samedi 30 novembre 2013

179 Pourquoi les vrais couples et vrais amis sont si rares ?

Pour parvenir à être un vrai couple ou une vraie paire d'amis, cinq choses sont indispensables :

Que les parties prenantes soient gentilles, absolument sincères, honnêtes, désintéressées et aient le temps et la disponibilité pour se rapprocher. Or, il est très rare que les humains soient absolument sincères, honnêtes et désintéressées.

Ce qui ne signifie pas que dans un autre cas ils soient forcément hypocrites, malhonnêtes et intéressés. Non, ils sont, la plupart du temps, relativement sincères, honnêtes et désintéressés.

Ainsi, par exemple, il est courant d'entendre dire : « je ne mens pas à mes amis. Mais, en dehors d'eux, oui, à chaque fois que ça m'arrange ».

Problème : la commodité mensongère forme l'habitude. Et, à la longue, on fini par mentir à tout le monde par commodité.

L'honnêteté elle aussi est relative. On ne vole jamais, sauf de temps en temps... comme dit le proverbe : « l'occasion fait le larron ». Un objet intéressant traine et a été oublié. On le prend et oublie de le rapporter. Voler est si facile ! Dans ce domaine il est très fréquent de voir appliquer le vieil adage : « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ».

Les petits arrangements abondent, les petits contournements de règles établies sont fréquents. L'exemple vient d'en haut. Mais pourquoi ne pas dire aussi que la réciproque est vraie ? L'exemple vient aussi d'en bas. Si tout le monde vole, ou presque, pourquoi le ministre ou le chef d'état d'un pays ne volerait pas aussi ? Ce sont des hommes comme vous et moi. Simplement, quand ils volent, les sommes sont plus importantes que celles du voleur moyen.

Quand on voit frauder le fisc, que de clameurs outragées s'élèvent. Mais, tout le monde n'a-t-il pas envie de se soustraire à l'impôt ? Bien sûr, on nous ressortira la chanson de l'exemple vertueux qui doit venir d'en haut. Admettons la chanson. Il y a quelques temps, un ministre cache au fisc 500 000 euros. Concert de hurlements contre lui. Il démissionne.

A présent, réfléchissons un peu. Vous auriez 500 000 euros dissimulables au fisc, les dissimuleriez-vous ? Non ? Ah oui, une telle somme vous est inhabituelle ? Alors, disons, vous auriez 500 ou 50 euros à dissimuler au fisc et pourriez le faire. Bien sûr, vous le feriez. Pour le ministre, c'est exactement pareil. Sauf que comme il est beaucoup plus riche, il dispose de sommes plus importantes. Il est comme vous. Alors, que lui reprochez-vous ?

Que de critiques entendus contre les 80 milliards d'euros subtilisés au fisc en France chaque année, par des contribuables identiques par leur malhonnêteté à des millions et millions d'autres ! Mais, ne dit-on pas aussi : « on critique les privilèges uniquement chez les autres » ?

Tout le monde vole, ou presque. Et on voudrait que ceux qui peuvent voler le plus donnent l'exemple de la vertu ! Prétention comique, qu'on voit pourtant couramment énoncée.

Le problème avec le vol est qu'il ne s'agit pas seulement d'argent, mais aussi de comportements. Voler le temps, l'attention, les bisous et caresses, se pratique aussi.

Quand on vole, on vole tout.

Et l'amitié meurt avec.

La sincérité est nécessaire à l'amour. Le président ment pour se faire élire. Les ministres mentent pour durer. Les capitaines d'industrie mentent pour appliquer leurs plans. Les journalistes mentent pour garder leur travail. Tout le monde ment, ou presque, et tout le temps.

Le mensonge tue l'amour. Quand il est permanent, il l'empêche de naître. Avec l'amitié, c'est pareil.

Le désintéressement indispensable à la naissance d'un vrai amour, une vraie amitié, est également largement bafouée et niée dans notre monde.

Combien de gestes petits ou grands dont on attend un résultat ? Qui ne s'est pas présenté sous son meilleur jour pour obtenir en échange l'attention d'un autre ? En l'espèce, il est courant de voir, à leur échelle, des individus se comporter aussi bassement qu'un candidat aux élections faisant la pute pour briguer les suffrages des électeurs.

L'hypocrisie, se servir des autres, manipuler, flatter pour obtenir quelque chose, c'est la facilité.

