lundi 28 octobre 2013

165 Qu'est-ce que l'« amour » ? Que signifie « faire l'amour » ?

L'univers est régi par la loi du changement, la grande loi qui unit et pulse toutes les choses. Son énergie confère la vie et le mouvement par la pulsation universelle sans origine expliquée. Ce qui fait qu'on peut, si on veut, la nommer la respiration de Dieu. On retrouve partout celle-ci : l'inspiration et l'expiration, la diastole et la systole du mouvement cardiaque. Les pieds qui gonflent durant la journée où on est debout. Et dégonflent la nuit quand on reste allongé. La colonne vertébrale de l'humain qui se tasse durant la journée debout. Et s'élonge la nuit quand on est couché.

Cette loi s'exprime au niveau des astres et de l'espace intergalactique, avec l'éloignement des galaxies les unes par rapport aux autres. Auquel succèdera le phénomène inverse, suivant un cycle inlassable. Ce que les ignorants dogmatiques matérialistes entrainés par le chanoine catholique belge Georges Lemaître ont interprété comme la Genèse sans Dieu, fondement de la religion matérialiste big-banguienne. Où « la matière », concept stupide et obscur, va surgir de « rien », affirmation ânesque, superstitieuse et antiscientifique. Qui est à présent, chez nous en France, la base de la religion officielle des physiciens matérialistes, des imbéciles, des ignorants et des capitalistes.

Cette pulsation universelle se retrouve à l'échelle microscopique avec l'oscillation des atomes et l'ondulation de la lumière.

Même l'atmosphère terrestre tremble et fait scintiller à nos yeux les étoiles.

Partout existe ce mouvement de pulsation universel. Que les Chinois des temps anciens ont symbolisé avec le dessin du tai-chi formé des deux éléments symétriques, dynamiques, opposés et complémentaires des énergies yin et yang. Et qu'ils ont aussi approché avec le concept du Tao. Cours universel des choses qu'on ne saurait expliquer ou dessiner précisément. Mais auquel, en s'y conformant, on s'accorde en trouvant sa plénitude. Qu'on peut aussi appeler le bonheur.

Cette pulsation, cet échange, sous la forme perçue comme donner et recevoir, se retrouve dans l'amour entre les humains, suivant l'exemple du mouvement des atomes et de la course des galaxies.

Pour vivre et exister, il faut donner et recevoir. Si on ne donne pas et on ne reçoit pas, au sens figuré ou littéral on est mort. Si on donne seulement, ou on reçoit seulement, on est mal.

Que signifie « faire l'amour » ? Jadis, cela signifiait : « faire la cour ».

Aujourd'hui ça a pris le sens de baiser.

Je propose de lui donner son vrai sens : développer un échange d'amour.

Qui peut comprendre l'acte sexuel, mais absolument pas forcément.

La caresse, le bisou, l'acte sexuel, autant d'éléments qui n'ont de raisons valables d'exister qu'à condition de s'intégrer à l'échange. Sinon ce ne sont que des perturbations du cours de la vie.

L'évolution des mots français désignant les choses en amour est curieuse. Embrasser signifiait prendre dans ses bras. Et a fini par signifier faire un bisou. Baiser signifiait faire un bisou. Et signifie aujourd'hui copuler. Être amant voulait dire aimer et être aimé. Être amoureux aimer sans être aimé. A présent être amant signifie coucher. Être amoureux : aimer, sans plus de précisions.

Faire l'amour, c'est développer un échange d'amour.

Nous avons de longues discussions où nous nous entendons et passons un bon moment ensemble unetelle et moi, une autre unetelle et moi, untel, unetelle et moi, une société réunie d'environ dix personnes et moi. Eh bien, je dirais qu'ainsi « nous faisons l'amour ». Basta les définitions étroites ! Les caresses, les bisous, l'acte sexuel ? Cela existe. Je n'ai rien contre. A condition que cela soit subordonné au reste. Et si je ne m'en fait pas, les caresses, les bisous, l'acte sexuel viendront forcément aussi un jour.

Notre civilisation a inventé l'étrange concept d'« amour physique ». Qu'est-ce que ça veut dire « physique » ? Parce qu'être assis à une même table, une tasse à café à la main, en discutant avec quelqu'un qu'on aime, ce n'est pas physique ?

Un problème qui perturbe l'amour, c'est quand on donne et ne reçoit pas, ou qu'on reçoit et ne donne pas. Quand le partage n'existe pas, l'amour est malade et se porte mal, est menacé.

J'ai connu un tel amour où je passais mon temps à donner sans recevoir. Mon amie souvent malade me disait : « je ne me lève pas pour toi parce que tu fais partie de mon histoire ». Elle était tout le temps au lit. Elle acceptait mes caresses et refusait de m'en donner sous prétexte que je ne réagissais pas suffisamment. Quand nous recevions des amis, je devenais transparent pour elle. Elle s'occupait des amis et m'ignorait. Croyant bien faire, j'acceptais tout. Je croyais que, pour que notre amour dure et se porte bien, il suffisait que je donne.

Cela prenait souvent la forme de taches ménagères. Quand des amis venaient, après la fête je nettoyais et rangeais tout. Quand mon amie était hospitalisée, je préparais, nettoyais, triais, pliais et lui apportais son linge. Un jour, j'ai passé plusieurs heures à remettre en un état impeccable son congélateur qui était rempli de givre. J'étais heureux de faire toutes ces corvées ménagères pour mon amie. Ce qu'elle ne me donnait pas, d'une certaine façon, je le compensais en lui donnant le double. Mais j'étais complètement dans l'erreur. La relation privée d'un réel échange devenait insupportable, aussi bien pour elle que pour moi. On n'échappe pas aux lois de l'échange amoureux. Une caricature d'amour ne tient pas indéfiniment.

J'abondais dans le mauvais sens. Je couvrais de cadeaux mon amie. Un jour, elle a voulu m'offrir un très beau livre coutant 50 euros. J'aurais du accepter. J'ai refusé, pour épargner son budget à elle. J'aurais du accepter, pas seulement pour moi, à qui ce livre aurait fait plaisir. Mais aussi pour elle, car accepter ce livre c'était l'aider à m'aimer.

Le déséquilibre a fini par être tel que ça a fini comme ça devait finir, par une rupture pénible.

Pour un retour à l'équilibre, ç'a été dur pour moi. Point positif : il semble que mon excès d'amour a eu un bon effet sur mon ex amie. Son moral n'a jamais été aussi bien. Car elle a vu et senti qu'elle pouvait être vraiment aimée. Ce dont elle doutait avant de m'avoir connu et fréquenté.

L'échange est une donnée fondamentale. L'autre jour, je rencontrais un brave militant catholique qui expliquait que lui n'était rien. Qu'il était mauvais, méprisable, bon à jeter. Et que seule la venue de Dieu en lui le rendait bon. Mais c'était Dieu, pas lui, à qui revenait tout le mérite.

Son propos, je n'y souscris pas. La grande loi qui unit s'applique partout. S'il l'interprête comme « la venue de Dieu en lui », à partir du moment où il a Dieu en dedans, il devient lui-même une parcelle de Dieu. On ne sépare pas la lumière du filament chauffé de la lampe, la flamme de la bougie de la mêche de la bougie, la bonté, fut-elle d'origine « divine », de celui qui porte celle-ci.

Faire absolument une telle dichotomie en séparant ce que cet homme appelle Dieu et lui, relève de la logique d'Aristote. Il faut absolument qu'une chose soit ça ou ça. Mais la logique aristotélicienne est juste un outil de la pensée parmi d'autres, avec ses limites et défauts.

Il y a dix jours, vendredi 18 octobre 2013, veille des vacances de la Toussaint, je suis place de la Bastille, puis place de la Nation, pour voir les jeunes lycéens rassemblés là. Ils protestent ainsi contre l'expulsion de la jeune collégienne Leonarda 15 ans et du jeune lycéen Khatchik 19 ans.

