samedi 30 juillet 2016

605 L'amour à la Romaine

Manger peut être un plaisir. On m'a un jour raconté que certains Romains de l'Antiquité avaient poussé cette recherche plus loin que tout ce que nous connaissons aujourd'hui comme plaisir culinaire. Ils buvaient un peu de vinaigre pour s'ouvrir l'appétit. Mangeaient. Puis se faisaient vomir. Reprenaient du vinaigre et recommençaient. Trouverions-nous cette pratique séduisante aujourd'hui ? Je crois bien que non. Pourtant, c'est exactement celle qui se trouve aujourd'hui très largement promue et glorifiée s'agissant de l'activité dite « sexuelle ».

Si on n'a pas faim, s'ouvrir artificiellement l'appétit, par exemple avec de la pornographie. Trouver un ou plusieurs partenaire mâles ou femelles. Les consommer sans liens avec la fonction relationnelle. Rejeter le ou les partenaires : on dira « ne pas s'attacher », ce qui revient au même. À nouveau s'ouvrir artificiellement l'appétit. Consommer un ou plusieurs nouveaux partenaires : on dira « avoir du succès », « faire de nouvelles conquêtes ». Puis recommencer l'opération.

Ce qui est assez étonnant, ce sont les étapes successives de l'envahissement progressif de la société par la pornographie. La pornographie va à contrario du puritanisme machiste obsédé par la condamnation virulente de la sexualité. Et par exemple montre très fréquemment les femmes et jeunes filles prenant des postures cuisses écartées pour montrer leur entre-cuisses. Ces derniers mois, ce genre de postures a gagné la publicité pour la lingerie féminine. Bien sûr, le sexe reste ici caché par l'étoffe de la culotte. Mais la posture « suggestive » est exactement la même que dans la pornographie. Après la lingerie, la mode de ces postures à commencé à s'étendre au grand public.

J'ai observé tout à l'heure dans un square parisien deux jeunes filles qui prenaient « innocemment » les postures correspondantes à celles ci-dessus mentionnées. Elles portaient toutes les deux des mini-shorts. L'une des deux était nettement plus audacieuse que l'autre et finissait par entraîner l'autre. Et son short la moulait judicieusement en telle sorte qu'il soulignait la raie de ses fesses et la fente de son sexe. Ces deux jeunes filles ont passé une bonne heure et demi à converser ensemble tout en prenant ces postures tout à fait par hasard bien entendu. Et absolument indépendamment du fait qu'elles se savaient regardées par au moins deux personnes de sexe opposé.

S'agissait-il d'avances sexuelles délibérées ou d'un simple jeu de séduction ? Le savaient-elles également ? Je n'en sais rien, étant donné que ni moi, ni l'autre homme qui était dans les parages de leur banc, et les apercevait, n'a cherché à en savoir plus.

Certaines jeunes filles d'aujourd'hui paraissent pratiquer la provocation sexuelle directe, imitant en cela des comportements masculins classiques. Ce n'est pas nécessairement la meilleure voie à choisir pour améliorer la qualité des rapports entre hommes et femmes.

J'en parlais à un ami retraité qui a connu depuis cinquante ans l'évolution de la société française dans le domaine sexuel. Il n'y relevait que le positif de la libération des mœurs du poids étouffant des traditions. Comme je lui faisais remarquer que de nos jours quantité de gens sont moralement paumés, il me répliqua que tel était et est le cas à toutes les époques.

Le discours sommaire et consumériste de la pornographie tend à servir à présent d'éducation sexuelle à une très large part de la population. Qui voit dans le sexe un objet de consommation délectable parmi d'autres. Et à consommer dans le même esprit où certains Romains stimulaient leur appétit, mangeaient, vomissaient et recommençaient. Il m'apparaît très difficile de parvenir à exposer un point de vue critique à nombre d'hommes. Il leur semble que la société est passée d'un état monacal à celui d'un immense bordel gratuit où tout ou presque serait possible et acceptable.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 juillet 2016

vendredi 29 juillet 2016

604 Impuissance de la philosophie

Si un génial philosophe parvient à décortiquer en détail et en profondeur l'ensemble des méandres de l'âme humaine et écrit un livre ou rédige un blog où il énonce tout ce qu'il a trouvé, ça ne servira à rien, si ce n'est à sa satisfaction personnelle. Pourquoi ? Parce que son livre, son blog, personne ne le lira. Ou alors on le lira comme une opinion parmi d'autres, tout aussi respectables.

Plus tard, bien plus tard, au moins deux cents ans après, quand les idées de ce philosophe auront triomphé, si cela arrive, on le baptisera « précurseur ».

La plupart des humains ne cherchent pas la vérité, mais la « confirmation » de ce qu'ils croient vrai.

Quand on connait la vérité, les autres : ou bien ça ne sert à rien de chercher à les éclairer, car ils n'entendront pas. Ou, nettement plus rarement, ça ne sert à rien de chercher à les éclairer, car ils savent déjà.

Les plus belles idées ont déjà été toutes exprimées. Ce qui manque le plus, ce sont les convictions.

Plus que les idées, ce sont les gestes concrets de la vie qu'il faut chercher à faire avancer. Le reste suivra.

Les idées ne guident pas le monde, elles sont guidées par le monde.

Un ami m'a dit un jour : la Terre ne nous appartient pas. C'est à elle que nous appartenons.

Tous les discours des humains n'empêcheront pas la Terre de tourner.

Aucun discours des humains n'égale en force l'impact de la rotation de la Terre sur eux.

Le plus bel, ouvrage de philosophie ne sera jamais qu'un paquet de feuilles de papier avec un peu d'encre dessus. Ce n'est pas lui qui peut changer la vie des humains. Seuls les humains peuvent changer l'orientation de leur vie. Encore faut-il pour cela qu'ils repèrent leur situation précise. Sinon leurs efforts se résumeront à une vaine agitation.

L'Histoire des humains et de leurs idées n'est souvent qu'une vaine agitation.

Si vous connaissez la vérité, ne vous étonnez pas de ne pas être entendu. Si l'entourage était capable d'entendre, la vérité serait déjà connue depuis longtemps.

Parfois le silence et l'inaction sont la meilleure façon de faire entendre la vérité.

Connaître la vérité ne signifie pas forcément connaître le bonheur, mais signifie au moins connaître le bonheur de la connaissance.

Il y a plus de vérité dans une pomme que dans beaucoup de livres.

Il faut parfois laisser les idées justes se propager d'elles-mêmes, sans chercher trop à aider leur progression.

Qui a dit que j'avais raison ? Personne, et ce n'est pas un problème.

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 juillet 2016

jeudi 28 juillet 2016

603 Pourquoi les femmes à Paris dans les lieux publics n'osent pas regarder visiblement les hommes inconnus

Je devais avoir environ treize ans. Ça se passait donc vers 1964. Je vivais à Paris. Une idée saugrenue me vint un jour : « et si je regardais dans les yeux les jeunes filles quand je les croise ? » Ce que je fis. Je remarquais alors un phénomène étrange qui me laissa perplexe. Chaque fois que je fixais dans les yeux une jeune fille que je croisais, elle baissait systématiquement les yeux. Exceptée l'une d'elles qui soutint mon regard. Je me souviens très bien où je l'ai croisé : entre les deux squares devant la mairie du quatorzième arrondissement.

Pourtant j'étais bien jeune. Ma mère m'accompagnait. Je n'étais certainement pas si impressionnant que ça.

Neuf ans plus tard, en 1973, j'avais vingt-deux ans. Je marchais dans les rues de Paris. J'avais l'impression que toutes les jeunes filles me regardaient. L'explication était simple. Pour la première fois de ma vie j'avais une copine. Je marchais avec elle et visiblement étais ainsi « neutralisé ». Les filles ne me craignaient donc pas.

Tout dernièrement je faisais remarquer à une sympathique amie que les femmes à Paris n'osent pas regarder visiblement les hommes inconnus dans les lieux publics. Elle m'a répondu : « c'est normal. Si une femme regarde visiblement un homme inconnu, c'est une avance. »

L'explication est là : les hommes sont réputés vouloir tout le temps baiser. Nombre d'entre eux se conformant avec cette idée. D'où la stratégie d'évitement pratiquée par la plupart des femmes. Il existe des exceptions. Certaines filles ne se gênent pas pour visiblement regarder les hommes.

Le dérèglement masculin de l'appétit sexuel pourrit tout et empêche la communication. Et s'il s'agit du toucher, c'est pareil. Si une femme accepte juste d'être effleurée par un inconnu, ça signifie qu'elle accepte de coucher. Il y a bien des années, une jeune femme dont j'avais fait la connaissance dans le métro a accepté de venir chez moi. Quelles étaient ses intentions ? Les connaissait-elle elle-même ? Je ne sais pas. Toujours est-il que cherchant à explorer le domaine relationnel, et alors très ignorant de celui-ci, je lui ai à un moment-donné effleuré volontairement un genou. Elle n'est jamais revenue. Sans le savoir clairement, j'avais exprimé par mon geste une invite sexuelle explicite.

Cette interprétation du toucher perturbe aussi les relations entre hommes. Car en général tous les touchers entre hommes à Paris, à part se serrer la main, sont considérés à priori comme de nature homosexuelle. Ce qui fait que quand un homme apprécie un autre homme et cherche à l'exprimer chaleureusement et tactilement, il en est réduit à lui serrer la main plus longuement que d'habitude. Ce qui dévaste l'ensemble des relations humaines, c'est la croyance dans le fait que pour les humains de sexe mâle la recherche du coït est forcément permanente. Même des hommes paraissant plutôt gentils, respectueux, bien élevés, souscrivent à cette croyance. Celle-ci amène à diviser l'être humain. De même que le sexe est caché par les vêtements, il est sensé participer à une sorte d'autre vie, parallèle à l'habituelle, des fois même contradictoire. Il y aurait la vie publique normale et la vie « sexuelle ». Des comportements jugés déplorables dans la vie publique normale pourraient ainsi être justifiés et honorables dans la vie « sexuelle ». Par exemple, mentir ou frapper quelqu'un, comportements jugés déplorables dans la vie publique normale, deviendraient normal et allant de soi dans la vie « sexuelle ». Cette manière fantaisiste et aberrante de considérer les choses est acceptée par beaucoup de gens. La vie est une. Il n'existe pas une cloison étanche entre la vie publique en général et une vie autre qui serait « sexuelle ». La division des rapports humains imaginée ainsi est invalidante pour le vivre ensemble, qu'il soit ou non proclamé « sexuel ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 juillet 2016

602 Manger quand on n'a pas faim : l'escroquerie pornographique

Le mois d'août arrive : au bord de la mer, des dizaines de milliers de jeunes hommes vont faire des pieds et des mains pour parvenir à mettre leur pénis dans le vagin de centaines de milliers de jeunes filles ou jeunes femmes. Un certain nombre y parviendront. Y compris pour certains par ruses, forces, surprises, en résumé : en violant. Mais le but recherché par tous ces efforts est-il si intéressant et satisfaisant que ça ?

