samedi 17 octobre 2015

430 Étrangetés de certaines réactions mentales face à l'adversité

Une amie très chère m'avait invité à venir en vacances quelques jours dans sa famille, sans préciser encore la date. Je l'appelle et au téléphone évoque son invitation. Il serait bien de connaître le moment choisi afin que je puisse réserver d'avance les billets de train les moins chers possible. Ce qui ne peut s'effectuer que bien des semaines d'avance, ces places étant en nombre limité.

Chose inattendue, je comprends à la réponse que me fait mon amie que, d'une part, visiblement ma visite est complètement exclue. Et, d'autre part, que mon amie ne me dit pas tout, me cache le motif de mon rejet.

Je raccroche à la fin de la conversation. Et la pensée me vient que notre relation paraît terminée. Pourquoi ? Je me perds en conjectures. Ai-je fait quelque chose de mal la dernière fois qu'on s'est vu ? Je ne trouve rien qui pourrait expliquer ce changement d'attitude. Alors, ai-je été calomnié ? Rien ne paraît justifié dans cette manière sournoise de m'éliminer. Par ailleurs, je prends la nouvelle paradoxalement avec bonne humeur : « tant mieux si cette relation est terminée, elle était fausse ! »

Dans les jours qui suivent, je cherche encore des explications. Tout en connaissant un certain nombre de phénomènes curieux.

J'ai faim, et n'arrive pas à être rassasié. Tout en connaissant des pensées déprimantes allant d'une certaine façon dans le même sens. Je me dis : « avec la misère, je risque de me retrouver affamé sans pouvoir y remédier. » Ma faim est tant non rassasiable qu'un jour-même, je dîne par deux fois et, il me semble m'en souvenir, ai encore faim après ! J'avais dîné et ensuite, avais été invité à dîner. J'ai mangé sans problèmes toute cette nourriture... Pourtant je ne suis pas un goinfre.

Autre chose : je me sens fatigué, vraiment fatigué. Et puis, des pensées déprimantes m'assaillent : « je n'ai jamais été heureux en amour ! » Puis, le lendemain : « si c'est arrivé, c'est que toutes les femmes sont infréquentables, ne valent rien, sont à éviter. En tous cas moi j'ai intérêt à le faire ! » Et le jour d'après : « non, finalement, les femmes sont très bien... mais, elles sont toutes incapables de rendre heureux en amour, en tous cas moi. » Et encore le jour d'après ? Je n'y ai même pas pensé.

D'autres pensées négatives me viennent : je me vois souffrant d'ennuis matériels graves et précis. Et, chose qui ne m'arrive jamais, je pense à ce qu'il ne me reste plus qu'une fraction de vie à vivre...

J'avais promis à l'amie qui m'avait rejeté de lui envoyer un courrier avec un texte philosophique. Je pense ne pas le faire. Puis le fais quand-même. Après, je me dis : « cette amie, sa famille, c'est terminé, nos relations ! Il faut à présent que je les oublie ! »

Trois jours plus tard mon amie perdue m'appelle pour me remercier pour mon courrier qu'elle a bien reçu et grandement apprécié. Puis, chose stupéfiante, elle me parle de l'invitation chez elle. Me demande quand je viens. Me dit que toute la famille m'attend ! Et éclaircit un mystère : si elle m'a paru ne pas du tout vouloir me recevoir et ne pas tout me dire, je ne m'étais pas trompé. Mais je n'étais pas la cause de ce rejet à présent passé. Mon amie avait été malade et n'avait pas voulu me le dire. Elle allait mieux et réitérait son invitation ! Tout était arrangé ! Mais comme furent étranges mes réactions : nier le chagrin en me disant que la fin de nos relations était une clarification, une bonne chose... Avoir faim, être fatigué, penser « aux femmes » en général comme une source de malheurs divers. A la venue d'ennuis matériels graves et même d'une certaine façon à la mort dont je n'ai pas considération comme un événement irrémédiable, étant croyant. Toutes ces réactions me paraissent à présent avoir illustré la complexité et l'irrationalité de notre être face à l'adversité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 17 octobre 2015

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire