lundi 29 septembre 2014

284 Hypothèse sur l'origine vestimentaire et mécanique du comportement sexuel masculin

En étant systématiquement nu le plus souvent possible depuis des semaines et des semaines, je constate que mon intérêt pour le sexe a considérablement chuté. Ce qui m'amène à l'hypothèse suivante :

Durant l'acte sexuel, le pénis est comprimé et frotté. En étant systématiquement habillé, l'homme se retrouve avec le sexe en permanence comprimé et frotté par les vêtements. Ce contact influence sa personnalité en hypertrophiant l'acte sexuel dans sa conscience.

Le contact avec les sous-vêtements agit comme une sorte de mini masturbation permanente, un rappel permanent de la sexualité.

Le fonctionnement physique des femmes fait que ce contact est vécu différemment.

Cet élément mécanique et vestimentaire expliquerait au moins en partie la différence des comportements féminin et masculin et leur inadéquation fréquente dans le domaine de l'acte sexuel.

Se masturbant vestimentairement en permanence, l'homme est comme obsédé par la recherche de l'acte sexuel. D'autant plus que toute une idéologie l'y encourage. La femme ne connait pas cette situation. Alors, pour éliminer la question de l'obsession du coït chez beaucoup d'hommes, les hommes machos rejette la responsabilité sur les femmes. Ce seraient les femmes qui ne seraient pas suffisamment intéressées par l'acte.

Un dragueur professionnel me disait il y a quelques années : « de toutes façons, elles (les femmes) ne veulent jamais (faire l'amour) ! »

Ce qui signifie qu'à chaque fois qu'il draguait, il imposait ou cherchait à imposer son point de vue.

Et il ne se posait pas la question : « pourquoi est-ce que j'en ai tout le temps envie ? »

Soi-disant que c'est normal. Mais quand on a « tout le temps envie » de manger, boire de l'alcool, fumer... on admet qu'il y a dysfonctionnement. Et pourquoi là aussi il n'y aurait pas dysfonctionnement ? Sauf que le machisme s'accorde parfaitement bien avec ce comportement : les femmes ont torts, et elles sont « à conquérir ». L'homme a raison et doit être le plus fort...

Évoquer le frottement et la compression des vêtements pourra paraître une explication légère pour beaucoup de choses... Et si elle était vraie ?

Après tout, Semmelweis, un médecin qui préconisait au XIXème siècle de se laver les mains à l'eau phéniquée avant d'approcher les femmes fraichement accouchées, a été sérieusement insulté et malmené alors qu'il avait découvert l'asepsie. Changer la manière d'habiller les hommes changerait peut-être fondamentalement leur comportement.

Comme quoi de petites recettes simples peuvent connaître parfois de grands effets. En tous cas, je vais suivre ma recette. Et éviter dorénavant tous les vêtements qui serrent le bas du corps. Riez si vous voulez. On verra bien qui à l'arrivée sera le plus heureux et serein dans sa vie affective. Après tout, seule la bêtise humaine pouvant sur Terre nous donner une idée de l'infini, l'infini est peut-être bien de votre côté.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 septembre 2014

283 À propos du livre de Valérie Trierweiler « Merci pour ce moment »

Quand ce livre est paru, il en a fait du bruit ! A écouter et lire quantité de gens, il ne fallait absolument pas, surtout pas le lire. Pire, l'acheter était un crime. C'était « un torchon », un ouvrage mal écrit, un ouvrage « obscène », une vengeance aigrie de femme venimeuse, etc. Et certains posaient même la question : « comment Hollande a-t-il pu laisser écrire et éditer ça !? » Question qui amène à se demander à propos de ceux qui la posent : quelle est leur conception de la liberté d'expression en démocratie et de la liberté des femmes ?

Les critiques de ce livre étaient rares. Il s'agissait plutôt de déclarations d'amour passionnel pour François Hollande. A commencer par le propos mille fois répétés : « non, je ne le lirais pas ». Sous-entendu, si vous le lisez, vous aurez tort. Une sorte de censure psychologique.

On fit de la publicité pour des libraires qui « refusaient » de vendre ce livre.

Et in fine les derniers propos lus : « qui a lu ce livre dont tout le monde parle ? » comme si les 442 000 acheteurs de ce livre ne l'avaient pas ouvert ! Le Figaro peut recevoir la palme avec son article récent, où le livre, essai politique, autobiographique, est systématiquement appelé à plusieurs reprises « roman ». Sous-entendu qu'il ne renferme que des mensonges et de la fantaisie.

Et puis les attaques contre l'auteur à défaut d'avoir empêché le livre d'être lu : 7 Français sur 10 n'aiment pas Valérie, Valérie ne retrouvera jamais sa popularité auprès des Français, 3 Français sur 4 désapprouvent la parution de son livre...

Au début de cette symphonie, j'ai été d'emblée tenté d'aller acheter l'ouvrage apparemment sulfureux en question. Puis, je me suis ravisé. Ce n'est pas parce qu'on parle d'un livre que je cours l'acheter.

Le temps passe un peu. La tempête anti-Trierweiler continue. Je m'interroge : « bon, si je me limite aux extraits parcimonieusement distribués dans la presse et sur Internet et aux commentaires, je ne saurais jamais ce qu'il y a vraiment d'intéressant pour moi dans ce livre ».

Pourrais-je éviter de dépenser vingt euros ? Attendre de pouvoir l'emprunter à la bibliothèque municipale ? Il y a peu de chances de l'y trouver avant longtemps, vu la réputation qui lui est faite. Les politiques proches de Hollande qui dirigent notre belle capitale pourront faire en sorte que ce livre attendent quelques années avant qu'il vienne garnir les rayons de la bibliothèque de mon quartier et des autres quartiers parisiens.

Alors, l'acheter paraît la seule solution. Mais en vaut-il la peine ?

Excellente question ! Pour y répondre, un jour que je passais devant une librairie, j'avise le bouquin en question. Vais le feuilleter sérieusement pour juger de son intérêt. Et après avoir procédé de la sorte, me décide et l'achète.

Je l'ai lu en entier le jour-même et ne regrette pas du tout mon achat. Je trouve ce livre très intéressant, très bien écrit et très agréable à lire. Agréable non pas pour les malheurs décrits et les critiques qu'il contient, mais agréable à lire comme un très bon bouquin.

On peut l'apprécier de plusieurs façons :

C'est d'abord le récit très bien fait de la naissance, la vie et la fin d'une très belle passion amoureuse. Phénomène que seuls pourront comprendre ceux qui ont eu l'occasion d'en vivre une eux-mêmes.

Certains malheureux ont écrits : « Valérie critique Hollande, mais comment a-t-elle fait alors pour vivre avec cet homme qu'elle trouve à présent si critiquable ? »

Sous-entendu : c'est une menteuse calomniatrice qui se venge par dépit. Ses critiques relèvent de la fiction.

Pour penser ainsi, il faut ne jamais avoir été vraiment amoureux. Quand on l'est, l'être aimé paraît le plus beau du monde, y compris ses défauts. Ils sont pardonnés d'avance.

On a dit qu'elle avait fréquenté Hollande par ambition. Le fait est que leur histoire d'amour a commencé à une époque où il n'était pas une vedette.

Ce livre est aussi un ouvrage sur le parti du gouvernement, le gouvernement, son fonctionnement, le président, son fonctionnement.

Le fait remarquable est que cette plongée dans les arcanes internes de la politique n'est pas ici opérée à postériori.

Car c'est quand un homme politique, un parti, une époque politique n'intéressent plus personne, - exceptés quelques sorbonnards chauves et rats de bibliothèques, ou quelques professeurs francophiles d'une lointaine et prestigieuse université américaine, - qu'on déballe tout.

Un livre démonte alors l'époque, ses hommes de l'ombre, ses chefs.... et ce livre va passionner un petit nombre d'amateurs d'Histoire, de revues intellectuelles spécialisées et d'étudiants en Histoire.

En gros, ce genre de livres paraît quand tout le monde s'en fout, ou presque.

Et là, il paraît au moment-même où le parti en question et les hommes en question et le président en question sont aux postes de commande. D'où panique à bord et déluge de propos condamnant un ouvrage qui commet un crime de lèse-majesté... en ouvrant la porte de la chambre à coucher du président en exercice !

En résumé : écrivez sur les amours de Louis XIV ou de Catherine II de Russie, qui appartiennent à une époque passée. Mais, n'écrivez pas, surtout pas, sur l'époque actuelle. Et pourquoi donc ?

442 000 lecteurs ont répondu à la question en achetant le livre « interdit », que paraît-il personne ne lit et ne doit lire. Et dont les premiers lecteurs sont très certainement ceux qui ont appelé à ne pas le lire et déclaré qu'ils ne le liraient pas.

Un point à souligner pour finir est que ce livre est un remarquable témoignage sur le machisme régnant en France.

On y voit une femme d'origine modeste, arrivée à une très belle situation matérielle et familiale : un mari, trois enfants, un métier passionnant et bien payé, qui est refusée par « l'élite ». Et, pour quelle raison ? Parce qu'elle est une femme. Ce n'est pas à Valérie que le président ment. Et Valérie que ses conseillers méprisent. C'est l'ensemble des machos, et ils sont des millions, dont ceux-là, qui mentent aux femmes en général et les méprisent. Des millions d'hommes en France pensent que le devoir envers eux des femmes belles, talentueuses et intelligentes se résume à : « donne ton cul et ferme ta gueule ! » Et ça, personne parmi les femmes n'a le droit de le dénoncer sous peine d'être dénoncée comme méchante et hystérique. Valérie l'a dénoncé dans son livre. Elle a très bien fait.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 septembre 2014

dimanche 28 septembre 2014

282 À propos de « l'incestuel » : ne pas poser les bonnes questions

Sur Internet je suis tombé sur un mot sur le sens duquel j'ai voulu faire ma petite enquête : « incestuel ».

Travaillant sur « l'inceste » un psy français a inventé ce terme. Par « incestuel » il voulait définir un climat familial où, sans qu'il y ait acte de chair entre personnes apparentées de manière proche, diverses souffrances naitraient de ce climat.

L'idée paraît intéressante. Reste comment on la traite. Voilà un site Internet où un psy déballe ses cas cliniques et où il les explique. Un enfant perturbé auquel il a à faire n'arrête pas de dessiner des zizis. Et il est très gêné par la vue du zizi de son grand père qui se balade à poil tout le temps et en présence de son petit fils. J'abrège le reste, où le psy fait l'apologie de la pudeur, consistant à se cacher pour se laver, pisser ou chier.

Le psy intervient et prohibe toutes les manifestations intra-familiales de cette absence de « pudeur ». Le grand père va se rhabiller. On ferme la porte des toilettes quand on pisse ou chie. Et le petit garçon perturbé va beaucoup mieux. Il cesse de dessiner des zizis sans arrêts et travaille mieux à l'école. Va mieux en général...

D'où, notre vaillant psy déduit que la pudeur, rebaptisée à l'occasion « intimité », il n'y a rien de tel pour être équilibré. Sauf qu'en concluant son travail ainsi, il passe à côté du vrai problème. Il est comme ces médecins qui déclarent qu'on peut sans mal pour sa santé boire une certaine quantité de boissons alcoolisées. Renseignement pris, cette quantité est exactement équivalente à celle qu'ils s'autorisent eux-mêmes à boire.

La « pudeur » en question, dont ce psy vante la légitimité, c'est celle qui l'arrange lui, dans sa vie.

Au passage, il dit qu'à un âge plus avancé, il est normal de rencontrer la nudité, pour pratiquer le sexe...

La question que ce psy refuse de poser est la plus simple qui soit : « pourquoi ce petit garçon éprouvait de la gêne à voir son grand père nu ? »

La simple nudité n'a aucune raison de choquer un petit enfant auquel on n'a pas encore bourré la tête en lui expliquant qu'il faut la cacher au regard des autres. Mais elle gêne un enfant dans un cas précis. Il s'agit de l'intention. Être nu est complètement innocent. C'est notre état naturel. La perversion consiste à se cacher. Et plus la partie cachée est réduite, plus c'est obscène. Un minislip de bain moulant le « service trois-pièces » masculin est parfaitement ignoble.

Si nous sommes en tenue naturelle, c'est-à-dire sans vêtements, ça ne choque personne, si les préjugés de la société ne sont pas passés par là. En revanche, il est une façon d'assumer cette tenue qui est parfaitement dérangeante. C'est l'exhibitionnisme.

J'ai pris au moins trente ans pour répondre à une question que je me suis posé un jour. Ma mère quand j'étais petit, se baladait à la maison comme ce grand père. Et la vue de son sexe me dérangeait horriblement. Je n'en disais rien. Elle n'était pas nue, mais en bas souvent ne portait rien.

J'ai compris l'origine de cette gêne en faisant le rapprochement avec un propos de mon père. Dans la porte de notre salle de bains il y avait plusieurs petits trous. Un jour, en se marrant, mon père explique qu'à treize ans, mon frère aîné les a foré pour espionner ma mère quand elle prenait son bain. Il trouve ça drôle, mon père ! C'est exactement ce qu'on appelle un climat incestuel. Pas d'acte sexuel, mais des comportements douteux. En particulier celui de rire de cette histoire de porte forée et ne rien trouver, mon père comme ma mère, de dérangeant à cette histoire.

J'en ai déduit qu'en fait les évolutions déshabillées de ma mère procédaient d'une forme d'exhibitionnisme. Et cela, je le sentais, étant enfant. C'est ce qui me dérangeait. Pas la nudité, qui est innocente par elle-même, mais l'intention exhibitionniste, qui procède de notre culture. Culture où à la nudité on colle une qualité « sexuelle » impérative qu'en fait elle n'a pas

J'ai eu l'occasion de ressentir de manière forte l'innocence de la nudité authentique à diverses reprises.

Un soir j'étais au bord de la plage de Palavas-les-Flots. Elle était déserte, excepté une jeune femme et ses deux petits enfants. Je les observais. Et trouvais sans comprendre pourquoi, la jeune femme fascinante.

Et j'ai compris la raison de cette fascination. Cette jeune mère évoluait seins nus sur la plage, ramassant les affaires de ses deux enfants, et le faisait avec le plus parfait naturel. Elle était seins nus sans être mal à l'aise. Comme c'est souvent le cas en France, pour ce que j'ai vu, avec les femmes seins nus sur la plage. Elles passent le temps à être ennuyées par l'exposition de leurs mamelles au regard des hommes. Que de fois n'en ai-je vu debout croisant les bras, pour dissimuler leur poitrine ! Ou restant le plus longtemps possible allongées sur le ventre. En fait, ces femmes ne sont pas dans la nudité innocente, originelle, en quelque sorte, mais dans la nudité intentionnelle. Vous voyez mes seins, je suis seins nus, regardez... Ça n'était pas le cas de cette femme. Peut-être parce que c'était le soir et qu'elle avait pour tout public proche ses deux petits enfants. J'étais loin.

Cette vision de la nudité originelle, je l'ai éprouvé une autre fois, il y a des années, lors d'une représentation au théâtre de la Cité universitaire à Paris.

Pour je ne sais plus quelle raison, à un moment donné, face à moi s'est assise une jeune femme sur le bord de la scène. Elle portait une jupe assez courte, tenait ses cuisses assez écartées. Et là j'ai constaté qu'elle ne portait rien en dessous et son sexe était parfaitement visible. Or, manifestement elle ne s'était pas aperçue de ce qu'elle laissait voir ainsi. Elle n'en avait pas conscience. Ce spectacle était d'une douceur incroyable. En ce sens que cette jeune femme laissait voir son sexe avec l'innocence d'un bébé. Elle n'avait aucune intention et c'est ce qui faisait le charme de cette situation, ce spectacle anatomique dans sa forme totalement inédite pour moi. Et que je ne ressentais absolument pas comme érotique ou pornographique. L'intention de la personne qui montre ou laisse voir est essentielle pour la perception de celui ou celle qui regarde.

Si la personne est gênée ou cherche à vous montrer quelque chose, cela crée un malaise. Malaise plus ou moins bien vécu. Quand on est enfant, il est très mal vécu.

Chercher à exhiber son « corps », son sexe, est un comportement malade, déséquilibré, qu'on a baptisé exhibitionnisme. Mais chercher obsessionnellement à cacher son corps, son sexe, est aussi un comportement malade, déséquilibré : c'est du dissimulationnisme. Chercher à regarder à tous prix le corps, le sexe d'une autre personne, c'est du voyeurisme. Chercher à tous prix à éviter de regarder le corps, le sexe d'une autre personne, c'est de l'aveuglisme.

Le dissimulationnisme et l'aveuglisme n'ont jamais à ma connaissance été qualifiés en tant que tels. Car ces comportements malades s'accordent parfaitement bien avec la morale malade de notre société malade.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 septembre 2014

samedi 27 septembre 2014

281 Barbarie vestimentaire

La personne avec laquelle je partageais à l'époque ma vie, et moi, il y a quelques années avons passé nos vacances dans un camping naturiste. Il faisait très beau. Et, au bout de ces quinze ou vingt jours de vie en tenue naturelle, nous revoilà à la gare. Tout le monde, nous y compris, habillés sous une chaleur accablante, suant à grosses gouttes. Et notre impression étant instantanément : « ce monde est totalement fou. A quoi servent tous ces vêtements qu'on nous oblige à porter ? »

Fruit d'une longue réflexion, je décide cet été d'être sans vêtements le plus souvent possible. Phénomène étrange et nouveau : alors que je me sentais comme il faut habillé, mon sentiment s'inverse. Voilà que je suis à l'aise sans vêtements et ennuyé avec.

De plus, j'ai le sentiment d'être enfermé ! Habitant Paris, il m'est interdit de sortir. Je ne peux le faire qu'à condition de m'embarrasser avec ces inutiles déguisements que sont les « vêtements d'été », aussi inutiles, aberrants, énervants, stupides et imposés que le sont les « vêtements de bains ».

Et, avec ça, interdit d'ouvrir sa fenêtre, d'aller à celle-ci sans un minimum de rideau, de sortir sur le palier ou dans l'escalier. Et, le soir, quand la nuit n'est pas encore complètement tombée, impossible de ne laisser que les rideaux de tulle tout en allumant la lumière électrique. Je ne peux pas profiter des dernières lueurs du jour. Il me faut tirer les rideaux opaques avant d'allumer la lumière.

En résumé, j'ai le sentiment de me retrouver dans la clandestinité.

Les semaines passent. Je m'accoutume à ce confinement. A présent mon regard sur les vêtements usuels change.

Nous trouvons les triple jupons, les crinolines d'antan malcommodes et ridicules... Mais nos vêtements actuels le sont aussi. Simplement, nous ne le réalisons généralement pas du tout.

Il fait chaud, et dans la rue à Paris évoluent des gens portant plusieurs épaisseurs de vêtements. Et des chaussures bien fermées renfermant des pieds qui puent.

Et tout ça au nom de quoi ? De la décence et des bonnes manières ! Quelle « décence », quelles « bonnes manières » ? La folie oui, et collective, s'il vous plaît. Qui n'empêche nullement, bien au contraire, les mauvaises manières et les agressions.

Certains crétins disent qu'un vêtement très léger est un « appel au viol ». Quel appel ? Si je vois une fille, y compris nue, je ne l'agresse pas. Ma sensibilité et mon éducation s'opposent à un tel comportement. Ce ne sont pas les vêtements légers qui incitent à l'agression, mais la bêtise et la brutalité des agresseurs éventuels. Incriminer les vêtements de la victime. Et donc sa manière de s'habiller, revient à lui nier sa liberté et exempter de leur culpabilité les agresseurs.

C'est la énième version du boniment machiste : « si une femme se fait violer c'est qu'elle le veut bien ». Comment peut-on « vouloir être violé », Ce propos est absurde. Et conservateur, car il prétend subordonner les femmes aux idées tordues de certains hommes. Quand bien-même une femme me paraîtrait la plus séduisante du monde, je n'y mettrais jamais les mains sans son autorisation. Je sais que tous les hommes ne pensent pas ainsi. Il y a quelques semaines dans un pique-nique j'en observais qui se gênaient si peu, qu'ils ont fait fuir les deux jeunes femmes auxquelles ils parlaient. Tout le monde devrait avoir le droit de s'habiller comme il l'entend ou de rester tout nu en public et partout. On est très loin de cette situation.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 septembre 2014

vendredi 26 septembre 2014

280 Nu chez soi : essai sur la nudité domestique

Quelles sont nos premières agréables impressions ? Antérieures à notre naissance, nous baignons dans le liquide amniotique, bien au chaud, nu, lové dans ce muscle creux qui a nom utérus.

Puis, ça se gâte. On est brutalement extrait de ce lieu protégé. Exposé à la lumière, obligé de respirer, affamé, assoiffé, secoué, lavé, manipulé, heurté, assourdi, habillé, etc. La vie, quoi !

Il y a un aspect de notre premier état dont nous sommes artificiellement privé : la nudité.

Nous sommes systématiquement habillés, y compris quand il n'y en a aucun besoin. Une auxiliaire de puériculture parisienne m'expliquait en 2012, qu'elle et ses collègues, avaient pour instruction d'habiller systématiquement les très petits enfants. Même quand c'était la canicule. En particulier, leur mettre systématiquement entre autres un tee-shirt. Ne jamais, jamais... les laisser torse nu !

On nous habille systématiquement. De plus, on nous égare en particularisant notre état naturel, qui devient un état spécial : « la nudité ». L'habillé habituel devenant pratiquement « le naturel ». La « nudité » dans notre culture française et parisienne est rationnée, car associée impérativement à certaines situations ou états bien particuliers :

La naissance, la petite enfance, le soin médical, la maladie, la blessure, le mal-être, la souffrance.

La toilette que l'on doit faire obligatoirement seul.

Le bronzage intégral en vacances. C'est-à-dire seulement une période particulière de l'année où, loin de chez soi, on s'adonne à la corvée de bronzage cancérigène sur la plage pour se faire « beau ».

L'exhibitionnisme, l'indécence, la débauche, l'érotisme, la pornographie, l'orgie, la folie.