Là, encore une fois, les individus concernés chercheront à se dédouaner : « oui, bien sûr. Là, je suis intéressé. Mais ailleurs, avec mes amis, mes proches, ma famille, je suis nature et sans calculs. »

C'est cela ! Rien qu'à considérer l'hypocrisie courante de bien des parents corrompant leurs enfants en les achetant avec cadeaux, compliments ou bisous pour avoir la paix, on peut douter de la validité de ces vertueux discours !

La gentillesse elle, brille souvent par son absence. Sinon, on ne la remarquerait pas. Elle irait de soi.

On revendique la gentillesse et on pratique fréquemment la violence morale.

Combien de jeunes filles rembarrent sans ménagements un amoureux mal venu et souhaiteraient être traitées avec égards et douceurs par les amoureux bienvenus ? Mais, le climat de violence morale aidant, dont elles participent, ne favorisera pas ce qu'elles souhaitent. Bien au contraire.

Enfin, le temps, la disponibilité pour aimer font souvent défaut. D'un côté parce que le travail capte attention, énergie, heures. D'autre part aussi parce qu'on veut aller vite. Or, une relation de qualité ne peut naître et se développer que dans la durée.

La plupart des humains font tout le temps exactement le contraire de ce qu'il faut pour faire naître amour ou amitié. Et s'étonnent qu'elles soient si rares.

Si vous êtes vraiment différent, c'est-à-dire tout à la fois gentil, sincère, honnête, désintéressé et prêt à consacrer du temps à la vraie relation entre les êtres, vous et d'autres, il faudra être patients et circonspects. Vos alter ego sont rares, très rares.

En attendant, ce qui peut vous aider à survivre, c'est d'aimer en général les autres. Mais cela peut aussi vous tuer si vous commettez l'erreur d'aimer une personne qui, en toute innocence, vous détruira et vous poussera à la dépression et au suicide.

La vraie amitié, le vrai amour sont rares, parce que la plupart des humains, sans le réaliser la plupart du temps, de facto, les refusent et n'en veulent pas. Pour les vouloir et trouver, il faut d'abord se changer soi-même en rejetant la bêtise ambiante. Être vigilant, soigneux, prudent, attentif et patient.

Basile, philosophe naïf, Paris le 30 novembre 2013

jeudi 28 novembre 2013

178 SMIC et SDF

En août 1944, les résistants des Forces françaises de l'intérieur s'emparèrent de la mairie du 14ème arrondissement de Paris. L'un d'eux, communiste, vint s'asseoir dans le fauteuil du maire et devint ainsi le maire communiste de la Libération.

Quelques mois après, le manque de combustible, les désordres divers, faisaient que les habitations du parc municipal n'étaient pas chauffées.

Le maire se fit alors très mal voir par certains en déclarant : « tant que ces habitations ne seront pas chauffées, la mairie ne le sera pas non plus. »

Cette anecdote m'a été racontée par ma mère.

Elle m'a inspiré deux propositions :

Je vois de gras politiciens bien vêtus nous expliquer que notre salaire minimum, le SMIC, ne doit pas augmenter.

Je propose que tous ces gens-là soient rémunérés au SMIC.

150 000 habitants de notre pays sont des SDF. Et dorment sous la tente, dans une caravane, dans des gourbis infâmes ou dans la rue.

Je propose que tant qu'un seul habitant de notre pays dormira sous la tente, dans une caravane, dans un gourbi infâme ou dans la rue, tous les politiques en place, président de la République inclus, soient « logés » pareillement.

Je ne doute pas alors, que comme par enchantement, le SMIC augmentera très vite et très largement. Et tous les SDF trouveront très vite un logement décent.

Chiche !

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 novembre 2013

177 La misère des riches

Les riches Romains de la décadence avaient porté la gastronomie à un point jouissif et consumériste probablement jamais atteint depuis. Le plaisir gustatif était déconnecté de la fonction digestive. Mollement allongés, ils buvaient du vinaigre pour s'ouvrir artificiellement l'appétit. Puis, dégustaient des plats extraordinaires. Ensuite, pour faire de la place et continuer à ingurgiter et apprécier, ils se faisaient vomir. Et rebuvait du vinaigre. Et ainsi de suite.

Nos riches bourgeois de l'époque de la décadence capitaliste n'ont pas la même approche de la bouffe. C'est dans le domaine du sexe qu'ils pratiquent « l'amour à la Romaine ». C'est-à-dire la baise à jet continu.

