Il y a deux jours, nous
avions fait de la peinture joyeuse dans un petit local non chauffé
et de ce fait un peu frais. La soirée était arrivée et plusieurs
d'entre nous étaient déjà partis. Nous étions trois, deux dames
et moi. L'une d'elles s'est proposée pour nous offrir une tasse de
thé chaud. Peu après elle est revenue portant un plateau avec trois
tasses de thé. Comme nous le buvions, j'ai fait remarquer que pour
connaître un moment de bonheur il ne nous fallait pas plus.
Rétrospectivement je dirais qu'il suffisait d'un peu d'amour et
trois tasses de thé pour être parfaitement heureux.
Pourtant, à écouter
nombre de gens, que la recherche du bonheur leur semble ardue,
compliquée et aléatoire !
Certains croient que pour
trouver le bonheur il faut être riche ou célèbre. Il existe plein
de gens riches ou célèbres qui sont très tristes et très
malheureux. D'autres invoqueront la nécessité pour être heureux de
connaître ce qu'ils appellent « le Grand Amour ». Ce
concept corresponds à un fantasme. C'est une méga-foutaise. Le
« Grand Amour » n'existe pas, même sil arrive à des
personnes vivants en couple de s'entendre très bien durant nombre
d'années. Un autre fantasme est représentée par l'idée que les
cabrioles sexuelles seraient la clé du bonheur. Il suffirait de
dénicher l'oiseau rare qui vous fera grimper régulièrement aux
rideaux. Il s'agit encore une fois ici d'un être imaginaire, qui
n'existe nulle part et n'a jamais existé nulle part, sauf dans les
films et les romans.
Parfois on voit surgir
chez certains la conviction que parvenir au bonheur corresponds à
une zone géographique donnée. Il faut y vivre et tout ira bien pour
vous. Cette zone géographique varie suivant les époques et les
rêveurs concernés. On a pu ainsi voir celle-ci être les
États-Unis, la France ou l'Union soviétique. Ou bien encore une
contrée imaginaire comme jadis l'el Dorado.
Ce bonheur fantasmé, on
a cru que pour y parvenir il fallait passer juste par un bain de
violences. A condition de tuer un tas de gens, l'Humanité allait
voir l'aube d'un Paradis terrestre. Toutes ces promesses dont la
réalisation a été tentée ou est encore tentée ont donné ou
donnent des fruits indigestes et amers, suivis de retours en arrière.
Enfin, comme recettes
pour atteindre le Bonheur avec un grand « B » on a vu et
voit invoquer d'être unis, nombreux et forts, de connaître une
époque où l'argent abonde, de manger trop, de boire des boissons
alcoolisées. Toujours des recettes pour trouver ce qui d'évidence
se trouve à notre portée, à condition de savoir le reconnaître et
l'apprécier.
Il suffit par exemple
juste d'un peu d'amour et trois tasses de thé, bues un soir après
avoir fait un atelier de peinture joyeuse dans un petit local non
chauffé et de ce fait un peu frais.
Ou de prendre un repas
avec quelques amis sympas. Ou simplement d'être tranquille chez soi.
D'être, et savoir l'apprécier positivement. Combien de gens se
ruinent leur bonheur et leur tranquillité par la recherche de fleurs
imaginaires et fabuleuses au lieu de prendre le temps d'apprécier
les petites fleurs des champs qui sont à leurs pieds ?
Il n'y a pas besoin de
les cueillir. Il suffit de savoir les regarder, les apprécier et
toute la grisaille du monde s'en va. Ne reste que la couleur simple
du bonheur. Vous voulez connaître un monde idéal et frisant la
perfection la plus absolue ? Parfois il vous suffira juste de
quelques heures passées à peindre ce qui nous vient de notre
inspiration, et puis trois tasses de thé posées sur un plateau. On
n'a même pas eu besoin de sucre. Le thé a suffit pour nous rendre
parfaitement heureux. Car le bonheur était présent dans un instant
comme celui-là. Sans avoir besoin de plus que ça.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 7 novembre 2016
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