Vous devez faire
ces exercices dans la salle de sport, vous devez suer, avoir mal, et
après vous serez plus fort, plus beau, plus en bonne santé. Vous
allez vous faire chier toute votre scolarité, mais, au bout, vous
aurez une bonne place grâce à vos diplômes. Et, pour commencer,
devoir digérer cette ennuyeuse leçon de géographie ou ce très
emmerdant problème de maths, au lieu d'aller jouer avec les copains.
Vous allez vous faire chier toute la semaine au travail, à faire des
choses qui ne vous intéressent pas, en compagnie de gens qui vous
ennuient et sous les ordres de connards qui vous énervent. Et après,
grâce à l'argent gagné vous pourrez « réussir votre
week-end ». Vous allez vous faire chier au même boulot toute
l'année. Et après, grâce à l'argent gagné, vous allez profiter
de très belles vacances. Vous allez vous emmerder toute votre vie à
ce boulot ou d'autres tout aussi ennuyeux sinon pire, et au bout,
vous profiterez d'une magnifique retraite. Vous allez vous ennuyer à
élever des enfants et, quand ils seront grands, ils feront votre
bonheur. Vous allez soigner votre compagne malade, et, au bout, quand
elle ira mieux, vous jouirez de son magnifique amour.
C'est toujours
« après ». En attendant, faites-vous bien chier et vous
serez récompensé dans l'au-delà... Tiens ? Tiens ? L'au-delà...
mais, ce schéma : « emmerdez-vous et demain ça ira bien »
ne serait-il pas, tout simplement, la reprise du thème : « souffrez
dans cette vie et jouissez au Paradis ? »
Toujours est-il
que c'est souvent une arnaque. Il y a des personnes qui s'emmerdent
au boulot toute leur vie. Et parties à la retraite, clamsent au bout
de six mois... voire même avant d'arriver à l'âge de cette
merveilleuse retraite.
Toujours est-il
que si je tiens aujourd'hui ces propos, c'est pour mieux introduire
« le principe du gâteau ».
Il est simple :
« quand vous réussissez un gâteau, crue la pâte doit être
bonne au goût. Et cuite elle sera meilleure ».
Ça signifie que
si vous préparez quelque chose d'agréable, la préparation doit
l'être également. Sinon, ça n'en vaut pas la peine.
Ah oui, j'allais
oublier. A propos de « Vous allez soigner votre compagne malade
et, au bout, quand elle ira mieux, vous jouirez de son magnifique
amour. » Moi, ça m'est arrivé. Quand elle s'est senti mieux
elle m'a largué pour aller voir si l'herbe était plus verte
ailleurs.
Revenons-en au
principe du gâteau. De partout on vous bramera qu'il faut se faire
chier pour arriver à un résultat. Ces brameurs, envoyez-les
justement chier. J'ai vu leur manière de procéder.
Tu organises une
fête ? Très bien, on vient, mais à condition que tu ramènes des
sous pour nous payer. Les sous, t'en as pas ? Vas les demander aux
élus. On appelle ça « des subventions ». La subvention
est à l'association, remarquerais-je, ce que le sucre est au chien.
Il fait le beau pour avoir le sucre. Seule différence d'avec le
chien : le chien reçoit souvent le sucre, l'association pratiquement
jamais.
Et, pour obtenir
ladite subvention, il faut se faire horriblement chier. Fabriquer un
dossier de trois kilos, se mettre à genoux devant les édiles, les
implorer de nous rendre un peu des impôts locaux qu'ils nous ont
soutiré sous la menace des huissiers. Et, si on demande cent on
reçoit neuf... et on reçoit trois l'année d'après, parce que le
maire, ou l'orientation du maire, a changé.
Et si vous
recevez des sous, la lutte s'engagera pour leur répartition. Au
total, vous vous serez bien fait chier... pour les autres. Et bien
voilà, c'est simple, j'organise une fête, venez y participer... Et
démerdez-vous pour le faire ! On est ici pour se faire plaisir, moi
y compris. Voilà le principe du gâteau. Il arrive qu'on soit
contraint de faire des choses qui nous ennuient. Tâchons que ce soit
le moins possible de choses ennuyeuses qui nous ennuient. Et, le
reste du temps, jouissons de la vie et merde pour les donneurs de
leçons qui nous invitent à nous emmerder dans la vie !
Basile,
philosophe naïf, Paris le 12 décembre 2014
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