La première et
principale activité sexuelle masculine : la masturbation masculine
adulte incluant comme but le shoot endorphinien de l'éjaculation est
un sujet essentiel. On évite soigneusement la plupart du temps de
l'aborder. Les garçons découvrent très tôt la masturbation
masculine adulte, vers l'âge de 12, 13, 14 ans. Ils vont la
pratiquer régulièrement tout le long de leur vie et n'en parleront
jamais ou guère. A raison souvent d'une éjaculation quotidienne ou
plus ils finiront par se branler au cours de leur vie des milliers,
voire des dizaines de milliers de fois. Cette pratique aura des
conséquences physiques, psychologiques et relationnelles
importantes. Éjaculer n'est pas un fait anodin. L'acte par lui-même
et les pensées qui l'accompagnent formeront un véritable
conditionnement dont la personne concernée n'aura pas conscience des
contours et pourra difficilement se débarrasser. D'autant plus que
le sujet sera pratiquement tabou. Au cours de mon existence j'ai
croisé des milliers d'hommes. Je n'ai eu qu'une seule et unique fois
l'occasion d'entendre l'un d'eux déclarer à la cantonade qu'il
venait de se branler et que « ça lui avait fait du bien ».
Sinon, les très rares fois où moi-même avec des hommes que j'ai pu
rencontrer avons évoqué la masturbation, ce fut à chaque fois
brièvement, en passant, et de manière théorique et sommaire. Pour
en vanter la qualité supérieure comparée aux déceptions sexuelles
vécues avec des femmes.
Avoir un point de vue
critique sur la masturbation est d'autant plus difficile qu'abondent
les discours qui vont la justifier et la qualifier de positive,
éducative et inoffensive. Il est quelque peu comique de lire
fréquemment que celle-ci est bonne car nous apprend « à
connaître notre corps » ! Certes, les premières fois c'est
sans doute vrai... Mais arrivé à prétendre qu'on va « connaître
son corps » en se branlant des milliers de fois relève de la
fumisterie. Ou alors je n'ai rien compris.
On peut également
s'interroger sur le concept de « corps » à connaître,
quand on sait que dépourvu de sentiments, l'acte sexuel purement
mécanique est aussi savoureux qu'un plat parfaitement insipide.
Il y a six mois j'ai
remis en question toute cette fausse culture. J'étais auparavant en
accord avec la pensée unique dominante et ne le suis plus. Ce qui
m'amène à aborder autrement la question. Par exemple, depuis
quelques jours seulement m'apparaît de façon aveuglante l'évidence
pourquoi certains discours encensent la masturbation. Pour la simple
et élémentaire raison que les prétendus « spécialistes »
qui en parlent ainsi se branlent eux-mêmes ! Précision qui
n'apparaîtra pas dans leurs discours.
Quand en avril dernier
j'ai choisi d'arrêter la masturbation masculine adulte et la
pornographie je doutais pouvoir y arriver. Je pratiquais cette
activité depuis si longtemps ! Plus de cinquante ans, si j'en juge
d'après mes souvenirs. Je n'ai pas noté quand j'ai commencé, mais
certainement j'étais alors bien jeune. Quand j'ai arrêté, au
départ la raison était que j'éprouvais de plus en plus de
difficulté à parvenir au shoot éjaculatoire endorphinien. Je
frottais de plus en plus fort, ce qui m'a amené une irritation.
Motif de m'arrêter, mais aussi de réfléchir. Sans trop me donner
d'explication, je m'énervais contre cette activité et me suis dit :
« je l'arrête tout à fait ! » La question du visionnage
de la pornographie sur Internet est naturellement venue aussitôt
après. Comme celle-ci est déversée à gogo sur Internet par une
société machiste répugnante, je me disais depuis un certain temps
que vu l'émetteur, elle devait être aussi pourrie et machiste
quelque part. Je me suis décidé à cesser toutes incursions sur
quelque site pornographique que ce soit.
J'ai aussi pu constater
alors à quel point la publicité est souvent liée à la
pornographie. Ne regardant plus la pornographie sur Internet, mon
regard était attiré par les échos de celle-ci qu'on trouve par
exemple sur certaines affiches publicitaires. Conséquemment j'évitais
de regarder. A présent ça ne me fait plus rien.
Mis à part une brève
rechute de deux ou trois jours en mai, j'ai tenu bon dans ma décision
d'arrêter masturbation et pornographie. Au départ, j'ai bien sûr ressenti une frustration. Mais
je me suis dit : « rechuter, revenir à ces habitudes serait
contraire au respect des femmes qui est indispensable pour avoir des
relations vraies avec elles. Comme je tiens plus que tout à
respecter les femmes, je résiste ! » Plus tard, ne me revenait
que par brefs moments l'envie de recommencer les activités
interrompues. Je remarquais que ces envies n'étaient pas liés à
des « désirs sexuels », l'envie de faire quelque chose
avec une fille, mais étaient liés à des moments de pure déprime
légère. Se sentir seul en général.
Au bout de six mois
d'arrêt de cette culture masturbationnelle masculine adulte
régnante, qui inclus la pornographie, je ne ressens plus de manque.
