Dans la société
parisienne où je vis, j'identifie trois approches masculines de la
sexualité. La première et la plus répandue est une recherche
systématique, permanente, frénétique et consumériste de l'acte
sexuel avec toutes les partenaires possible considérées comme « désirables »
(d'autres diront « baisables »). Cette manière de faire
calamiteuse détruit les possibilités de communication et la
confiance entre hommes et femmes. Les femmes se retrouvent sur la
défensive permanente. C'est une situation catastrophique dont une
masse d'hommes sont responsables. Elle ruine le paysage relationnel.
Quantité d'hommes ne savent pas ou guère ce que c'est que
communiquer avec une femme. A mon avis, au moins six hommes sur dix
sont cons comme ça.
La seconde démarche
sexuelle masculine est aussi obsessionnellement attachée au sexe, à
l'acte sexuel. Mais, cette fois-ci pour le refuser, rejeter, avec des
motifs divers. Qui peuvent être de diverses variétés : religieux,
sanitaires, auto-biographiques (souvenirs de souffrances vécues),
etc. Une démarche annexe de celle-ci consistera à rejeter la
sexualité pour cause de parenté rapprochée.
Enfin, une démarche rarissime consistera à suivre son instinct, son sentiment authentique et pas la culture régnante. Ne pas chercher la sexualité parce qu'elle est possible, mais seulement si un désir effectif véritable existe et est satisfaisable.
Enfin, une démarche rarissime consistera à suivre son instinct, son sentiment authentique et pas la culture régnante. Ne pas chercher la sexualité parce qu'elle est possible, mais seulement si un désir effectif véritable existe et est satisfaisable.
Un très intéressant avantage de cette
dernière approche est qu'elle permet d'échapper à un désordre
bizarre et très ennuyeux : l'attachement et la dépendance. Quand on
cherche absolument l'acte sexuel, ou qu'on cherche absolument à
l'éviter, le risque existe de s'attacher excessivement à l'objet de
son intérêt. Cet attachement peut durer des années et troubler
gravement la vie. C'est comme une idée fixe. On devient malade de
l'autre. On n'arrive pas à s'en détacher. On souffre.
Or, si l'intérêt pour
une autre personne se borne à envisager les possibilités
relationnelles réelles et pas une sexualité arbitraire et
artificielle, le risque d'attachement excessif et déstabilisant
s'efface.
J'ai pu le tester par
moi-même. Si à présent je vais vers une personne. Qu'elle se révèle ne pas
vouloir grand chose de moi, je n'en ressens pas un grand malaise. Et
m'en détache facilement. Tandis que du temps où j'étais intoxiqué
par la culture dominante de la baise à tous prix, ce n'était pas si
facile. Quand on se drogue avec des fantasmes, renoncer à sa drogue
ne se fait pas comme ça. Quand on ne fantasme pas, mais envisage
seulement un rapprochement qui n'arrive pas, on fait avec. Et la
contrariété ne dure pas. C'est un avantage majeur de ce type de
démarche.
Faire l'amour à mal
escient déstabilise, perturbe. L'envisager à mal escient
déstabilise et perturbe également. Ne pas l'envisager et rester
dans la réalité du sensible et du ressenti permet de conserver son
équilibre. On évite bien des problèmes. Combien de dragueurs
systématiques se sont retrouvés un jour victime d'une passion sans
issue ? En ne courant pas après tous les lièvres qui passent, on
gagne en paix et en tranquillité. Les dragueurs professionnels sont
des personnes tourmentées. Plutôt que leur ressembler, il vaut
mieux rester soi-même.
J'ai l'habitude de dire
ces temps-ci : « j'ai deux maîtresses exclusives et très
jalouses, qui se nomment la liberté et la tranquillité ». C'est bien vrai ! Et comme leur compagnie est douce et rasserenante !
Au lieu de s'inventer des problèmes à deux, recherchons des
solutions tout seul ! Et si un jour une jolie créature passe à
proximité, il y a largement le temps d'aviser. Une tasse de tilleul,
un rayon de soleil, le chant d'un oiseau au printemps, vaudront
toujours infiniment mieux que tous les amours fous et furieux du
monde. Il faut savoir apprécier les problèmes qu'on n'a pas et les
bonheurs qu'on a. Y compris ceux qui sont très petits pour les
autres et très grands pour nous..
Basile,
philosophe naïf, Paris le 30 avril 2016
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