Notre sexe et nos activités sexuelles, sales, coupables et éventuellement délectables, régies par des règles particulières et de nombreux interdits, en particulier la dissimulation au regard d'autrui.

Les églises, beaucoup de psy et la police condamnent ensemble la nudité publique, en particulier adulte. Les naturistes aussi condamnent la nudité à travers la prohibition de l'érection publique et la désapprobation de l'écartement public des cuisses des femmes, jeunes filles et même fillettes. Règles implicites qui ne sont écrites apparemment nulle part, dans aucun règlements officiels. A l'entrée d'un camp naturiste, en Ardèche en 1976, on m'a engueulé littéralement pour me mettre en garde car j'arrivais seul. Renseignement pris par la suite, un vacancier au camping m'a dit qu'on voulait ainsi sous-entendre sans me le dire qu'il m'était interdit d'entrer en érection publique en voyant des filles nues... C'était d'ailleurs fort curieux et amusant de voir dans le même camping un beau jeune homme engueuler à l'occasion sa jolie petite fiancée quand elle s'avisait de l'embrasser un peu trop... Énervé, il protestait en lui signifiant de cesser ses câlins de peur de bander en public !

Comme la nudité publique est prohibée, nous nous habituons à être trop souvent et sans raisons valables habillés. Si, systématiquement et dès que c'est possible et n'est pas interdit par la loi nous ôtons tous nos vêtements. Restons nus y compris pour écrire, lire, téléphoner, faire la cuisine, manger, ranger, bref, faire toutes les activités possible, nous nous déconditionnons. Retrouvons un peu de notre état naturel originel. Et au bout de plusieurs semaines de cette nudité « sauvage », découvrons alors une joie intérieure et un bien-être inexprimables. Essayez, vous verrez. Ça en vaut vraiment la peine. Et c'est gratuit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 septembre 2014

jeudi 25 septembre 2014

279 L'amour surgit quand on ne l'attend pas

L'amour, en soi, ne pose aucun problème par lui-même.

Qu'est-ce que l'amour ? Une douce et irrésistible attraction naturelle, une sorte de magnétisme qui pousse deux êtres l'un vers l'autre. Ils sentent, sans pouvoir expliquer pourquoi, qu'ils sont bien ensemble. Besoin l'un de l'autre, des minutes, des heures, des jours entiers, sans limites dans le temps. Se voir, se revoir, s'écouter, se parler, se toucher... Ils sont émus l'un par l'autre. Ont une inexplicable confiance qui naît réciproquement et leur dit qu'ils ne se feront pas mal à se connaître, s'aimer...

L'origine de cette attraction est un mystère. Mais explique-t-on pourquoi on préfère la couleur orange à d'autres couleurs ou le chocolat à d'autres mets ?

Je rencontre une femme et ressens une attraction inattendue, mystérieuse... Elle aussi, paraît subir l'attraction symétrique. Pourtant, à Paris, je croise des dizaines de femmes de tous âges, certaines d'une beauté qui me frappe. D'autres que je trouve sympathiques, intéressantes, émouvantes... mais aucune de ces femmes ne suscite en moi cette attraction.

Rien de plus naturel que l'amour, mais notre organisation sociale, notre culture, nos idées « morales » sont-elles naturelles... ou dénaturées ? Notre société hait l'amour.

Ce qui pose problème n'est pas du tout l'amour. Ce sont ses interprétations.

Si une femme me plaît, la société va me hurler ses ordres d'avoir peur et de refuser de vivre :

« Attention ! Cette femme te convient-elle ? Est-ce sérieux ? Seras-tu heureux avec elle ? Cela va-t-il durer ? Sera-t-elle heureuse avec toi ? Ne risques-tu pas de te faire du mal ? Lui faire du mal ? Profiter d'elle ? Qu'elle profite de toi ? Voyons, quel âge as-tu ? Quel âge a-t-elle ? Pouvez-vous envisager de fonder une famille ensemble ? Vivre ensemble ? Est-elle « libre » ? Est-elle « fidèle » ? Est-elle « sérieuse » ? Est-elle en bonne santé ? Est-elle riche ? Est-elle pauvre ? A-t-elle des idées bizarres ? Fait-elle partie d'une secte ? Et toi ? Lui conviens-tu ou pas ? Etc., etc., etc. »

J'en suis juste à rêver de la revoir que la voix de la raison mortifère me beugle déjà dans les oreilles : « elle n'est pas faite pour toi ! Où vas-tu ? Tu fonces dans un mur ! Souviens-toi de la dernière gamelle que tu as pris avec ta dernière amoureuse ! »

Et, si c'est « de l'amour », la société me glapit ses ordres : « si tu l'aimes, tu dois coucher avec ! Vivre avec ! Etc. »

Tu dois... tu dois... mais, dans quel monde est-ce que je vis exactement ? En amour je ne dois rien. Juste suivre ma seule inclination, quand c'est possible. En évitant de foncer dans un mur, si celui-ci m'apparaît droit devant.

Je vais aimer quand j'aime. Et oublier les « ordres » de la société et les pièges qu'elle m'a tendu et où je suis tombé. Si je tombe mille fois, je me relèverais mille-et-une fois. Je suis le plus fort.

Et tant pis pour les grincheux, les pisse-froid et les jaloux. Seul l'amour pur m'importe, débarrassé de ses interprétations. Et peu m'importe si mon comportement déplaît aux gens conformistes et « raisonnables ». Si c'est le prix à payer pour aimer et être aimé par celle qui me plaît.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 septembre 2014

dimanche 21 septembre 2014

278 Des idées pour la goguette

La goguette est un ilot de joie dans la grisaille de la grande ville déshumanisée ou de la campagne désertifiée. Son but, notre but, est de nous amuser. S'amuser est la chose la plus sérieuse qui soit au monde. Si on ne s'amuse pas, on ne vit pas.

La goguette est aussi un jeu. Il peut s'inspirer de l'exemple des joyeuses « communes libres » qui étaient nombreuses en France dans les années 1920-1930, avec maire et capitaine de pompiers de pacotille, fanfare de bigophones, etc.

Cependant, une goguette reste soumise à la « règle des dix-neuf » : elle compte dix-neuf membres au maximum. Ainsi on reste cohérent, uni et sans problèmes. Au delà de dix-neuf, si de nouveaux adhérents veulent se joindre à nous, on les encourage à créer de nouvelles goguettes avec lesquelles nous entretiendront d'amicales relations.

Qui pourront également naître avec les rares goguettes existantes aujourd'hui. Et les sociétés philanthropiques et carnavalesques de Dunkerque et sa région qui sont des goguettes sans en porter le nom. J'en ai rencontré quelques-unes à Dunkerque il y a des années et pourrais les recontacter.

Notre goguette pourra s'intéresser à des lieux, festivals, tout en préservant sa qualité goguettière. Notre but est l'amusement, pas la pseudo-professionnalisation d'amateurs se prenant pour des professionnels aux prestations bon marché. Chose qui arrive en divers endroits.

Le Carnaval de Paris et le Carnaval des Femmes de Paris seront l'occasion de nous voir défiler. Chacun dans la goguette restant bien sûr libre de se costumer ou non, participer ou non.

Pour cela, comme pour toutes nos autres « sorties » : un drapeau, un blason, un emblème, une devise, un chapeau, une marotte, un insigne, un costume particulier et un nom sont à inventer. Nous pourrons également nous munir de bigophones décorés.

