La terreur intérieure
fruit de la sortie de l'enfance prolongée a, entre autres
conséquences fâcheuses, de rendre très souvent incapable de vivre
et apprécier la solitude. Quelle chose merveilleuse que « la
solitude »! Ne pas être préoccupé par les soucis envahissant
des tiers ! Sans l'avoir choisi je ne suis à présent ni préoccupé
par des parents âgés, ni par des enfants, ni par un boulet de
jalousie et de prises de tête que sont très fréquemment les
fiancés d'un sexe ou d'un autre. Quel plaisir d'être libre de
choisir comment occuper son temps quand on est libre et que
n'existent pas de contraintes ! Se lever ou se coucher quand on en a
envie. Manger à n'importe quelle heure... Tandis que si on vit avec
quelqu'un, il va venir bousculer vos habitudes d'une manière ou
une autre. Soit il cherche à vous imposer sa volonté. Soit il vous
culpabilise de ne pas le laisser libre. Car il ou elle se conforme à
vos habitudes. Et quel embarras que « la sexualité » à
deux ! Ou bien l'autre ne veut jamais. Ou bien il veut trop
souvent... Il faudrait qu'il ait envie quand vous avez envie. C'est
parfaitement possible, ça s'appelle le plaisir solitaire. Là, on
est d'accord avec soi-même. Et on peut après passer à autre chose.
C'est aussi la liberté. A deux, c'est mieux me direz-vous ? Vous
voulez rire ! Regardez la tête des amants qui vivent ensemble ! Bien
des fois ils paraissent très loin d'être joyeux !
Mais, choisir de vivre
seul, c'est égoïste ! Et alors, où est le problème ? C'est
« individualiste ». Même chose. Chier est
individualiste. Pisser est individualiste. Se branler est
individualiste. Et dormir ou bouquiner ne pourrait pas l'être ? Et
pourquoi donc ? Dormir seul est une activité des plus agréables.
Lire seul aussi. Marcher seul dans la campagne aussi. Ne rien faire
seul chez soi aussi. Ceux qui cherchent à tous prix à partager leur
vie avec quelqu'un me font penser bien souvent à des êtres valides
des deux jambes qui cherchent à tous pris des béquilles pour
marcher. Je connais deux jeunes femmes charmantes qui cherchent avec
fureur à rencontrer l'amour. Tout irait bien dans leur vie si
n'était cette quête stupide à laquelle elles se consacrent. L'une
couche avec un tas de très beaux garçons, qui ne la respectent pas
et ne veulent pas, comme on dit, « s'engager ». L'autre
flaire le sentiment passionnel. Le rencontre des fois, avec des
salauds ordinaires. A chaque fois, c'est la même chanson. De ces
deux jolies femmes le corps, le vagin, l'anus, la bouche, servent de
vide-couilles. Et après ? Après, quand il s'agit d'amour, enfants,
vie à deux, le vide-couillés prend la fuite.
La base de la recherche
frénétique de l'autre, c'est la peur. Et la peur est toujours
mauvaise conseillère. D'autant plus que le mensonge règne. Car,
avec la peur, les humains à l'écoute de leur terreur intérieure
qu'ils croient extérieure sont amenés à mentir extrêmement
souvent. Au point qu'on n'a plus guère confiance dans la sincérité
des propos entendus, attitudes ou réactions rencontrées. Une amie
devait m'inviter chez elle. Quand je parle de fixer le jour, elle
commence par me dire : « je n'ai rien contre le fait que tu
viennes ». Puis évoque de vagues excuses pour remettre son
invitation à une date indéterminée. Si la confiance régnerait, ce
ne serait pas un motif de doute. Là, la réaction rencontrée me
fait tout de suite me demander si mon invitation n'est pas remise
pour toujours à demain et le lendemain à demain encore.
C'est-à-dire qu'elle est annulée. Je préférerais la sincérité.
Mais elle est bien rare. On a fait de « menteur » une
insulte majeure. Alors que la très grande majorité des humains ment
sans arrêts, car elle a peur de sa propre ombre.
On a inventé un système
sémantique où certains épithètes utilisés signifient l'arrêt de
tous dialogues possible. Celui qu'on a qualifié ainsi est en
quelque sorte un diable. Jadis, par exemple, on usait de termes comme
« hérétiques », « infidèles », « relaps ».
Bien plus tard, l'appartenance à une famille politique honni suffit
pour interrompre ou refuser tous dialogues. Car celui qui a été
défini comme appartenant à telle famille politique cesse d'être un
humain. En principe, on ne doit même plus lui adresser la parole. Le
recevoir chez soi, en faire un ami, encore moins. Le qualificatif
disqualifiant peut aussi avoir une connotation sexuelle comme :
« pute » ou « travelo ». Ces qualificatifs
tirent leur force de leur fusion avec notre terreur intérieure
fruit de la sortie de notre enfance prolongée.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 octobre 2015
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