La sagesse populaire française dit : « la plus belle femme ne peut donner que ce qu'elle a. » Le poète Stéphane Mallarmé a écrit : « La chair est triste, hélas ! » Georges Clemenceau est souvent cité pour avoir écrit, parlant des rendez-vous amoureux et sexuels : « le meilleur moment en amour c'est quand on monte l'escalier. »

Pourtant, à entendre le discours dominant, il y aurait, tout au moins pour l'homme, une chose : l'acte sexuel, qui lui assurerait immense plaisir et satisfaction immédiate et automatique. Ce propos relève de la plus parfaite mauvaise foi. Il s'agit d'une escroquerie pure et simple, qui pourrait être baptisée « l'escroquerie pornographique ».

Quand on mange, prend-t-on toujours plaisir ? Et trouve-t-on systématiquement une grande et profonde satisfaction ? Non, bien sûr, alors pourquoi avec le sexe il en serait ainsi ? Parce que l'homme a toujours faim de sexe rétorqueront un tas de gens, surtout si la fille est belle et bien roulée.

Mais la sensation de faim chez le boulimique fait-elle de la prise de nourriture un plaisir ? La satisfaction d'une addiction apporte-t-elle forcément du plaisir ?

La base de l'escroquerie pornographique réside dans l'affirmation que l'intérieur du vagin, de la bouche ou de l'anus seraient des sortes de lieux magiques. Où, quelles que soient les circonstances, l'arrivée du pénis en érection d'un homme et sa décharge de sperme amènerait nécessairement pour lui une jouissance fabuleuse. Cette affirmation est une pure et simple contre-vérité.

Quand il y a désir effectif, réel et réciproque, dispositions physiques et conditions générales adéquates, la satisfaction peut venir pour les partenaires d'un acte sexuel. Sinon, il n'en est rien ou pas grand chose. Et le désintérêt voire la brouille entre les partenaires concernés est à la clé.

La masturbation apparaît pour beaucoup comme une activité qui se pratique forcément manuellement. Ce n'est pas vrai. On peut remplacer la main par tout autre objet dans le même but strictement auto-érotique et mécanique. Et cet objet pourra notamment être un vagin. Il sera dans ce cas parlé « d'acte sexuel », « acte d'amour », etc. Alors qu'il ne s'agira en fait que d'une masturbation masculine pratiqué en se servant d'une femme à la place de la main habituelle. La déception de la femme - mais aussi de l'homme, - en résultera, faut-il s'en étonner ? Bien évidemment non.

L'escroquerie pornographique consiste à payer des humains qui feront devant une caméra comme si de rien n'était et que la masturbation dans une bouche, un anus, un vagin, serait absolument passionnante et satisfaisante. Le plus triste est qu'aujourd'hui des millions de gens consomment régulièrement de la pornographie et finissent par croire que c'est vrai. Notamment en pensant qu'il suffirait que la partenaire soit « très jolie », c'est-à-dire réponde aux critères esthétiques à la mode : petit cul, gros seins, ventre plat, taille fine, bouche pulpeuse, etc. Celles qui ressemblent à ce « modèle », j'en rencontre, seront harcelées en conséquence et pas forcément heureuses pour autant.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 juillet 2016

601 Conséquences diverses de la peur générale

Comme on l'a vu dans les deux précédentes contributions à ce blog (n°599 et n°600), le désaccord sexuel entre l'homme et la femme, produit de la déformation du comportement masculin, est à l'origine d'une peur sourde, diffuse et générale. Celle-ci touchant la grande masse des humains n'est pas identifiée comme telle mais entraîne quantité de comportements paradoxaux, telle que la crainte de la réussite, par exemple.

Le domaine sentimental n'échappera pas à cette peur. Qui pourra être à l'occasion amplifiée et rendre la vie carrément invivable. En voici un exemple :

Un homme vit avec une femme. Pour cet homme, vivre avec cette femme avec le temps est devenu insupportable. La quitter est inconcevable. Il se dit : « je ne peux pas la quitter, ce serait immoral et inhumain, car elle a besoin de moi. » En fait, c'est lui qui a besoin d'elle.

Il devient un boulet pour elle. Car il ne manque pas une occasion de se rassurer lui, en rappelant à elle : « que ferais-tu sans moi, si je n'étais pas là ? » Elle finit par le quitter. Un bref moment il a envie de la tuer. Fort heureusement il résiste à cette envie. Et tombe alors dans un état suicidaire, et une dépression qui va durer plusieurs années.

Que s'est-il passé ? Au départ, l'accord avec cette femme a fait baisser avec elle le niveau de peur habituel de cet homme à l'égard de toutes les femmes. Peur dont il n'a pas la conscience claire de l'existence. Puis, quand la compagnie de cette femme est devenue insupportable, l'homme est resté accroché au souvenir de la baisse de sa peur. Quitter cette femme est devenu pour lui un choix terrifiant. La quitter revenait pratiquement à aller vers la peur. Cette perspective amplifiait la peur. Alors, il n'arrivait pas à se résoudre à faire le choix pourtant logique de s'éloigner et se trouvait des alibis moraux pour refuser de le faire.

Quand sa peur avait baissé vis-à-vis de cette femme il s'était mis à la trouver merveilleuse alors qu'elle était très ordinaire. À avoir l'impression que rien de mal ne pouvait lui arriver tant qu'il était avec elle et partageait sa vie. On appelle cet état « être amoureux ». En fait il s'agit d'un phénomène mettant en jeu l'homme, sa peur et ses endorphines qui l'enchantent et l'abrutissent aussi un peu quand sa peur baisse.

Mais l'idéalisation « amoureuse » n'est pas la seule conséquence possible de la peur diffuse, sourde et générale entre les sexes. Pour y échapper, la « réussite » matérielle peut prendre un caractère caricatural. Ainsi, celui qui disposera déjà de tous les avantages matériels possible pourra chercher à en vouloir « toujours plus ». D'autant que ce « toujours plus » sera associé à l'idée de la séduction irrésistible de l'autre qui fait peur. Des personnes extrêmement riches en voudront toujours plus, avec les conséquences dramatiques que cette ambition malade entraînera sur le plan social. De nos jours ce comportement du « toujours plus » chez les ultra-riches est une des causes majeures, sinon la cause majeure, des problèmes et souffrances de l'Humanité. Les plus riches de ce monde, au lieu de se pavaner, feraient mieux d'avoir honte et se faire soigner. La recherche du pouvoir pour le pouvoir procédera de la même fuite devant la peur diffuse, sourde et générale entre les sexes. Le pouvoir bien souvent n'offre pas d'autres conforts que celui de l'illusion. Mais ceux qui en disposent sont prisonniers de leurs peurs. Le symptôme de la recherche du pouvoir sera souvent associé à d'autres, tels qu'une pratique sexuelle compulsive. Le recours à des dames tarifées, bénévoles ou prises de force est courant dans les hautes sphères du pouvoir et de la politique. Divers scandales viennent de temps à autre nous rappeler cet aspect peu ragoutant des allées du pouvoir. Pouvoir qui n'est rien. Car le plus grand et le plus précieux pouvoir reste celui de se libérer de la peur.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 juillet 2016

mardi 26 juillet 2016

600 La peur de l'originalité, du changement et de la réussite

Comme nous l'avons vu dans le texte précédent, la mésentente homme-femme conduit à la permanence de la peur entre les sexes. Cette peur omniprésente débouche sur une peur sourde générale et diffuse. Elle va se greffer en différents endroits variés. Ainsi elle pourra prendre la forme de la peur de l'originalité. Relevant de cette peur on remarquera le comportement extrêmement répandu dans la jeunesse de rechercher l'uniformisation. Par exemple en s'habillant et se coiffant tous pareils. En utilisant un langage particulier commun. En écoutant tous les mêmes musiques.

Une autre forme que prendra cette peur sourde générale sera la peur du changement quel qu'il soit, y compris en mieux. Je connais l'exemple illustratif suivant : investissant un nouveau logement, un homme passe des mois à le remettre en état. Essentiellement question peinture des murs et du plafond. Quand se libère un autre logement sur le même palier, à peine plus cher, nettement plus grand et confortable. Il est des plus faciles alors de déménager ! Pourtant l'homme s'y refusera. Pourquoi cette décision intellectuellement absurde ? Parce qu'à force de vivre de longs mois dans le premier logement plus petit et moins confortable l'homme s'y est habitué. Le quitter serait alors un changement. Et au changement s'attache la peur sourde générale.

Le même homme ayant commencé à faire de la culture physique se trouvera un moment mal à l'aise en constatant que sa manière de se tenir s'étant amélioré il se tient nettement plus droit. Là encore le changement fait peur. Et il peut faire peur quand il s'agit y compris de réussite.

Combien de parents se désolent de voir leurs enfants mâles « adolescents » tout à fait capable de connaître des bons résultats scolaires, s'obstiner à rester des cancres ? Plus ces enfants seront critiqués, plus ils s'obstineront dans leur manière de faire. Pourquoi ? Parce qu'ils se diront quelque part : « je suis celui qu'on critique ». Et s'ils changeaient en bien, ça n'irait pas. Pourquoi ? Parce qu'il s'agirait d'un changement. Et la peur sourde, générale, diffuse et omniprésente règne et dit : « pas de changements ! Même en mieux. »

Le plus surprenant est quand cette peur vient vous convaincre de ne connaître que des échecs avec le sexe opposé. Un jour, j'ai entendu un homme me dire textuellement : « les filles bien ne sont pas pour moi. Il ne me reste que les autres. » Et quand cet homme par la suite rencontrait des filles plaisantes pour lui, il s'empressait de déclarer : « oui, mais elles ont déjà quelqu'un. » En fait cet homme avait adopté l'idée qu'il faisait partie de « ceux qui ne connaissent que des déceptions avec les filles. » Et il avait une peur panique... du changement. C'est-à-dire d'une amélioration de son sort. Rester fidèle à sa peur lui était plus précieux que rencontrer une belle.

La peur sourde, diffuse et omniprésente va aussi s'opposer à la créativité artistique. Car créer quelque chose d'apparemment nouveau, c'est faire preuve d'originalité, de changement. Les artistes passent beaucoup de temps et fournissent énormément d'efforts pour s'arracher aux limites qu'ils se sont posés. Peignant moi-même j'ai pu constater qu'à une époque je refusais d'employer des couleurs vives. Soi-disant parce que les couleurs rabattues étaient plus jolies. Puis j'ai changé. Ce changement a correspondu à une modification générale de mes conditions de vie. Je refusais aussi depuis toujours d'employer la couleur noir. Soi-disant parce qu'elle faisait « comme un trou » dans le tableau. Puis, un jour j'ai visité une exposition de peintures où le noir était largement et joliment utilisé. J'ai changé encore une fois et accepté d'employer la couleur noir. À chaque fois il s'est agit de me libérer de chaînes invisibles qui limitaient ma liberté d'expression. Ces chaînes étant l'expression de cette peur sourde, générale, diffuse et omniprésente. Que de choses petites ou grandes pour cette raison avons-nous peur d'entreprendre ? Se libérer de cette peur fondamentale est une grande œuvre qu'il appartient à chacun de nous de réaliser !

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juillet 2016

lundi 25 juillet 2016

599 Pourquoi les hommes ont-ils peur des femmes ?

Combien d'hommes préfèrent aux femmes la compagnie de leurs amis hommes voire de leur animal de compagnie qui leur paraît plus rassurant et proche d'eux. La plupart du temps, les hommes ne sont pas à l'aise avec les femmes, affirment « ne pas les comprendre », et, en résumé en ont peur. Quelle explication donner à une telle situation où celles qui devraient être les plus proches des hommes ne le sont pas ?

L'explication de ce trouble se trouve en l'homme lui-même. Une illustration statistique de ce trouble est donnée par le colossal marché de la pornographie. Il témoigne de ce que les mâles humains dès l'âge de 12-13-14 ans pratiquent régulièrement la masturbation. Ce qui détraque leur appétit sexuel. Ils ont tout le temps faim et sont à tout bout de champs motivés artificiellement par la recherche de l'acte sexuel. Il n'existe pas de trouble complémentaire chez la femme/ Ce qui fait que le comportement masculin les dérange et les éloigne. Cette fringale masculine de coïts, cette coïtomanie se révèle donc être une faim inassouvissable. L'éjaculation obtenue par divers moyens mécaniques joue pour la plupart des hommes le rôle d'un flash de drogue. Ils sont drogués. Quand bien-même pour leur masturbation ils remplacent leur main par le vagin d'une femme. Ils pensent à eux. Il ne s'agit pas d'amour, mais d'utilisation de l'anatomie féminine en substitution de leur main habituelle.

Un dragueur frénétique que j'ai connu, et qui obtenait un certain succès dans ses entreprises, m'a dit un jour, il y a quelques années, parlant du désir de coït chez la femme : « de toutes façons, elles ne veulent jamais ! » Mais, s'est-il posé la simple question : « et moi, pour quelle raison ai-je tout le temps envie ? » Bien sûr que non, cette question-là, il ne se l'est pas posé.

Si les femmes selon lui « ne veulent jamais » baiser, ça signifie qu'à chaque fois qu'il est parvenu à ses fins avec une femme, c'est-à-dire au coït, c'était par la pression morale. Quand on pratique systématiquement et durant des années la pression morale de cette façon, on finit facilement un jour par violer. Je connais au moins un cas de personnes à qui c'est arrivé.

La tension engendrée par la revendication masculine coïtale permanente va contrarier l'ensemble des relations entre l'homme et la femme. Ainsi, il en sera du regard. Si je regarde le décolleté d'une jolie Parisienne, il arrive qu'elle s'empresse d'arranger celui-ci pour réduire son échancrure. Mais, en aucun cas elle va m'exprimer verbalement sa gêne. On est confronté là comme à une zone de communications où on doit éviter la rencontre directe.

Il est, bien sûr, en principe interdit de toucher l'autre pratiquement où que ce soit, y compris dans des zones de l'épiderme considérées comme neutres sexuellement. Tout contact même léger et accepté débouchant soi-disant et forcément sur la recherche du coït.

Parler librement devient impossible. Les mots sont piégés. On peut dire à quelqu'un qu'on aime la peinture qu'il a réalisé, le gâteau qu'il a cuit, le livre qu'il a écrit. Mais allez dire à quelqu'un, une femme par exemple, qu'on aime ses jambes, ses seins ou ses fesses ! Ça ne se fait pas, c'est vulgaire. L'homme a le droit de témoigner de sa proximité avec un livre ou un gâteau, pas avec un cul.

Comment d'ailleurs la communication pourrait-elle ici s'exercer ? Sachant le problème du non : si une femme paraît dire « oui » et après dit « non » au coït, il est entendu pour un grand nombre d'hommes que seul le « oui » reste effectif. On peut refuser un café, un gâteau, une promenade, mais un coït non, ça ne se fait pas. Cette aberration intellectuelle est très bien traduite par la phrase stupide et odieuse : « quand elles disent non, en fait c'est toujours oui ». Il suffirait soi-disant d'insister pour arriver au coït dans de bonnes conditions. Quelle belle ânerie et que d'abus à la clé !

Il s'agirait soi-disant d'évidences. Je me souviens d'un fait survenu au début des années 1970. Je connaissais un groupe de quatre ou cinq jeunes hommes tous âgés d'environ dix-sept, dix-neuf ans. A un moment-donné je les ai vu accompagnés par une très jolie jeune fille de seize ans. Elle avait la particularité de s'être fait teindre les cils en violet. Ce qui lui conférait un regard étrange et très beau. Puis je n'ai plus vu cette jeune fille. Elle a disparu de circulation. J'en ai entendu parler par un des jeunes hommes du groupe. Il fut très satisfait de me raconter qu'un jour la jeune fille en question avait consentit à une séance de pelotage nue avec le groupe, à la condition de ne pas faire l'amour. Après quoi, les garçons avaient cachés ses vêtements et n'avaient consentit à les lui rendre qu'à condition quelle accepte de passer sous chacun des garçons. Ce qui fut fait.

C'est seulement en y repensant à présent que j'ai mis une définition à ce fait vieux de bientôt un demi-siècle. Il s'est agit d'une tournante, un viol en réunion. Car quelle que soit la situation souhaitée au départ par cette jeune fille, quand elle a dit ne pas vouloir de coït, sa volonté devait être respectée. Ces soi-disant si belles années soixante-dix ne l'ont pas été pour tout le monde.

Mais la confusion n'est pas que dans la tête des hommes, mais peut aussi l'être dans la tête des femmes, en l'absence de vision claire et analysée de la situation. Au début des années 1990, une dame quadragénaire connait une mémorable après-midi de pelotage avec un ami. Par la suite, celui-ci lui propose de recommencer. Elle prétexte pour refuser qu'elle a un problème d'infection gynécologique. Pour elle, la suite des événements signifiait nécessairement le coït. Comme elle n'en voulait pas, elle a trouvé pour justificatif une infection diplomatique.

Imaginer qu'un homme puisse ne pas suivre l'ornière commune dépasse l'entendement de la plupart des hommes et des femmes. J'ai ainsi raconté un jour à un ami que j'avais en vacances partagé huit nuits de suite le lit d'une jolie fille. Et qu'il ne s'était rien passé entre nous de ce qui est sensé se passer selon beaucoup en pareil cas. Il n'en revenait pas. Mais pourquoi ce ne serait pas possible ? Réponse : en général c'est impossible parce que la plupart des hommes veulent tout le temps obtenir leur flash d'endorphines produit par l'éjaculation masturbatoire.

Comme cette situation générale conduit les jeunes filles dès très jeunes à être sur leurs gardes et craindre l'agression sexuelle, elles vont avoir peur. Or, il faut savoir qu'une des particularités des sentiments humains est qu'ils sont plus ou moins contagieux. Si vous êtes par exemple au milieu de gens tristes, apeurés ou joyeux, sans partager leurs motivations, vous risquez fort de finir par partager leurs sentiments. Et si vous y résistez de contrarier votre entourage.

L'homme ne comprend pas sa situation, n'arrive pas à communiquer avec la femme. Celle-ci a plus ou moins peur en permanence de l'agression sexuelle, même si elle évoque rarement cette peur. Ce qui fait que l'homme va avoir peur lui aussi.

Si, pourtant, à force de travailler individuellement sur lui, l'homme surmontera cette peur, il connaîtra un changement étrange. Et déstabilisera les femmes qu'il rencontrera. Car elles percevront en lui quelque chose d'inhabituel. Peut-être alors un nouveau type d'accord naîtra. C'est le souhait que je formule ici.

Les ressources intérieures en l'homme et en la femme sont extrêmement grandes et rarement sollicitées. L'homme d'aujourd'hui est semblable à un jardin qui n'a pas encore été semé. Et qui n'a pas encore fleuri.

Beaucoup de choses positives sont possible. À condition de commencer par croire qu'elles sont possible. Rien ne s'oppose au bonheur à condition d'aller le chercher où il est.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 juillet 2016

598 Pourquoi la sexualité humaine est-elle suspectée, condamnée, culpabilisée ?

Pourquoi, dans toutes les cultures du monde la sexualité humaine est-elle considérée comme suspecte, et condamnée, culpabilisée ? Et avec elle le plus souvent sont suspectés, condamnés et culpabilisés le toucher et la nudité, en particulier la vue des organes génitaux et de l'érection ? Et tout cela se faisant au nom de la défense de l'enfance ou de concepts abstraits et considérés comme fondamentaux tels que la morale, la pureté...

