Symbole d'un foyer
paisible : un chat qui dort. Image d'une maison paisible : devant
celle-ci, un chien endormi paisiblement dans sa niche. Image de paix
: des chats qui dorment, des petits enfants endormis, des bébés
endormis, une mère avec son enfant endormis...
Mais, adulte est-il
possible de dormir avec quelqu'un ? NON ! Pourquoi ? Voyez le
langage :
Dormir avec quelqu'un,
aller au lit avec, passer la nuit avec, coucher avec, signifient
restrictivement : baiser. Il est de facto interdit d'envisager la
chose la plus simple, paisible et naturelle qui soit : dormir avec
quelqu'un quand on est tous les deux adultes, sans qu'on nous ramène
obligatoirement le cul. Quand j'en ai parlé un jour avec un dragueur
frénétique, il m'a répondu : « bien sûr, si une fille vient
de loin, je peux l'inviter juste à dormir avec moi. Mais ça va pour
la première nuit, après elle doit bien passer à la casserole. »
Le même me disait : « vouloir faire l'amour ? Mais, elles
ne veulent jamais ! » Ce qui signifie qu'il s'est toujours
imposé à chacune de ses « conquêtes ».
Les humains ont fait de
leur zizi un épouvantail hégémonique. Il n'est pas possible
d'envisager la tendresse, le sommeil partagé, sans qu'on vous
assomme avec des histoires de foutre. Mais, dans quel monde
vivons-nous ?
Nous sommes dans un monde
ou règne une guerre permanente entre les humains. Et où règne la
peur. La caresse est synonyme de cul. Et si on n'est pas prêt pour
le cul, et quel cul ! On doit s'attendre au viol, que ce soit entre
personnes de sexe opposé ou de même sexe. C'est « la guerre
invisible », car, officiellement elle n'existe pas. Il s'agit
juste de problèmes individuels, d'histoires personnelles, intimes,
confidentielles. Soyez salauds, soyez victimes de salauds, mais,
surtout, fermez vos gueules ! Ce domaine n'est pas public. Alors, ne
vous plaignez pas.
J'ai, dernièrement,
raconté tout ce que je pensais de mal de cette situation invivable
que nous connaissons pourtant tous. Où effleurer le bras de
quelqu'un d'inconnu nécessite de s'excuser aussitôt. Où il est
plus facile de caresser un chat ou un chien inconnu qu'un humain
inconnu. Où une jolie fille se fait emmerder par des cons à
longueur de journée quand elle se déplace seule dans des lieux
publics. J'ai parlé ainsi à une jeune femme sympathique croisée
dans une crêperie parisienne. Elle m'a approuvé. Au moment de nous
quitter, surprise ! Elle ne me fait pas la bise, mais me tombe dans
les bras. Nous devions nous revoir la semaine suivante. J'ai rêvé
avoir rencontré une femme qui me comprend. Las ! La fois suivante
n'est pas venue. Ma nouvelle connaissance a courageusement pris la
fuite. N'est pas venue au rendez-vous. J'ignore son adresse. Elle
court toujours et je la comprend. Comment, dans ce champ de ruines
relationnelles que représente notre société, une jeune femme
devrait faire confiance à un inconnu qui lui tient de beaux discours
? Qu'est-ce qui prouve que je ne serais pas un salaud ordinaire qui a
peaufiné son discours ?
Alors, la question que je
pose est : « la paix est-elle possible ? » Existe-t-il un
moyen de sortir de ce piège infernal où il n'est pas de gestes
tendres possibles autrement que potentiellement agressifs ?
Car prétendre vouloir
« faire l'amour » avec une personne qui n'y est pas
disposée, et ramener artificiellement cette chose quand elle n'a pas
lieu d'être, quand elle n'est pas authentique, c'est faire acte de
violence. Et, dans notre monde soi-disant civilisé, le cul colle à
la caresse.
On déguise cette
situation conflictuelle avec de belles phrases sur la Nature,
l'Amour, le Plaisir... Mais, rien n'y fait. Manger quand on n'a pas
faim, à moins d'être malade ou détraqué, fait vomir. C'est vrai
pour la bouffe comme pour le cul.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 20 avril 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire