samedi 30 avril 2016

542 Trois approches masculines de la sexualité

Dans la société parisienne où je vis, j'identifie trois approches masculines de la sexualité. La première et la plus répandue est une recherche systématique, permanente, frénétique et consumériste de l'acte sexuel avec toutes les partenaires possible considérées comme « désirables » (d'autres diront « baisables »). Cette manière de faire calamiteuse détruit les possibilités de communication et la confiance entre hommes et femmes. Les femmes se retrouvent sur la défensive permanente. C'est une situation catastrophique dont une masse d'hommes sont responsables. Elle ruine le paysage relationnel. Quantité d'hommes ne savent pas ou guère ce que c'est que communiquer avec une femme. A mon avis, au moins six hommes sur dix sont cons comme ça.

La seconde démarche sexuelle masculine est aussi obsessionnellement attachée au sexe, à l'acte sexuel. Mais, cette fois-ci pour le refuser, rejeter, avec des motifs divers. Qui peuvent être de diverses variétés : religieux, sanitaires, auto-biographiques (souvenirs de souffrances vécues), etc. Une démarche annexe de celle-ci consistera à rejeter la sexualité pour cause de parenté rapprochée.

Enfin, une démarche rarissime consistera à suivre son instinct, son sentiment authentique et pas la culture régnante. Ne pas chercher la sexualité parce qu'elle est possible, mais seulement si un désir effectif véritable existe et est satisfaisable.

Un très intéressant avantage de cette dernière approche est qu'elle permet d'échapper à un désordre bizarre et très ennuyeux : l'attachement et la dépendance. Quand on cherche absolument l'acte sexuel, ou qu'on cherche absolument à l'éviter, le risque existe de s'attacher excessivement à l'objet de son intérêt. Cet attachement peut durer des années et troubler gravement la vie. C'est comme une idée fixe. On devient malade de l'autre. On n'arrive pas à s'en détacher. On souffre.

Or, si l'intérêt pour une autre personne se borne à envisager les possibilités relationnelles réelles et pas une sexualité arbitraire et artificielle, le risque d'attachement excessif et déstabilisant s'efface.

J'ai pu le tester par moi-même. Si à présent je vais vers une personne. Qu'elle se révèle ne pas vouloir grand chose de moi, je n'en ressens pas un grand malaise. Et m'en détache facilement. Tandis que du temps où j'étais intoxiqué par la culture dominante de la baise à tous prix, ce n'était pas si facile. Quand on se drogue avec des fantasmes, renoncer à sa drogue ne se fait pas comme ça. Quand on ne fantasme pas, mais envisage seulement un rapprochement qui n'arrive pas, on fait avec. Et la contrariété ne dure pas. C'est un avantage majeur de ce type de démarche.

Faire l'amour à mal escient déstabilise, perturbe. L'envisager à mal escient déstabilise et perturbe également. Ne pas l'envisager et rester dans la réalité du sensible et du ressenti permet de conserver son équilibre. On évite bien des problèmes. Combien de dragueurs systématiques se sont retrouvés un jour victime d'une passion sans issue ? En ne courant pas après tous les lièvres qui passent, on gagne en paix et en tranquillité. Les dragueurs professionnels sont des personnes tourmentées. Plutôt que leur ressembler, il vaut mieux rester soi-même.

J'ai l'habitude de dire ces temps-ci : « j'ai deux maîtresses exclusives et très jalouses, qui se nomment la liberté et la tranquillité ». C'est bien vrai ! Et comme leur compagnie est douce et rasserenante ! Au lieu de s'inventer des problèmes à deux, recherchons des solutions tout seul ! Et si un jour une jolie créature passe à proximité, il y a largement le temps d'aviser. Une tasse de tilleul, un rayon de soleil, le chant d'un oiseau au printemps, vaudront toujours infiniment mieux que tous les amours fous et furieux du monde. Il faut savoir apprécier les problèmes qu'on n'a pas et les bonheurs qu'on a. Y compris ceux qui sont très petits pour les autres et très grands pour nous..

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 avril 2016

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