lundi 3 décembre 2012

19 A propos des « tueurs en série »

Vivant à Paris, j'ai remarqué que ces dernières décennies, dans la presse et les livres il a été significativement question d'un phénomène curieux et faisant peur : les « tueurs en série ».

Ce sont des individus qui, sans motif autre semble-t-il, que le « plaisir » de tuer, tuent le plus grand nombre de gens possible, ou, tout au moins, un certain nombre de personnes.

Ce comportement bizarre, je n'ai vu nulle part chercher à lui donner une explication. Je crois en avoir trouvé une.

Elle m'est venue d'une conversation avec un brave paysan piémontais, très gentil et pacifique, pas du tout spécialement violent et plutôt très bien intentionné envers tous ses semblables.

Un jour, je lui ai posé la question : « est-ce que tu as déjà tué des animaux ? »

Il m'a répondu : « oui, j'ai tué des coqs, des poules, des canards, des lapins, et même, un jour, j'ai tué un veau. »

« Et quelle impression cela t'a-t-il fait ? » lui ai-je demandé.

« Une impression de puissance extraordinaire, » m'a-t-il répondu.

Nous avons là l'explication de la motivation des tueurs en série : ils tuent, car ils ressentent en le faisant, une impression de puissance extraordinaire.

Un aspect de ces inquiétants individus n'a jamais été soulevé à ma connaissance.

Les « grands conquérants » et nombre d'autres chefs d'états font mourir des milliers, centaines de milliers, voire des millions de personnes. Des noms viennent à l'esprit : César, Alexandre le Grand, Gengis Khan, Timur Lang, Hitler, Staline. Sans compter les complices très « civilisés » de ces tueurs, par exemple ceux qui vendaient et entretenaient les machines mécanographiques Hollerith aux Nazis durant la guerre et vivaient aux États-Unis ou étaient basés en Suisse. Ces machines servant notamment à planifier les déportations de Juifs et Tziganes dans les camps de la mort.

Par delà les motifs officiels invoqués ou la « folie meurtrière » sans autres précisions, il existe une explication à ces crimes innombrables. Une fois trouvée, elle paraît évidente, sans être, bien sûr, la seule. Tous ces chefs d'états, ces « grands conquérants » aux mains pleines du sang de leurs semblables assassinés, et beaucoup de leurs complices, sont également des tueurs en série.

Car ils recherchent, eux aussi, à travers leurs crimes, une sensation de « puissance extraordinaire ».

On peut rechercher aussi cette sensation en prétendant posséder le plus d'argent, de pouvoir ou de conquêtes sexuelles possible. Ou en en privant le plus grand nombre de gens considérés comme « concurrents ». Se sentir plus grand que ce qu'on est en habitant une maison trop grande pour soi, confère aussi à certains cette sensation de « puissance extraordinaire ». Cette maison trop grande pour soi porte le nom de « villa », « hôtel particulier », « gentilhommière », « château », « ministère », « palais royal », « impérial », « présidentiel ». Pourquoi chercher ainsi à se sentir doté d'une imaginaire puissance extraordinaire ? Parce qu'on se sent petit et misérable. Tous ces gens dérangés sont des ratés, des malheureux, qui propagent le malheur et la misère autour d'eux.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 novembre 2012

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