Aucune activité naturelle autre chez les humains ne subit un sort si redoutable et un tel Niagara d'interdits. L'origine de ce sort est que les humains sentent, mais confusément, qu'il y a quelque chose d'anormal et très malsain dans l'hypersexualisation masculine. Qui est le fruit de la pratique masturbatoire régulière chez les humains mâles adultes. Le désir permanent et inassouvissable qui en résulte relève de la responsabilité des hommes et pas des femmes. Mais le machisme dominant rend la femme responsable en qualité de « tentatrice ». Schéma aussi absurde que d'affirmer qu'un homme riche qui se fait attaquer et dévaliser par un bandit est coupable, car il a tenté celui-ci.

La responsabilité de l'état calamiteux de la sexualité humaine relève de l'homme et pas de la femme, qui en est la plus fréquente victime. La mauvaise foi machiste règne. Elle proclame, par exemple, la femme violée traditionnellement coupable de l'agression qu'elle a subit. « Si elle a été violée, c'est sa faute, elle n'avait qu'à ne pas porter un vêtement qui mettait ses formes en valeur ! » Tel est le propos infect que tient un grand nombre d'imbéciles odieux et complices des agresseurs.

Le délire sexuel masculin qui transforme les hommes en harceleurs sexuels permanents rend impossible la sollicitation « correcte » de l'acte sexuel, la nudité, le toucher, la vue de l'érection, car la règle régnante est la permanence de l'abus. Si une femme accepte d'être touchée par un homme, elle ouvre forcément le chemin de l'intérieur de sa culotte. Alors, le plus souvent, elle « tiendra la distance », y compris si elle a faim de caresses. Car celles-ci seront prises en otages par la sexualité malade des masturbateurs masculins. C'est-à-dire de la quasi-totalité des hommes adultes, qui se masturbent régulièrement, avec la main, ou dans une bouche, un anus, un vagin.

Cette démarche malade conduit y compris certains d'entre eux à s'en prendre à des sujets très jeunes, non nubiles. D'où la condamnation très violente de ce type d'agressions. Dans la Grèce antique, par exemple, les coupables devaient en principe être physiquement éliminés.

La déformation sexuelle des hommes est également à l'origine de comportements violents des plus divers. Pour sortir de cette situation, seuls les hommes peuvent faire le premier pas que les femmes attendent depuis la nuit des temps. Il leur appartient de renoncer à leur position apparemment favorable, dominatrice, privilégiée, qui les abaisse et les prive de communication et entente avec le sexe opposé.

On n'obtient rien sans efforts et renoncements. Quand on souhaite gagner une course de fond, il faut s'entrainer. Et donc le faire au détriment du temps consacré à d'autres occupations. On ne saurait améliorer la condition relationnelle de l'homme avec la femme en prétendant disposer du beurre, de l'argent du beurre et de la crémière. Il faut faire des choix.

L'amélioration est possible à condition de faire preuve d'audace, non conformisme, persévérance et intelligence. Le choix se fait entre la résignation et la volonté d'avancer vers un progrès qui passe par un effort sur soi de compréhension et modification de sa manière d'être. Toutes les fleurs du monde se trouvent dans la prairie de la vie. Pour accéder à elles il suffit de le vouloir. Et s'arracher à la pratique sans issues des générations passées.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 juillet 2016

dimanche 24 juillet 2016

597 L'inflorescence féminine et « la danse de Vénus »

La sexualité est un terrain de luttes de pouvoir pour la domination des représentants d'un sexe par les représentants de l'autre sexe. Ce qu'elle ne devrait pas être. Ce combat se répercute jusque y compris dans la description de la sexualité humaine qui est orientée, arrangée, falsifiée. Le discours officiel présentera la femme comme passive et l'homme comme actif. D'où d'étranges arrangements avec la réalité.

Une jeune femme qui me paraissait très épanouie en amour m'a un jour expliqué que durant l'acte sexuel son vagin s'animait d'une série de contactions réflexes autour du pénis de son partenaire. Par la suite j'ai lu un jour la précision que le serrage de la base du pénis en érection stimulait cette érection. Tous ces éléments attestaient du caractère actif de la femme au cours de l'acte sexuel. Très loin du propos que j'ai entendu un jour venant d'une amie : « pour la femme c'est très simple, il suffit d'écarter les jambes ! Pour l'homme c'est plus difficile, il doit arriver à bander. »

Or, force est de constater que très nombreux sont les propos, livres, articles prétendant décrire la sexualité humaine qui ignorent parfaitement ces contractions réflexes au cours de l'acte sexuel.

Dans un ouvrage de physiologie médicale de William Ganong, traduit de l'américain et publié à Bruxelles en 2005*, j'ai trouvé décrites ces crispations rythmiques précisées comme relevant de la paroi vaginale et des muscles bulbo-caverneux et ischio-caverneux, Ces muscles sont des muscles du périnée.

Pourquoi les prétendus vulgarisateurs et commentateurs de la sexualité humaine marquent si souvent par un silence assourdissant ce phénomène essentiel de la sexualité humaine ? Parce que notre culture avalise la prétendue domination de la sexualité masculine sur la sexualité féminine. L'homme déciderait de tout et jouirait automatiquement lors de l'éjaculation, ce qui est faux. Plus encore : si la femme n'accueille pas favorablement le pénis de son partenaire les contractions rythmiques n'ont pas lieu, et... le coït est raté. Quand bien-même l'homme éjaculerait. Sa « prestation » factice sera nulle et minable en l'absence d'accord avec la femme. On comprend que notre très machiste société souhaite ignorer le phénomène ici décrit par William Ganong.

Mais quel nom donner à ce phénomène de série de contractions rythmiques du vagin au cours de l'acte sexuel ? Je propose de le baptiser : « la danse de Vénus ».

Quand celle-ci n'a pas lieu, au cours de l'acte sexuel l'homme baise dans la guimauve. S'il se croit malin et triomphateur c'est un pauvre imbécile ignorant. Et ils sont ma foi extrêmement nombreux.

Un autre phénomène sexuel chez la femme n'a pas de nom. Il s'agit de l'équivalent mécanique de l'érection. Le sexe de la femme se met en fleur. Cette modification de son vagin tout comme l'érection ne signifie pas nécessairement l'urgence de l'acte sexuel. Je propose de baptiser très simplement la mise en fleur du sexe féminin « l'inflorescence féminine ». Ce qui signifie la floraison de son sexe.

L'inexistence de ce terme jusqu'à présent témoigne aussi de la recherche de la négation du rôle actif de la femme au cours de l'acte sexuel. Quand il est réussi, et pas raté, comme c'est ce qui arrive dans la plupart des cas. Ce qui explique que les femmes préfèrent souvent un bon dîner à la médiocre « nuit d'amour » que lui propose un mâle égocentrique, négligent, grossier, ignorant et stupide. Qui n'a pas encore compris qu'un acte sexuel mal venu est inintéressant, nocif aux bonnes relations. Et conduit au désaccord et à la séparation d'avec la partenaire sexuelle ainsi maltraitée.

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 juillet 2016

*William Ganong Physiologie médicale, chapitre 23, page 412, 1ère colonne, traduction de la 21ème édition américaine par Michel Jobin, De Boeck, Bruxelles 2005.


samedi 23 juillet 2016

596 Toucher le dos d'un chien inconnu ou d'une femme inconnue

Je passais tout à l'heure par une petite place ombragée de Paris presque entièrement garnie des fauteuils et tables des restaurants voisins. Comme il faisait très beau et très chaud l'abondante clientèle était légèrement vêtue. Mon regard fut attiré par le beau dos dénudé d'une jeune femme. Puis, plus loin, je remarquais deux jeunes femmes assises sur un banc qu'accompagnait un très joli chien. Je demandais à ces femmes de quelle race il était : « C'est un staff américain », me répondit l'une des deux. « Il est très gentil », ajouta-t-elle, m'invitant visiblement à venir le caresser.

Ce propos me fit penser à ce que caresser un chien inconnu est des plus facile, à condition qu'il ne morde pas. Mais vous voyez-vous à ma place aller demander poliment à la jeune femme inconnue au beau dos dénudé : « me serait-il autorisé, possible de vous caresser le dos ? » Non, bien sûr, ce serait très mal pris. Il en résulte qu'on est plus proche des chiens inconnus que des femmes inconnues. Étonnons-nous ensuite que notre société se porte si mal !

Allons plus loin : pourquoi prétendre caresser une femme inconnue, ou un homme inconnu, est-ce si peu possible ? Parce que c'est considéré comme « une avance sexuelle ». Pourquoi donc ? Parce que l'homme est réputé avoir « tout le temps envie ». Et, effectivement, il semble que les hommes ont en permanence envie de baiser. Mais, pourquoi ? Certains répondront : « parce que l'homme est fait ainsi. » Réponse rapide et insatisfaisante. Si on disait « l'homme a tout le temps faim » ou « tout le temps soif », on s'empresserait d'identifier un trouble et chercher son explication et le remède. S'agissant de baiser en permanence on fait comme si c'était naturel. En fait, c'est un problème.

Quelle est son origine ? La pratique régulière de la masturbation masculine à partir de l'âge de 12-13-14 ans et ensuite tout le long de la vie est à l'origine de ce dérèglement. Qui va empêcher le plus souvent la nudité partagée - y compris quand il fait très chaud, - ainsi que la plupart des contacts physiques tendres entre hommes et femmes, notamment caresser le dos de la femme précitée.

Cette société qui prétend au sexe en permanence conduit à la solitude et la détresse morale et « physique ». Et à s'occuper mieux des chiens que des humains. Il y a là un problème.

Et quand une femme accepte les caresses d'un homme elle se trouve d'emblée confrontée à son exigence de baiser...

Certains crétins ont même inventé le concept de « préliminaires ». Soi-disant caresser une femme conduirait forcément si tout se passe bien à l'accouplement. Un imbécile que j'écoutais dernièrement parler dans une vidéo expliquait que les caresses amenait « la montée du désir » et finissait par la « submersion dans la jouissance sexuelle » ! Que c'était joliment dit. Sauf que c'est faux. Les caresses ne sont pas sensées conduire forcément à l'acte sexuel. Et celui-ci peut se révéler mal venu et de ce fait parfaitement ennuyeux, insipide et écœurant.

