lundi 7 novembre 2016

686 Un peu d'amour et trois tasses de thé

Il y a deux jours, nous avions fait de la peinture joyeuse dans un petit local non chauffé et de ce fait un peu frais. La soirée était arrivée et plusieurs d'entre nous étaient déjà partis. Nous étions trois, deux dames et moi. L'une d'elles s'est proposée pour nous offrir une tasse de thé chaud. Peu après elle est revenue portant un plateau avec trois tasses de thé. Comme nous le buvions, j'ai fait remarquer que pour connaître un moment de bonheur il ne nous fallait pas plus. Rétrospectivement je dirais qu'il suffisait d'un peu d'amour et trois tasses de thé pour être parfaitement heureux.

Pourtant, à écouter nombre de gens, que la recherche du bonheur leur semble ardue, compliquée et aléatoire !

Certains croient que pour trouver le bonheur il faut être riche ou célèbre. Il existe plein de gens riches ou célèbres qui sont très tristes et très malheureux. D'autres invoqueront la nécessité pour être heureux de connaître ce qu'ils appellent « le Grand Amour ». Ce concept corresponds à un fantasme. C'est une méga-foutaise. Le « Grand Amour » n'existe pas, même sil arrive à des personnes vivants en couple de s'entendre très bien durant nombre d'années. Un autre fantasme est représentée par l'idée que les cabrioles sexuelles seraient la clé du bonheur. Il suffirait de dénicher l'oiseau rare qui vous fera grimper régulièrement aux rideaux. Il s'agit encore une fois ici d'un être imaginaire, qui n'existe nulle part et n'a jamais existé nulle part, sauf dans les films et les romans.

Parfois on voit surgir chez certains la conviction que parvenir au bonheur corresponds à une zone géographique donnée. Il faut y vivre et tout ira bien pour vous. Cette zone géographique varie suivant les époques et les rêveurs concernés. On a pu ainsi voir celle-ci être les États-Unis, la France ou l'Union soviétique. Ou bien encore une contrée imaginaire comme jadis l'el Dorado.

Ce bonheur fantasmé, on a cru que pour y parvenir il fallait passer juste par un bain de violences. A condition de tuer un tas de gens, l'Humanité allait voir l'aube d'un Paradis terrestre. Toutes ces promesses dont la réalisation a été tentée ou est encore tentée ont donné ou donnent des fruits indigestes et amers, suivis de retours en arrière.

Enfin, comme recettes pour atteindre le Bonheur avec un grand « B » on a vu et voit invoquer d'être unis, nombreux et forts, de connaître une époque où l'argent abonde, de manger trop, de boire des boissons alcoolisées. Toujours des recettes pour trouver ce qui d'évidence se trouve à notre portée, à condition de savoir le reconnaître et l'apprécier.

Il suffit par exemple juste d'un peu d'amour et trois tasses de thé, bues un soir après avoir fait un atelier de peinture joyeuse dans un petit local non chauffé et de ce fait un peu frais.

Ou de prendre un repas avec quelques amis sympas. Ou simplement d'être tranquille chez soi. D'être, et savoir l'apprécier positivement. Combien de gens se ruinent leur bonheur et leur tranquillité par la recherche de fleurs imaginaires et fabuleuses au lieu de prendre le temps d'apprécier les petites fleurs des champs qui sont à leurs pieds ?

Il n'y a pas besoin de les cueillir. Il suffit de savoir les regarder, les apprécier et toute la grisaille du monde s'en va. Ne reste que la couleur simple du bonheur. Vous voulez connaître un monde idéal et frisant la perfection la plus absolue ? Parfois il vous suffira juste de quelques heures passées à peindre ce qui nous vient de notre inspiration, et puis trois tasses de thé posées sur un plateau. On n'a même pas eu besoin de sucre. Le thé a suffit pour nous rendre parfaitement heureux. Car le bonheur était présent dans un instant comme celui-là. Sans avoir besoin de plus que ça.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 novembre 2016

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