Le raisonnement de ces jeunes gens et jeunes filles rassemblés est simple : « ils sont comme nous, Leonarda et Khatchik, alors nous n'acceptons pas leur expulsion ! »

J'ai tenu à aller voir ces jeunes pour me faire une idée sans passer par le filtre déformant des médias.

Cette mobilisation de protestation soulève la question, faut-il choisir la loi ou le cœur, l'application des règlements en vigueur ou l'amour ?

Certains déclarent préférer choisir « la loi ».

Leonarda : « C'est une fausse affaire » a déclaré hier Robert Badinter au journal Le Parisien, « L’État de droit n'est pas l’État de faiblesse. Les lois s'appliquent ».

Donc, selon lui, quand la loi s'applique, il n'y a rien à redire.

Quand en 1957, durant la guerre d'Algérie, Fernand Iveton a été guillotiné pour avoir soutenu l'action du FLN, la loi a été appliquée.

Quand, durant l'Occupation, une avorteuse a été guillotiné à Paris, la loi a été appliquée.

A la même époque, une loi portant sur le statut des Juifs a été adoptée, suivie d'autres mesures légales qui ont conduit des dizaines de milliers de Juifs à la mort, légalement.

Quand, dans certains pays musulmans la Charia est officiellement adoptée et qu'on coupe la main droite aux voleurs et lapide les femmes adultères, la loi s'applique.

Quand, avant 1789, en France, l'usage de la torture était légal, c'était la loi.

Alors, dans tous ces cas, il n'y a rien à redire ? Parce que c'est ou c'était « la loi » ?

La « loi » c'est quoi ? Un mot en trois lettre, une consonne suivie de deux voyelles.

Invoquer « la loi » comme au dessus de tout, c'est faire appel à la pensée magique. Des hommes adoptent une loi. Et ensuite ce serait une entité abstraite : « la loi », qui s'imposerait à tous. En quelque sorte, un chiffon de papier sur lequel sont écrits à l'encre quelques phrases, qui commanderait aux hommes. Chiffon de papier fabriqué par des hommes et portant des mots écrits par eux. Pitoyable absurdité !

La grande loi qui unit est tout. La « loi » des hommes n'est rien quand elle s'oppose à la grande loi qui unit.

Cette prétention à devoir se prosterner devant des chiffons de papier, je l'ai rencontré il y a quelques mois. Un brave jeune homme regrettait les saloperies commises par l'Union européenne, ajoutant qu'on ne pouvait rien faire contre. Parce que « on avait signé un tas de traités européens ». Et alors ? Autant de traités, autant de chiffons de papier s'ils s'opposent à la grande loi qui unit. Les traités qui affament et martyrisent les peuple grec et portugais, et nous bientôt, sont nuls et non avenus parce qu'ils s'opposent à la grande loi qui unit. Les chiffons de papier n'ont pas de pouvoirs, quand bien-même ils portent les mots ronflants de lois, traités, etc. Par rapports à eux, seuls les hommes agissent. Et leurs agissement ne sont respectables que s'ils se conforment à la grande loi qui unit. Sinon, leurs actes sont ignobles et révoltants et doivent être traités et considérés en conséquence.

Il y a quelques années je me suis retrouvé par hasard dans le métro assis en face de Robert Badinter. Il était accompagné par une dame avec laquelle il conversait. Je l'ai bien reconnu. Et ne lui ai pas parlé. Je l'ai un peu regretté par la suite. A présent, après ses propos sur Leonarda que j'ai lu sur le site Internet du journal Le Parisien hier, je ne regrette rien.

On parle des lois des hommes, et aussi des « lois » de la Nature. Elles ne sont pas pareilles.

Une de ces « lois de la Nature » indique qu'au niveau de la mer l'eau bout à 100 degrés et gèle à 0°. Cette loi est immuable. Par exemple, on ne peut pas décider, y compris par référendum, que dorénavant au niveau de la mer l'eau va bouillir à 101° et geler à 5°. Les hommes ne peuvent pas ainsi faire obéir la Nature. Ce qui n'empêche pas certains d'essayer. Quand le savant et docteur français Jacques Benveniste a prouvé par ses travaux l'action de dilutions homéopathiques sur des cultures de tissus, il a été censuré. Au nom de la « science » matérialiste on a vu des petits malins calomnier Benveniste. Selon ces petits malins, l'action des dilutions homéopathiques relèvent de la psychologie, de l'effet placebo. Quand j'avais six mois, une otite double avec 41° de fièvre, j'ai été sauvé par des médicaments homéopathiques prescrits par le docteur Griolé envoyé par le docteur Chavanon. A six mois, je connaissais donc l'effet supposé des médicaments homéopathiques, puisque j'ai réagit à leur administration ! Quel génie je suis !

Les propos de quelqu'un rapprochent ses auditeurs, ou lecteurs, de la grande loi qui unit. Alors, ils sont remarqués par eux comme ceux d'un grand philosophe, un prophète. Il en est ainsi par exemple de Lao Tseu, Siddhārtha Gautama Shākyamuni, Jésus, Deganawida...

Siddhārtha Gautama Shākyamuni que nous appelons le Bouddha en Occident. Deganawida, qui a rédigé l'iroquoise Grande loi qui unit. Qui a servi de base à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Et qui porte le même nom que la grande loi qui unit dont je parle ici.

Quand les propos de quelqu'un ou quelques-uns unissent sur de mauvaises bases et éloignent de la grande loi qui unit, ils peuvent tromper et égarer en étant assimilés à des paroles qui rapprochent de la grande loi qui unit. L'union doit se faire sur des bases justes, sinon elle finit mal et en désunion.

Quand une amie et moi nous sommes rapprochés, l'entourage a applaudit. Et nous a encouragé dans l'erreur de la pratique de l'amourisme : au lieu de nous poser la question de ce que nous voulions, pouvions faire et qui était bien, nous avons voulu suivre le scénario de fonctionnement du « couple » et incarner les rôles correspondants. Le résultat est qu'au bout de quelques années plus rien n'allait. Et la rupture de cette relation faussée est arrivée.

L'autre jour, je participais à la délégation du Comité de défense de l'hôpital Hôtel-Dieu chez Nathalie Kosciusko-Morizet candidate à la mairie de Paris. Elle et son porte-parole, un élu du IVème arrondissement de Paris, nous ont répété que si l'hôpital Hôtel-Dieu ferme comme prévu le 4 novembre 2013, il ne pourra plus être rouvert en avril 2014. Ils m'ont parut favorable de facto à la fermeture, car peu décidés à faire vraiment dans l'immédiat quelque chose d'important contre. Et pourquoi ce précieux hôpital s'il fermait serait impossible à rouvrir ? Le souhaiteraient-ils ? Il pourrait parfaitement rouvrir. Car la seule chose qui ne change pas, c'est la loi du changement : la grande loi qui unit et fait pulser toutes les choses. Tout le reste peut changer. Elle reste immuable.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 octobre 2013

dimanche 27 octobre 2013

164 Lettre ouverte au Ministre de l'Intérieur

Monsieur le Ministre,

Je vous écrit pour vous dénoncer une situation scandaleuse et vous inviter à sévir.

Il y a quelques années, un charpentier au chômage, qui n'était pas Français, avec un petit groupe de marginaux, parcourait les villes et la campagne de son pays en excitant la population contre l'autorité.

Il a, fort heureusement, été mis hors d'état de nuire.

Les autorités l'ont arrêté, emprisonné, jugé, condamné et exécuté.

La loi a donc été appliqué.

Et, comme vous l'avez fort justement rappelé dernièrement, à propos de l'affaire Leonarda, l'essentiel est que la loi soit appliquée.

Or, il se trouve que depuis l'élimination de ce délinquant, un certain nombre d'éléments de la population continuent en paroles et écrits, y compris en France, à se réclamer de ce qu'ils appellent « sa parole » ou « ses enseignements ».

Il faudrait que vous neutralisiez rapidement les disciples de ce voyou.

Je compte sur votre efficacité.

