Toutes nos convictions,
bonnes ou mauvaises, plongent leurs racines dans l'instinct originel.
Celui-ci étant contrarié, cela explique que nous puissions avoir
des convictions absurdes, contradictoires, contraires à nos
intérêts. Ainsi, par exemple, des gens sérieux et intelligents
vont boire des boissons alcoolisées en abondance et fumer, auront
une addiction à l'alcool et au tabac. Vous pourrez leur dire ce que
vous voulez, elles ne changeront pas d'avis. C'est-à-dire qu'elles
n'arrêteront pas de boire abondamment des boissons alcoolisées et
fumer. Un sourire gêné répondra à vos arguments. Ces personnes ne
seront pas en mesure de changer de comportement car boire et fumer
compensera chez elles quelque chose qui leur manque au niveau de
l'instinct originel.
Ainsi par exemple une
personne qui a pratiqué l'amour masturbatoire toute sa vie, est
passée à côté de l'amour tout court, fume et boit. Cette personne
en amour a fait exactement comme sa mère, qu'elle a prise pour
modèle. Sa mère a pratiqué également l'amour masturbatoire durant
toute sa vie adulte valide et active. L'amour masturbatoire qu'on
peut aussi appeler « amour consumériste » ou plus
exactement « le consumérisme sexuel ». Qui consiste à
croire « aimer physiquement » l'autre et en fait se
masturber dedans, ou autour de lui, si c'est lui qui vous pénètre.
L'instinct originel se
manifeste de diverses façons dans notre vie. J'étais l'autre jour
convié à un spectacle. Sans m'en rendre compte, j'avais déjà été
sollicité à plusieurs reprises par une même personne pour aller
l'applaudir. Au moment où j'aurais dû partir voir son spectacle, je
consulte son site Internet et n'y trouve pas d'intérêt. Je renonce
à y aller. Mais bizarrement je continue à penser que « je
manque quelque chose ». C'est seulement le lendemain matin que
j'ai compris d'où me venait cet étrange sentiment. Dans la Nature,
quand seul nous guidait l'instinct originel, les conseils de nos
congénères étaient toujours en accord avec notre intérêt. Ce qui
fait qu'il suffit aujourd'hui qu'une personne insiste pour que nous
fassions quelque chose pour que cela ranime des réminiscences
anciennes. S'il insiste ainsi, ça doit être vrai, avons-nous
tendance à penser. Il n'en est rien obligatoirement, bien sûr, mais
cette tendance existe.
Pour les mêmes raisons
il arrive fréquemment qu'en diverses occasions quand quelqu'un tend
à nous donner des ordres, chercher à nous imposer quelque chose, ça
nous impressionne. Dans la Nature, un tel comportement était
également en accord avec notre instinct originel. Là, bien souvent,
ce n'est plus le cas. Mais le vieux mécanisme reste et tend à
fonctionner y compris sans justifications valables.
Quand une personne, par
ses divers aspects, nous rappelle un accord entre elle et nous sur
une base authentique et naturel, nous risquons alors d'être séduits.
C'est-à-dire incompréhensiblement attirés par elle. C'est une
séduction qui peut être en fait absurde, mais corresponds à
quelque chose au fond de nous. L'inverse peut aussi arriver, et
générer une aversion tout aussi absurde. C'est l'instinct originel
qui nous fait apprécier positivement des personnes éloignées de
nous et rejeter des personnes proches de nous.
L'absence de relations
pleinement en accord avec notre instinct originel amène des fois à
nous sentir seuls alors que nous sommes très bien entourés. Et
aussi à croire dans des chimères qui ont noms : « Grand
amour », « prince charmant », etc. Ces figures
imaginaires ont beau relever très visiblement du fantasme, nous y
croyons souvent quand-même. Et quand nous croyons les rencontrer
puis les perdre, nous sommes désespérés. C'est pourquoi ces mythes
sont extrêmement dangereux. Ils peuvent conduire à la dépression,
au crime passionnel, à l'alcoolisme, au suicide. Seule la
satisfaction de notre instinct originel peut nous assurer notre
équilibre affectif. Ce n'est pas facile d'y arriver, demande du temps et
beaucoup d'efforts.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 décembre 2016
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