Les idiots qui ont une tête, mais ont oublié de s'en servir, ne s'aperçoivent pas que l'érection, la cowperisation*, et son équivalent féminin ne signifient pas nécessairement l'envie de faire l'amour.

On le voit ici, partant de caresser un chien ou un dos féminin on en vient à poser des problèmes fondamentaux de société. Il y a là un très vaste domaine relationnel entre humains qu'il faut réformer, rendre plus riche et acceptable. Sinon, on en restera toujours à la tristesse, les tranquillisantes et la résignation. La vie, notre vie, nos vies pourraient être infiniment plus belles et agréables avec plus de caresses... Quand viendra le jour où caresser une femme ou un homme inconnu sera aussi bienvenu que caresser un chat ou un chien inconnu ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juillet 2016

*Émission des glandes de Cowper, d'un liquide lubrifiant que certains ont cru intelligent de baptiser « liquide précoïtal », comme si cette émission impliquait nécessairement le coït. Le terme « cowperisation » est de mon invention. La cyprinisation est son équivalent féminin.

595 Les quatre piliers du mariage

Le pilier principal du mariage est représenté par la condition servile traditionnelle de la femme mariée. La servitude féminine - c'est-à-dire la condition d'esclave de la femme mariée, - se résume à la non reconnaissance de son travail domestique, qui n'est pas rémunéré. Et lui est imposé par ses responsabilités maternelles et par le poids de la société avec ses règles relevant du pouvoir machiste de l'ensemble des hommes sur l'ensemble des femmes. Dès à partir du moment où un très grand nombre de femmes se sont indépendantisées matériellement - en travaillant de manière rémunérée à l'extérieur de leur famille, - le nombre de divorces - presque toujours demandés par la femme, - a explosé.

La possession proclamée de la femme par l'homme se retrouve dans le langage courant. Un homme qui s'accouple avec une femme « la prend », « la possède ». S'il l'épouse il lui donne son nom et même son prénom. Traditionnellement, une veuve est d'abord la femme d'un homme décédé avant d'être un être humain indépendant à part entière. On dira « Madame Veuve Untel ».

Jusqu'à l'image de la femme « appartiendra » à son mari. En 1964, quand fut lancé en France la mode du monokini, on interrogeait dans le journal France Soir le mari d'une femme qui allait seins nus sur la plage de Cabourg en Normandie. La question posée était : « Ça ne vous gêne pas que d'autres hommes voient les seins de votre femme ? »

Le second pilier traditionnel du mariage est le consumérisme conjugal. Un mariage est « consommé », c'est-à-dire que l'accouplement y est obligatoire. La non consommation du mariage est un justificatif d'annulation pour l'Église catholique qui ne reconnaît pas le divorce. La loi française précise que les époux se doivent soutien et « fidélité », c'est-à-dire que le cul de l'un des mariés appartient à l'autre et réciproquement.

Le consumérisme conjugal, appelé durant longtemps « devoir conjugal », consiste en ce que la femme doit accepter de vider régulièrement les couilles de son mari avec et dans son vagin. Certes, ça peut se passer bien, exprimer accord et désir. Mais ça peut aussi se passer mal et représenter une double masturbation plus ou moins réussie. Avec à la clé et à la fin insupportabilité et brouille.

Certains parleront alors de la nécessité d'établir un « accord sexuel », « une vie de couple sexuellement épanouie ». Ce sera ici l'occasion pour toute une série d'escrocs et de charlatans à prétentions plus ou moins scientifiques de prétendre arranger contre rémunération les affaires de cul du couple. En fait, quand il n'existe pas de désir réciproque, il n'y a tout simplement pas lieu de prétendre « faire l'amour ». Doit-on à tous prix chercher à manger quand on n'a pas faim ?

Le troisième pilier du mariage est l'amour, qui peut être aussi l'amour des enfants. L'amour, plus ou moins présent ou absent, rend la vie de famille plus ou moins agréable et supportable.

Enfin, le quatrième pilier du mariage ce sont les mensonges et traditions. J'ai assisté à un mariage civil à Paris où le maire annonçait que les mariés étaient à présent « unis par les liens du mariage ». De quels types de liens s'agit-ils ? De quoi sont-ils faits ? De chanvre, laine, acier, coton ? Je ne les ai jamais rencontré. Récemment je suis entré dans une église catholique italienne où se célébrait un mariage religieux. À un moment-donné j'ai entendu le curé déclarer que : « Dieu a inventé le mariage ». Son propos allait dans le sens que le sexe était très mauvais hors mariage et très bon dans le mariage. A mon avis, quel que soit le cadre proclamé, le sexe n'est bon que s'il est authentique. Sinon, il n'a pas lieu d'être. La base de l'accord entre deux individus est l'accord lui-même. Quand il existe il n'a pas besoin de preuves ou attestations. Il est tout simplement là tant qu'il dure.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juillet 2016

vendredi 22 juillet 2016

594 Le désordre humain majeur de la permanentisation du DSM

Le DSM dont il s'agit ici est le Désir Sexuel Masculin. Il est fondamentalement différent du DSF, Désir Sexuel Féminin, qui est également infiniment moins perturbé par la masturbation que le DSM.

La femme est sexuellement très bien et richement dotée. Elle dispose de plusieurs organes rendant la jouissance sexuelle possible. Le clitoris lui permet de jouir jusqu'à dix fois d'affilée et plus. La pénétration vaginale par un pénis ne lui est pas nécessaire pour être satisfaite sexuellement, le clitoris suffit. La pénétration vaginale peut aussi s'effectuer avec satisfaction de la personne pénétrée avec seulement deux ou trois doigts habiles et bien manœuvrés. L'implication d'un pénis en érection s'avérant alors inutile et superflue. Au moins une partie de la gente féminine arrive à jouir par la stimulation buccale des mamelons.

A côté de la femme, comme l'homme paraît et est sexuellement misérable et dérangé ! Il dispose d'un seul organe qui peut lui offrir la jouissance sexuelle. Cet organe, il le connaît peu et très mal. Il croit le plus souvent que son érection signifie l'urgence de l'acte sexuel. C'est totalement faux. L'érection et son phénomène apparenté, l'émission du liquide issu des glandes de Cowper, survient en de multiples occasions. Obsédé par la réussite de son érection, l'homme angoissé finit par bander peu, mal ou pas du tout. Il sera aussi insatisfait par les femmes. C'est un maladroit qui veut voir le sexe résumé à sa queue et sa satisfaction éjaculatoire personnelle.

Je parlais dernièrement avec une jolie jeune fille qui subit au quotidien le harcèlement sexuel des hommes. S'agissant du comportement sexuel perturbé des mâles humains, je lui évoquais le fait que les hommes veulent trop et tout le temps baiser.

Elle me repris. Ce n'est pas qu'ils veulent trop. Le problème posé me souligna-t-elle est qu'ils veulent tout le temps.

Le DSM est permanent. Voilà le problème qui vient perturber la relation homme-femme. Et d'où vient-il ? De ce que dès l'âge de 12-13-14 ans, les humains mâles cultivent la culture de la masturbation. Qu'on pense qu'à raison d'une branlette par jour, un humain mâle qui débute sa litanie masturbatoire se sera, au bout de dix ans, masturbé 3650 fois!

Utilisant l'adjuvant pornographique, le masturbateur au long court va susciter en lui une faim de sexe totalement artificielle et permanente. Qui va lui barrer le plus souvent, du fait de sa grossièreté et de son absence d'authenticité, le chemin du cœur et du cul des femmes. Le DSM permanent sera inassouvissable car ne correspondant pas à la réalité de la sexualité humaine. Une femme n'a pas envie de se faire limer tous les jours !

Ce désordre humain majeur qui en parlera ? Que l'homme se masturbe avec sa main ou remplace celle-ci par une bouche, un anus ou un vagin, il s'agira toujours de masturbation. Ce sujet ne sera que très rarement abordé voire pas du tout.

On préfère quand on parle de sexualité humaine pondre des belles théories de fantaisie ou proclamer des statistiques fantaisistes plutôt que traiter de la réalité.

On voit aussi des femmes croire s'émanciper sexuellement en imitant les erreurs masculines dans le domaine de la sexualité. Elles en reviennent le plus souvent déçues. Il n'appartient pas aux femmes de s'adapter au délire masturbatoire des hommes. Mais aux hommes d'abandonner celui-ci pour retrouver le chemin de la bonne entente avec les femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 juillet 2016

mercredi 20 juillet 2016

593 La source à peine cachée de tous les problèmes de l'Humanité

Vers l'âge de 12-13-14 ans, les garçons découvrent la masturbation masculine adulte ou éjaculatoire, c'est-à-dire avec recherche de l'éjaculation. Cette activité, pratiquée régulièrement, va par la suite les accompagner tout le long de leur vie. Elle consistera à chercher à obtenir l'éjaculation par un moyen mécanique quelconque : frottement avec la main ou un objet qui pourra être notamment un vagin, une bouche, une paire de cuisses, un anus. Le but ne sera pas relationnel mais uniquement auto-jouissif. Le ressenti plus ou moins fort concomitant à l'éjaculation sera pour l'éjaculateur comme un flash de drogue. Le garçon, puis jeune homme puis homme puis vieillard sera un drogué. Le fait que la drogue endorphine soit naturelle et se détruise d'elle-même ne changera pas fondamentalement ici son rôle addictif.

La pratique régulière de la masturbation masculine éjaculatoire, autrement dit adulte, représente une des principales activités humaines dont on ne parle jamais ou guère. Elle a des conséquences extrêmement importantes sur la société humaine toute entière et dans de très nombreux domaines, pas seulement celui qu'on appelle sexuel. Elle est la première activité sexuelle chez les humains. Son adjuvant suggestif, la pornographie, a un chiffre d'affaires colossal qui répercute l'importance mondiale de la masturbation masculine adulte. Rares sont les personnes de sexe masculin qui témoignent ouvertement de leur activité masturbationnelle.