Dernières précisions d'identité : le personnage en question est né dans une étable à Bethléem en l'an zéro de notre ère, son nom est Christ, son prénom Jésus, son père se prénommait Joseph, exerçant la profession de charpentier, et sa mère Marie, sans profession.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma très haute considération.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 octobre 2013

163 Question à Madame Najat Vallaud-Belkacem

Le mercredi 23 octobre dernier, au sortir du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement français, Madame Najat Vallaud-Belkacem, a déclaré à propos de l'affaire Leonarda : « le président n'est pas revenu sur le sujet. Je crois qu'on peut définitivement considérer que l'affaire est derrière nous  ».

Madame Najat Vallaud-Belkacem est « ministre des Droits des femmes ».

Attention ! Pas des Droits des femmes françaises, ou des femmes de France avec papiers et autorisations de séjours si elles sont étrangères, mais ministre des Droits des femmes en général.

Or, il se trouve que Madame Najat Vallaud-Belkacem n'a pas défendu Madame Xhemaili Dibrani et sa fille de 15 ans Leonarda victimes d'une expulsion avec leur famille.

J'en déduis que Madame Xhemaili Dibrani et sa fille Leonarda ne sont pas des femmes.

Comme je suis curieux, j'aimerais bien que Madame Najat Vallaud-Belkacem m'éclaire à leur sujet :

Sont-ce des ectoplasmes, des créatures plasmatiques ou des esprits des bois ?

J'attends et espère une réponse.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 octobre 2013

162 Que se lixe a troika !

Oh que c'est beau ! Et quel aveu !!!

Aujourd'hui, RTL, Libération, Le Monde, Le Parisien, et tout un tas d'autres « médias » français nous rapportent sur leurs sites Internet respectifs, que des milliers de Portugais ont défilé hier samedi contre l'austérité... à l'appel du mouvement « Que la troïka aille se faire voir ! ».

Mais, problème : le nom de ce mouvement est en portugais « Que se lixe a troika ! »

Ce qui ne signifie pas exactement la même chose.

Cela signifie très précisément : « Que la troïka aille se faire foutre ! »

Et pas du tout : « Que la troïka aille se faire voir ! »

Quelle étrange traduction dans nos si objectifs médias français !

Quels égards envers la Banque Centrale Européenne, le Fond Monétaire International et la Commission européenne qui forment la troïka !

Ils témoignent de la part de ces médias qu'ils aiment et respectent la troïka. Plus que ceux qui défilent au Portugal ou ailleurs contre l'austérité produite par la troïka.

C'est une prise de position. Que, personnellement je ne partage nullement.

Que la troïka aille se faire foutre ! Vive le beau, noble et admirable peuple portugais !

Quant à nos « amis » des médias, je leur conseille d'aller étudier le portugais, langue qu'ils ont l'air de ne pas savoir correctement traduire.

Peut-être connaissent-ils mieux l'anglais que le portugais...

Comment traduisent-ils alors : « fuck you, Mister ? »

« Bonjour Monsieur, comment allez-vous ? »

C'est la bonne réponse, vous avez dix sur dix en traduction.

Et si nos médias traitent ainsi l'information sur le Portugal, on peut se douter qu'ils traitent tout aussi « objectivement » le reste de l'information.

Ces médias qui ont annoncé qu'une grande panne nationale avait touché les abonnés de Free ce 22 octobre à partir de 21 heures jusqu'au 23 octobre à 1 heure du matin. J'ai été très intéressé de l'apprendre. Je suis abonné à Free et ai passé toute la soirée du 22 octobre jusqu'à fort tard en consultant des sites Internet. Mais, bien sûr, il y en a qui ne sont pas abonnés chez Free. Ou n'ont pas ouvert leur ordinateur le soir du 22 octobre. Ils pourront se dire à la lecture de nos chers médias peu lusophones : « Bon sang ! Encore une panne ! Ils sont trop nuls, chez Free ! » Donc, Free est de trop. Free qui a tant fait baisser le prix du téléphone mobile et de l'abonnement à Internet !

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 octobre 2013

mardi 22 octobre 2013

161 Amour et déraison d'état, petite chronique de l'Apocalypse...

Notre cher président de la République me fait penser aujourd'hui à un gamin de sept ans qu'on aurait placé aux commandes d'un sous-marin nucléaire au milieu de l'océan. Il se sent débordé par ses responsabilités. Ne sachant trop comment agir, que faire, où se diriger, il s'en remet aux conseils de l'équipage : le commandant en second Manuel Valls, le maître d'équipage Jean-Marc Ayrault, l'officier mécanicien Arnaud Montebourg, l'économe Pierre Moscovici, etc. C'est une belle cacophonie. Et voilà que soudain surgit droit devant une immense mine sous-marine marquée : « mouvement lycéen ». C'est la panique à bord ! Les uns disent de reculer, les autres d'avancer, les troisièmes de ralentir, les quatrièmes d’accélérer. Bref, personne ne sait où il va. La seule chose certaine est que la mine se rapproche, de plus en plus menaçante.

Alors, pour conjurer le danger, on invective la mine : ce sont des feignants irresponsables et manipulés, ces lycéens qui menacent l'état ! Et puis, on se déchaîne contre Leonarda et sa famille. Le père a menti pour donner plus de chances à lui et sa famille de se voir accorder l'asile politique en France. Qu'auriez-vous fait à sa place ? La fille a été effrontée, mal élevée, etc. en répondant à l'allocution de notre cher président. Mais, quels propos auriez-vous tenu à sa place ? Un bon sujet de rédaction pour le baccalauréat.

Si le président avait vraiment souhaité inviter Leonarda à poursuivre seule en France sa scolarité, pourquoi n'a-t-il pas dépêché un diplomate ou deux auprès de sa famille pour négocier l'affaire ? Le problème, c'est qu'en fait son allocution télévisée où il paraissait s'adresser à Leonarda s'adressait à la masse grondante des lycéens en colère.

Un internaute écrivait hier ou avant-hier parlant de la crise lycéenne : « heureusement on n'est pas au printemps. »

Tout le monde pense à mai 1968. La crise a débuté par un événement symbolique : l'occupation de la Sorbonne par la police. Les bagarres qui ont suivi aussitôt au quartier latin amènent la condamnation immédiate à la prison d'une poignée de manifestants étudiants. Les manifestations se poursuivent alors, exigeant de « libérer la Sorbonne » et aussi les emprisonnés. On connait la suite.

Au paroxysme de la crise, quand il y a dix millions de grévistes, le chef de l'état prend la fuite à Baden Baden. Là-bas, un officier supérieur de parachutistes lui remonte le moral. Gonflé à bloc, le chef de l'état retourne en France, rassemble ses partisans, dissout l'assemblée nationale. Et, avec l'aide des syndicats, termine la crise politique et sociale.

A présent, imaginons que le chef de l'état en 1968 n'aurait pas été De Gaulle mais François Hollande... Bon, j'arrête la comparaison. On dira que je fais de la politique. A propos, le 5 novembre prochain, c'est la rentrée des lycées. C'est vrai que nous sommes en hiver. Le 9 novembre c'est le 97ème anniversaire de la Révolution d'Octobre 1917 en Russie. Comment sera-t-il fêté en France ? Le compte à rebours a déjà commencé.

On en est à 18 000 expulsions en 2013 en France. Leonarda et Khatchik sont devenus les symboles du choix entre le pragmatisme étatique et l'amour du prochain. C'est pourquoi ils ont pris tant d'importance. Les lycéens reprendront leur mouvement à la rentrée. Le président, de son côté, ne veut ni avancer, ni reculer. Indécis, il attend que le ciel lui tombe sur la tête. En ce moment, il doit regretter le temps où il était seulement maire de Tulle et président du Conseil général de la Corrèze. Mais l'ambition perd les hommes et égare les peuples. L'amour du pouvoir s'oppose au pouvoir de l'amour. Au nom « du réalisme », on va refuser d'aimer son prochain. Et on est puni en retour.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 octobre 2013

samedi 19 octobre 2013

160 Vous avez aimé mai-juin 1968 ? Vous allez adorer octobre-novembre 2013 !

Suite à l'expulsion vers le Kossovo d'une jeune fille de quinze ans et vers l'Arménie d'un jeune homme de dix-neuf ans, des dizaines de milliers de lycéens et lycéennes ont fait grève et manifesté. Certains les critiquent parce que ce sont des « mineurs ». En France existent un certain nombre de « majorités » légales : d'accès à la contraception, pénale, sexuelle, sexuelle avec une personne ayant autorité, civile. Mais quand accède-t-on à la majorité politique, civique ?

