En
fait, il y a une logique dans mes réactions. J'ai nié le chagrin,
le choc, pour ne pas l'affronter. Mon amie très chère me rejette ?
Sa famille ne veut plus me voir ? Je ne la verrais plus ? Voilà qui est tant mieux
! Cette relation ne valait rien ! Il s'agit d'une clarification !
Le
refus d'affronter la douleur excessive de la rupture se traduit au
niveau dit « physique ». Qui montre bien ici qu'il n'est
pas simplement « physique » mais apparaît complètement
lié au mental. La faim impossible à rassasier, la grande fatigue
inexplicable. Et les pensées négatives, mais sur autre chose afin
d'éviter de penser au vrai motif de l'adversité. Alors, ici, c'est
« l'amour » et ce sont « les femmes » en
général. Ça aurait put être autre chose, d'autres personnes.
Et
avec ça, les ennuis matériels graves et possibles, la presque
frayeur existentielle... toutes ces réactions en quelque sorte
« habillent » et soustraient à une vision claire la
vraie raison effective de mon chagrin. Qui est la rupture apparente
des relations amicales annoncée sans explications par mon amie.
Mais, je ne dois pas être le seul à connaître de tels types de
réactions. Combien de personnes se désolent pour, croient-elles,
une chose, alors que la véritable raison est ailleurs ?
J'ai
connu deux hommes qui paraissaient malheureux. Ils exprimaient tous les
deux une haine obsessionnelle envers un groupe ethnique précis.
Pourtant, c'était deux hommes apparemment raisonnables et très
sensibles, artistes. Je vais trouver une explication que je n'ai
jamais eu les concernant. Ces deux hommes sont ou était - l'un des
deux est sans doute mort aujourd'hui, - très malheureux. Et, très
sensibles, étaient tout à fait incapables d'affronter les vraies
raisons de leur malheur. Alors, ils les remplaçaient par des
vitupérations contre un groupe ethnique qui ne leur avait en fait
rien fait. Ils le faisaient au point que c'en était tout à fait
caricatural.
Un
autre exemple est celui d'une amie qui se complaît bizarrement dans
le récit d'événements horribles. Un ami quant à lui, né après
la Seconde guerre mondiale, en a fait une sorte d'obsession. Il relie
un tas de faits toujours à cette période. Rencontre-t-il quelqu'un
pour la première fois ? Moins de vingt minutes après on l'entend
parler de ce conflit déjà bien ancien.
Et
tout ceci pourquoi ? Parce que ces amis ont troqué la confrontation
frontale avec ce qui leur fait mal, contre une source recouvrante des
causes de leur souffrance. Ainsi, leur problème n'est pas affectif,
croient-ils, c'est telles ou telles histoire des autres qui serait
leur problème.
Ce
trucage inconscient est d'origine sentimental. Si vous voyez de
telles réactions absurdes, vous pourrez toujours chercher à
raisonner ceux qui en témoignent. Vous n'y pourrez rien. Ils sont
attachés à ces absurdités qui leur cachent ce qu'ils ne sont pas
en état de voir, supporter.
Raisonnez-les.
Ils s'énerveront. Ne vous écouteront pas. Ne changeront pas d'avis.
Gardez votre calme. N'espérez pas les changer. Ou alors très peu,
lentement, partiellement. Vous êtes dans la situation où vous voyez
des gens valides qui s'obstinent à avancer en utilisant des
béquilles. Vous cherchez à les leur arracher, à les forcer à
marcher sans. Et eux, ils hurlent que vous ôtez le moyen d'avancer à
de pauvres infirmes.
Combien
de disputes ne sont pas basées sur une vraie divergence d'opinion, mais
sur de fausses opinions dissimulant de vraies peurs ?
Et
quand la peur est là, elle est liée à la terreur originelle. Celle
issue de la sortie de l'enfance prolongée dont j'ai déjà parlé
par ailleurs.
Basile,
philosophe naïf, Paris le 17 octobre 2015
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