La masturbation masculine adulte va dérégler l'appétit sexuelle des masturbateurs, c'est à dire presque cent pour cent des garçons, jeunes hommes, hommes ou vieillards. Elle suscitera en eux une fringale sexuelle intense artificielle permanente et inassouvissable. Elle les conduira à harceler les personnes ressenties comme d'éventuels efficaces outils éjaculatoires. Les jeunes filles, les femmes de tous âges subiront de ce fait un harcèlement sexuel permanent. On aura l'impression, hélas objective, que pour un très grand nombre de jeunes gens, hommes ou vieillards une jeune fille, une femme, se résumera à un trou éjaculatoire. Le résultat de ce comportement odieux et aberrant sera que les hommes passeront leur temps à courir derrière les femmes. Les femmes s'efforçant de courir plus vite qu'eux. L'immense majorité des adolescentes, jeunes filles ou femmes de tous les âges seront en permanence sur la défensive. Les personnes du sexe opposé à elles étant en revanche en permanence sur l'offensive. L'homme masturbationnel, c'est-à-dire la plupart des hommes, verra dans une femme, surtout s'il la trouve belle, qu'elle est peu ou pas habillée, un objet éjaculatoire. Sa qualité d'être humain sensible sera totalement niée. A la limite, ses qualités d'être humain seront considérées comme une gêne. Ainsi, un beau jeune homme de 22 ans se plaignait à moi dans les années 1980, à propos d'une des filles qu'il avait dragué : « quand on s'est retrouvé au lit, elle a commencé à me raconter les malheurs de sa vie. On n'est pas là pour ça ! » De tels ignobles comportements machistes rendent très difficile et délicat l'établissement de rapports relationnels entre les deux sexes.

Le harcèlement sexuel permanent des jeunes filles et des femmes par les éjaculateurs conduira à de multiples tensions, de l'incertitude, de l'incompréhension réciproque. Et à la recherche de la domination d'un sexe sur l'autre...Certaines femmes ou jeunes filles pratiqueront ou tenteront de pratiquer la castration psychologique de leur partenaire sexuel. Progressivement elles refuseront le rôle de trou éjaculatoire tout en s'assurant le contrôle psychologique de leur compagnon.

La société éprouvera beaucoup de mal pour établir des règles satisfaisantes de comportement sexuel. Tenter de le faire s'avèrera très difficile. Ces règles seront généralement injustes, impossible à définir précisément, excessives, intolérantes et inapplicables.

Communiquer sera simplement rendu très ardu par la toxicomanie éjaculatoire. Une jeune fille « correcte et bien élevée » se retrouvera tiraillée entre les rôles contradictoires de vieille religieuse ou jeune putain. Comment, par exemple, faire comprendre à un homme une envie de caresses qu'elle ne souhaite pas voir liées à l'éjaculation ? Inversement, si elle refuse ouvertement le rôle de trou éjaculatoire, la voilà considérée comme une vieille religieuse inaccessible. Dans ces conditions il est très difficile de parvenir à une relation de caresses entre adultes. Caresser un chat ou un chien ou une vache sera plus facile que caresser un homme ou se faire caresser si on est une femme, sans tomber dans le triste cirque des obsédés de l'éjaculation. Les femmes ne sont pas hostiles au sexe, mais, c'est la moindre des choses, elles exigent d'être respectées. C'est-à-dire ici pas résumée à un trou éjaculatoire, mais considérée comme des êtres humains à part entière.

Toutes sortes d'idées fausses accompagneront le délire éjaculatoire masculin. Ainsi par exemple, croire que l'érection, l'émission des glandes de Cowper, signifient l'envie de baiser, l'urgence de l'acte sexuel. Que la nudité est sexuelle. Alors que la nudité est simplement notre état naturel.

Certaines périodes historiques brilleront par leur incohérence sexuelle accrue, comme celle de l'impasse de la « révolution sexuelle ». Durant celle-ci on vit des personnes de bonne volonté baiser dans tous les sens. Certaines ne s'en sont pas encore psychologiquement remises.

Je me souviens de quelqu'un qui m'a raconté que dans les années 1970, voulant suivre la mode, il avait fait un groupe sexe avec des amis. A cette occasion il avait baisé une amie dont il n'était pas du tout amoureux. Résultat, presque trente ans plus tard, il en paraissait toujours choqué. Et ne comprenait toujours pas ce qui lui était exactement arrivé. Quand on se moque de la Nature elle se venge.

L'impasse masturbationnel de la société fait que la plupart des humains aujourd'hui ne savent même pas ce que c'est que « faire l'amour » au sens large du terme et pas au sens réduit de la pratique de l'acte sexuel. Les hommes drogués d'éjaculation masturbationnelle ne parviennent pas à réussir à aimer les femmes. Les femmes ne rencontrant pas d'hommes sachant les aimer, ont de la peine à croire que de tels hommes puissent exister et ignorent comment ils peuvent être précisément.

Le harcèlement sexuel des femmes produit par la faim sexuelle permanente issue de l'addiction masturbationnelle masculine, conduit aussi à toute une série d'abus, tels que : prostitution, viols, pornographie, etc.

L'abandon individuel de l'addiction masturbationnelle masculine conduit à une libération des relations avec les jeunes filles et les femmes et à la rencontre de comportements féminins sympathiques inattendus et surprenants

Il amène aussi la libération des langues gestuelles, physionomiques, parlées, pensées, et bien d'autres choses encore.

En particulier de cesser les comportements compensatoires de la faim sexuelle permanente et inassouvissable. Qui peuvent consister en la poursuite de chimères telles que la gloire, la richesse, la violence ou le pouvoir.

En tous les cas se libérer passe d'abord et avant tout par un effort à faire sur soi-même, avec réflexion, conviction, intelligence et persévérance.

Changer le monde consiste d'abord à se changer soi-même. Se changer soi-même amène d'autres à changer. Le monde, c'est d'abord nous-mêmes.

On ne cherche pas à l'extérieur de sa maison ce qu'on doit d'abord trouver dans sa maison.

Basile, philosophe naïf, Paris le 20 juillet 2016




dimanche 10 juillet 2016

592 Origine et rôles des mythes sexuels masculins

Dans la société française et parisienne, quand les jeunes hommes atteignent l'âge de 12, 13 ou 14 ans débute leur activité sexuelle quotidienne : la masturbation, qui les accompagnera tout le long de leur vie. Ils pourront la pratiquer y compris à plusieurs, par exemple en regardant une vidéo pornographique. De cette vie sexuelle on ne parlera guère dans les articles et ouvrages prétendument vulgarisateurs. Il faut dire que la masturbation masculine est un sujet tabou. Pratiquement tous les hommes la pratiquent. Très peu s'en vantent ou, simplement, en témoignent. Je n'ai jamais vu de statistiques brandies prétendant évaluer le nombre de fois où les hommes la pratiquent dans la semaine, l'année, la vie.

Avec l'activité en question se répétant jusqu'à vingt fois et plus par semaine, l'accoutumance s'installe. Le plaisir décroit. La prise régulière d'une drogue génère toujours ce type de phénomène. Mais l'imagination est toujours là et cherche des issues pour « ré-enchanter » la sexualité solitaire défaillante. C'est ainsi que vont se mettre à prospérer les mythes sexuels masculins.

Le « Grand Amour » en est un des plus fameux. Remarquons la pauvreté absolu du qualificatif : « Grand Amour ». Et pourquoi pas : « Amour de taille moyenne » ou « Amour de 2 mètres 30 » ? Ce terme ne veut rien dire, ou plutôt il signifie « Très grande illusion ». C'est la femme « idéale ». Mais un être humain peut-il être idéal ? Et qui le définit ainsi ici et selon quels critères ? Ce fantôme indigent va néanmoins réussir à faire rêver. Il ne corresponds à rien de réel, juste à un fantasme.

Le « Grand Amour » pousse le ridicule jusqu'à se définir comme « éternel ». A l'inverse, limité dans le temps apparaît « le bon coup ». C'est une femme qui ne pense à rien, ne veut rien, ne fait rien, excepté penser comme vous voulez qu'elle pense, vouloir ce que vous voulez, faire tout uniquement pour votre satisfaction. Difficile d'inventer un concept plus stupide et détaché de la réalité.

La « fille sérieuse » est un mythe d'origine caricaturale. L'homme qui se branle et court après tout ce qui bouge, un peu par image en négatif de ce qu'il est, imagine une fille qui va joindre le lavage de ses slips à des nuits d'amour torrides. L'égoïsme le plus absolu est reflété par l'attachement à ce mythe.

La « fille qui vous rend heureuse au lit ». Paradoxalement, si elle adore « faire l'amour » c'est uniquement avec vous. Et pourquoi avec vous ? Parce que ça vous arrange, pardi ! Bref, elle est « folle du cul », mais uniquement du vôtre. On ne voit pas pourquoi il devrait séduire plus qu'un autre. Mais, mis à part son aspect caricatural, ce mythe reflète bien la carence à son origine. L'adepte de ce mythe se masturbe depuis des mois, des années, des centaines de fois. Il n'arrive pas à se passer de cette activité. Mais elle le déçoit. Alors, il imagine que le fantôme qui s'agite sur l'écran de son ordinateur quand il regarde un porno, s'extrait de l'écran. Le voilà en chair et en os et il est parfaitement heureux ! Et cette créature est là uniquement pour sa satisfaction personnelle !

On édite des centaines d'ouvrages prétendant vous expliquer votre sexualité en détails. Des multitudes de sites Internet vous promettent monts et merveilles dans le domaine du sexe à condition de suivre leurs conseils « avisés ». Mais je n'ai jamais vu nulle part commencer par relever comment la vie sexuelle se passe en réalité. Et à quels rêves indigents vous poussent l'insatisfaction qui en résulte.

De plus on verra souvent vanter l'existence et le développement des « fantasmes » soi-disant « indispensables » pour « enrichir » notre « vie sexuelle » ! C'est là une prétention aussi ridicule que de prétendre enrichir un maigre repas avec des rêves de restaurants gastronomiques inaccessibles.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juillet 2016

591 L'accoutumance

J'aime les bananes. Quand j'étais petit ma famille connaissait la misère. En 1961-1962 ma mère connaissait des communistes de mon quartier. Un jour, l'un d'entre eux, en visite chez nous, voyant notre misère, a sorti de son portefeuille un billet de 5 nouveaux francs qu'il a offert « pour les enfants ». Avec ce billet, ma mère m'a acheté deux kilos de bananes... Je les ai toutes mangées, c'était la fête !