A lire certains commentateurs, les jeunes gens et jeunes filles qui manifestent en France contre les expulsions de Leonarda et Khatchik ne seraient que des gamins boutonneux, irresponsables, feignants et manipulés. Qui saisissent ici le premier prétexte venu pour ne pas aller en classe

Le ton est bien donné par le ministre de l'éducation nationale : « vous êtes pour qu'on puisse étudier, alors : retournez dans vos établissements scolaires ! » Ce ne sont pas les mots exacts, mais le sens y est.

On a l'impression d'entendre parler à des gosses de moins de cinq ans. Ce type de « raisonnement » me rappelle une histoire arrivée à ma sœur. Quand elle avait cinq ans, elle refusait de manger des œufs durs. En revanche elle aimait les oranges. Elle les appelait « pim pim ». Pour lui faire manger des œufs durs, mes parents lui présentèrent un jaune d’œuf dur en lui disant : « pim pim ». Alors, elle le mangea et le trouva bon.

Le ministre considère visiblement qu'il peut ainsi « pim-pimer » les lycéens. « Vous voulez que Leonarda et Khatchik puissent étudier ? Alors, renoncez à vous battre pour Leonarda et Khatchik. Et rentrez dans vos lycées. » Il prend des jeunes qui s'engagent en politique et défilent dans la rue en masses, pour des petits bébés.

On a dit plus d'une fois que les gens n'apprennent rien et l'expérience est vite oubliée. Je le vois bien à la lecture de nombreux commentaires publiés sur Internet contre le mouvement de protestation des lycéens. Ils minimisent le début d'une explosion sociale et politique majeure. Et veulent la réduire à pas grand chose.

J'ai déjà vu exactement ça. Durant les mois de mai et juin 1968, qui virent une grève générale sans précédent de dix millions de grévistes qui fit vaciller l'état. Certains commentateurs disaient au début des événements : « c'est juste l'action de groupuscules », « à peine une dizaine d'enragés ».

En riposte, on vit les étudiants qui défilaient en masses crier entre autres : « nous sommes tous un groupuscule ! Une dizaine d'enragés !! »

Ceux qui cherchent à se convaincre que le début d'un grand incendie social et politique se réduit à peu de choses me font penser aux habitants de Pompéi qui, la veille de la destruction de leur cité, contemplaient l'Etna en furie en se disant : « ce n'est qu'une éruption de plus. Ne nous affolons pas. Restons tranquillement chez nous. »

Aujourd'hui tous les ingrédients pour une crise politique et sociale majeure sont réunis en France : mécontentement général, désaveu massif des responsables politiques en place, absence complète de perspectives politiques et sociales. De plus, nous sommes loin des élections, pas tout près des grandes vacances. Il ne reste au tonneau de poudre social qu'à trouver son détonateur. Il est connu : c'est toujours un mouvement de jeunes, éclatant pour un motif inattendu. En mai 1968, ce fut l'occupation de la Sorbonne par la police. Aujourd'hui, c'est l'expulsion de Leonarda et Khatchik.

Ce mouvement lycéen va se développant. En ne tenant aucun compte des savants calculs électoraux et discours lénifiants d'une partie des politiques.

« Ils n'ont pas de papiers, nous aussi ! Ils ne vont pas en classe, nous aussi ! Ils sont comme nous ! » crient les jeunes descendus dans la rue. Que peuvent y répondre les autorités expulsantes ?

Rien, tout en propageant l'idée que : « ces jeunes qui protestent sont des enfants ». Mais, est-ce que ce sont des enfants... ou de jeunes adultes pas encore pervertis ou apeurés par le système ?

Quelle place a la jeunesse dans la société civile ?

L'Histoire abonde en figures jeunes : Jeanne d'Arc avait 19 ans, Guy Môquet 17 ans, Daniel Féry, jeune apprenti tué le 8 février 1962 au métro Charonne avait 16 ans. Trois des six cadets de Chapultepec, héros mexicains de la guerre américano-mexicaine de 1846-1848 avaient 13 ans.

Pour faire diversion, un faux débat a été ouvert : ce qui serait scandaleux, c'est que Leonarda a été arrêté durant le temps scolaire. Il peut être déduit de ce propos que l'arrêter et l'expulser la nuit, à l'aube ou le soir, avant ou après l'école, ou durant les vacances scolaires est tout à fait correct.

Là où le débat mène en fait c'est à la question de l'humanité. Qu'est-ce qui est acceptable, supportable, en un mot humain ? Ou ne l'est pas ?

Là encore, pour éviter le débat est brandit le respect de « la loi ». Dura lex, sed lex, comme disaient certains Romains de l'Antiquité attachés à la légalité : « la loi est dure, mais c'est la loi ».

Mais, la loi est-elle toujours juste ? Et elle est toujours modifiable.

Si quelqu'un se met hors la loi, il doit être sanctionné. Mais si le hors la loi est ton frère ? Ça devient nettement plus difficile, voire carrément insupportable, d'accepter de lui voir appliquer la loi.

Jésus a dit : « tous les hommes sont frères ». Quand on parle de papiers et expulsions, le terrain commence ici à être glissant pour ceux qui brandissent les principes « légaux » et oublient les sentiments. Car les lycéens et lycéennes qui manifestent ont vu que Leonarda et Khatchik sont leur sœur, leur frère, des jeunes comme eux.

Alors, pour justifier la chasse aux jeunes sans papiers, on fait appel à un autre discours : les parents de Leonarda sont menteurs, feignants, chapardeurs. Khatchik a volé dans un magasin. Mais, si Leonarda avait pour parents Jack l’Éventreur et Cruella d'Enfer, en quoi serait-elle coupable des méfaits commis par eux ? En fait, ces précisions sur ses parents ont un caractère raciste. Elles sous-entendent : tel père, telle mère, telle fille. Comme chacun sait : « qui veut noyer son chien l'accuse de rage ». Là c'est pitoyable, on accuse les parents de rage, sous-entendant que la petite a hérité de ses parents. On pense aux discours collaborationnistes tenus sous l'Occupation à propos des populations victimes de persécutions raciales. Et si Khatchik a piqué quelque chose, est-ce une raison pour l'envoyer pour deux ou trois ans en prison en Arménie comme déserteur ?

Aujourd'hui, c'est le début des vacances scolaires de la Toussaint. Après deux jours de manifestations, les lycéens sont en vacances. Le gouvernement espère que la rentrée sera calme. Avec quelques cars de police devant les lycées, il pense que le calme continuera et sera assuré. Rien n'est moins sûr. A la fin des événements de mai et juin 1968, on se disait dans ma famille : « ce n'est pas possible que le mouvement s'arrête. Ça reprendra en octobre ». Ce mouvement a effectivement repris en octobre, mais pas en octobre 1968 mais 2013. On s'est juste trompé de 45 ans.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 octobre 2013

mercredi 16 octobre 2013

159 Pourquoi tant de misère ?

Dernièrement, en ce mois d'octobre 2013, Jean-Luc Mélenchon s'exclamait : « Y'en a marre ! De l'argent, il y en a ! Il est confiné à certains endroits. Le pays n'a jamais été aussi riche. »
C'est vrai. Et il a raison. C'est ce que montre le Global Wealth Report 2013. Qui est le rapport publié chaque année par le Crédit Suisse évaluant la richesse mondiale. Elle a augmentée de 68% depuis dix ans et atteint aujourd'hui la masse fabuleuse et jamais vue de 241.000 milliards de dollars ! Entre 2012 et 2013, les pays où la masse d'argent a le plus augmenté sont les Etats-Unis, puis la Chine, suivi de l'Allemagne et la France. Dans notre pays la Bourse prospère. Le CAC 40 a gagné 15% en 2012 et 15% depuis le premier janvier 2013. Ce qui fait que les propriétaires d'actions s'enrichissent très largement.
S'agissant de la répartition des richesses, à présent 46% du patrimoine mondial appartient à 1 % des ménages. Tandis que les deux tiers des adultes du monde possèdent juste 3% de la richesse totale de l'Humanité. On trouve 32 millions de millionnaires en dollars, en prenant en compte le patrimoine mobilier comme immobilier. Parmi ces millionnaires, il y en a 2 millions 200 000 en France. Aucun autre pays européen n'en compte autant. Et pendant ce temps-là, il y a dans notre pays 8 millions de pauvres et de nombreux autres millions de miséreux dans le monde.
D'un côté des millionnaires en dollars, de l'autre, des centaines de millions de crève-la-faim. Et la tendance ne fait que s'accentuer. Aujourd'hui, la misère est organisée, voulue, fomentée, ainsi que l'obscène richesse excessive et absurde d'un petit troupeau de coquins. Mais quel intérêt et pourquoi se conduire de la sorte ? Il ne s'agit pas de « besoins », encore moins de « lutte pour la vie » de la part de ces truands en rolls rolls... quelle est la raison de cette débauche financière ?
Elle est d'abord psychologique. Pourquoi chercher à accumuler ainsi ? Le milliardaire américain Henri Ford disait jadis : « si riche que je sois, je ne peux pas manger plus de trois repas par jour ».
Cette richesse inutile et fortement nuisible à la société sert à compenser quelque chose. J'avance une hypothèse : ce n'est pas le goût pervers du pouvoir, ni la peur de mourir qui guide ces grands nuisibles de trop riches. C'est qu'en fait, ils sont des humains tout à fait ordinaires, l'héritage, la chance et le pouvoir en plus. Et comme la plupart des humains ordinaires ils souffrent abominablement des conséquences de l'idéologie amouriste régnante.
Quand un humain cherche et a besoin de l'amour, il se prend lui-même dans le piège sophistiqué de l'idéologie amouriste. Au lieu de se demander de quoi il a envie et s'écouter, il tente de faire coïncider sa quête avec le schéma amouriste traditionnel : « il faut qu'avec cette personne que je crois avoir rencontré ou que je cherche à rencontrer je forme un couple. C'est l'amour. On vit ensemble. On baise et rebaise ensemble. On partage tout. On se marie. On a des enfants. »
Tout ceci plaqué d'office sur une relation existante ou à venir, en ignorant totalement la réalité immédiate, vivante et préhensible de l'amour réel. Amour réel que j'ai baptisé « amourel », pour le différencier de l'amour déformé, dérangé, contrarié par l'amourisme. En amour, chercher à réaliser ce qu'on a envie, ignorer le mythe tueur et vénéneux de l'amourisme, c'est faire de l'amourélisme.
L'amourisme rend pratiquement tout amour impossible et détruit la vie affective. Au malheur on cherche à remédier en compensant avec quelque chose, par exemple : l'argent, le pouvoir. Et ainsi l'Humanité se retrouve affligé par le cancer des trop riches qui affament, déséquilibrent, désolent et détruisent le monde. Il est temps que disparaisse l'amourisme. Et vienne le règne des amourels.
Basile, philosophe naïf, Paris le 16 octobre 2013

dimanche 13 octobre 2013

158 Pour l'amourélisme et contre l'amourisme

Ne cherchez pas le sens des mots « amourisme » ou « amourélisme », ou « amourel ». Ils ne se trouvent ni dans le dictionnaire, ni sur Internet. Car je les ai inventé. Et les définirais ici.

Notre société s'est fait une spécialité des fausses alternatives obligatoires. Par exemple, quand le mur de Berlin est tombé, j'entendais certains commentateurs dirent : « il n'existe qu'une alternative : communisme ou capitalisme. Puisque le premier a fait faillite, il ne reste plus qu'à se résigner au règne du second. » Aujourd'hui, le capitalisme, on en crève. Il n'y a jamais eu autant de richesses et autant de pauvres. Heureusement, l'alternative communisme-capitalisme n'est pas le reflet de la réalité. On peut imaginer d'autres systèmes que l'ultra-libéralisme dévastateur du monde.

Autre exemple : quand on critique l'argent, certains répondent : « en dehors de l'argent, il n'existe que le troc ». Et de démontrer que le troc ne marche pas : « vous fabriquez des allumettes. Un autre élève des éléphants. S'il a besoin d'allumettes, il ne peut pas échanger un éléphant contre une boîte d'allumettes. Donc, nécessairement, il faut l'argent. » Seulement voilà, il existe d'autres choix possible. Cette alternative soi-disant obligatoire ne correspond pas à la réalité. On peut imaginer une monnaie « fondante » interdisant la thésaurisation, un système de cantines publiques supprimant l'achat de nourritures, etc.

On peut citer d'autres fausses alternatives obligatoires : il faudrait soi-disant choisir entre le désastre de la maison de fous du nouvel empire austro-hongrois européen et le chauvinisme débridé, entre le fanatisme religieux et l'athéisme militant, la « fidélité » en « amour » ou la « débauche » et le « libertinage », le « sexe actif » ou la « chasteté », l'amour ou l'amitié, etc. La réalité est plus riche et complexe. Et ne se limite pas à ces alternatives soi-disant « incontournables ».

Il est un domaine ou ce genre d'ultimatums idéologiques a des conséquences particulièrement dévastatrices. C'est celui de l'imaginaire alternative « amour » ou « amitié ».

Quand deux individus se rapprochent, se font des câlins, des bisous, ont envie d'intimité, dormir ensemble... la société, ou plutôt son idéologie dominante, décrète qu'il s'agit de « l'amour ».

Et si deux individus « s'aiment » ils sont sensés ne plus être simples « amis ». Ils doivent à présent : former un « couple », s'accoupler régulièrement, habiter ensemble, partageant tout, se marier, avoir des enfants et les élever. A quoi peuvent s'ajouter d'autres éléments : il faut être jaloux, déclarer son amour à la cantonade, etc. Or, tout ceci est totalement et absolument archi-faux. On ne « doit » rien du tout. Il s'agit ici, en fait, de l'expression d'une idéologie attachée à « l'amour ». Cette idéologie prétend à tous ces devoirs et obligations soi-disant logiques, inévitables, naturels et garants du bonheur. Elle n'a pas de nom. Je la baptiserais donc « amourisme ».

L'amourisme est la cause d'innombrables malheurs, dont des dizaines de milliers de suicides par an, et la solitude, l'incompréhension de la vie et le désespoir pour des centaines de millions d'humains.

Quelle est la démarche correcte à suivre plutôt que l'amourisme ? Elle n'a pas de nom. Je la baptiserais « l'amourélisme ». Elle consiste à se demander simplement et sincèrement, sans faire appel à l'idéologie : « de quoi ai-je envie ? » Puis, reconnaître son envie. Enfin, bien sûr, parvenir si c'est possible et bien à la satisfaire. Et fuir comme la peste les raisonnements intellectuels et l'imitation automatique des autres, qui vous conduisent « droit dans le mur ».

Je prends un exemple : je suis seul dans ma vie, après avoir été largement victime, comme tant d'autres, de l'amourisme.

Je me retrouve dans une fête magnifique, avec une super ambiance, de très nombreux invités dont des dizaines de femmes charmantes. A un moment-donné, j'ai envie de les embrasser toutes. Les prendre chacune dans mes bras pour leur faire un câlin.

Si j'étais encore abruti par l'amourisme, je me dirais : « cette envie est irréelle et en dissimule une autre : je manque d'amour. Et dois trouver la bonne personne avec laquelle m'accoupler, vivre, etc. »

Comme je ne suis plus abusé par cette idéologie désespérante, je me dis simplement : « cette envie de faire des câlins est ô combien naturelle. Mais dans notre société amouriste, elle n'est malheureusement pas satisfaisable. Quand bien-même certaines de ces femmes manquent de câlins, je ne peux pas en échanger avec elles. »

Cette pensée est amourélienne. Je perçois mon envie. La reconnaît. Et ne m'égare pas dans les marécages amouristes.

Il existe un piège amouriste sommaire : celui de l’interprétation mécanique de l'érection et de son équivalent féminin qui n'a pas de nom, qu'on pourrait baptiser « la floraison humide ».

Quand un nouveau né a une érection, personne ne s'aviserait de dire qu'il a besoin de s'accoupler. A l'inverse, si cela arrive chez un adulte, on le pense souvent. Or, en fait, l'érection, ou son équivalent féminin, survient en quantité de situations où le coït n'est nullement à l'ordre du jour.

Le comportement amouriste consiste à se dire : « je bande, donc j'ai envie de baiser. »

Et, pour peu que cela arrive, on détruit plus ou moins vite la relation éventuelle avec la personne partenaire.

Tandis qu'avec une vision amourélienne des choses, on se demande : « de quoi ai-je envie ? » Et, loin d'obéir à son zizi, on réalise que dans la plupart des cas, l'érection n'est pas synonyme de désir d'accouplement. Elle est juste le signe du plaisir ressenti. Et le coït amourélien, lui, ne survient que suite à la présence du désir véritable. Qui est un sentiment très particulier. Et pas un raisonnement imbécile amouriste, qui peut se résumer à : « je bande, faut y aller ! »

Quantité de rapprochements tendres entre individus sont plus ou moins amouréliens. Puis l'amourisme vient très souvent tout gâcher.

Au début, on se promène la main dans la main, on se dit des mots doux, on se fait des bisous. Puis vient le temps des « choses sérieuses ». La fille doit « passer à la casserole ». Le garçon doit bander et « y arriver ». C'est souvent pas terrible. Mais on se dit qu'à la longue « ça va s'améliorer ». Ça ne s'améliore pas. Mais on a pris le pli. On est amants. C'est l'amour. Il faut assumer. D'autant plus que l'entourage applaudit au miracle de « l'amour ». Et la relation se casse la figure plus ou moins vite, rongée par l'amourisme. Qui chasse l'amourélisme. Et prend toute la place.

Et, un beau jour, le couple « modèle » explose, au grand étonnement de l'entourage. Triste scénario qui s'est déroulé des millions de fois. Les amants meurtris et amers se demandant comment ils en sont arrivés là. Au début, c'était si bien. A quoi la « sagesse populaire » répond : « bien sûr, au début, c'est toujours bien. » Et j'ajoute : « car c'est amourélien ». Et après, la pourriture amouriste s'installe. « Vous êtes contre le bonheur ? » me demandera-t-on. Non, c'est l'amourisme qui est contre. Choisir d'être amourélien, c'est choisir d'être authentique et respectueux de la réalité de soi-même et celle des autres. Il est temps de ne plus chercher « l'amour », mais « les amourels ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 octobre 2013

mardi 8 octobre 2013

157 Le mythe dangereux de la « double face »

Une des grandes tragédies humaines actuelles est que nombre de gens croient au mythe dangereux de la « double face ». Une même personne, homme ou femme, pourrait avoir tout à la fois, dans le domaine « sexuel » un comportement dévastateur. C'est-à-dire qu'elle va mentir, tricher, truquer, affabuler, manipuler, frapper moralement voire physiquement. Et par ailleurs être positive : c'est-à-dire bonne, gentille, douce, droite, sincère, généreuse, humaine, etc.

C'est totalement faux. Quand on est dans le domaine sexuel un salaud, un escroc et un profiteur, on est un salaud, un escroc et un profiteur en général. Et qu'on soit homme ou femme n'y change rien à l'affaire. Un sexe n'est pas meilleur que l'autre. Les individus sont responsables de leurs choix.

Cette réalité est à méditer s'agissant en particulier des théoriciens ou militants de causes justes. Si un théoricien ou un militant qui prétend libérer de la servitude le genre humain, est en amour un salaud, ne vous étonnez nullement s'il trahit un jour. Ou bien encore si ses belles théories conduisent à l'inverse des buts positifs proclamés. Quand une personnalité politique trahit consciencieusement en amour, elle trahira forcément en politique. Pour citer un cas sans le nommer : il cocufie la mère de ses deux enfants et la quitte ensuite. Se fait élire avec un tas de promesses et les trahit toutes sauf une. Faut-il s'en étonner ? Non, l'individu est un. S'il trahit la plus chère personne de sa vie, il n'hésitera pas à trahir la masse anonyme de ses électeurs.

Le pire dans cette théorie de la double face : qu'on puisse être salaud en amour et généreux pour le reste, est qu'elle salit les gens bien. En effet, si je m'applique à être quelqu'un de bien, on pourra se dire facilement : « il est bien dans tout un tas de domaines. Mais, bien sûr, en amour, il peut être un salaud comme d'autres, bien comme lui, sauf en amour. »

Cette théorie absurde conforte les salauds. Si vous connaissez un salaud en amour, vous allez vous dire : « il est salaud en amour. Mais les relations que j'entretiens avec lui, c'est autre chose, de l'amitié. Je ne risque rien. Et c'est un ami agréable. »

Jusqu'au jour où l'ami agréable vous fera une crasse. Ou, pire, se servira de vous comme camouflage pour approcher une proie. Il lui fera entendre qu'il est votre ami. Donc qu'il vous ressemble. Et vous servirez à éteindre la méfiance de la proie et favoriser des desseins destructeurs.

D'autant plus que notre belle société condamne le viol commis par la violence. Mais admet tranquillement le même but atteint par le mensonge, l'abus de confiance. Manœuvres qui conduisent facilement les victimes au désespoir, au dégoût de l'amour, des câlins, voire au suicide.

Ce n'est pas parce que le mensonge en amour, à la différence du viol, n'est pas puni par la loi, qu'il ne reste pas un méfait extrêmement grave. Il sape la confiance des victimes dans l'amour en général. Il transforme la société humaine en jungle.

Le mensonge en général, qui est omniprésent dans les combines et pièges des dragueurs profiteurs manipulateurs, est une des pires plaies de la société. Mentir peut être inévitable pour se protéger d'un danger. Mais arroser l'entourage de mensonges est une pratique qui est loin la plupart du temps de ces situations extrêmes. C'est pour beaucoup une habitude. Et, si on fait bien attention, on se rend compte que beaucoup de gens ne savent pas bien mentir. Ils mentent mal. Mais, le résultat est le même : la confiance disparaît. Et le doute s'installe dans la possibilité de relations humaines droites, sincères et généreuses. Sincère, il faut garder confiance en soi et éviter de haïr les menteurs. Ils sont les premières victimes de leurs mensonges. Car ils n'ont autant dire aucune relations avec les autres.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 octobre 2013

dimanche 6 octobre 2013

156 Pourquoi l'épidémie de séparations et divorces ?

Aujourd'hui 40 % des mariages français finissent en divorces. Les unions libres non comptabilisées officiellement et très nombreuses sont réputées se défèrent pour un oui ou pour un non. C'est une véritable épidémie.

Et pourtant le mariage, l'amour a la côte. Comment expliquer ces innombrables séparations ?

Pour le comprendre, il faut revenir un peu en arrière, il y a un demi-siècle environ.

Comment était alors la société française ? D'où venons-nous ?

D'une société dominée par l'église catholique depuis des siècles. Pour celle-ci, traditionnellement, l'acte sexuel c'est « le pêché de chair ». Quand bien-même serait-il réalisé y compris entre partenaires adultes, consentants, de sexe opposés, mariés et en vue d'avoir des enfants et non de rechercher quelque plaisir que ce soit, dans l'obscurité, brièvement et en évitant de se déshabiller.

L'acte sexuel est défini comme sale, bestial, avilissant, ignoble, dangereux, plus masculin que féminin. En revanche, s'abstenir est beau, pudique, pur, propre, chaste. L'absence de rapports sexuels est qualifié élogieusement comme « la virginité ».

A l'homme est accordé la circonstance atténuante de « besoins ». Tandis que la femme qui aime ça est une trainée.

Durant le service militaire obligatoire alors, les jeunes hommes voient leur alimentation additionnée de bromure, censé calmer leurs ardeurs sexuelles. En d'autres circonstances, pour « le repos du guerrier », les militaires en campagne bénéficient de la venue de « BMC » : « Bordels militaires de campagne ». On en voit un dans le film R.A.S. d'Yves Boisset, qui se passe en 1956 durant la guerre d'Algérie.

Très officiellement, l'Eglise annonce que Jésus est « conçu sans pêché », c'est-à-dire sans coït. Et Marie, qui l'enfante est « la Vierge », ou encore « l'Immaculée Conception ».

Les enfants sont sensés être « innocents » et ignorer tout de la sexualité.

Les nombreux viols intrafamiliaux sont niés. Et les livres qui mentionnent ceux-ci précisent qu'ils ne se rencontrent que dans des sociétés lointaines et primitives.

La pornographie reste confinée étroitement. Possèder, produire, vendre des images, photos, textes, films qualifiés de « pornographiques » expose à la honte, l'amende, la saisie, l'interdiction.

Un roman où est décrit l'acte sexuel se fait saisir. Dans les ouvrages d'anatomie pour étudiants en médecine, il arrive que le clitoris soit absent des planches figurant l'appareil génital féminin.

Quantité de personnes ignorent durant toute leur enfance comment se conçoivent les bébés.

La contraception et l'avortement sont interdits. Les femmes qui arrivent à l'hôpital suite à un avortement bricolé qui a mal tourné, sont insultées, humiliées et torturées. C'est-à-dire que « pour leur apprendre la vie » elles sont curées à vif avec le refus du secours de l'anesthésie.

Voilà quelle est la base de la sexualité générale de la société française jusqu'au début des années 1960.

La contraception orale inventée aux États-Unis en 1950 est interdite jusqu'en 1967 en France. Les décrets d'applications de la loi l'autorisant chez nous ne sortent qu'en 1974. Mais sans attendre, autour de 1968 les digues anciennes et vermoulues de la pesante morale traditionnelle se rompent. Déferle alors un ras-de-marée revendicatif de liberté.

L'interdit d'hier, la prohibition de tout, se voit remis en question par l'inverse : la liberté, l'autorisation, l'encouragement de tout ce qui était jusqu'alors interdit.

Une affiche dans le métro à cette époque vantait des réductions de tarifs de transports pour les jeunes. On y voyait un jeune homme et une jeune fille abstraitement dessinés, partant en voyage, chacun portant une valise.

J'ai vu un exemplaire de cette affiche rectifié par une main inconnue. Les deux visages en silhouette avaient été dotés chacun d'un regard et un sourire. Sur la valise du jeune homme avait été inscrit : « capotes ». Sur celle de la jeune fille avait été ajouté : « pilules ». Et un ballon additif attribuait aux deux jeunes gens cette exclamation joyeuse jaillie du cœur : « on va enfin pouvoir vivre ! »

« Enfin pouvoir vivre ! » Tel était le credo de beaucoup dans ces années-là. Que certains baptisèrent « la révolution sexuelle ». Enfin pouvoir vivre paraissait signifier « enfin pouvoir baiser sans limites ni contraintes ». « L'amour libre » promotionné alors signifiant de baiser le plus possible, le plus souvent possible, avec le plus grand nombre de partenaires possible et même éventuellement en groupes.

J'ai eu vingt ans en 1971. Je n'ai jamais pu me faire à ces discours qui se proclamaient « émancipateurs ». Bien qu'abusé par ces propos, je n'arrivais pas à m'y soumettre. Draguer signifiant pour moi résumer la jeune fille à un vagin et moi à un pénis. Cela me paraissait faux. Quand une jeune fille me draguait ouvertement, je ne réagissais pas. Soit que je ne comprenais pas son jeu. Soit plus rarement que je comprenais et refusais d'y entrer. Parce que cela aurait froissé mon authenticité. J'avais aussi mes problèmes psychologiques. Et mon éducation traditionnelle, qui ne se retrouvait pas dans ces situations nouvelles où la fille osait proclamer un désir.

J'ai traversé ces années sans m'impliquer dans les relations ou simili-relations que vivaient les jeunes gens et jeunes filles autour de moi. Les discours encourageant la drague pure et dure, même tenus par des jeunes filles, je n'arrivais pas à y souscrire.

En 1981, une jolie fille grecque m'a choqué en me déclarant que lui mentir pour la draguer était normal. Qu'elle trouvait ça tout à fait normal. Moi, je refusais le mensonge en général. Or, comment draguer sans mentir ?

Quand bien-même je croyais théoriquement que draguer pouvait être bien, je n'arrivais pas à atteindre le cynisme suffisant pour additionner des « conquêtes ». Comme je voyais faire certains dragueurs particulièrement doués pour ce genre de chasse.

Dans les années 1970, ce fut le sommet de cette « libération ». Le sexe devenait une activité ludique au même titre que la pétanque ou la pêche à la ligne, mais plus attractive bien sûr. Les propos en faveur de la liberté totale fleurissaient. En 1977, on vit même publier une pétition signée par des personnes fort illustres revendiquer la liberté d'entretenir des rapports sexuels adultes-enfants. Les petites annonces du journal Libération étaient célèbres pour leur crudité sexuelle.

Et puis ce fut le coup de tonnerre de l'arrivée du SIDA. Qui ne fut d'abord pas pris au sérieux. Coluche déclara un jour que le SIDA « c'est la maladie qu'on attrape dans le journal ». On plaisantait à propos du SIDA. Ou, au pire, on en parlait comme du « cancer gay », réservé aux homos. Et puis ce fut la panique générale. Sexe = mort paraissait la nouvelle équation dominante.

Les années ont passé. La trithérapie est arrivée. Où en est-on à présent en France ?

Question liberté ça s'est un peu calmé. On vante partout le sérieux, le mariage, la fidélité. Et même aujourd'hui des femmes ou des hommes peuvent se marier ensemble !

Mais il y a un nombre invraisemblable de séparations, pourquoi ?

La raison, il faut la chercher dans les années 1960. On n'a pas idée à quel point la société française de l'époque telle que je l'ai connu était barbare et arriérée, s'agissant de la « sexualité ».

C'est bien simple, dans la famille où j'ai grandi, comme dans énormément d'autres, la sexualité était totalement niée. On faisait comme si elle n'existait pas. Et si elle était mentionnée, c'était comme une chose abominable et mystérieuse. La bonne éducation était une « éducastration ».

J'aimais bien enfant les albums de Tintin. Sans réaliser qu'ils ignorent le sexe. Les femmes-même sont absentes, ou moches et caricaturales. La Castafiore, cantatrice, et sa soubrette, Irma, n'ont rien d'attrayantes physiquement. Et Tintin est un eunuque. Il n'a aucune vie sentimentale.

Vers l'âge de douze-treize ans, je ne sortais pratiquement qu'accompagné par ma mère. Et commençais à m'émerveiller au passage de très jeunes filles du même âge que moi. Sans idées autres que les trouver merveilleusement belles, je me retournais systématiquement sur leur passage. Et un jour, j'entendis ma mère déclarer d'un ton dégouté, pensant que je n'entendais pas, et parlant de moi : « il est en chaleur ! » J'en ai été choqué. Et, bien sûr, n'ai rien dit.

Nous habitions en famille un atelier d'artistes avec loggia. Un soir, dans la loggia, je chatouillais les pieds de ma sœur, qui réagissait bruyamment. Soudain surgit ma mère, qui avait monté l'escalier à pas de loup et paru furieuse de surprendre une scène bien innocente. Mais moi, j'ai bien compris qu'elle cherchait à me surprendre chatouillant le sexe de ma sœur. Cette suspicion, cette ruse pour nous surprendre, m'a fortement contrarié. Et je n'en ai, une fois de plus, dit mot à personne.

Quand les grandes personnes évoquaient au passage, sans précisions, des choses sexuelles, enfant, je n'avais droit à aucune précisions si je posais des questions. C'était le plus complet black out. Un jour mon père disait que du temps où elles étaient autorisées, les maisons de tolérance de luxe installaient leurs clients dans un trône, d'où ils regardaient défiler les prostituées au son de musiques. « Mais alors, dis-je, c'était exactement comme au music-hall ! » « Non, me répondit mon père, car elles faisaient des choses. » « Quelles choses ? » Interrogeais-je. « Des choses, des choses !... » fit-il, très ennuyé et sans plus de précisions.

