Durant de nombreux
siècles, dans tous les milieux sociaux, aussi bien riches que
pauvres, un mal terrible sévissait. Peu après avoir donné la
naissance à un enfant, beaucoup de femmes « mouraient en couches ».
Elles étaient prises d'une forte fièvre et plus aucun secours ne
parvenait ensuite à les sauver. Les médecins avaient baptisé cette
affection : fièvre puerpérale. Autant dire qu'ils
n'avaient rien trouvé ou expliqué, car « fièvre puerpérale »
signifie simplement « fièvre des accouchées » traduit
en jargon savant.
Au 19ème siècle un
jeune médecin hongrois vivant à Vienne et nommé Semmelweis proposa
un moyen préventif contre ce mal terrible : se laver les mains avant
d'approcher les accouchées. Il avait réalisé que dans l'hôpital
où il travaillait existaient deux salles où se retrouvaient les
accouchées. Et que dans l'une le mal sévissait et dans l'autre non. Dans
la première venaient les médecins et dans la seconde uniquement les
sages-femmes. Quelle différence explicative ? Les sages-femmes avant
d'approcher les accouchées se lavaient soigneusement les mains avec
de l'eau phéniquée, une eau additionné d'un désinfectant. Les
médecins ne se lavaient pas les mains.
Semmelweis ne fut pas
écouté. Pourtant il avait raison. Sa solution à un mal terrible
était très simple. Je pense à lui quand je vois le problème de
l'amour dans notre société. L'amour est bien malade et les malheurs
abondent dans le champ relationnel amoureux, y compris de nombreux
suicides et conduites à risques.
Pour mettre un terme à
cette situation générale calamiteuse je préconise une solution
aussi simple que se laver les mains : tout simplement renoncer
radicalement à chercher intellectuellement l'acte sexuel,
c'est-à-dire s'imaginer qu'on peut le décider. Ou il existe un
désir authentique et véritable, qui est un sentiment très
particulier semblable exactement à une faim ou une soif précise de
l'acte. Et dans ce cas l'acte sexuel est possible. Ou ce désir
authentique et véritable est absent, seul la possibilité
« technique » d'imiter l'acte sexuel existe. Dans ce
dernier cas il faut absolument l'éviter. Et si on l'évite, le
champ relationnel amoureux s'apaise, se pacifie et tout l'amour
possible est possible, sans comprendre nécessairement l'acte sexuel.
Le choix de cette
démarche est aussi simple que choisir ou non de se laver les mains.
Et l'enjeu est immense.
La quasi totalité des
hommes vit le sexe comme une toxicomanie, avec des comportements
types de toxicomanes. Ils commencent à pratiquer la masturbation
adulte, c'est-à-dire avec éjaculation, vers l'âge de 12, 13 ou 14
ans. Ils continueront tout le long de leur vie. Et vivront le
sentiment ressenti lors de leur éjaculation à la manière du shoot
du drogué. Ce comportement les rendra fréquemment difficile à
convaincre d'être raisonnable avec les personnes qu'ils envisagent
comme éventuels « partenaires sexuels ». Ils voudront à
tous prix se branler dedans et les harcèleront. S'ils voudront
retrouver la paix et connaître le possible de l'amour ils devront
renoncer à cette toxicomanie.
Quand on observe le
comportement sexuel de nombre d'hommes on dirait que nous avons
affaire à des petits garçons capricieux et immatures. En fait nous
avons affaire à de très ordinaires drogués aux endorphines
éjaculatoires. C'est pourquoi il peut paraître très difficile de
leur faire abandonner la poursuite d'êtres humains qu'ils veulent
réduire à de simples objets masturbatoires : des branloirs.
Mais on peut espérer que tous les hommes ne sont pas irrécupérables.
Il en existe aussi qui sont généreux et ont envie de faire bien et
faire le bien. Quand une solution est énoncée à un vieux problème,
il existe toujours des personnes pour s'y intéresser et l'adopter.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 28 novembre 2016
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