Vers l'âge de cinq ans
environ survient dans nos vies un événement d'origine culturelle et
d'importance majeure : le sevrage tactile. Alors que jusqu'à ce
moment-là nous étions caressés, câlinés, embrassés, lavés de
partout, c'est l'arrêt des contacts, nous faisons à présent partie
des « grands ». Ce changement tend à faire de nous des
individus asensuels, a préfixe ablatif, c'est-à-dire
dépourvus le plus possible de sensualité.
L'origine de ce
changement violent est lié très certainement à la volonté de
conditionner la sexualité adulte à venir. La conditionner pour
empêcher qu'elle sorte des cadres où elle joue pleinement son rôle
dans la transmission des richesses matérielles par l'héritage.
Laisser libre cours à la sensualité c'est laisser la porte ouverte
à des mésalliances futures et des naissances « illégitimes ».
Le sevrage tactile joue
pleinement son rôle durant un certain nombre d'années. Quand les
individus mâles arrivent en âge de procréer, ce n'est pas cette
capacité reproductive qui va directement bousculer le paysage. Mais
la découverte de la masturbation masculine manuelle adulte
comprenant l'éjaculation vécue comme une véritable toxicomanie, un
shoot de drogue. L'importance de la masturbation masculine adulte est
très souvent ignorée. Pourtant un individu qui se masturbe trois
fois par jour durant trente années le fera pas moins de 32 757 fois
!
Les jeunes nouveaux
masturbateurs mâles vont élargir leur pratique en se cherchant des
partenaires. Souvent ils commenceront par des jeunes de leur sexe,
puis en majorité se tourneront vers les personnes séduisantes de
sexe opposé. Mais quand ils iront ainsi vers des partenaires à
utiliser comme accessoires pour se masturber, ils tourneront le dos
sans s'en rendre compte à des relations affectives véritables. De
plus, analphabètes tactiles, ils seront maladroits, timides,
agressifs, possessifs. Leur manière d'agir sera loin de pouvoir être
appréciée positivement par les personnes qu'ils convoiteront.
Cette période de la vie
sera douloureuse et pourra durer. Certains garçons n'en sortiront
pas de toute leur existence. Souvent, très jeunes adultes ils en
voudront aux anciens qui les ont amenés à ce stade. De ces très
jeunes adultes on dira alors qu'ils ont « l'âge ingrat ».
Les jeunes filles, elles,
apprécieront peu les prestations des jeunes hommes. On prétendra
alors que « le sexe les intéresse moins que les garçons »,
qu'elles sont « plus sentimentales », etc. Il faut voir
la prestation des garçons pour comprendre que souvent les filles ne
les apprécient pas ou guère.
J'ai pu à diverses
reprises relever la faible estime fréquente des jeunes filles pour
les pratiques sexuelles des jeunes hommes. Une jeune fille qui venait
de rompre d'avec son fiancé me disait : « je m'ennuyais avec
lui, à quoi bon rester avec dans ces conditions ? » Une
autre jeune fille dont le petit copain avait déménagé dans le
midi, alors qu'elle habitait à Paris. Elle en disait, devant le
revoir durant les vacances d'été : « je vais le voir durant
deux jours, ça suffit. » Une troisième jeune fille parlant de
son nouvel amant s'exclamait : « il habite près de mon
travail, c'est commode ! » Quelle sensualité ! Par deux fois
des femmes m'ont mentionné le fait d'avoir fait avec une copine et
un jeune homme « une partie à trois ». J'ai bien
remarqué que cela ne les avait rigoureusement pas passionné. Ce
qui est également des plus révélateurs ce sont les commentaires
des femmes à propos des vidéos pornographiques. Elles paraissent
vraiment le plus souvent n'y trouver aucun intérêt. Devant cette
situation, certains croient que l'émancipation des femmes passerait
par le fait de faire des hommes leur modèle sexuel à suivre. Alors
qu'on pourrait plutôt se demander si ce ne serait pas aux hommes de
se rapprocher du comportement affectif féminin, beaucoup moins
tourné vers la performance sexuelle et la masturbation.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 décembre 2016
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