Quand, la nuit tout est
silencieux, un très léger bruit qui s'arrête ou qui se déclenche
peut vous réveiller. Par contraste avec le silence, sa puissance
sonore est décuplée. De même, si on prend une grande feuille
blanche, un point noir dessus se remarquera de manière éclatante.
Il en est de même des événements de la vie. Si tout va très bien,
un petit désagrément a l'impact d'un très grand désagrément. Une
petite contrariété apparaît comme une très grande contrariété,
etc.
J'avais peu de contacts
ces temps-ci et voyais peu de gens. Un imbécile que je ne connais
pas m'écrit quelque chose de vexant. J'y attache une grande
importance. En fait, ce message est d'importance absolument
secondaire. Pour m'en convaincre, il me suffit de rencontrer quelques
autres personnes.
Pour bien mesurer nos
réactions, sachons faire preuve de lenteur. Ne pas se presser est
infiniment précieux. Prendre son temps c'est le rendre précieux,
savoir l'apprécier à sa juste valeur. Il faut savoir ignorer les
importuns qui se prennent pour le centre du monde et vous insultent
avec des propos bizarres. Et les laisser se noyer dans leur propre
venin.
La gentillesse est une
vertu essentielle. Soyons gentil y compris gratuitement et sans
motifs. Pratiquons la gentillesse gratuite, de même que d'autres
pratiquent la méchanceté gratuite. Rester gentil, c'est résister à
toutes les influences qui vous crient dans les oreilles : « soyez
méchants comme tout le monde ! »
Restez calme et ne vous
énervez pas. Plus vous avez de raisons de vous énerver, plus en
général vous gagnerez à ne pas le faire. Beaucoup d'agresseurs ne
rêvent que d'une chose : que vous vous énerviez pour « faire
monter la sauce ». En ne vous énervant pas vous les désarmez.
Ils se lassent et s'en vont ailleurs chercher à énerver d'autres
que vous. S'ils croient avoir raison et ont tort, laissez-les croire
qu'ils ont raison. Les idiots ce sont eux. N'oubliez pas la vieille
sagesse arabe : « le coq le plus misérable chante victoire une
fois qu'il a fini d'escalader son tas de fumier. » Laissez les
coqs misérables chanter victoire ainsi. Ne vous abaissez pas à
chercher à leur faire concurrence.
Si les imbéciles
existent et sont très nombreux, c'est pour valoriser par contraste
les intelligents. Remerciez-les d'exister pour vous mettre en valeur.
Et ne cherchez pas à les guérir de leur stupidité. Elle est
incurable. Chercher à convertir à l'intelligence des imbéciles,
c'est comme vouloir faire éclore d'un œuf dur un poussin cuit qui
pépie.
Quand ils n'ont pas
d'arguments, les imbéciles vous insultent. Et vous attribuent les
tares dont ils souffrent. Laissez-les braire et appréciez leur joli
voix.
Si vous leur accordez
trop d'attention, vous ferez d'une poussière une montagne. Une
poussière peut être très désagréable. Mais elle n'est, en
définitive, qu'une poussière. Les idiots sont la poussière sur
laquelle l'intelligence marche d'un bon pas.
J'ai rencontré plus d'un
imbécile joliment titré, ou bien rémunéré. L'essentiel était
qu'il s'agissait d'imbéciles. Et être un imbécile est la moins
enviable des situations pour un intelligent, quel que soit le titre
ou la rémunération de cet imbécile.
Une chose nouvelle
impressionne souvent plus qu'une chose ancienne et habituelle. Il
existe un grand nombre de variétés d'imbéciles. Il ne faut pas se
laisser impressionner par la rencontre d'un nouveau type d'imbécile.
C'est d'abord et avant tout un imbécile. Et il y en a beaucoup sur
Internet.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 octobre 2015
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