A la fin du texte qui
précède dans ce blog je comparais la situation tactile des adultes
à celle du malade resté six mois allongé sur un lit et qui ne sait
plus marcher. Ce malade on le rééduque et il réapprend à marcher.
Je l'ai vu en 1961, quand j'avais dix ans, dans un documentaire
projeté à la grande exposition soviétique à Paris, porte de
Versailles. Ce détail m'avait alors beaucoup frappé.
J'avais précédemment parlé de « sevrage tactile » s'agissant de l'arrêt de l'échange de câlins entre l'enfant et les « grandes personnes ». J'ai par la suite avancé des idées sur la liberté picturale et graphique des petits enfants. Et la nécessité ou tout au moins la possibilité pour les adultes de la retrouver à travers la peinture joyeuse et le dessin libre.
J'avais précédemment parlé de « sevrage tactile » s'agissant de l'arrêt de l'échange de câlins entre l'enfant et les « grandes personnes ». J'ai par la suite avancé des idées sur la liberté picturale et graphique des petits enfants. Et la nécessité ou tout au moins la possibilité pour les adultes de la retrouver à travers la peinture joyeuse et le dessin libre.
Sans m'en rendre compte,
je conduisais deux recherches parallèles, l'une sur le toucher
libre, l'autre sur la peinture et le dessin libre. Qui relèvent du
même domaine : celui de l'enfance gâchée de la plupart des
adultes. Au lieu de conserver et développer le trésor de leur
créativité naturelle, qu'elle soit tactile, picturale ou autre, on
la brise. Peut-il en être autrement ? Certes, la culture des adultes
n'est pas entièrement négative. Mais que de potentiels anéantis
chez les enfants, c'est-à-dire nous tous ! Au départ les enfants
savent tous peindre avec de jolies couleurs, dessiner tout ce qui
leur passe par la tête, inventer de jolies histoires remplies de
fantaisie. Et dix ans plus tard on les retrouve le plus souvent
déclarant : « je ne sais pas dessiner. » Ils sont
bloqués, paralysés, stérilisés.
Apprendre. Est-ce
qu'apprendre nécessite de détruire la créativité de chacun ? On a
l'impression qu'au début il y a un jardin rempli de plantes sauvages
qui prospèrent... Puis, on arrache tout et on fait des plantations
régulières, moches et ennuyeuses avec des espaces de terre nue
entre des rectangles homogènes. Ces plantations ont noms :
orthographe, calcul, etc. Elles sont rentables. On a à la fin de
très bons experts-comptables, ingénieurs, manœuvres sans
spécialités... Dont beaucoup, durant leurs loisirs, s'emmerdent et
regardent des programmes télévisés en se disant : « il n'y a
rien d'intéressant à la télé. » Ou pire, se mangent la tête
en se foutant en l'air leur temps libre avec des jeux vidéos à la
con. Tripotant fébrilement leur vide-cervelle de poche.
Ou alors ils passent leur
temps à courir derrière des chimères qui ont noms « grand
amour », « richesse matérielle », « pouvoir »,
« célébrité », qui n'ont jamais rendu personne
heureux. Mais ont rendu malheureux plus d'un.
Le concept de « sevrage
tactile » rejoint l'arrêt de quantité d'autres activités
comme la joyeuse peinture. Il peut être étendu. On peut parler
alors de « sevrage infantile » sans précisions sauf
quand on aborde un de ses chapitres.
Les conséquences du
sevrage tactile peuvent-elles être traitées par la rééducation
tactile? Certainement il y a à se pencher sur la question. J'avais
avancé le concept de « caressographie », science des
caresses. Peut-on envisager un enseignement de celles-ci ? Il existe
des obstacles, essentiellement créés par le désordre régnant dans
la sexualité des humains adultes. Évoquer une rééducation tactile
impose de cadrer le sujet dont on parle. Il ne s'agit ni de donner
des occasions de drague, ni d'orgies, ni de pelotages intempestifs de
personnes convoitées dans les fantasmes essentiellement masculins.
Il s'agit de retrouver un toucher, une qualité de toucher perdu
qu'on possédait dans son enfance. Ce qui signifie certes une
approche pratique du toucher, mais surtout une approche théorique de
celui-ci pour le débarrasser de tout un tas de fantasmes malades.
Qui subordonnent le toucher à une sexualité masculine prédatrice
conduisant au harcèlement sexuel, à la drague ou aux viols. Le
toucher n'est pas plus sexuel que le dessin ou la peinture. Il ne
faut pas croire que le plaisir est forcément lié au « sexe »,
quoiqu'en disent divers « spécialistes ».
Basile, philosophe
naïf, Paris le 29 octobre 2016
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