On peut pour simplifier
et clarifier le discours estimer que la conscience humaine repose sur
quatre piliers.
Le premier est le moi
profond, la conscience naturelle dont on néglige souvent le rôle
fondamental. Nous naissons avec. Elle est le socle de tout ce qui
vient après.
Le second pilier est
constitué par le désordre masturbationnel masculin adulte. Vers
l'âge de 12, 13, 14 ans, les garçons découvrent la masturbation
masculine adulte, qui comprend donc l'éjaculation. Ils vont en faire
une activité essentielle de leur vie, une toxicomanie habituelle
dont ils ne parleront jamais ou pratiquement jamais. Quand on peut
calculer qu'à raison de trois masturbations journalières durant
trente ans, un garçon se sera au total branlé
trente-deux-mille-sept-cent-cinquante-sept fois, on mesure
l'importance de l'activité ! Ce sera d'autant plus important que
cette activité générera un désordre relationnel fondamental.
Confronté à la
perspective du coït, le garçon va s'adonner le plus souvent non au
coït, mais au pseudo-coït.
L'explication est simple
: il peut arriver que dans sa vie un garçon apte au coït ressente
un désir authentique et véritable de l'accomplir. Et si l'occasion
s'en présente alors, il peut arriver un véritable coït entre deux
partenaires désirant et réalisant l'acte sexuel. Mais cet acte est
plutôt rare. Le plus souvent, les garçons croyant coïter réalise
en fait un pseudo-coït. Ils n'éprouvent pas un désir authentique
et véritable. Mais ils raisonnent par rapport à la possibilité
« technique » immédiate de pénétrer un ou une
partenaire avec leur pénis en érection. Cette érection ne
signifiant en aucun cas obligatoirement un vrai désir. Dans quantité
d'occasion le garçon bande. Par exemple parce qu'il ressent du
plaisir. Mais non un désir de coït. Quand il s'agit d'un petit
enfant, tout paraît évident. Il ne va pas, ne veut pas et ne peut
pas « faire l'amour ». Mais allez faire comprendre à un
individu mâle en âge de procréer qui bande sans désir qu'il doit
s'abstenir d'agir !
Agir, ce genre d'erreur très
fréquente a des conséquences tragiques. Même si le ou la
partenaire du pseudo-coït est d'accord et croit qu'il s'agit d'un
vrai coït, la relation va souffrir. En fait le garçon ne fait
pas l'amour mais se masturbe dans son ou sa partenaire. La Nature
est bafouée. Elle n'aime pas ça. Tôt ou tard la relation entre
les deux pseudo-partenaires sexuels va se casser la figure.
J'ai moi-même pratiqué
le pseudo-coït à chaque fois avec l'assentiment de la partenaire
avec qui je me trouvais. Il n'en ressort rien de bien. A la longue on
récolte tristesse, incompréhension et solitude. Quant au plaisir,
il est pratiquement toujours quasiment absent, même en cas
d'éjaculation.
J'ai mis des dizaines
d'années pour réussir à identifier vrai désir et pseudo-désir,
vrai coït et pseudo-coït. La plupart des gens ne savent pas faire
la différence. Les femmes sont plus promptes à prendre conscience
de ce que quelque chose ne fonctionne pas dans la relation. Très
souvent elles font semblant de jouir durant le pseudo-coït. Une amie
me disait même un jour : « je fais semblant, ça l'excite, et
comme ça c'est plus vite terminé. » Les femmes voient plus
vite plus clair que l'homme. C'est pourquoi, la plupart du temps, ce
sont elles qui prennent l'initiative de rompre une relation qui ne
marche pas. Et ces dernières décennies, les femmes ayant gagné en
masses leur indépendance matérielle, la conséquence a été une
avalanche de divorces et séparations. Car il n'y a à la longue rien
de plus écœurant que se retrouver dans le rôle d'objet
masturbationnel qui s'ennuie. Cependant que l'autre vous utilise et
croit qu'en se masturbant à l'intérieur de vous il « fait
l'amour ».
La qualité supérieure
du vrai coït par rapport au pseudo-coït laisse songeur. Dans les
vidéos pornographiques le caractère masturbationnel des
pseudo-coïts présentés est éclatant. Par exemple dans un clip
porno que j'ai vu sur Internet. On y voyait deux hommes et une femme.