Nos interventions éventuelles iront dans le sens d'enchansonner la ville et notre entourage en général. Nous en ferons peu. Seulement suivant nos possibilités. Et sans nous en faire trop.

Nous pourrons proposer de placarder dans un lieu, comme un foyer de jeunes travailleurs ou une école, des dessins illustrant nos chansons. Que nous viendrons ensuite joyeusement chanter.

Nous pourrons aussi un jour aller égayer un hôpital, une maison de retraite, une prison. C'est à voir et réfléchir. Et hors Paris, y compris à l'étranger, proposer et encourager la naissance de goguettes avec lesquelles nous pourrons établir des échanges, nous rendre visite, nous jumeler.

J'ai ainsi quelques projets esquissés : avec une petite ville du nord de l'Italie, Cigliano, une autre au Québec, Vaudreuil-Dorion. Et Cherbourg-Octeville où je connais les organisateurs du Carnaval.

Un Colonnais de Paris que j'ai rencontré est carnavaleux et enseigne l'Allemand au collège. S'il est d'accord, il pourrait susciter une goguette parmi ses amis à Cologne et une parmi ses élèves. Ensuite nous pourrions avoir des échanges avec ces goguettes. Et, un jour, recevoir pour la Fête des Blanchisseuses de la Mi-Carême des fêtards colonnais. Toutes ces idées sont à étudier.

L'essentiel est de nous amuser ! HOURRA POUR MOMUS DIEU DE LA JOIE !!!

Basile philosophe naïf, Paris le 21 septembre 2014.

lundi 15 septembre 2014

277 Le règne de la peur : regarder en faisant semblant de ne pas regarder

Hier soir il m'est arrivé une chose extraordinaire, incroyable. Une femme inconnue m'a regardé comme aurait pu la regarder un homme inconnu d'elle.

Ça signifie que, me croisant dans ma rue, une très jolie jeune fille que je ne connaissais pas, m'a tranquillement toisé. Puis a reporté son regard devant elle et continué son chemin.

« Il est fou », se diront certains en me lisant. Pourtant c'est la triste vérité : si ce micro événement en est un, c'est qu'en fait, les femmes, à Paris, ne regardent pas les hommes inconnus comme les hommes inconnus les regardent. C'est-à-dire, sans se gêner.

La plupart du temps elles les regardent en faisant semblant de ne pas les regarder, ou presque.

Poursuivant ma promenade d'hier soir, j'ai eu tout de suite l'occasion de le vérifier. J'ai regardé sur l'autre côté de la rue une jeune femme que je ne connaissais pas. Elle m'a visé un instant du regard. Et a aussitôt ensuite détourné complètement la tête pour regarder à l'opposé.

J'ai avisé une deuxième femme qui remontait la rue sur le même trottoir que moi. Et allait dans ma direction. En passant tout près de moi, son regard m'a complètement ignoré. En fait, je sais, pour avoir étudié avant ce genre de situation, que cette femme m'a certainement regardé de loin. Pour faire semblant de ne pas du tout s'intéresser à me regarder, une fois à proximité de moi.

Enfin, presque de retour chez moi, je croise un couple. En principe, la femme dans ce cas se sent « protégée » et plus libre de regarder qui bon lui semble. Bien qu'âgée d'une trentaine d'années, elle m'a traité « à l'ancienne ». M'a regardé et, aussitôt, a baissé les yeux pour regarder par terre.

Il y a cinquante ans, c'était le comportement général des femmes de mon quartier à Paris. Je l'ai constaté. Très jeune homme, j'ai expérimentalement durant quelque temps entrepris de regarder systématiquement dans les yeux les jeunes filles que je croisais. J'étais curieux d'observer leurs réactions. J'avais juste treize ans, quatorze au plus et ma mère était avec moi. C'est dire que je ne représentais guère une « menace » pour les jolies jeunes filles inconnues que je dévisageais ainsi.

Pourtant, je fus très étonné de constater que toutes ces filles quand je fixais leurs yeux, aussitôt les baissaient et regardaient par terre. Exactement comme la jeune trentenaire en couple l'a fait hier soir.

Parmi les jeunes filles que je regardais dans les yeux il y a cinquante ans, une seule, que j'ai croisé entre les deux squares devant la mairie du quatorzième arrondissement a soutenu mon regard.

Les filles alors ne m'intéressaient pas particulièrement. Bien plus tard, je me suis posé la question : « je regarde les jolies filles inconnues dans la rue, le métro. Et elles ne me regardent jamais. Comment cela se fait ? »

J'ai commencé à faire plus attention et ai constaté qu'en fait elles me regardaient, mais pas comme je le faisais. Elles me regardaient en faisant semblant de ne pas le faire. Elles usaient de plusieurs techniques assez faciles à identifier. Elles sont toujours utilisées.

La plus simple est de porter des verres teintés. Quand une jeune fille porte des lunettes de soleil quand il n'y a pas soleil, c'est pour voir sans être vue qu'elle regarde. J'ai trouvé à ce propos un petit jeu : si une jeune femme est assise face à moi, dans le métro, et porte des lunettes de soleil, je regarde droit dans ses yeux cachés et... elle baisse la tête ! Je fais pareil dans la rue.

L'autre jour, j'ai été surpris de voir une femme user d'une technique élémentaire pour regarder que j'utilisais gamin : regarder les autres dans le reflet de la fenêtre de la voiture du métro.

Sinon, les techniques usuelles sont le flash, le regard en balayette et le regard en coin ou regard angulaire. Le flash consiste à regarder l'homme un très bref instant et regarder tout de suite ailleurs. Le regard en balayette consiste à balayer un large champ visuel pour faire semblant de chercher un point distant de l'homme qu'on regarde. Et le regarder en passant sans stopper son regard sur lui. Le regard en coin ou regard angulaire consiste à se tourner dans une autre direction que l'homme à observer et le regarder juste du coin de l'œil. En résumé, s'appliquer à chaque fois à regarder sans donner l'impression de regarder. Et, bien sûr, une fois regardé un homme dans une rame de métro, l'ignorer au moment de descendre de la rame. Par crainte de le voir sinon croire à une invitation à suivre la femme concernée.

Toutes ces techniques très répandues témoignent de la peur. Illustrent le résultat de millénaires d'oppression, de soumission, terreur-même. Les femmes ne sont pas libres de regarder les hommes.

Ces techniques peuvent se combiner. Ainsi j'ai vu un soir une femme privilégier le regard angulaire pour me regarder un certain nombre de fois dans l'autobus. Tout en usant d'un flash et quelques balayettes. Une autre, le même soir, préférant multiplier les flashs. Enfin, une troisième, accompagnée par un jeune homme qui s'était endormi dans l'autobus, m'a finalement regardé longuement et franchement à plusieurs reprises. Elle se sentait à même de le faire car accompagnée. Et donc ne me craignant pas. Et l'accompagnateur étant endormi et affalé en telle sorte qu'il ne voyait ni elle ni moi, elle ne craignait pas non plus de réaction jalouse de sa part.

Les partisans de l'émancipation féminine en appellent à la cessation des comportements machistes. Cette cessation devrait également concerner les comportements féminins issus de la pression machiste.

Ce que j'ai détaillé ici concerne mon expérience parisienne. Il est certain que, ailleurs, d'autres observations peuvent être faites.

Je me souviens que, dans un guide de voyages, parlant des femmes de je ne sais plus quel région du monde, le lecteur mâle était ainsi en gros averti : « faites attention, là-bas les femmes sont directes et chaleureuses, ne croyez surtout pas pour autant qu'elles vous draguent. Sinon, vous vous attirerez rapidement des ennuis. » Je cite de mémoire un livre feuilleté il y a des dizaines d'années.