Je lisais un jour un livre sur les traditions folkloriques françaises. Il y était indiqué que les chemises de nuit étaient je ne sais plus dans quelles provinces et il y a longtemps « pourvues d'un trou judicieusement disposé. » Comment ai-je deviné qu'il voisinait le sexe ? Je me le demande. Mais, ce trou, pourquoi faire ? J'interrogeais mon père. Lui lisait le passage du livre. Il éluda la réponse. Ainsi allait la « des-éducation sexuelle »... Et arrivé à un âge où le sexe commence à vous travailler, il fallait voir à quel point la société niait celui-ci.

Dans les années 1960, une photo de notre célèbre sexe symbole Brigitte Bardot la montrait de face, les épaules nues, dépassant de derrière un drap accroché à une corde à linges. On apercevait à peine l'amorce de sa poitrine. Eh bien, cette photo était à l'époque sexuellement terriblement bandante, super excitante. Elle suggérait qu'elle était torse nu ! C'était une vraie bombe atomique sexuelle !

Autre objet sensuel majeur à l'époque : les genoux des filles ! Les jupes les cachaient systématiquement. Quand au début des années 1960 la minijupe est arrivée, découvrant les genoux, ce fut une révolution ! Je me souviens, je devais avoir environ treize ans. Dans le métro, une grande jeune fille s’assoit devant moi, les genoux à l'air. Fasciné, je reste les yeux scotchés sur ses genoux !

En juin 1964, la présentatrice de la télévision française Noële Noblecourt fut licenciée. Le motif officiel invoqué par son employeur fut que : elle avait laissé voir ses genoux à l'écran !

Et le sexe dans tout ça ? Il existait malgré tout. Mais combien peu et caché. A treize ans j'ai connu des voisins, dont Christine, une fillette de cinq ans et Évelyne, une fille de mon âge. J'habitais avec ma famille 28 rue de la Sablière à Paris. L'été, je restais dans la cour. Il m'arrivait de parler avec elles. Elles étaient au 26, dans leur cour, séparées de moi par une grille.

Un jour, je me trouve seul dans la cour avec Christine, de l'autre côté de la grille. Elle prend un air mystérieux et me dit d'approcher de la grille. Approcher encore... et soudain glisse sa main à travers la grille et me touche le bas-ventre ! J'ai pris peur et suis parti en courant. Puis, me retournant, j'ai aperçu Évelyne, qui de sa fenêtre observait la scène. J'en ai conclu qu'elle avait envoyé Christine en service commandé. C'est la première fois que je raconte cette histoire qui n'a eu aucune suite.

C'est seulement quand j'ai eu 22 ans que j'ai pour la première fois pu voir comment était le sexe féminin, en regardant celui de ma première petite amie. Sinon, j'ignorais comment étaient faits les femmes.

La société dans son ensemble était castrée. Quand elle s'est dé-castrée, elle est partie d'un extrême à l'autre.

Pourquoi s'est-elle dé-castrée ? Très certainement parce que les femmes se sont mises en masses à avoir des activités rémunérées et acquérir ainsi leur indépendance matérielle. Leur dépendance des hommes : père, frère, fiancé ou mari, était la clé de voûte du système régissant la sexualité. Cette clé de voûte effondrée, le reste s'est décomposé. La libre contraception y a aussi beaucoup contribué.

Mais, au lieu de chercher l'authenticité, les individus libérés des règles anciennes se sont bornés à chercher à faire le contraire de ce qu'ils se sentaient contraints de faire auparavant.

Le sexe absent est devenu omniprésent. De la chasteté forcée on est passé à la baise tout azimuts. La « génération capote » est arrivée. Comme me le disait un ami, mort récemment : « ce n'est plus les bisous, c'est au lit tout de suite ! »

Et c'est là que la grande erreur a été commise. En croyant arriver à la liberté, on a inventé une nouvelle servitude. On est passé du sexe interdit au sexe obligatoire. Et pour l'épanouissement humain, passé le début du changement, paraissant prometteur, on a inventé une nouvelle servitude.

Quand deux individus se rapprochent, ils se font des câlins, des bisous. Mais, au lieu de suivre leurs désirs, ils transposent la règle du devoir conjugal dans la vie relationnelle câline : il faut absolument, on doit, c'est nécessaire, indispensable, bien et urgent de baiser. Sans pour autant éprouver de véritables désirs. On tue l'authenticité aussi efficacement avec des obligations qu'avec des interdits. Résultat, tout un tas de relations chaleureuses sont progressivement rongées par l'acide d'une sexualité artificielle et mal venue. Et les belles relations succombent, innombrables. Après avoir paru esquisser un avenir prometteur, elles finissent en divorces, séparations. Voilà la vérité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 octobre 2013

155 L'erreur fondamentale

Je feuilletais incidemment un classique de l'érotisme et tombais sur ce passage que je cite de mémoire : « Ses seins s'émurent au contact de la verge longue et dure qui disait le désir de l'homme. » Et ça m'a fait bien rire. Car il s'agit là de l'expression-même d'une erreur fondamentale. Qui est de croire que le désir sexuel et l'érection sont synonymes.

Des multitudes de gens croient que cela est vrai. Et c'est archi-faux, totalement, absolument faux. L'érection du nouveau né ne signifie pas l'envie de coït. Et pour l'homme adulte qu'en est-il ?

Pour qu'il y ait accord sexuel, il faut qu'il y ait désir.

Or, le désir sexuel est un sentiment extrêmement particulier et totalement original : il consiste en un désir précis de pénétrer avec son sexe en érection son ou sa partenaire.

Et la réciproque est vrai : le désir effectif (pas l'idée intellectuelle) d'être pénétré(e).

Or, des dizaines de millions d'ignorants ou imbéciles croient que le désir sexuel se résume à ce que l'acte soit possible.

Si l'homme est en érection cela suffit : il y a désir. Il pénètre et réalise l'acte sexuel. CQFD.

Et, ô stupéfaction ! Bien qu'il ait réalisé parfaitement l'exercice, des jours, semaines, mois, années ou décennies plus tard, la personne qu'il aurait ainsi « satisfaite » en a marre et l'envoie balader!

Quelle est la source de ce mystère ? C'est qu'il a agit en parfait ignorant et total imbécile. Il ne faut chercher à réaliser l'acte sexuel que s'il y a désir effectif et véritable. Et pas se conduire en poupée mécanique singeant l'acte sexuel en croyant le réaliser.

C'est aussi vrai pour le pénétré.

Une femme, qui était également ma petit amie, me disait il y a environ vingt-cinq ans : « faire l'amour, pour une femme, c'est facile, il suffit d'écarter les jambes ! »

Pauvre idiote, il faut aussi éprouver ce sentiment très original et particulier : l'envie d'être pénétré.

L'envie de pénétrer sexuellement, je ne l'ai éprouvé qu'une fois dans ma vie. Pourtant j'ai eu des petites amies avec lesquelles j'ai fait l'andouille et elles aussi, comme « tout le monde ». A présent, c'est terminé. On ne m'y reprendra plus.

Quitte à paraître bizarre aux yeux des autres. A ne pas être compris. Il vaut mieux être authentique et intelligent en minorité que suivre le vaste troupeau abruti des ignorants et des crétins.

Qui m'objecteront que agir bêtement comme eux est agréable.

C'est parfois vrai, mais pas toujours. Et puis, qu'une chose soit agréable ne suffit pas pour justifier de la faire. Trop manger, fumer, se droguer est agréable à certains. Est-ce une raison pour le faire ? Des millions de gens se saoûlent à l'occasion. Je ne bois pas ou presque. Et m'en porte très bien ainsi. C'est mon choix. Et je ne me sens pas malheureux en me comparant à ceux qui cherchent leur joie dans l'alcool. Pour moi, les malheureux, ce sont eux.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 octobre 2013