samedi 29 octobre 2016

679 La rééducation tactile est-elle possible ?

A la fin du texte qui précède dans ce blog je comparais la situation tactile des adultes à celle du malade resté six mois allongé sur un lit et qui ne sait plus marcher. Ce malade on le rééduque et il réapprend à marcher. Je l'ai vu en 1961, quand j'avais dix ans, dans un documentaire projeté à la grande exposition soviétique à Paris, porte de Versailles. Ce détail m'avait alors beaucoup frappé.

J'avais précédemment parlé de « sevrage tactile » s'agissant de l'arrêt de l'échange de câlins entre l'enfant et les « grandes personnes ». J'ai par la suite avancé des idées sur la liberté picturale et graphique des petits enfants. Et la nécessité ou tout au moins la possibilité pour les adultes de la retrouver à travers la peinture joyeuse et le dessin libre.

Sans m'en rendre compte, je conduisais deux recherches parallèles, l'une sur le toucher libre, l'autre sur la peinture et le dessin libre. Qui relèvent du même domaine : celui de l'enfance gâchée de la plupart des adultes. Au lieu de conserver et développer le trésor de leur créativité naturelle, qu'elle soit tactile, picturale ou autre, on la brise. Peut-il en être autrement ? Certes, la culture des adultes n'est pas entièrement négative. Mais que de potentiels anéantis chez les enfants, c'est-à-dire nous tous ! Au départ les enfants savent tous peindre avec de jolies couleurs, dessiner tout ce qui leur passe par la tête, inventer de jolies histoires remplies de fantaisie. Et dix ans plus tard on les retrouve le plus souvent déclarant : « je ne sais pas dessiner. » Ils sont bloqués, paralysés, stérilisés.

Apprendre. Est-ce qu'apprendre nécessite de détruire la créativité de chacun ? On a l'impression qu'au début il y a un jardin rempli de plantes sauvages qui prospèrent... Puis, on arrache tout et on fait des plantations régulières, moches et ennuyeuses avec des espaces de terre nue entre des rectangles homogènes. Ces plantations ont noms : orthographe, calcul, etc. Elles sont rentables. On a à la fin de très bons experts-comptables, ingénieurs, manœuvres sans spécialités... Dont beaucoup, durant leurs loisirs, s'emmerdent et regardent des programmes télévisés en se disant : « il n'y a rien d'intéressant à la télé. » Ou pire, se mangent la tête en se foutant en l'air leur temps libre avec des jeux vidéos à la con. Tripotant fébrilement leur vide-cervelle de poche.

Ou alors ils passent leur temps à courir derrière des chimères qui ont noms « grand amour », « richesse matérielle », « pouvoir », « célébrité », qui n'ont jamais rendu personne heureux. Mais ont rendu malheureux plus d'un.

Le concept de « sevrage tactile » rejoint l'arrêt de quantité d'autres activités comme la joyeuse peinture. Il peut être étendu. On peut parler alors de « sevrage infantile » sans précisions sauf quand on aborde un de ses chapitres.

Les conséquences du sevrage tactile peuvent-elles être traitées par la rééducation tactile? Certainement il y a à se pencher sur la question. J'avais avancé le concept de « caressographie », science des caresses. Peut-on envisager un enseignement de celles-ci ? Il existe des obstacles, essentiellement créés par le désordre régnant dans la sexualité des humains adultes. Évoquer une rééducation tactile impose de cadrer le sujet dont on parle. Il ne s'agit ni de donner des occasions de drague, ni d'orgies, ni de pelotages intempestifs de personnes convoitées dans les fantasmes essentiellement masculins. Il s'agit de retrouver un toucher, une qualité de toucher perdu qu'on possédait dans son enfance. Ce qui signifie certes une approche pratique du toucher, mais surtout une approche théorique de celui-ci pour le débarrasser de tout un tas de fantasmes malades. Qui subordonnent le toucher à une sexualité masculine prédatrice conduisant au harcèlement sexuel, à la drague ou aux viols. Le toucher n'est pas plus sexuel que le dessin ou la peinture. Il ne faut pas croire que le plaisir est forcément lié au « sexe », quoiqu'en disent divers « spécialistes ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 octobre 2016

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