Le monde parisien où je vis est bien malade. Un regard, un sourire, un contact de la main est assimilé au début d'une « histoire de cul ». Résultat la plupart du temps : pas de regard, pas de sourire, pas de contact de la main. Le désert affectif, tactile et oculaire.

Dans les souvent très vulgaires et stupides revues, livres ou sites Internet prétendant vous donner des « bons trucs de drague », vous lirez aujourd'hui que les femmes draguent avec les yeux...

Étonnons-nous ensuite qu'avec de telles idées répandues à Paris, bien souvent elles n'osent ni visiblement nous regarder, nous les hommes inconnus, ni nous sourire, ni bien sûr nous toucher.

Et pourtant, qu'une femme inconnue nous regarde manifestement, nous sourit, nous touche, sans que ce soit pour autant le début d'une « histoire de cul », est bien agréable. Les règles établies dans notre société parisienne nous en privent le plus souvent.

A la fin d'une « histoire de cul » arrêt des câlins. Vous voulez des câlins ? Cherchez à débuter une « histoire de cul ». Et si je n'ai envie que de câlins ? Le résultat est qu'aux heures d'affluence dans le métro parisien, il n'y a pas que des hommes qui « collent », prennent des « échantillons gratuits ». Des femmes aussi font comme si de rien n'était. Et vont vous coller leurs seins ou leurs fesses, ou leur dos « par hasard ». Sans vous connaître, ni débuter une « histoire de cul ». La seule fois où j'ai évoqué ce phénomène en en parlant avec une amie, elle à qui je pouvais dire plein de choses, est entré dans une fureur subite. Il y a des sujets dont on n'a pas le droit de parler. Dont on ne parle jamais. Nous sommes dans une société bloquée, coincée, qui refuse d'avancer, progresser. Et recule.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 septembre 2014

jeudi 4 septembre 2014

276 Naissance d'une nouvelle sexualité

Dans les années 1960 l'émancipation des femmes accomplit de grands progrès dans un certain nombre de pays. Jusque dans les années 1970, les femmes en France vivent dans la peur permanente de la grossesse non désirée, conclue éventuellement par un dangereux avortement bricolé au fond de la cuisine avec un cintre ou une aiguille à tricoter.

La légalisation de la pilule, celle de l'avortement, arrachée par les organisations comme le MLAC, transforment radicalement la condition féminine dans le domaine sexuel. Ce sont de grands progrès. Mais quel chemin comportemental vont alors choisir de prendre les femmes ?

Elles vont suivre ou tenter de suivre le modèle masculin. La drague au masculin va dorénavant tendre à se conjuguer au féminin.

On assiste ici au même phénomène négatif que dans le domaine du tabac ou de l'alcool.

Jusque dans les années 1960 qu'une femme fume était mal vu, considéré comme vulgaire. On stigmatisait également la femme qui boit. « Il n'y a rien de plus laid qu'une femme saoul » disait-on.

La femme qui s'émancipe va malheureusement imiter l'homme y compris de manière négative et néfaste pour elle. Cigarette, alcool vont se banaliser chez les femmes.

Résultat, elles vont voir augmenter massivement le nombre de leurs maladies cardio-vasculaires.

Dans le registre vestimentaire, le pantalon va concurrencer la jupe et la robe.

Et, dans le domaine sexuel, croyant ainsi mener à bien leur émancipation, les femmes vont prendre modèle sur les mauvaises habitudes des hommes.

Cette orientation sera permise et encouragée par le développement de la contraception et l'autorisation légale de l'avortement rebaptisée IVG pour l'occasion.

Le problème est que la sexualité féminine est très différente de celle courante masculine, qu'on a prétendu abusivement être par excellence la sexualité « modèle » pour tous et toutes...

Les éléments illustrant cette prétention abondent. Sans craindre le plus parfait ridicule on a fréquemment déclaré la plus totale stupidité comme quoi le clitoris, dont l'existence a été y compris niée dans des atlas anatomiques, serait « un petit pénis ». Et pourquoi donc ?????? On pourrait tout aussi bien déclarer que le pénis est un trop gros clitoris hypertrophié... Cette pénissisation du clitoris est une stupidité maximum.

Un célèbre crétin a écrit que le clitoris est comme un peu de bois sec qui sert à allumer le brasier de bois vert du vagin. C'est là que ça se passe. Car c'est là que les messieurs interviennent avec leur machin dont ils doivent sans doute être si fiers. Pas question d'accorder une autonomie au clitoris. D'ailleurs, ajoute ce célèbre crétin, si la fillette se titille trop le clito elle va devenir perverse et plus tard se prostituer....

La femme peut atteindre l'orgasme de trois manières : vaginale, clitoridienne et mammaire. Correctement caressés, sucés, léchés les seins peuvent susciter l'orgasme féminin. Il semble qu'à l'inverse des gros, les petits seins sont plus sensibles et aptes à parvenir à ce résultat. C'est une observation de terrain. L'orgasme mammaire est probablement moins connu que les deux autres, car nombre d'hommes négligent les seins et vont « droit au but », c'est à dire au bas-ventre de la dame.

Le sexe féminin en tant qu'organe a été longtemps nié de la manière la plus aberrante. Durant des siècles, en Occident, sur les sculptures et peintures le bas-ventre des femmes, s'il est dénudé, apparaît parfaitement lisse... Alors qu'à l'inverse, le zizi des messieurs est fréquemment représenté. Observez celui du Génie de la Bastille au sommet de la Colonne de Juillet place de la Bastille à Paris. Il est sans voile et doré.

Et ensuite allez voir la statue en bronze de Diane par Houdon exposée au musée du Louvre. Son bas-ventre est lisse. Observez de plus près, plus attentivement. Vous constaterez que la statue a été vandalisée et sa fente pubienne soigneusement bouchée par des voyous de la morale.

Les délirants partisans machistes d'une sexualité ejaculocentrique ont même attribué à la femme une « éjaculation ».

Pourquoi insister ainsi tant sur l'éjaculation ? Parce que pour ces crétins la sexualité a un but : satisfaire monsieur qui fait son petit pipi sexuel dans la dame. Et surtout pas admettre que la dame peut y compris jouir sans lui.

Elle n'a y compris simplement pas le droit d'exister sans lui. Quand j'étais petit, dans les années 1950, à Paris dans une boulangerie, j'ai assisté un jour à la scène suivante : une jeune étudiante demandait à la boulangère d'accepter une annonce pour des leçons de maths. Mais sur cette annonce ne figurerait pas le téléphone de la jeune fille. Ce serait à la boulangère de faire l'intermédiaire. Parce que sinon un téléphone affiché associé à un prénom féminin allait provoquer une avalanche d'appels de pervers obsédés sexuels... La boulangère approuvait. Ainsi était Paris et la France des années 1950...

Dans certains pays encore aujourd'hui la femme qui vit seule ou seule avec ses enfants, par choix, abandon ou parce qu'elle est veuve, est très mal vue. Elle peut y compris se faire violer voire assassiner. La police fermera les yeux.

Mon père me disait que jusque dans les années 1920 ou 1930, les hommes qui tuaient « par amour » étaient acquittés en France.

On dit aujourd'hui : « la femme est l'égal de l'homme ». Pourquoi ne dit-on jamais l'inverse ? Parce que dire : « l'homme est l'égal de la femme » signifie pour l'homme déroger... Il est la référence. Pas la femme.