Bien plus tard, j'avais un peu d'argent. Alors, j'ai acheté des bananes tous les jours... et au bout d'une semaine environ, je n'avais plus envie d'en manger.

Ce phénomène d'accoutumance existe en tout et explique bien des choses. Les hommes draguent. Un certain nombre d'entre eux le font « avec succès ». Et plus ils ont de succès, moins ça les intéresse. Alors, ils rêvent de la créature unique et merveilleuse qui leur apportera ce que jadis leur a apporté quelqu'un.

Je connaissais ainsi un dragueur. Il n'était jamais satisfait de ses « conquêtes ». Passait d'une à l'autre, convoitait une troisième, y « arrivait » ou pas.

Ce phénomène d'accoutumance est lié aux endorphines. Les endorphines sont des drogues. Et comme toutes les drogues, leur consommation génèrent une accoutumance. Leur effet s'émousse. Il faut alors augmenter les doses... mais ça ne marche pas, le charme est cassé.

Alors, on se cherche une nouvelle drogue. C'est ainsi que les hommes, qui passent le temps à se masturber en fantasmant sur des sites Internet pornographiques ressentent de moins en moins de plaisir. Tout en n'arrivant pas à s'en passer. Alors ils vont chercher la « créature de rêve ». Celle qui ressemble à la poupée Barbie qui fait la couverture des magazines.

Le résultat est qu'au nombre des femmes, celles qui ressemblent à cette poupée Barbie est particulièrement embêtée. J'en ai connu une. Elle n'avait rien de particulier excepté son physique. Il fallait voir comment des hommes ne voyait que lui. Et ignorait la femme.

L'accoutumance au sexe conduit à chercher des compensations ailleurs, par exemple dans le luxe, l'accumulation de richesses matérielles... Las ! Là également l'accoutumance et l'ennui s'installe. On n'est jamais satisfait, il faut changer de mode de vie si on veut se sentir bien.

La vie n'est pas une drogue qu'on doit chercher à consommer. Ce n'est pas une addition de « plaisirs ». La vie est la vie, c'est plus complexe que ça.

Passer son temps à en vouloir plus. Une assistante sociale m'a raconté qu'un jour une dame qui sollicitait une aide financière justifiait sa démarche par ces mots : « on n'en a jamais assez ».

Accumuler ! Accumuler ! Pourtant, on n'a jamais vu un coffre-fort suivre un enterrement...

Et si, au lieu de courir derrière toutes les filles « appétissantes » de leur entourage, les « dragueurs professionnels » cherchaient à faire quelque chose de plus intéressant ? La recherche aveugle du maximum de « plaisirs » possible fait penser à un alcoolique qui cherche à se saouler. Le but de la vie est-ce que c'est être ivre ? Ça ne dure qu'un temps, on est malade après et au final est-ce si intéressant que ça ? Je connais une fille qui fume. Elle m'a déclaré : « je n'ai pas envie d'arrêter, car ça me fait plaisir de fumer. » Elle est cohérente avec la sphère de son incohérence.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juillet 2016

590 À quoi sert la pudeur ?

À quoi sert la pudeur ? Dans une société où le mâle domine, où la femme est dominée, harcelée; ennuyée en permanence par des sollicitations insistantes et mal venues, la pudeur sert à empêcher le débat. Interdire de questionner... et remettre en cause le pouvoir abusif du mâle dominant. La chose est très claire quand on considère le viol. La plupart des victimes sont des femmes, qui peuvent être de tous les âges, tous les milieux. Que doit faire une femme quand elle a été violée ? Réponse : se taire... Pourquoi ? Mais par « pudeur » voyons ! On voit à qui ce discours profite : à l'agresseur. Et si la femme dénonce malgré tout ce qui lui est arrivé ? Eh bien, c'est simple : « elle est coupable ». Pourquoi ? « Parce qu'elle a provoqué ». Donc, si on me vole mon portefeuille, je suis coupable, car à ma vue le voleur a été tenté. Belle logique ! Dans le domaine baptisé « sexuel » elle règne. Et, au nom de la « pudeur », la femme est systématiquement tenue responsable de tout ce que peut lui faire l'homme et qu'elle n'a pas demandé. L'homme c'est, selon cette « culture » régnante, le mâle dominant. Il domine un peu comme jadis le blanc propriétaire d'esclaves dominait les esclaves noirs travaillant dans ses plantations. Gare aux fortes têtes, on saura les réprimer !

La « pudeur » c'est « la loi du silence » au bénéfice de l'homme agresseur de la femme et pas seulement. J'ai lu de tristes récits où dans des zones dites évoluées et civilisées de notre société des violeurs s'en prenant à de très jeunes victimes bénéficiaient du silence général de leur entourage.

Le bâillon est subtil. J'en porte témoignage. Un jour, une jeune femme de ma connaissance me paraît bouleversée. Elle me raconte que son père l'a invitée à faire avec lui un beau voyage... et puis, rien de précis, mais celle qui me parle s'exclame : « je n'ai plus de père ! » Il m'a parut évident surtout avec le lieu choisi du voyage, Venise, destination mythique pour des voyages d'amoureux, que le père en question avait tenté de violer sa fille... Eh bien, ai-je dit quelque chose ? Non, rien... par « pudeur ». Au lieu de soutenir le moral de la jeune femme, je suis resté silencieux.

Ce problème m'a trotté dans la tête. C'était il y a des dizaines d'années. Bien après cette conversation, j'avais perdu de vue la jeune femme en question. Je me disais « il faut que je la retrouve, lui explique ce que j'ai compris à l'époque, que je regrette n'avoir rien dit alors. » Je retrouve la jeune femme en question. Passe un après-midi entier avec elle et... ne lui ai rien dit de ce que j'avais pensé lui dire. Pourquoi ? Encore « par pudeur », je suis resté muet.

Un jour, une amie me convie à venir la voir dans un café. Là, elle me révèle qu'elle a été dominée, battue et violée régulièrement durant dix ans par son père, mort depuis. Qu'elle vient enfin de parvenir à révéler cette histoire à un thérapeute et m'en fait part à présent. Je l'ai écouté. Elle m'a dit qu'ensuite je ne voudrais plus la voir après ces révélations. Je l'ai assuré que non. J'ai continué à la fréquenter durant des années. Mais, lui ai-je dit un mot de réconfort ? L'ai-je pris dans mes bras pour la consoler ? NON. Je n'ai rien fait de tel, pourquoi ? Encore par « pudeur »... Il est classique de dire des mots de réconfort à une personne qui vit un deuil, mais à une femme victime de viols, il arrive qu'on ne dise rien ou pas grand chose. En tous cas c'est ce qui m'est arrivé.

Il faut démonter et mettre à nu ce système perfide et vicieux qui « au nom du respect » couvre les méfaits de criminels abuseurs. Le viol est un crime à dénoncer et les victimes sont à réconforter. Si « la pudeur » s'y oppose, elle doit être dénoncée. Ce concept bizarre est conçu pour assurer l'impunité des coupables, le sentiment de culpabilité des victimes et le silence de l'entourage.

Le jour où la « pudeur » règnera moins, la jeune femme qui se fait coller par un abruti dans le métro bondé, se retournera et engueulera son ennuyeur, voire lui en collera une... et la rame applaudira.

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juillet 2016

samedi 9 juillet 2016

589 Comment j'ai arrêté la masturbation et la pornographie

Je venais d'avoir soixante-cinq ans. C'était dans le courant du mois d'avril 2016. Je n'ai pas noté la date précise où c'est arrivé. Au départ j'ai eu une irritation avec des démangeaisons mal placées. Consulté, mon médecin généraliste traitant habituel a détecté une mycose. M'a prescrit un antifongique. Mais l'irritation, les démangeaisons se sont poursuivies. J'ai alors consulté une dame âgée, dermatologue, qui a posé un autre diagnostique : une irritation due au frottement. Cette brave dame m'a dit que ça pouvait venir de mon pantalon... Elle se doutait bien qu'il ne s'agissait pas de ça. Mais n'a pas voulu me mettre mal à l'aise en parlant de la masturbation. Elle m'a prescrit une pommade. J'ai réalisé alors que la difficulté d'aboutir à l'éjaculation ces temps derniers en me masturbant m'avait amené ce problème. Il me fallait frotter très fort, d'où irritation locale. Après une très brève réflexion, m'étant énervé contre ce problème, j'ai décidé d'arrêter « définitivement » la masturbation. Cette prétention à l'irrévocabilité, je doutais absolument pouvoir m'y tenir. Tant la pratique masturbationnelle faisait depuis plus de cinquante années partie de ma vie.

Le sujet qui m'est venu alors à l'esprit a été la pornographie. Que faire de celle-ci ? Moi qui avais pris l'habitude de la regarder sur Internet depuis un petite dizaine d'années, et auparavant dans des revues. A un moment donné pour l'étudier. Mais, finalement pour le plaisir, et pas nécessairement pour aider à la masturbation. La réponse m'est apparue d'évidence : cette société ignoble qui ne respecte pas les gens nous fournit librement et sans limites des productions pornographiques. Vu le producteur, ces produits sont nécessairement viciés. Donc, de façon immédiatement liée à l'arrêt définitif de la masturbation, j'ai décidé l'arrêt complet de la pornographie.

Depuis, j'ai eu certes une petite rechute de trois ou quatre jours. Je m'étais dit qu'en fait je devrais décider d'arrêter masturbation et pornographie tout naturellement par désintérêt obtenu par de vraies relations tactiles. Cependant, ces vrais relations n'arrivant pas et l'irritation locale reprenant suite à la reprise de ces deux addictions, je me suis ressaisis. Et depuis je tiens bon sans efforts particuliers.