Le premier homme se faisait faire une fellation, cependant que le
second était chevauché par la fellationneuse qu'il pénétrait avec
son membre. Chacun des deux hommes conservaient très sagement les
bras le long du corps en attendant que ça se passe. Le porno abonde
de tels exemples caricaturaux d'absence de sensualité, où le
caractère masturbationnel des pseudo-coïts présentés est évident.
Dans les vidéos pornos
les filles présentent généralement une morphologie superbe où les
hommes ne mettent pratiquement jamais les mains. Aucune caresse le
plus souvent ne vient honorer les jolies formes de ces femmes. Elles
sont moins câlinés qu'un chien, un chat ou un cheval. On frémit
quand on pense que de nos jours la pornographie sert très
fréquemment d'éducation sexuelle à la jeunesse !
Ce n'est pas avec de la
« bonne volonté » qu'on peut transformer le plomb du
pseudo-coït en or du vrai coït. Quand je me retourne sur mon passé,
je vois clairement où et pourquoi de belles relations amoureuses ont
foiré dans ma vie.
Une amoureuse me donnait
l'occasion de toutes sortes de câlins. Jusque ce que l'acte sexuel
paraisse « techniquement » possible. Je m'empressais de
le faire. Nous avons continué par la suite à nous adonner très
volontiers au « sport en chambre ». Jusqu'à ce que pour
de mystérieuses raisons la relation explose. Il n'y avait pourtant
rien de mystérieux, si j'avais connu à l'époque la différence
entre le vrai désir et le pseudo désir, le vrai coït et le
pseudo-coït.
Quand j'ai pénétré
sexuellement ma partenaire pour la première fois, elle a eu une
expression étonnée. Si j'avais été averti comme je le suis
aujourd'hui, j'aurais arrêté aussitôt. Et notre relation aurait
suivie un autre cours. Mais ni moi, ni ma partenaire n'étions avertis
de l'embûche rencontrée.
L'erreur une fois
engagée, il m'est arrivé une fois de dire à ma partenaire comme je
trouvais notre relation sexuellement satisfaisante. Elle a répondu
par une moue absolument négative dont je n'ai tenu aucun compte si
grand était mon ignorance de la réalité vécue. Sa réaction m'a
simplement parue tout à fait incompréhensible et je ne m'y suis pas
attardée pour chercher à la comprendre.
On dira que l'erreur
était partagée. Après tout mon amie de l'époque était
consentante. Oui, mais l'acte n'avait pas lieu d'être. Admis
intellectuellement par nous deux, cependant que la Nature, elle, ne
l'appréciait pas positivement. Et quand on se moque de la Nature,
elle finit par se venger. Nous avons rompu, rabiboché la relation sur
le mode « amical » et tout ceci a très mal fini. C'était
il y a de nombreuses années. J'ai réfléchi et appris depuis bien
des choses pour ne pas refaire pareille erreur.
Quand on parle de
relations humaines, on aborde souvent l'idée du « couple »,
de « l'amour ». Cependant une autre relation me paraît
absolument fondamentale : celle du groupe.
On aborde là le
troisième pilier de la conscience humaine : celui de l'ordre social
naturel.
L'homme à la base est un
grand singe. Si on observe des grands singes comme les gorilles, ils
vivent en petites troupes. L'homme à l'origine, avant qu'il
développe ses industries connaissait sans doute un sort semblable.
Cette organisation sociale naturelle est restée imprimée dans sa
conscience.
Les plus beaux groupes
humains sont de taille réduite. Et quand ils fonctionnent bien, quoi
de plus réjouissant qu'un groupe famille, équipe, bande de copains
ou goguette ?
Les goguettes sont des
groupes festifs traditionnels qui se réunissent ponctuellement pour
passer un moment agréable ensemble et chanter des chansons. Il y en
avait jadis des milliers en France et pas seulement. Du temps de leur
prospérité leurs effectifs ne dépassaient pas dix-neuf membres.
De nos jours on trouve
encore des dizaines de petits groupes festifs à Dunkerque et
dans les villes alentours. Ce sont des sociétés
philanthropiques et carnavalesques ou des
indépendants. Ils sont la base d'immenses et très joyeux
carnavals à Dunkerque et dans les villes alentours.