Et pourquoi un ministère ou un secrétariat d'état aux droits des femmes et pas à l'égalité homme-femme ?

Dans le cours de la lutte pour son émancipation la femme a pris modèle sur l'homme dérangé, dans le domaine sexuel. Ce qui ne lui correspond pas. Physiologiquement elle est différente de l'homme dérangé qui nie depuis toujours la femme.

La société dominée par le machisme nie la sexualité féminine et la femme en général. Un grand tableau de Courbet rescapé d'une trilogie figurant l'amour entre femmes est exposé à présent au musée du Petit Palais à Paris sous le titre fallacieux « le sommeil » alors que son titre original est « après ». Il y avait un « avant » et un « pendant », détruits durant la dernière guerre par la douane suisse.

La « morale » dominante exige de « faire l'amour ». S'il y a intimité, l'accouplement est sensé être o-bli-ga-toi-re. Cet impératif idéologique conduit à quantité d'aberrations de comportements.

Dans les années 1990 je rencontre à Paris une Anglaise. Invité chez elle, nous commençons à nous embrasser et caresser. Elle me déclare : « impossible de faire l'amour, parce qu'il y a le SIDA ». Je lui réponds que ça n'est pas le problème, on n'est nullement obligé de « faire l'amour ». On peut faire quantité d'autres choses. Résultat, elle recouvre soigneusement son lit avec un grand drap. Et nus, nous passons deux heures avec grand plaisir à nous embrasser et nous caresser. A l'issue, nous prenons le thé et l'Anglaise s'esclaffe : « qu'est-ce qu'on a fait ? On n'a rien fait ! »

Car pour elle « faire quelque chose », c'était « faire l'amour ». Quelle aberration ! Par la suite, l'Anglaise évitera qu'on se revoit, car pour elle cela signifiait obligatoirement une « liaison » et j'étais pauvre et elle un peu riche.

Au nom du « plus » ou évite le réel.

Penser que l'amour c'est obligatoirement l'accouplement conduit à d'autres aberrations. Quand je vantais les caresses à une amie, sans y inclure comme conséquence obligée l'accouplement, elle me répondait : « oui, mais à un moment il faut passer à des choses plus sérieuses ».

Une autre amie, confondant la physiologie et la vie relationnelle invoquait l'érection comme obstacle aux câlins sans coït. Ainsi, il faudrait obéir aux corps caverneux du pénis. C'est eux qui décident de la marche à suivre ! C'est totalement risible mais ô combien hélas courant.

Allant dans ce sens un jeune homme expliquait que s'il entrait en érection sans « faire l'amour » ensuite il ressentirait des douleurs terribles ! Ce discours affabulateur lui a permis de faire « passer à la casserole » une jeune amie qui me l'a raconté par la suite.

La croyance dans la nécessité de l'accouplement amène des comportements absurdes. Une amie m'expliquait un jour qu'elle et une de ses copines draguaient et couchaient avec des garçons « sans plaisir ». Mais, alors, la questionnais-je, pourquoi couchez-vous ainsi ? Elle est restée silencieuse. A été incapable de me répondre.

Vouloir suivre la morale absurde machiste dominante conduit à des comportements contradictoires, des valses hésitations. Comme je l'ai déjà écrit dans ce blog, on rencontre des « tartines ». Sur le même principe de la tartine avec le beurre « mis et enlevé ». La fille s'avance vers le garçon, paraît « faire une ouverture », vouloir de l'amour, des câlins... puis, réalisant qu'elle se met « en danger », que la situation « exigera » de « faire l'amour », elle prend la fuite. Le beurre a été mis... et enlevé. Je connais ainsi une « tartine ». Quand je lui téléphone elle fond littéralement, on va se voir, on est très proche, on a plein de choses à se dire, elle va me téléphoner pour fixer notre rendez-vous... et puis, silence, pas d'appel. Si j'appelle, elle ne décroche pas. Et, quelques mois plus tard, quand enfin après un long arrêt de nos relations je l'appelle, elle décroche, et rebelote, même cinéma. Le beurre relationnel est « mis et enlevé ». Cette jeune femme est une « tartine ».

J'ai connu une autre jeune femme fort jolie que j'avais associé à l'image d'un « frigidaire à éclipses ». Quand la voyais, une fois sur deux elle était très câline. Et, alternativement, froide comme un frigidaire. Pourquoi ? Parce qu'elle avait besoin de câlins et, en même temps, peur des conséquences soi-disant obligatoires de ceux-ci : devoir « faire l'amour ».

Sortir de ce genre d'imbroglios n'est guère possible. D'autant plus que certains dragueurs incluent dans leurs manœuvres le discours comme quoi ils ne recherchent que des câlins sans coït. Et en fait mentent allégrement. Dire sincèrement la même chose qu'eux fait penser à tort à leurs ruses.

Pour échapper à la pression des dragueurs, dans les années 1920-1930, ma mère alors jeune fille s'était inventé un fiancé imaginaire. Est-ce que ça a changé tant que ça ? Combien de jeunes femmes font encore aujourd'hui pareil pour se débarrasser des importuns ?

Croire que tout individu est soit « en couple » soit drague a encore d'autres conséquences. Au début des années 1990 une très jolie jeune fille sans fiancé ou petit copain m'expliquait que ses copines « en couple » la rejetaient. Car elles se disaient qu'elle était forcément « une briseuse de couple ».

Même genre d'ostracisme : dans les années 1980, une amie m'expliquait que, suite à son divorce, quantité de ses copines mariées ne voulaient plus la fréquenter. Motif : elles se disaient qu'une jolie femme divorcée était forcément « une briseuse de couples ».

Tous ces délires dans le domaine du comportement sexuel conduit à une intolérance et une peur généralisée dans le domaine des mœurs. Il n'est pas difficile d'observer, par exemple, des filles qui ont peur dans le métro. Peur d'être importunées, abordées, embêtées. Une jolie amie me racontait comment elle était régulièrement harcelée dans les transports en commun parisiens.

Lire seule un livre sans se faire systématiquement importuner est impossible aujourd'hui pour une jolie fille dans des lieux parisiens comme le jardin du Luxembourg ou le parc des Buttes-Chaumont.

Si une jolie fille se trouve seule elle est considérée comme une proie.

A Paris, il y a cinquante ans, quand très jeune homme je regardais une jeune femme droit dans les yeux en la croisant dans la rue, elle baissait systématiquement son regard. Seule une dans le nombre a soutenu mon regard. Ça a changé depuis. Mais c'est très loin d'être parfait. Dans le métro ou l'autobus les jeunes femmes évitent le plus souvent de regarder directement un homme. Elles usent de toute une panoplie de regards indirects. C'est aberrant. Dans quel monde vivons-nous ? Il est très bizarre, aberrant et insatisfaisant. Et c'est le nôtre.

Les hommes ont souvent peur des femmes et réciproquement. Alors qu'ils devraient se sentir au contraire proches. Mais leur domaine relationnel est pollué par une masse de préjugés.

Bizarrement, à force de voir la situation bloquée, on assiste parfois à des réactions extrêmes : des jeunes filles draguent furieusement. Le résultat n'est pas toujours satisfaisant pour elles. Les filles qui draguent visiblement et ouvertement ne sont pas respectées.

Il faudrait remettre en question la situation générale des relations « amoureuses ». Ce qui paraît nouveau, c'est que ça commence à être fait.

