lundi 3 décembre 2012

6 Pourquoi l'Europe va s'écrouler


Pouvant être plus ou moins évalués en équivalents monétaires, il existe de vrais valeurs et des apparences de valeurs. Si vous rangez votre appartement ou faites réviser leurs leçons à vos enfants, vous n'êtes pas payé. Cependant, si vous faites venir une femme de ménage ou un professeur particulier chez vous, pour réaliser les mêmes travaux, ils auront un coût déterminé. On peut donc dire, d'une certaine façon, que vous créez de la valeur en rangeant votre appartement ou donnant vous-même ces leçons. Valeur évaluable en argent si vous sollicitez un tiers extérieur pour faire la même chose.

La fabrication d'autres vraies valeurs est facile à identifier : celle du pain que vous allez manger, de la voiture qui vous servira à vous déplacer, etc. Certaines sont plus abstraites : l'émission de la chanson qui vous distrait, l'écriture du poème qui vous fera rêver, etc. Mais, toutes ces valeurs sont bien là.

A côté des vrais valeurs existent des apparences de valeur, ou des valeurs très faibles et très très largement surévaluée. L'exemple le plus frappant pour ces dernières, ce sont les métaux dits « précieux ». Prenons l'or. C'est un métal pratiquement inutile et dépourvu d'intérêts. Il n'a d'utilité que pour la confection de bijoux, de montres de luxe, de reliquaires religieux anciens, d'appareils dentaires, et, en très faibles quantités, en électronique et en médecine, où on n'en a besoin qu'en qualité d'oligo-élément. Sinon, l'or, mou, très pondéreux, ne sert à strictement rien.

Autre exemple d'apparence de valeur : la monnaie. En métal, elle alourdit le porte-monnaies et n'a aucune usage utile en tant que rondelles métalliques. En papier, elle n'a rigoureusement aucune valeur réelle par elle-même. Et quand elle est électronique, autant dire qu'elle n'existe pas.

Pourtant, de nos jours, un lingot d'or ou une liasse de billets de cent euros, qui sont des apparences de valeurs, ont plus de valeur reconnue qu'un morceau de pain ou un kilo de lentilles, qui se mange et sont des valeurs réelles.

Durant des périodes plus ou moins longues, cette absurdité est plus ou moins supportée et supportable. Les vraies valeurs et apparences de valeurs cohabitent tant bien que mal dans nos vies.

Mais, à certains moments, des déséquilibres calamiteux surviennent. Ce fut le cas lors de la décadence de l'Empire romain.

A cette période Rome avait dégénéré et vivait en parasite sur des multitudes d'individus extérieurs, victimes de la conquête romaine. L'or, apparence de valeur, les tributs en monnaies, apparences de valeurs aussi, affluaient à Rome. Les Romains ne travaillaient plus, ou presque. Résultat : ils étaient apparemment très riches en or, en monnaies, et en fait très pauvres, car ne créant plus de vraies richesses.

Cet état de choses à duré un temps. Puis le tout s'est effondré. Ce fut la chute de l'Empire romain. La chose n'est pas expliqué ainsi en général. L'Empire romain se serait soi-disant écroulé sous la pression des invasions dites « barbares ». C'est faire de la conséquence une cause. Les « barbares » ne sont « entrés » que parce que l'Empire romain s'effondrait de lui-même.

Tous les empires sont viciés de la même façon. Ils finissent par privilégier les apparences de valeurs au détriment des vraies valeurs. On peut trouver de multiples exemples de ce phénomène, par exemple avec les empires espagnol et portugais.

L'Espagne pillait l'or et l'argent très abondants dans les Amériques. Le pays lui-même vivait en parasite. En apparence riche, en or et argent, il était en fait pauvre en vraies valeurs. Et, à la fin, il est arrivé naturellement la même chose à l'Empire espagnol, qui était arrivé auparavant à l'Empire romain.

L'Empire portugais a terminé pareillement, pour les mêmes raisons. Le Portugal, pauvre en vraies valeurs, pillant son vaste empire, a fini, lui aussi, par le perdre.

On peut se demander en quelle mesure cette manière d'agir a causé la chute de l'empire de Hitler. Les Allemands, mobilisés par millions, ne travaillaient plus. L'Allemagne s'appauvrissait tout en pillant, notamment et en très grande quantité, l'or et la monnaie des pays vaincus. C'est-à-dire des apparences de valeurs, pas des valeurs réelles.

Aujourd'hui, que voyons-nous en Europe ? Les politiciens qui nous gouvernent n'arrêtent pas de clamer que le sort de l'euro, une apparence de valeur, importe plus que donner à manger aux enfants et pas seulement. Ils ferment nos usines, mettent notre jeunesse et plus encore, au chômage. Tout cela en échange de quoi ? D'accumulation fantastique d'apparences de valeurs : des milliers de milliards d'euros comptabilisés électroniquement ou sous la forme de petits rectangles de papier. C'est-à-dire, en fait, rien. Les billets pouvant servir, à la rigueur, d'allume-feu. Mais un journal périmé y suffit largement. Sans compter que beaucoup de gens se chauffent à présent à l'électricité, au gaz ou au fuel et n'ont plus besoin d'amorcer l'allumage de leur feu avec du papier.

L'euro est devenu une sorte de dieu moderne, un Moloch sur l'autel duquel on sacrifie tout ce qui paraît bon et viable. Des politiques, des financiers, des journalistes, sont les prêtres de ce culte barbare.

Avant que l'euro arrive, ils nous promettaient des merveilles. Tous les prix allaient baisser de trente pour cent. A présent que l'euro fait naufrage, et nous avec, ils nous annoncent qu'y renoncer serait terrible. Tous ces discours vont dans le même sens : il faut, on doit accepter leurs choix, même les plus calamiteux.

Le déséquilibre entre les vrais valeurs en voie de destruction et les apparences de valeurs est devenu phénoménal. Les coffres sont remplis de billets et la misère de masses s'étend partout autour. Loin de renoncer à cette situation absurde car voulue et ne menant nulle part, nos gouvernants continuent dans le même sens en invoquant pour alibi un mal mystérieux, un mot magique : la « crise ».

Cette situation ne pourra pas durer indéfiniment. Comme cela est déjà arrivé avec les empires romain, espagnol, ou portugais, l'Europe finira inéluctablement par s'écrouler.

Telle est la loi de l'Histoire, elle est sans appel.

L'empire européen finira comme les autres, dans l'abîme où la vanité a conduit tous les autres empires avant lui.

Plus vite ce moment arrivera, mieux ce sera en économies de misères et de souffrances.

En voyant le tableau actuel de nos gouvernants s'agitant autour de l'Europe et de l'euro, je suis tenté de m'exclamer : « Hommes, femmes, qu'avez-vous fait de votre intelligence ? Rien ! Vous avez vraiment oublié de vous en servir. »

Et dire que j'y ai cru, il y a bien des années, à l'Europe...

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 octobre 2012

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire