lundi 3 décembre 2012

25 L'illusion et l'addiction impériales européennes

En 1970, j'étais en vacances en Roumanie. A Bucarest, je connaissais une dame fort sympathique qui tenait le bureau de changes de l'Athénée Palace, un très grand et luxueux hôtel de la ville. Lors d'une de mes visites à son travail, elle m'a laissé feuilleter une grosse liasse de billets de banque de plusieurs pays. Chacun de ceux-ci avait son style. Je me souviens précisément que les billets italiens étaient les plus grands et monochromes et les français les plus colorés. Cette diversité faisait aussi le charme des voyages. Passer d'un pays à un autre, se dépayser, ce plaisir fort et délicat se sentait aussi dans le fait de devoir utiliser des billets et monnaies inhabituels.

Cela faisait partie de l'exotisme du voyage, avec d'autres différences. En 1973, je découvrais en Autriche les billets libellés en shillings, en usage dans ce pays. Sur ceux-ci figuraient des célébrités autrichiennes. Les autocars de liaisons de la région du Salzkammergut, où je campais, étaient de robustes Saurer, dépendant de la poste. Dans la portière avant droite se trouvait une boîte aux lettres. Les facteurs parisiens à l'époque avaient presque tous abandonné l'uniforme, exceptés les anciens. Quel contraste avec leurs collègues autrichiens vêtus d'uniformes rutilants et impeccables ! Autant d'éléments qui, avec la cuisine, par exemple, me rappelaient cette agréable chose : « j'étais en voyage et loin de chez moi découvrais un pays, une terre différente de mon Paris. »

A la fin des années 1980, je commençais à visiter l'Italie. Dès la frontière franchie en train, les pancartes portant le nom des gares changeaient d'apparence : en blanc sur bleu foncé en France, en blanc sur bleu clair en Italie. Une fois encore, les billets de banque locaux, ici en lires, me rappelaient que j'étais ailleurs. Pour changer l'argent il fallait parfois faire la queue, mais finalement c'était bien peu d'efforts. En 1991, près de la cathédrale de Milan j'ai vu deux policiers à cheval. On n'en voyait pas alors à Paris. Et des paninis pour se restaurer à bon marché, le mot n'était alors même pas connu en France. Les paninis sont devenus depuis des produits ordinaires chez nous.

Je me souviens avoir trouvé très dommage qu'à Milan les parcmètres soient exactement identiques à ceux de Paris.

Pourquoi tuer l'originalité ? A présent, en Italie comme en France, les billets de banque sont moches, sans caractères, aussi laids, grisâtres et insipides que la politique européenne. Les vilains euros ont court en Italie et c'est bien dommage. Les noms des villes dans les gares italiennes sont en blanc sur bleu foncé. Une entreprise de gaspillage à l'échelle du pays tout entier a fait disparaître les bons vieux écriteaux en blanc sur bleu clair.

Ce gaspillage n'est sûrement pas perdu pour tout le monde. Le fabricant et poseur de ces pancartes inutilement installées à la place des autres doit s'en frotter les mains.

Mais pourquoi uniformiser les monnaies et bien d'autres choses encore ? La diversité est belle, fait la richesse du monde. L'uniformité, c'est la mort.

Quand j'étais petit, dans les années 1950 et au début des années 1960, les très rares Japonais croisés dans les rues de Paris portaient fréquemment de sobres et caractéristiques kimonos noirs. Aujourd'hui, leurs descendants sont déguisés à l'européenne, l'américaine. C'est bien triste, tout ça.

On nous bassine depuis des lustres avec la soi-disant « identité européenne », le soi-disant « peuple européen », la soi-disant « culture européenne ». De doctes imbéciles grassement payés cherchent à nous faire croire que notre bonheur, notre avenir, réside dans l'union des pays d'Europe. Cette noirâtre imbécillité est encensée par des politiques de bords divers. Soi-disant que pour s'entendre entre voisins, il faudrait abattre le mur de séparation entre la chambre à coucher de l'un et la salle à manger de l'autre. Quelle imbécillité !

On peut très bien vivre en bonne intelligence et en paix avec son voisin tout en conservant son identité et son appartement propre.

De 1871 à 1914, il s'est passé 43 ans où l'Allemagne et la France ont été en paix alors que les palinodies européennes ne nous empoisonnaient pas la vie.

Après, il y eu la guerre, fomentée et organisée par les ancêtres et prédécesseurs de ceux qui claironnent aujourd'hui l'Europe dans nos oreilles. Ils ont vraiment de qui tenir, ces très dangereux incapables ! Et leurs plats douteux ne réussissent pas à nos estomacs !

Cette soi-disant merveilleuse Europe, il n'y a rien de plus urgent que démonter ce jeu de construction dangereux, qui ne profite qu'à quelques-uns et détruit la vie de tous les autres.

Tout le monde voit que ça ne marche pas. Et qu'à l'image de la parabole des aveugles où l'un après l'autre, chacun entraîne la file dans le ravin, chaque pays un par un part à la débandade et fait naufrage socialement et économiquement. La Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Italie, l'Espagne... demain nous et aussi l'Allemagne.

Au Portugal, les manifestants anti-européens qui défendent leur pays contre la misère organisée ont un slogan choc : « Que la troïka aille se faire foutre ! » Dans des journaux français, le slogan a été édulcoré : « Que la troïka aille se faire voir » ont-ils écrits. Pitoyable presse torchon.

Mais, pourquoi les hommes et les femmes ne manquant de rien pour vivre et apparemment sensibles et intelligents qui dirigent un tas de pays persistent-t-ils dans l'erreur européenne ?

Dernière nouvelle lue sur Internet : le ministre de l'économie français veut que soit mis en place un « ministre de l'économie européenne ». Elle se casse la figure... vite, un nouveau ministre !

Là, nous avons l'explication de cet absurde entêtement à « construire l'Europe ». C'est-à-dire détruire l'Europe et les Européens au nom de l'Europe.

Les politiques sont obnubilés par la recherche du pouvoir. Pourquoi ? Parce qu'en se sentant plus qu'eux-mêmes, plus grands, plus forts que leur carcasse de chair et d'os, ils ont l'impression de devenir un chouïa immortel. Alors, ils chient moins dans leur froc en pensant au jour inévitable ou surviendra leur mort.

Et après être devenu ministre d'un seul pays, quoi de plus bandant que devenir ministre de toute l'Europe ! Et plutôt que président d'un pays, président de l'Europe ! L'Europe est pour nos politiciens leur nouvelle drogue dure pour oublier qu'ils vont forcément mourir et pourrir un jour.

Il est temps, plus que temps, de leur retirer ce joujou dangereux : la « construction (destruction) européenne ». Trois reichs ont vécus. Ils ont coûté cher en vies. Et n'ont été d'aucune utilité.

Les hommes et femmes qui en veulent un quatrième ont besoin de retraite, repos, tranquillisants.

Et nous, nous avons absolument besoin que ces hallucinés nous foutent la paix. Et laissent vivre les peuples d'Europe et d'ailleurs qu'ils importunent avec leur addiction au pouvoir « européen ».

Pour la paix et la prospérité des pays englués dedans, dissolvons l'union européenne. Vive la vie !

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 novembre 2012

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