Dernièrement j'étais surpris de lire sur Internet un débat où des jeunes hommes rejetaient vigoureusement le rôle que la société traditionnellement leur assigne. En substance ils disaient : « on n'est pas obligé de chercher systématiquement à baiser ».

Et une femme il y a quelques jours expliquait devant moi qu'il existe des hommes « lesbiens ». C'est-à-dire qui ne cherchent pas systématiquement la pénétration sexuelle avec les femmes, mais préfèrent les câlins.

Ces faibles éléments m'inclinent à penser que commencerait à présent un mouvement de rejet du crétinisme sexuel machiste établi avec son imitation complémentaire féminine. Arriverait ainsi l'émergence d'une nouvelle sexualité respectueuse des hommes, des femmes et de l'amour.

Ce texte participant modestement à ce mouvement.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 septembre 2014

mardi 2 septembre 2014

275 L'erreur qu'on commet tous les matins

L'erreur qu'on commet tous les matins : celle de s'habiller. Nous avons l'impression une fois habillé d'être enfin nous-mêmes, prêt à affronter la journée. Or c'est totalement faux : en nous habillons nous abandonnons notre identité, devenons « gris », faux. D'être humain nous nous abaissons au rang de figurant social autodestructeur de lui-même.

On me rétorquera que si on s'habille c'est pour se protéger du froid. Quel froid ? Une bonne partie de l'année il ne fait pas froid à Paris. Et nous sommes très souvent logés dans des maisons trop chauffées.

Il s'agit de protéger notre pudeur. Quelle pudeur ? De quoi parle-t-on ? En quoi devrions-nous avoir honte de nous-mêmes ? Oui, mais on ne peut pas sortir de chez soi tout nu. C'est vrai, mais il y a un hic.

Nous nous empressons de nous habiller y compris quand il n'est nullement à l'ordre du jour d'aller dehors ou recevoir quelqu'un. Nous nous habillons en fait parce que nous sommes conditionnés pour.

Le résultat est que nous acceptons un très grave désordre dans la tête qui associe notre image au « nu », le « nu » au « sexe » et le « sexe » à la « honte ». Nous avons honte d'être nous-mêmes. Comment dans ce cas pourrions-nous réaliser le vieil adage philosophique « deviens toi-même » ? En ayant honte d'être simplement soi, c'est carrément impossible.

Et quand le « nu » implique automatiquement le « sexe » il s'agit forcément d'un sexe malade. Car c'est également un sexe dérangé et obligatoire.

Quand j'ai eu 22 ans j'ai été l'objet d'un véritable complot de ma mère et notre médecin de famille pour que je saute enfin le pas et perde ma « virginité ». Parfaite stupidité : en quoi le fait de ne pas avoir « fait l'amour » est un problème quand on n'en souffre pas ? La chose ne m'intéressait pas, et alors ? Serais-je resté « puceau » jusqu'à aujourd'hui, quarante-et-une années après, en quoi serait-ce un problème ? Et aurais-je perdu « ma virginité » à trente, quarante ou cinquante ans où est le problème ?

Le faux problème ici était de vouloir suivre « la norme » et m'entrainer dedans. Quelle norme ? Vous savez, ces jolies statistiques où on relève l'âge où les jeunes français ont enfin passé à la casserole sexuelle.

Alors, comme j'échappais à la norme, on m'a mis sur le droit chemin. Et avec quel résultat ?

Le résultat est que j'ai rejoins pour quatre dizaines d'années le troupeau de connards hallucinés obsédés par l'objectif de mettre leur engin dans un trou. En fait, l'échange, le partage, la communication, l'écoute de soi-même et de l'autre ne font pas partie de la sexualité « officielle ». Celle-ci est vécue comme une addiction, en tous cas chez les garçons. Addiction conduisant à la recherche forcenée de sa dose d'endomorphines d'origine sexuelle.

Les endomorphines produites par la satisfaction d'arriver à bander, d'arriver à pénétrer, les endomorphines produites par l'éjaculation et la satisfaction du devoir accompli. L'amour et le respect de l'autre passant à l'as au profit de cette quête toxicomaniaque.

Il y a bien des années, j'étais amoureux durant des années d'une demoiselle. Et, obsédé par l'idée de parvenir un jour à lui mettre mon truc dans son machin, chose qui n'est jamais arrivée.

J'échafaudais les plans les plus invraisemblables pour y parvenir. Plans qui restèrent à l'état de rêveries.

Or, tout en désirant de toutes mes forces parvenir à faire « la chose » je m'interrogeais. Comment se fait-il que je suis tant intéressé pour y arriver tandis que je sais également et pertinemment que la fille en question a une sensualité proche de zéro. Et que si l'acte sexuel arrive avec elle il sera certainement très décevant ?

Ce n'est que tout dernièrement que j'ai trouvé la réponse à cette question. Il s'agit-là d'un classique de l'addiction.

J'ai eu l'occasion de connaître une jeune fille gravement alcoolique. Celle-ci a expliqué un jour à une amie commune qui me l'a rapporté, la chose suivante :

La jeune fille alcoolique avait besoin de boire chaque jour un litre de vodka. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle en ressentais absolument le besoin. Et ne prenait aucun plaisir à le boire.

Pour l'acte sexuel que je souhaitais obsessionnellement avec la fille dont j'étais amoureux, c'était pareil. Il ne s'agissait pas de plaisir, recherche du plaisir, mais j'en étais venu à un automatisme. Il fallait y arriver, même si le résultat jouissif envisageable serait nul.

Depuis que j'ai démonté le mécanisme de base du dérangement sexuel qu'on m'avait mis dans la tête à partir de mes 22 ans, je vais beaucoup mieux. Pour démonter ce mécanisme il suffit d'y opposer le fait de ne souhaiter l'acte sexuel qu'en cas de désir authentique et réciproque. Et pas d'un raisonnement d'origine culturel qui vous envoie « droit dans le mur ».

Quand on s'échappe du conditionnement, on appréhende l'autre différemment. Comme on n'attend plus de lui des choses absurdes, la relation devient infiniment plus pleine, satisfaisante, positive.

Il est inutile et superflu de se fatiguer à chercher à réveiller les autres, qui n'ont rien compris. Et surtout ne cherchent pas à comprendre la raison de leurs échecs et déceptions amoureuses à répétitions. Il s'appliquent à faire leur propre malheur. Leurs efforts sont récompensés ! Contentons-nous de ne pas faire comme eux.

Il faut aussi, le plus fréquemment possible, refuser l'erreur que la plupart commettent chaque matin. Rester au naturel est infiniment agréable. Que ce soit pour lire, éplucher des carottes, ou, par exemple, taper ce texte sur l'ordinateur.

Quantité de gens sont nus chez eux, mais bien sûr, ne s'en vantent pas en public. De quoi auraient-ils l'air s'ils en parlaient ? L'intolérance règne ici, comme dans bien d'autres domaines. Il faut se taire si on ne fait pas « comme tout le monde ». Ou, plus exactement, si on ne fait pas comme sont sensés faire tout le monde.

Devoir se taire, devoir s'habiller, peut sembler être somme toutes de bien petites choses. Mais l'accumulation des petites choses qui vont de travers finissent par former une large part du grand fleuve de l'enfer. Fleuve que l'homme fabrique pour lui-même, ses frères, ses sœurs et ses enfants.

Alors, sachons avec patience, précision et persévérance accumuler des petites choses qui vont bien pour construire petit à petit notre Paradis et celui de nos amis.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 septembre 2014