La pire de toutes les
misères n'est pas la misère matérielle mais la misère morale.
Quand on souffre de la misère morale on peut connaître y compris
les meilleures conditions matérielles de vie. A l'inverse, on peut
avoir le moral y compris quand on connait des conditions de vie
matérielles difficiles.
Quand nous connaissons la
misère morale, quelle que soient nos conditions matérielles de vie,
nous pouvons dire que nous connaissons la misère noire.
Si nous connaissons la
misère matérielle mais avons le moral, nous définirons la
situation ainsi vécue comme la misère rose.
La misère noire est très
répandue dans les pays riches. Dans les pays pauvres, à l'inverse,
nous pouvons quelquefois découvrir avec étonnement des pauvres qui
vivent dans la misère rose.
Pour ma part, sans vivre
dans un pays officiellement pauvre, je connais très bien la misère
rose.
Je regardais hier la
liste dressée par le magazine Forbes des vingt humains
à présent les plus riches du monde. Parmi eux il y a dix-huit
hommes et seulement deux femmes.
Je me disais : ne pas
pouvoir sortir de chez soi sans gardes du corps, habiter des maisons
protégées par des gardes privés armés, trembler en permanence à
l'idée de voir ses enfants enlevées contre une demande de rançon,
être entouré continuellement par des solliciteurs, ne jamais savoir
si quand on paraît s'intéresser à vous on s'intéresse vraiment à
vous ou à votre argent. Je n'aimerais pas être à la place des
milliardaires. J'ai certes des soucis d'argent, comme la plupart des
gens, mais me semble-t-il ma vie est nettement plus paisible et
tranquille que celle des milliardaires. Et la tranquillité est
vraiment un bien inestimable, une richesse incomparable et fabuleuse.
Souvent on ne choisit pas
d'être très riche, on le devient par héritage. Les gens très
riches ne me semblent pas spécialement hyper-heureux. Il est de bon
ton chez certains de les envier. Pour ma part je ne les envie
nullement. Et m'estime en général plus riche qu'eux car je suis en
paix avec moi-même tandis qu'eux ne le sont très probablement pas.
Comment pourrait-on l'être sachant qu'on est comme un ilot de
prospérité matérielle extrême au milieu d'un océan de misère ?
Ou alors on fait preuve d'un tel cynisme pour considérer la vie des
pauvres que vraiment être ainsi ne me séduit absolument pas.
A tout prendre, la misère
rose est une situation infiniment plus prospère que juste la
prospérité matérielle. Et pour apprécier la vie point n'est
besoin d'être très riche, il suffit de savoir gouter les plaisirs
les plus simples et ignorer l'envie d'être à la place d'autres, ce
qui est une ambition absurde. Il faut savoir apprécier ce qu'on a.
Les médias ne cessent de nous claironner des discours faits dans le
sens de croire que d'autres sont plus heureux que nous. Et que nous
serions mieux à leur place qu'à la nôtre. Ce sont vraiment des
phénomènes de mode. Si on possède mille pantalons on ne peut
pratiquement jamais n'en porter qu'un à la fois. Et si on possède
cent-cinquante résidences de par le monde, on ne vit jamais dans
plus d'une à la fois. L'opulence ou sa recherche dissimulent souvent
un malaise et une souffrance intérieure. Il est plus facile pour
certains de chercher à posséder le plus de richesses possible que
se remettre en question et chercher à améliorer sa capacité
d'apprécier la vie. Les grands de ce monde ou prétendus tels qui
nous dominent sont la plupart du temps malheureux. Et se cachent leur
malheur avec des couvertures dorées. Comme disent les Bretons : « on
peut rire dans une chaumière et pleurer dans un palais ».
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 décembre 2016
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