lundi 3 décembre 2012

11 Le problème du saccage écologique organisé en France.


Il existe en France un immense problème écologique et environnemental jusqu'à présent pratiquement totalement méconnu de tous les responsables politiques et du grand public : l'anéantissement programmé de la plupart des races domestiques agricoles.

La diversité génétique de la France dans le domaine des animaux de la ferme est exceptionnelle. Par exemple, les immenses troupeaux bovins argentins comptent 4 ou 5 races représentées, contre 47 au milieu des années 1990 en France.

L'imbécilité politique a fait qu'il a été projeté et adopté en 1966 en France une loi-cadre de l'agriculture qui programmait la disparition de la quasi totalité des races domestiques françaises.

Pour prendre l'exemple des bovins : seuls devaient être conservées les Charolais et les Limousins comme races allaitantes (c'est-à-dire : races à viande) et pour le lait, la Prim'Holstein (nom nouveau de la FFPN : Flamande Française Pie Noire) et un peu de Normande...

La résistance à cette politique dévastatrice commence alors.

Les éleveurs savoyards voyaient condamnées les races locales Tarine ou Tarentaise et Abondance. Or, celles-ci, adaptées à leur terroir, ont leur lait attaché à de fameux fromages traditionnels. Les éleveurs savoyards firent barrage à la politique gouvernementale stupide et destructrice et préservèrent leur patrimoine bovin.

Ailleurs, les choses se passèrent très mal : vingt races locales de porcs s'éteignirent.

Dans le domaine caprin, la catastrophe était organisée en haut lieu : de toutes les races de chèvres, seuls devaient subsister la Saanen, pour le lait, l'Alpine chamoisée, pour la viande et l'Angora pour la laine.

Au nombre des races condamnées par les technocrates parisiens se trouvaient la chèvre du Poitou, la chèvre de Provence, la chèvre de Savoie, la chèvre du Massif central, la Chèvre des Fossés...

La Chèvre du Rove, élevée dans la région de Marseille et importée de Grèce dans l'Antiquité, faisait partie du nombre.

Un éleveur passionné, Alain Sadorge, s'est attaché à la sauver. Il y est parvenu. Mais l'épuisement de la lutte, les multiples vexations subies, la liquidation de son troupeau survenue dans des conditions suspectes, eurent raison de sa santé. Il mourut subitement et prématurément en 1990. C'est un martyr de la cause écologique. Son nom doit devenir un jour célèbre, saluons sa mémoire.

D'héroïques techniciens agricoles, que j'ai eu le plaisir de rencontrer, cherchèrent à limiter la catastrophe.

Michel Luquet a sauvé trois races porcines locales. Laurent Avon a payé de sa poche l'achat de vaches de la race de Villars-de-Lans et a pu sauver ainsi la race bovine traditionnelle du Vercors dont il est originaire.

La bataille pour préserver le patrimoine génétique agricole en France a été et reste extrêmement difficile.Un certain nombre de races ont échappé à la destruction. D'autres sont toujours menacées. D'autres ont disparu.

Il y a douze ans, Laurent Avon m'expliquait comment sa lutte au niveau des officiels et médias se traduisaient par du blabla officiel et de « beaux articles » de presse sans lendemain. L'essentiel se jouait sur le terrain et avec les moyens très limités dont disposaient ceux qui agissaient vraiment.

Il cherchait à l'époque à repérer les derniers spécimens de chèvres du Massif Central. J'ai réussi à lui fournir l'information recherchée en écrivant à la gendarmerie de Haute-Loire.

Aujourd'hui le problème à résoudre est le suivant : il existe un potentiel formidable de sympathie pour les races d'animaux de ferme menacées de disparition.

Il n'y a pas de crédits pour agir.

J'ai eu l'idée suivante : une race pourrait être adoptée par une collectivité locale.

Par exemple : un département, une ville, une région.

Ainsi parrainée, la race serait sauvée grâce à l'aide de cette collectivité.

On peut imaginer une ville bretonne parrainant une des trois races bovines bretonnes menacées de disparition. Et pourquoi pas Paris, la ville de France où il y a le plus de Bretons ?

Clermont-Ferrand pourrait adopter le chien, la chèvre du Massif Central, menacés de disparaître.L'idée paraît de prime abord loufoque. En fait, elle est seulement nouvelle et extrêmement raisonnable.

Par ailleurs, ces races menacées pourraient être présentées en parade lors de la seule fête parisienne traditionnelle à caractère agricole : la promenade du Bœuf Gras, le Carnaval de Paris.

Dont la seizième édition est programmée le dimanche 10 février 2013.

Le public parisien adorerait.

Cette journée de Carnaval et fête populaire serait proclamée : Journée de la diversité génétique agricole. D'autres manifestations pourraient voir le jour ailleurs en France, où dans de très nombreuses villes existaient jadis un cortège du Bœuf Gras. Ce serait la rencontre festive et fraternelle entre le monde citadin et le monde agricole.

Enfin, dernier élément : Laurent Avon a imaginé que la Ville de Paris pourrait créer une laiterie parisienne à l'ancienne, favorisant la préservation de la race bovine locale : la Française Flamande Pie Rouge, de race pure et non mélangée à d'autres races proches, chose que fait son UPRA (Union d'éleveurs) depuis quelques années.

Ce problème des races domestiques agricoles en liquidation a de multiples facettes : patrimoniale, génétique, gastronomique, patriotique, et même artistique : quand on regarde une vache de race pyrénéenne dont les effectifs sont des plus réduits et qui a failli disparaître, on voit une très belle et fine vache et pas un de ces monstres bodybuildés à peu goûteuse et très abondante viande qui font la vedette au Salon de l'Agriculture.

Basile, Paris le 30 mai 2012




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire