Quand un même problème,
y compris présenté comme « personnel » et « intime »
touche des millions de gens... ce n'est plus un problème « personnel
et intime », mais l'expression individuelle d'un problème
général de société. Ce n'est plus réservé à être traité dans
la discussion entre proches ou entre le « patient » et
son médecin ou son « psy ».
Le suicide est la
première cause de décès dans la jeunesse... Je crois ne pas
beaucoup prendre de risque de me tromper en ajoutant que « l'amour »
ou ce qu'on suppose l'être est la principale cause de suicides parmi
les jeunes. Sans compter les rescapés de suicides ratés. Je pense
par exemple à ceux et celles qui se précipitent sous un train et
survivent avec des amputations. On m'a parlé ainsi d'une jeune fille
de seize ans qui a perdu un bras et une jambe.
Le traitement de
« l'amour » repose largement sur la peur. Aujourd'hui
dans les transports publics parisiens, par exemple, la plupart de
jolies femmes se déplaçant seules n'osent pas regarder franchement
un homme inconnu. Et encore moins leur sourire. Pourquoi ? Parce que
ça risque d'être automatiquement pris pour « une avance
sexuelle » ! Alors, elles usent de ruses de Sioux pour
regarder quand même. Lunettes de soleil même quand il n'y a pas de
soleil, coups d'œil furtifs, regard du coin de l'œil, balayage
oculaire d'une large surface où se trouve au milieu la personne
qu'on souhaite regarder, etc.
De toutes parts on entend
des lamentations sur « l'amour ». Une jolie jeune fille
me disait dernièrement à propos de sa relation avec l'amour :
« l'amour ça ne marche jamais. À
présent, je préfère me consacrer à la réussite de mes études. »
D'autres femmes, arrivées
à la trentaine et au delà, restées seules depuis longtemps,
commencent à s'affoler par rapport à leur horloge biologique.
Vont-elles rater le dernier moment pour faire un premier bébé ?
Mais où est le père ?
La peur du viol est
omniprésente chez les femmes. Elles n'en parlent jamais, en tous cas
aux hommes. C'est aussi là un des aspects de « l'amour »,
car cette peur pèse sur toute la société tout le temps.
Un autre sujet dont on ne
parle jamais ou presque c'est la masturbation masculine adulte et le
gavage des garçons par la pornographie. Connaissez-vous beaucoup
d'hommes qui osent dire : « je regarde du porno tous les jours
sur Internet », et « je me masturbe très fréquemment »
? Non, bien sûr, pourtant vous en côtoyez tous les jours et si ça
se trouve vous en faites partie. Il a fallu que je cesse de me
masturber depuis six mois pour commencer à libérer ma parole à ce
propos. Et encore, j'ai des hésitations. Pourtant, c'est là une
question fondamentale dont il faut absolument parler. La masturbation
masculine adulte et son stimulant pornographique représente la
première et la principale activité sexuelle chez les humains en
général.
Imaginez un jeune homme
qui découvre à l'âge de treize ans la masturbation adulte,
c'est-à-dire comprenant l'éjaculation, à la différence de la
masturbation enfantine des garçons. S'il se branle trois fois par
jour durant trente ans, il finira par s'être masturbé plus de
trente mille fois !
Ce qui n'arrange rien est
que beaucoup d'hommes croyant « faire l'amour », le plus
souvent se masturbe dans le corps d'un ou une partenaire. Ils
remplacent juste leur main par, par exemple le ventre d'une femme.
Même si elle est consentante, elle finira par s'en ressentir mal et
vouloir s'éloigner. Servir d'outil à branlette n'a rien de
réjouissant, y compris si on croit « faire l'amour » !
Quand quantité »
d'hommes, la plupart même, se branlent dans le ventre d'une femme en
croyant « faire l'amour », celles-ci qualifient leur
minable prestation avec ces mots : « il fait sa petite
affaire. » Il s'agit là du vocabulaire féminin français. Je
l'ai entendu à Paris il y a une trentaine d'années environ, dans la
bouche d'une dame d'un certain âge. Je l'ai ré-entendu très
récemment dans la bouche d'une jeune femme.
Les riches Romains de
l'Antiquité mangeaient, se faisaient vomir, buvaient du vinaigre
pour se rouvrir l'appétit, remangeeaient, revomissaient... Ainsi ils
goutaient des plaisirs de la table totalement détachés des
impératifs de la digestion. Un certain nombre d'hommes aborde
aujourd'hui le sexe dans le même esprit totalement détaché des
sentiments. Ils pratiquent le consumérisme sexuel : « un plan
cul, une toile, acheter une nouvelle paire de godasses... »
Tout est pareil. Seul importe la recherche du « plaisir ».
S'agissant du « sexe » on peut même le marchandiser et
l'acheter sur le marché des prostitutions, depuis la marcheuse
jusqu'à l'escort girl de luxe. Le prix varie. La fonction principale
est toujours la même.
Mais les endorphines
produites durant les activités considérées comme « sexuelles »
sont des drogues. Ça, les spécialistes auto-proclamés dans le
domaine du sexe éviteront de le dire. Ils éviteront surtout de
parler des risques liés à leur production. Par exemple, l'arrêt
brusque d'une relation d'amour réelle ou rêvée conduit au manque.
Et le manque de drogue pour un drogué fait tellement souffrir qu'il
sera tenté de se supprimer.
On a cru innocenter les
endorphines sous prétexte qu'elles s'auto-éliminent. Mais les
effets psychologiques sont tels qu'elles provoquent des milliers de
morts par an causés par des suicides officiellement pour cause de
« chagrin d'amour ».
Si on peut réduire cette
souffrance, ça mérite qu'on s'y arrête. Malheureusement quantité
de spécialistes plus ou moins auto-proclamés vont chercher à
empêcher la remise en cause de l’innocuité des endorphines
masturbationnelles masculines. Pourquoi ? Parce que ces spécialistes,
qui sont souvent des hommes, se branlent eux-mêmes ! Ils sont juges
et parties !
Il serait bon et utile
d'ouvrir enfin un vrai débat sans crainte de remettre en cause et
déboulonner certains pseudo apôtres ou soi-disant textes sacrés
dans le domaine de la sexualité masculine. Ce qui exige de l'audace.
Car dans notre société française et parisienne, traditionnelle et
machiste, il est mal vu de remettre en cause les idoles du jour.
Alors que Freud lui-même
admettait qu'un jour ses idées et théories soient dépassées par
des idées et théories nouvelles, certains se prétendant ses
disciples empêchent le débat de se tenir.
Il faut arriver à mettre
tout sur la table et discuter.
Rien ne doit nous empêche
d'avancer. Toutes les questions sont légitimes. Il faut en parler
entre nous, avec d'autres, y réfléchir et ouvrir enfin un vrai
débat sur les vraies questions de « l'amour ». Les
premières étant comment parvenir à réduire la souffrance humaine
dans ce domaine. Que ce soit du fait de suicides, viols ou
dépressions. Progresser ne pourra se faire qu'en faisant avancer la
cause de l'amour vrai et en se débarrassant de ses bruyantes et
maladroites imitations.
On entend beaucoup de
choses diverses et parfois opposées quand on prononce le mot
« amour ». C'est pourquoi il importera aussi dans le
débat ouvert et véritable de définir ce qu'on entend exactement en
utilisant ce mot. De toutes façons il faut que s'ouvre un large
débat afin de commencer à progresser vraiment dans ce domaine. Il
en va aussi de la préservation de la vie et de la santé de millions
de jeunes gens et jeunes filles, hommes et femmes d'aujourd'hui et
demain.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er novembre 2016
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