Dernièrement, une amie
me parlait d'un béguin contrarié qu'elle a pour un ami de son
entourage. Elle parlait de ce qu'elle pourrait vivre s'il y avait
réciprocité. De ce que cet homme pourrait faire s'il voulait bien
changer d'attitude. Une chose me chiffonnait dans son discours : il
n'y avait qu'elle et lui dans cette relation et ses variations
possible envisagées. Or, dans une relation entre deux individus, il
y a toujours trois éléments : les deux individus et l'univers.
On touche ici un problème
fondamental, qui concerne aussi l'amour. Si on a une vision objective
de l'amour, c'est une vision large. « Faire l'amour »
consiste alors aussi bien à admirer un beau paysage, une belle
plante, caresser un chat, un humain. Et, dans de bien rares cas - à
condition que ce soit spontané, correspondant à un désir réel et
pas un calcul intellectuel, - cela peut consister en ce que les humains
ont curieusement baptisé « acte sexuel » et surchargé
de réglementations diverses, souvent absurdes, calamiteuses et
inapplicables. Acte auquel ils ont subordonné des millions de choses
et jusqu'au simple fait d'exister. Être soi serait soi-disant
sexuel. Et porter des vêtements serait notre état naturel. Ne pas
en porter devant les autres correspondrait à une provocation.
La vision étroite
du « faire l'amour » consiste à accepter tous ces
règlements étriqués. Et croire que la plus belle chose, le but
même de l'existence se résumerait à quelques instants consacrés
au coït. Cette manière de voir la vie étant inapplicable. C'est
comme si on proposait comme but de la vie de manger et manger en
permanence. Le résultat est un trouble et la recherche de
compensations. Ne pouvant baiser en permanence, l'être humain, même
apparemment sage, recherchera diverses actions à mener. Sans les
comprendre et analyser, et voir qu'elles relèvent en fait de son
trouble. Son comportement incohérent vis-à-vis du coït qui rend
l'amour inaccessible. La plus simple des compensations consistera à
faire exactement le contraire d'aimer, c'est-à-dire agresser.
J'ai remarqué avec
étonnement qu'il m'arrivait d'être violemment agressé par écrit
par des inconnus dans le domaine de la recherche historique. Cette
recherche de bagarres intellectuelles arrivant très rarement vu le
très peu de personnes s'intéressant à mon sujet de prédilection
qui est l'étude de certains aspects du carnaval. Mais, quand-même,
toutes les quelques années, j'ai la surprise de croiser quelques
intellectuels hurleurs qui cherchent visiblement à me provoquer.
J'évite d'entrer dans leur jeu. Je ne comprenais pas leur
motivation, que j'attribuais à la stupidité. En fait, elle relève
du manque d'amour rendu impossible par l'obsession coïtal. Cette
obsession interdisant tout autant l'amour que nous dirions amoureux
que l'amour que nous dirions amical.
Une autre forme de
réaction perverse beaucoup plus perfide, car plus insidieuse, est
représentée par la séduction manipulation. Une personne - qui peut être une jolie femme harcelée
quotidiennement par des imbéciles, - faute de pouvoir aimer, va jouer la séduction.
Séduire, mais ne rien donner. Ou séduire, donner et retirer
brusquement, ce qui est pire. Accepter les caresses, voire même le
coït, puis stopper brutalement sous un prétexte quelconque, ou même
pas de prétexte du tout. Et regarder ensuite l'autre qui s'agite et
souffre. Cette méthode pour détruire l'autre représentant quelques
risques si on a affaire à une personne potentiellement violente.
La réussite absolue dans
le domaine de la séduction manipulation consiste à pousser l'autre
à s'autodétruire. Puis à le plaindre, voire même, cerise sur le
gâteau, à se plaindre soi-même. « J'aimais cette personne,
elle s'est détruite, comme je suis attristée par cette perte
douloureuse ! » J'ai rencontré plusieurs fois des femmes
pratiquant la séduction manipulation et ait en quelque sorte servi
de balle qu'elles se passaient de l'une à l'autre. Cette triste
période est finie. A présent j'observe ce genre de personnes
dangereuses avec curiosité. Comme on observe la panthère dans la
cage au zoo. Du moment qu'on ne rentre pas dans la cage, elle ne
présente aucun danger.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 avril 2016
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