Hier, rédigeant un texte traitant de la sexualité, j'ai même
complètement oublié d'évoquer la pornographie. Cette chose que je
regardais régulièrement ne me manque plus du tout. C'est même
assez curieux pour moi de le remarquer. La rapidité et la radicalité
de mon changement me fait penser que ces vieilles habitudes étaient
comme une vraie maladie. Bien sûr, il me faut garder la distance
avec la pornographie, mais à présent ça n'est plus du tout
difficile. Alors qu'au début de ma renonciation il me fallait faire
des efforts pour y arriver.
Cette expérience des
derniers six mois m'amène diverses réflexions. Tout d'abord
s'agissant du moral masculin. Le fait de se branler régulièrement
en s'imaginant manquer de partenaires et les observer en images, par
exemple sur Internet, est forcément déprimant quelque part. Car le
plaisir éjaculatoire enregistré va de pair avec une frustration :
« j'éprouve ce plaisir en pensant à cette femme que je vois
sur l'écran et qui n'est pas là. Qui est inaccessible. »
C'est comme saliver devant un plat qu'on voit seulement en photo. Il
manque quelque chose. Forcément pour certains garçons, certains
hommes, ça doit conduire à un sentiment aigu de frustration. La
masturbation masculine adulte ne va pas seulement apparemment
« rassasier », elle va également donner faim et de plus
en plus. Une partie des dépressifs de sexe masculin trouve
certainement là l'origine de leur problème.
Un autre type de problème
pourra naître de la pratique masturbationnelle masculine adulte :
l'échec sexuel. En effet, habitué à se branler jusqu'à des
milliers de fois dans sa vie, l'homme pourra rencontrer deux
problèmes : l'organisme prend l'habitude de l'éjaculation sans
nécessité d'érection et pénétration. Alors l'érection disparaît
plus ou moins. L'homme devient impuissant. Terme qui a été remplacé
par le très sophistiqué « dysfonctionnement érectile
masculin » qui signifie exactement la même chose. De plus,
habitué à se masturber en recherchant l'éjaculation au bout (c'est
le cas de le dire ! ), l'homme qui pénètre sexuellement un ou
une partenaire va suivre la même démarche. Il va être en recherche
et attente de l'instant suivant où il éjacule et ne sera plus dans
l'instant présent. Pensant à son éjaculation, sa démarche sera
exactement la même que pour se masturber à la main. Tout simplement
sa main aura été ici remplacé par le « corps » d'une
autre personne. Il s'agira de deux démarches identiques en utilisant
deux instruments différents. Les deux personnes impliquées dans cet
acte sexuel en fait masturbationnel n'en auront pas nécessairement
clairement conscience. Mais le ver étant dans le fruit, l'échec
sexuel et relationnel est programmé à l'avance. La déception
pourra être alors d'autant plus forte que le motif de l'échec sera
incompréhensible. Subitement, alors que tout paraissait aller bien,
l'autre se casse sans explication claire. La Nature a horreur qu'on
se moque d'elle. Alors, elle remet sans ménagement les pendules à
l'heure.
Le résultat de ce
désordre sexuel pourra par exemple prendre la forme d'une
insupportabilité soudaine ressentie par une femme vis-à-vis de son
compagnon, dont elle aura hâte de se débarrasser sans trop savoir
pourquoi. Cependant que, obnubilé par sa culture masturbationnel,
l'homme ne comprendra rien. « Tout allait si bien, et voilà
qu'elle se casse. Décidément, les femmes seront toujours
incompréhensible ! » se dira-t-il alors. Ce genre de situation
est classique.
Une autre conséquence
dévastatrice des relations amoureuses causée par la culture
masturbationnelle masculine sera ce qu'on baptisera « la
timidité ». Un homme n'arrivera pas à « aborder »
les filles, aller vers elles, leur dire ce qu'il éprouve... Tout cela
simplement parce que d'une part le refuge masturbationnel est
tellement plus rassurant et confortable que l'incertitude
relationnelle : « vais-je y arriver ou pas ? » D'autre
part, sans le ressentir avec clarté et précision, l'homme sentira
qu'en poursuivant sa démarche il est porte à faux avec la réalité.
Une femme n'est pas une chose qui se résume à un instrument
masturbationnel, un trou. Mais ce ressentiment qui va le paralyser,
l'homme ne saura pas l'analyser.
Une conséquence de la
culture masturbationnelle masculine pourrait bien être aussi la
fréquence des problèmes hémorroïdaires chez les hommes. Au moment
de l'éjaculation, le sphincter anal connaît une série de
contractions réflexes. Celles-ci sont forcément suivies d'une
détente, un relâchement. Or un homme qui se masturbe régulièrement
sollicitera ce relâchement des milliers, voire des dizaines de
milliers de fois au cours de sa vie. Ne serait-ce pas là une cause
suffisante pour entraîner à terme des crises hémorroïdaires ? Je
ne sais pas ce que vaut cette hypothèse. Les spécialistes dans ce
domaine médical sauront mieux que moi dire si elle leur paraît
vraisemblable.
Voilà donc les quelques
réflexions que je voulais ajouter aujourd'hui à mon blog
philosophique.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 octobre 2016
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