J'ai le sentiment d'avoir arrêté une activité qui me déstabilisait affectivement. Qui déformait aussi ma vision via la pornographie. En effet, quand on passe des heures à contempler des vidéos de filles nues taille mannequin se faisant léchages et doigtages à gogo, il est impossible de ne pas associer ensuite ces images aux filles croisées dans le métro qui ressemblent physiquement à ces « actrices » pornos. Ce qui revient à voir des êtres humains de sexe féminin comme résumés à des pièces de viande à baiser. C'est déplorable et contraire au plus élémentaire respect et humanisme.

Stopper la masturbation et la pornographie a vite changé aussi mon regard sur les hommes et sur moi. En effet, sans qu'on y prenne garde, la vision d'hommes résumés à une queue, qui est celle habituelle de la pornographie, nous influence également. Et déforme la vision de l'homme et de soi.

Le rejet de la masturbation implique le rejet de toutes les formes de masturbation. Que l'homme ait le pénis frotté avec une main, entre les cuisses, dans le vagin, la bouche ou l'anus de son ou sa partenaire, c'est toujours de la masturbation. Pour qu'il ait relation sexuelle, il faut que la base de la rencontre ne soit pas mécanique mais spirituelle. Alors, on fait l'amour presque sans y penser, sans le décider, et l'avalanche d'endorphines qui en résulte est bien plus grande que celle obtenue par une branlette ordinaire. Depuis que j'ai décidé de changer, il m'est venu par moments la tentation de reprendre la masturbation et la pornographie. Vues les circonstances où c'est parfois arrivé, j'ai réalisé que ces deux activités ne sont pas toujours une compensation du manque d'amour, mais simplement un moyen de réagir contre le plus banal ennui. Ceci m'a fait prendre conscience que j'étais effectivement un drogué aux endorphines. Un endorphinomane, et que j'ai fort heureusement arrêté ces activités nocives pour l'équilibre et l'harmonie de ma vie affective, amoureuse et sociale.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juillet 2016

588 Le tabou sexuel numéro un aujourd'hui

Le tabou sexuel numéro un est celui de la masturbation masculine. Elle forme la principale activité sexuelle humaine, est massivement pratiquée. On n'en parle pour ainsi dire jamais. On fait même mine de croire que seuls les très jeunes la pratiquent pour « découvrir leur corps ». Et que les hommes pourvus d'un vide-couilles attitré : fiancée, amante, épouse, ne la pratiquent plus. En fait on peut se masturber le pénis avec divers outils : la main, les cuisses, le vagin, la bouche, l'anus. Quand sans désir authentique ni sentiments réels un homme pénètre une femme ou un homme et éjacule dedans, il ne fait pas l'amour, il se branle. Le vrai désir est plutôt rare.

La masturbation est nocive car elle dérange, détraque l'appétit sexuel. Comme le fait de manger trop et sans tenir compte de nos besoins alimentaires dérange l'appétit pour la nourriture. Mais l'appétit sexuel joue un rôle relationnel et son dérangement, l'incapacité à conscientiser notre désir, crée des troubles relationnels entre les humains. Il en est ainsi du harcèlement sexuel des femmes, du viol et des agressions sexuelles. Quantité de comportements sexuels qualifiés de « déviants » sont l'expression du dérangement de l'appétit sexuel. Dérangement auquel participe la masturbation et son adjuvant pornographique. Tous les masturbés ne sont pas des violeurs, mais le dérangement de l'appétit sexuel favorise et peut-être même est à l'origine des crimes passionnels et agressions sexuelles, au nombre desquelles les viols. Le viol est une des pires choses qui se pratique, et à très grande échelle, dans notre société. Qu'il soit commis par la force, la surprise, la pression psychologique ou l'abus de confiance et le mensonge.

J'ai rencontré pour la première fois la masturbation alors que je ne devais guère avoir plus de huit ans. Nous avions dans l'atelier familial parisien où je suis né et ai grandit un ouvrage de matière médicale homéopathique. Suivant de vieilles et regrettables traditions, son auteur avait placé au nombre des maladies et troubles de la santé la masturbation. Comme je feuilletais ce petit livre, je tombais sur ce mot inconnu : « Masturbation ». Mon père et ma mère étaient tout près de moi. Je leur demandais une clarification. Quel était la signification de ce mot mystérieux ?

Mon père m'a répondu que ça voulait dire quelqu'un qui se frotte le zizi. « Et pourquoi ? » Lui ai-je demandé. « Parce qu'il est fou », m'a-t-il rétorqué. Ma mère n'a rien dit et par son silence a avalisé ce discours culpabilisateur. Ce n'est pas beau, d'être fou.

J'ai finalement découvert seul la masturbation des années plus tard. Jointe à la recherche d'images érotiques, je l'ai pratiqué durant au moins une cinquantaine d'années. Quand j'ai décidé d'arrêter et la masturbation et la pornographie, je ne croyais pas que j'y arriverais, tant cette pratique était ancienne pour moi. Mais, mis à part une brève rechute de trois ou quatre jours, j'ai tenu bon et ai complètement cessé ces deux activités.

M'intéressant à ceux qui pouvaient prôner un tel arrêt j'ai fait quelques recherches sur Internet. J'ai trouvé surtout des sites religieux qui condamnent la masturbation manuelle mais valorisent la masturbation dans un vagin. Sinon, des sites qui prennent le contre-pied et chante les louanges de la branlette. Et le font quelquefois de manière absolument caricaturale.

On a souvent dénoncé sans précision le concept de « femme objet ». Il faut préciser : « objet masturbationnel ». Ce qui apparaît d'évidence dans quantité de vidéos pornographiques où la femme se résume à son vagin, sa bouche et son anus. Ses « partenaires » sexuels masculins ignorant royalement tout le reste de sa personne. On comprend que les femmes ne supportent pas d'être résumées à une fonction masturbationnelle et voir ainsi niée leur pleine qualité d'être humain.

La démarche masturbationnelle masculine est une démarche toxicomaniaque : à travers elle l'homme recherche le flash d'endorphine provoquée par l'éjaculation. Mais, comme toutes les drogues prises, vient le phénomène d'accoutumance. Le plaisir recherché est de plus en plus réduit et ardu à obtenir. Alors, très loin de se remettre en question, le masturbateur accuse la femme. Si le plaisir et la satisfaction masculine ne sont pas au rendez-vous, c'est la faute à elle. Parce qu'elle ne veut pas baiser, ne veut pas assez vite, assez souvent, au bon moment, refuse certaines pratiques sexuelles, n'est pas la bonne personne. Voire la partenaire n'est pas du bon sexe ou l'homme n'est pas du bon sexe et doit en changer.

J'ai rencontré il y a des années un cavaleur, qui s'est ensuite fait homosexuel et enfin, j'ai su par un tiers qu'il s'était fait modifier physiquement pour devenir du sexe opposé. Son insatisfaction sexuelle, il l'a portait en lui et elle le suivait fidèlement.

Imaginons un jeune homme « bien élevé ». Il se branle entre deux et huit fois par semaine. Il va apprécier une femme de son entourage. Souhaitera s'en rapprocher. Mais sa pratique masturbationnelle, son état de toxicomane endorphinien, d'endorphinomane, va créer en lui une obsession : il voudra à tous prix baiser la femme qui lui plaît. Sa démarche sera celle d'un drogué, pas d'un homme désirant. La femme le sentira et conservera alors la distance. Comme le jeune homme est plaisant et bien élevée, la femme le fréquentera, mais « comme ami ». Le jeune homme supportera de plus en plus mal sa frustration, entretenue par ses masturbations régulières. Jusqu'au jour où soit il fera « un faux pas », un geste vers le sexe de la femme, soit il marquera son insatisfaction en devenant odieux. Par exemple, il passera un après-midi entier sans desserrer les dents, restant hostilement silencieux. Si la femme en aura marre, elle pourra alors stopper la relation. Ça pourra être aussi le jeune homme qui s'éloignera, jugeant la femme « trop compliquée ». En fait il s'agit d'un drogué qui renifle sa dose possible d'endorphine à obtenir en se masturbant avec un vagin et pas d'un jeune homme qui veut « faire l'amour ». Qu'un rapprochement ait finalement lieu ou non, il sera ici de toutes façons faux. Car il consistera pour le jeune homme a transformer cette femme en objet masturbationnel, pas en partenaire sexuel. Cette relation fausse sera triste et sans avenir positif.

J'ai été ce jeune homme bien élevé durant de longues années. Je ne comprenais pas ma situation et la supportais encore moins. Mais, pour rien au monde, je n'arrivais à renoncer à cette situation qui me faisait mal. Je m'éloignais puis revenais vers la cause de mon malaise. Qui se trouvait en fait en moi. J'étais un endorphinomane qui rêvait de prendre « sa dose » avec une personne précise de son entourage. Quand cette situation dure pendant longtemps, le malade masculin qu'elle concerne prend le nom de sigisbé...

C'est une situation classique. On parlera aussi « d'amoureux transi », ce qui est la même chose. J'ai eu l'occasion très récemment d'observer de l'extérieur ce genre de situation touchant d'autres que moi. La jeune fille pleine de vie, le jeune homme enfoncé dans son obsession et bien élevé se retenant de faire un geste « déplacé ». Des mois il a passé à tourner autour de son gros gâteau au chocolat tout en retournant chez lui bredouille à chaque fois pour se branler. Finalement il est devenu fermé, odieux, insupportable et, bien sûr, jaloux de tous ses « concurrents » sexuels potentiels. La jeune fille a mis un terme à cette relation devenue étouffante. Combien de jeunes gens « bien élevés » ont connus, connaissent ou connaîtront ce genre de situations ? Encore beaucoup, très certainement. La toxicomanie masturbationnelle a encore de beaux jours devant elle. Il suffit de relever l'ampleur du trafic sur les sites Internet pornographiques pour s'en rendre compte. Ou, très simplement, d'écouter les propos des jeunes hommes parlant de sexualité, y compris les jeunes hommes « sages et bien élevés ». Tout en pratiquant la masturbation en solitaire et n'en parlant autant dire jamais, ils ne rêvent que de beaux objets masturbationnels féminins ou masculins. Ils ne savent pas pour la plupart reconnaître le vrai désir et les vrais relations. Les femmes généralement s'en défient. Et elles ont malheureusement bien raison.

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juillet 2016