Il y a diverses sortes
différentes de viols : le viol par violence, le viol par abus de
confiance, le viol par pression psychologique. Ces diverses sortes de
viols génèrent la peur. La peur est l'opposé exact de la confiance
indispensable à l'amour. Le viol est la cuillerée de goudron qui
très souvent pollue et détruit la douceur du tonneau de miel de
l'amour. Une femme vous plaît beaucoup ? Vous auriez envie de la
revoir, car vous la croisez un jour par hasard dans le métro
parisien ? Vous n'allez oser rien faire. Ou tenterez de l'aborder et
elle pourra vous envoyer bouler. Pourquoi ? A cause de l'omniprésence
de la peur du viol sous ses diverses formes.
Le viol a pris longtemps
également la forme du viol conjugal. La femme doit obéir à son
mari proclamait la loi française en 1880. Donc, lisez : obéir aussi
au lit. Une dame née vers 1920 me racontait il y a des années que
toutes ses amies lui tenaient le discours suivant : « avec mon
mari, j'attends qu'il ait fini sa petite affaire pour aller me
laver. » Un ami rendu fou par le refus de baiser de sa femme
manqua de se suicider il y a environ vingt ans. Sa femme, qui l'a
quitté depuis, me confiait : « le pauvre, il ne réalise pas
que je n'en ai pas envie. »
Plus subtil et très
destructeur existe enfin une forme de viol de la Nature qu'on
pourrait baptiser « l'auto-viol ». On se viole soi-même
en décidant de « faire l'amour » non suite à un désir
effectif et réciproque, mais en vertu d'un raisonnement intellectuel
imbécile : « je bande, ma copine est à côté de moi, elle
doit en avoir envie, alors : allons-y ! »
Et on met le truc dans le
machin. Et la prestation est minable. Et on recommence un certain
nombre de fois au cours des années. Et voilà que pour une raison
mystérieuse, la copine se barre...
C'est que l'acte sexuel
n'est pas un acte anodin. Et, sans s'en rendre compte, on a, acte
sexuel imbécile et mal-venu après acte sexuel imbécile et
mal-venu, fini par détruire la relation. On est passé
insensiblement de l'amour et l'attirance à la haine et au rejet. Et
on n'y comprend rien. On est triste tous les deux et la relation
d'amour est finie.
Alors, de graves crétins
vous souffleront à l'oreille : « c'est normal, l'amour, ça
dure deux ans ! » Ou bien encore, plus classique : « c'est
normal, c'est la faute de ta copine, les femmes ne savent pas ce
qu'elles veulent ! »
Car, pour des centaines
de millions de crétins solitaires et égoïstes, que la femme
« sache ce qu'elle veut » signifie qu'elle
veut exactement ce que son homme veut d'elle. Qu'elle soit
tout à la fois sa maman, sa putain, sa confidente, sa garde-malade,
sa comptable, sa femme de ménage, sa pondeuse et torcheuse de
gosses, son admiratrice, sa pardonneuse... « Fidèle »
et le laissant courir la gueuse. Mais qu'elle ne soit en aucun
cas une femme à part entière, un être humain de sexe féminin.
Un ami sympathique me
confiait très récemment avoir rencontré l'amour. La fille rêvée
et il voyait se profiler devant lui une magnifique histoire d'amour.
Je peux de mon côté, sans connaître cette fille autrement que par
ses propos enthousiastes, vous assurer que cette histoire d'amour est
promise à l'échec. Pourquoi ? Parce que la première chose que cet
ami a couru faire est le teste du SIDA. C'est-à-dire qu'il s'est dit
d'emblée, voilà l'amour, voilà le trou rêvé. Il aurait été
plus urgent de se poser la question de lui offrir un cadeau, des
fleurs, lui écrire un poème, une chanson, l'inviter à un beau
spectacle, une promenade en forêt... Non ! Le cul tout de suite. Il
l'aura sûrement, vue la mentalité régnante à notre époque dans
sa classe d'âge. Il aura aussi la suite logique de son empressement
fouteur : la déception et la fin de sa belle histoire d'amour. Et je
ne peut rien lui expliquer. Il est comme le grand tétras amoureux,
quand il chante l'amour il n'entend rien.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 9 avril 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire