Il existe au moins cinq
grandes légendes de la sexualité humaine qui dévastent le champ
relationnel humain. Y croire a des conséquences catastrophiques. Et
ces croyances sont aujourd'hui des plus répandues.
La première de ces
légendes est que les caresses échangées entre des humains adultes
sont forcément des « préliminaires » de l'acte sexuel.
Elles seraient sensées obligatoirement préfigurer, précéder le
coït. Cette croyance nie la sensualité libre des humains. Elle
conduit à refuser et les caresses et l'acte sexuel sensé devoir y
conduire.
La seconde de ces
légendes consiste à croire que les modifications génitales telles
que l'érection masculine, l'émission par le pénis du liquide
produit par les glandes de Cowper, l'équivalent féminin de ces
modifications signifient désir, urgence, bienfait de la recherche
immédiate du coït. L'érection masculine, entre autres, survient
dans quantités d'occasions détachées du coït. Le seul plaisir des
caresses peut la déclencher. Ça ne signifie nullement que l'acte
sexuel soit alors à l'ordre du jour ou bienvenu.
La troisième de ces
légendes consiste à croire qu'en cas de pénétration d'un orifice
naturel par un pénis en érection, suivi d'éjaculation, il y a
coït. Ce n'est vrai que s'il y a désir authentique et véritable,
ce qui est plutôt rare. Sinon il s'agit seulement d'une masturbation
intra-corporelle.
La quatrième de ces
légendes est celle de la jouissance automatique de l'homme. Elle
prétend à ce que l'éjaculation et « jouir » seraient
synonymes. C'est catégoriquement faux. Le ressenti de l'éjaculation
par l'éjaculateur est des plus variable. Il peut même être
douloureux et désagréable.
La cinquième de ces
légendes est la prétention à faire de la masturbation masculine
manuelle adulte, c'est-à-dire comprenant l'éjaculation, un acte
positif, salvateur et anodin. Un homme qui se branle trois fois par
jour durant trente ans se sera masturbé 32 557 fois. Est-ce anodin ?
Non, et c'est vécu comme une véritable toxicomanie, un shoot de
drogue pour le masturbateur. A partir de l'âge de douze, treize ou
quatorze ans les garçons découvrent la masturbation et se branlent
ensuite régulièrement. Ils deviennent de véritables toxicomanes
endorphiniens. Leur comportement est celui d'un drogué. Ce qui
complique et ravage singulièrement le domaine relationnel entre
l'homme et la femme. Les garçons vont obsessionnellement chercher à
se masturber dans un autre, et souvent dans le vagin d'une femme.
Celle-ci sans forcément l'analyser clairement le vivra très mal.
Les cinq légendes
sexuelles passées ici en revue détruisent très fréquemment la
possibilité que s'établisse une relation sincère, épanouie et de
confiance entre les humains. Les humains qui seront ainsi empêchés
de bien vivre ne comprendront pas ou guère ce qui leur arrive. Le
plus souvent ils incrimineront le manque de chance, la fatalité ou
l'inconduite des autres. Pour se gargariser ensuite avec des légendes
décrivant l'amour « idéal » de ceux qui ont la chance
d'y accéder.
Partout régnera un
discours normatif qui prétendra à ce que la solution consiste à
trouver « la bonne personne » que, comme par hasard, on
ne trouve jamais. Mais qu'éventuellement d'autres trouvent ou ont
trouvé. Il y a ainsi pratiquement toujours le couple de X plus Y qui
lui est parfait. Le pauvre couple en question serait très étonné
de s'imaginer qu'on le croit « parfait ». J'ai moi-même
était un jour choisi par une amie comme un des deux éléments d'un
couple parfait. Le jour où la relation « parfaite » en
question et qui était très loin de l'être a explosé, j'ai été
étonné d'apprendre comment celle-ci avait été considérée. Il y
a toujours un « Paradis » quelque part chez les autres
pour justifier la persistance de la recherche de l'enfer par nous.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 11 décembre 2016
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