Dans les années 1950 des
ouvrages de morale d'inspiration catholique édités en France
expliquaient leur devoir aux épouses nouvelles. Si elles
n'éprouvaient pas de plaisir dans l'amour « physique »
avec leur mari, c'était juste une question de patience. Il
fallait accepter des galipettes décevantes et, à la longue, petit à
petit, le plaisir viendrait. Et que se refuser à son mari risquait
de le pousser à aller voir ailleurs. Les mots ne sont pas rapportés
ici exactement, mais le sens oui. Je notais l'extrême hypocrisie de
ce discours : « résignez-vous, demain ça ira bien et
laissez-vous servir de vide-couilles à votre époux. Faites votre
devoir d'épouse soumise et de sex toy conjugal ! »
Dans les années 1970 et
au delà un discours similaire mais actualisé et apparemment ouvert
et progressiste s'est mis à fleurir. En tous cas je l'ai remarqué
dans ces années-là. Cette fois-ci il s'adressait au couple et pas
uniquement à l'épouse ou compagne. « L'amour physique est
décevant ? Ce n'est rien, c'est passager. Il faut apprendre à
connaître le corps de l'autre et avec le temps le plaisir viendra. »
Exactement le même discours normatif : « baisez, même si
c'est décevant. Demain tout ira bien ! »
Je me gaussais surtout du
premier discours. Bien sûr, me disais-je, voilà bien un discours
machiste destiné à la femme qui doit se soumettre à la volonté
baiseuse de son compagnon ! Et pourtant, moi-même, sans le réaliser,
me situais exactement sur le même terrain !
On m'a conditionné à
l'âge de 22 ans à l'idée que je devais avoir une partenaire
sexuelle. Ne trouvant pas particulièrement jouissives les galipettes
la plupart du temps ou presque, je me disais : « à la longue
ça finira par s'arranger. » Exactement le même tissu
d'âneries que je critiquais par ailleurs.
En fait, si « le sexe » n'est pas une fête, il n'y a aucune raison que ça s'arrange à la longue. Surtout quand il s'agit du sexe institutionnel. Quand on fait « comme tout le monde » pour suivre le troupeau.
En fait, si « le sexe » n'est pas une fête, il n'y a aucune raison que ça s'arrange à la longue. Surtout quand il s'agit du sexe institutionnel. Quand on fait « comme tout le monde » pour suivre le troupeau.
Quand on se retrouve avec
sa copine toute neuve et nue, on peut connaître une excitation dite
« sexuelle » qui a deux racines : l'une, c'est le
conditionnement culturel stupide régnant. L'autre, c'est que tout
simplement le plaisir sans aucun désir particulier... fait bander à
l'occasion. Mais l'imbécile que nous sommes devenus suite au
décervelage culturel régnant fait que nous croyons stupidement à
l'équation érection égal désir de coït.
Quand nous commençons à
prendre l'habitude de l'autre, le désir factice et apparent retombe.
On cesse de bander. Exactement le contraire du discours où on
prétend qu'à la longue on va devenir un prince et une princesse du
rut. Il n'y a plus d'érection, plus d'excitation. Alors on cherche
des fois des « trucs » pour remettre en marche une
mécanique qui marche parfaitement bien et reconnaît tout simplement
que le coït n'est pas à l'ordre du jour.
Les princes de la baise,
les coureurs de jupons émérites, les cavaleurs professionnels
chercheront une issue de sortie. Elle consistera quelquefois à
lâcher une créature de rêve pour l'échanger contre un cageot.
C'est un coup classique. Passé le choc pornographique
excitant du début, le baiseur frénétique s'ennuie avec sa
princesse. Et choisit de draguer dans les poubelles.
C'est tout au moins ainsi
que son cerveau malade analyse la situation. La Nature a horreur de
l'amour factice et de la baise artificielle. Alors, tout
naturellement et en douceur elle se venge. Et dégrade les pseudo
victoires représentées par les « supers conquêtes »
des cavaleurs professionnels.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 avril 2016
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