Je m'efforce de relancer
partout cette tradition, pour faire revivre à fond la joie et la
fête populaire.
Le quatrième et dernier
pilier de la conscience humaine est ce que j'ai appelé
« l'héritagérité » et que souvent on baptise
« sexualité ». Il s'agit de l'ordre social d'origine
culturel.
L'héritage joue depuis
des dizaine de milliers d'années un rôle absolument essentiel dans
l'organisation de la société humaine. Or, qui dit héritage dit
enfants et parents et donc reproduction. On peut transmettre en
héritage quantité de choses, y compris le pouvoir. Soit des
entreprises, un royaume, une fortune, etc. A la longue la
reproduction humaine s'est retrouvé absolument liée à l'héritage.
La reproduction humaine qui peut être traditionnellement le fruit du
coït ou du pseudo-coït.
À
tort ou à raison, tout ce qui, de près ou de loin, rappelle le coït
ou le pseudo-coït reproducteur avec « héritage légitime »,
sans l'être ou s'y opposant, est condamné avec la plus grande
violence et la plus grande sévérité. Ainsi sont condamnés entre
les humains l'acte de dormir ensemble, se dénuder, toucher,
caresser, serrer dans les bras, mordiller, embrasser, sucer, lécher,
doigter, sodomiser. Ainsi que l'union libre, le divorce, l'adultère,
le coït ou pseudo-coït entre personnes définies comme parents trop
proches, ou connaissant un décalage d'âge important, la
prostitution, le libertinage, la gestation par autrui, l'avortement,
la contraception, la masturbation quand elle n'est pas le fait de
l'homme dans un vagin. Qui doit être celui de sa compagne
officielle. Sont également condamnés l'exhibitionnisme, le
voyeurisme, l'érotisme et la pornographie et tout ce qui y
ressemble. Les traditionalistes condamnent aussi toutes les
manipulations scientifiques concernant la reproduction humaine.
Traditionnellement l'union avec héritage légitime s'appelle le
mariage. En France, jadis, le futur époux demandait la main de la
fille à son père. En Chine, durant des siècles et encore dans les
années 1950, c'était le grand-père qui choisissait le mari de sa
petite fille. Il y a quelques décennies dans les bals paysans
d'Auvergne, les parents veillaient à ce que si leurs enfants étaient
héritiers d'une ferme ils ne dansent qu'avec des personnes de sexe
opposé également héritières d'une ferme. Les mésalliances
étaient très mal vues dans tous les milieux. La réponse classique
à la mésalliance était jadis le fait d'être déshérité. En
1950, en France, la police interdisait aux hommes de danser ensemble
dans les bals publics. Pour s'assurer de la transmission d'héritage
et donc de la reproduction, le mariage était en France il y a peu
encore régit par la domination de l'homme sur la femme. Il était
très officiellement écrit dans le Code civil que l'épouse devait
obéissance à son mari, donc aussi au lit. De son côté l'Église
donnait le devoir conjugal comme une obligation entre époux. Le
poids de l'héritagérité a fait que jusqu'à une époque récente
la pression contre le divorce était très forte y compris en France
et à Paris. Dans les contes traditionnels des provinces françaises
existe la figure de la « mal mariée » qui est tenue de
rester vivre avec son mari.
Confirmant le rôle
primordial de l'héritage dans l'organisation sociale culturelle des
humains, on voit le fait que c'est la « non consommation »
du mariage, donc l'absence de descendance et d'héritiers, qui est le
seul cas ou l'Église catholique reconnaît l'annulation d'un mariage
religieux. Dans le domaine verbal ou écrit règne la loi du silence.
On ne doit pas parler ou rapporter par écrit tout ce qui concerne la
reproduction ou y ressemble de près ou de loin, exceptées quelques
situations honorables relevant de l'héritagérité : le mariage ou
la naissance d'un enfant, par exemple. Sinon la tradition est qu'on
ne doit rien dire. Y compris on doit se taire si on a été victime
d'un viol. Si on parle on est coupable ! L'ordre de l'héritagérité
étend son règne et son pouvoir partout.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 novembre 2016
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