Dans un restaurant, on trouve des cuisiniers, des
aides cuisiniers et des serveurs, c'est-à-dire le service de cuisine
et le service de salle. Je n'ai pas d'idées pour améliorer le sort
du service de salle, mais pour celui de la cuisine oui.
Qui reste le plus
longtemps dans un restaurant ? Les clients ou les employés de la
cuisine ? Ce sont ces derniers, évidemment. Donc c'est à eux qu'il
faut la situation la plus confortable possible, ce qui rendra leur
travail plus facile et améliorera leurs résultats. Quand on
travaille dans de bonnes conditions on fait mieux les choses.
C'est pourquoi ce sont
les cuisines qui doivent avoir la place d'honneur dans un restaurant,
soit à l'entrée-même du restaurant, avec ouverture sur l'extérieur
et lumière du jour. De larges baies vitrées permettront aux
employés des cuisines d'être au contact de l'extérieur tout en
travaillant. La clientèle, elle, verra ce qui se confectionne,
comment, dans quelles conditions. Finies les arnaques aux sachets en
plastiques tout prêts et ébouillantés, vidés dans une assiette et
présentés fallacieusement comme si c'était mitonné en cuisine !
Finies, les cuisines sales ! La propreté, l'authenticité et
l'identité des cuisiniers seront visibles aux yeux du public.
Le restaurant où il sera
invité à manger se situera en arrière des cuisines. S'il ne
bénéficie que de la lumière artificielle, ça n'est pas grave : ça
ne dure que le temps d'un, repas.
Quand ce sont des
restaurants usuels, des self-services, par exemple, leur décoration
est fréquemment tout à fait quelconque. Et c'est bien dommage. J'en
ai vu et apprécié un exemple contraire à Turin il y a environ
vingt ans. Situé pas loin de la place principale de la ville,
c'était un self-service tout à fait classique et de bonne qualité.
J'y ai mangé deux fois au moins. Mais quelle décoration ! On aurait
cru se trouver déjeunant dans un musée, au milieu d'œuvres d'arts
précieuses ! C'était d'excellentes copies de sculptures ou
peintures, agencées avec goût.
Cette expérience m'a
enseigné une chose : c'est une réussite que d'aménager avec autant
d'attention qu'un musée un lieu où on vient simplement manger avant
de retourner travailler. C'est une détente et un plaisir que se
retrouver à cette occasion au milieu d'un décor si riche, raffiné
et inhabituel.
Je n'ai pas connu
d'autres exemples similaires. Mais celui-là, je ne l'ai pas oublié.
Ces réformes de bon sens
de l'aménagement des restaurants me rappellent une idée que j'ai eu
il y a des années concernant les salles de bals. Dans celles-ci on
est invité à transpirer. Pourquoi ne pas leur accorder les
commodités des salles de sports ? C'est-à-dire doter ces lieux de
distractions de vestiaires spacieux et douches ? Ce serait très sain
et agréable de disposer en ces lieux de telles installations. Plutôt
que de devoir repartir, souvent la nuit et l'hiver dans le froid,
avec des vêtements trempés de sueur !
Il existe des traditions,
des habitudes, qu'il serait bon de bouleverser, concernant
l'agencement de nombre de lieux de vie dans notre société. Sans
parler, par exemple, des vêtements usuels qu'il faudrait complètement
repenser en fonction du confort réel de ceux et celles qui les
portent.
La couleur aussi est une
des grands oubliées de la décoration et des créations
vestimentaires. Notre époque, à plus d'une raison de se trouver
qualifier d'époque triste. Alors que la couleur pourrait être
présente partout, elle est bien souvent chassée au profit de
palettes de tons ternes, de gris, de marrons, de noirs. Mais pourquoi
diable assimiler les couleurs du deuil à « l'élégance »
?
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 décembre 2015
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