plus rien de leur part. Où
était leur motivation pour « organiser l'événement » ?
Détail intéressant : leur grand responsable n'était pas président
de leur association à but non lucratif qui annonçait organiser l'événement, et
bien d'autres choses encore. Il était « directeur ». Leur
président était un autre. Il faut savoir qu'un président
d'association 1901 n'a pas le droit d'être rémunéré. Un directeur
a le droit.
Les organisateurs
d'événements, les lieux dédiés à, etc. me font penser à
d'autres personnes désintéressées : les hommes politiques
professionnels. Ils vivent de la politique. Mais proclament haut et
fort que leur motivation est autre. Une cause juste, la vôtre, des
intérêts à défendre, les vôtres, des gens à défendre, vous.
Et, en passant, une bonne paie et d'autres avantages matériels à la
clé qui tombent pour votre sauveur. Mais... toutes peines méritent
salaire. Et il faut bien vivre.
Les entrepreneurs du
spectacle de la politique sont comme tous les entrepreneurs du
spectacle : ils font un métier. Leur but est de gagner de l'argent.
À Disney on ne s'en cache
pas. Bravo Disney !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 6 décembre 2015
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