Car, comme leurs illustres prédécesseurs romains, les riches bourgeois bien souvent s'ennuient. J'en ai quelquefois approché.

En 1968, j'ai connu un peu la famille d'un riche banquier parisien. J'ai à peine vu le père. En revanche j'ai mieux connu la mère et les deux grands enfants. La mère passait le temps en buvant de grands et nombreux verres de whisky assaisonnés de tranquillisants pharmaceutiques. Le fils avait participé à la fondation d'un syndicat étudiant de droite et faisait le coup de poing contre les rouges, en attendant d'hériter de l'affaire de papa. La fille, grande et belle, triste comme pas possible, nous a déclaré un jour : « les jeunes ? il leur faudrait une bonne guerre ! »

Neuf ans plus tard, un camarade des Beaux-Arts m'a fait rencontrer un groupe de jeunes filles riches. Elles vendaient activement des drogues dures à la sortie de leur lycée. Et elles draguaient « comme des hommes ». L'une d'elles m'a demandé si je voulais poser nu pour elle. Dans ma grande naïveté, j'ai cru qu'elle me demandait si je voulais poser nu. Et, cette offre ne me convenant pas, j'ai refusé. C'est seulement quinze ou vingt ans après que j'ai compris qu'en fait elle m'avait proposé de coucher avec elle. Elle était immensément belle avec des seins incroyablement fascinants. Mais même si j'avais compris son vœu alors, je n'y aurait pas donné suite. La drague pure et dure ne m'a jamais passionné. Je suis et reste un romantique attaché aux sentiments.

Pour la bourgeoisie d'hier comme d'aujourd'hui, le sexe représente le plaisir numéro un. Triste plaisir bien souvent, comme je l'expliquerais plus loin.

Le sexe est symbolisé par la femme jeune. A toutes sortes d'époques a été mis en vedette une catégorie de jeunes femmes soi-disant « faciles ».

Au XIXème siècle, il y eu les Manons, les Lorettes, les blanchisseuses, les bachelettes. Et plus tard les midinettes, les shampouineuses, les étudiantes, les infirmières, les sténodactylos, les hôtesses de l'air et les vedettes de cinéma.

D'une façon générale, toutes les catégories de femmes indépendantes financièrement ou travaillant loin de leurs famille et surtout père, mère, mari ou fiancé possible ont été assimilées à des espèces de putes gratuites.

Deux nationalités ont eu droit à ce traitement : les Suédoises et les Françaises.

D'une façon générale, les femmes ressemblant aux beautés des magazines ont subi le même sort, ont connu la même réputation.

J'en ai connu une, copie conforme de « la belle Américaine » genre vedette de cinéma. Sa beauté ne lui avait pas porté chance. Traitée comme un bifteck de luxe par quantité d'hommes, elle était triste. Et on la comprend.

Dans la population, un mythe sexuel contemporain est celui de la riche bourgeoise libertine. Prête à tout. Et de préférence prête à tout ce que vous avez envie.

Chez les bourgeois existe le mythe de l'artiste. Homme ou femme libre, et qui conséquemment doit baiser à tire-larigot.

Il existe certainement des spécimens répondant à ces définitions. Mais l'existence de groupes entiers de telles personnes relève du mythe.

Quand les riches bourgeois s'ennuient, ils vont chercher à bousculer les tabous.

Riches, on peut déjà s'offrir autant de prostituées de luxe qu'on veut. De « matériel » pour s'exprimer comme un fameux cavaleur.

Ensuite, il existe des lieux réputés pour « pratiquer ». Par exemple, les bordels de Macao ou la plage libertine d'Agde. Ou encore, un peu partout, les « clubs libertins », appelés aussi boites à touses, c'est-à-dire boites à partouzes. Et fréquentées par les tousards, c'est-à-dire les partouzeurs.

Le problème de toutes ces pratiques dite « libérées » est qu'elles dissimulent mal l'ennui profond de ceux et celles qui les choisissent.

Pour pallier à cet ennui, on fait alors appel à des drogues, déviances, au sadisme, à la participation de mineurs. Pour les « défaillances » sexuelles, il y a des stimulants chimiques : Viagra ou Cialis. Ces produits améliorent la performance mécanique : le membre masculin s'érige et durcit. Mais n'améliorent en aucune façon la sensibilité. Ce qui fait que le résultat est médiocre et inintéressant. Mais, fierté masculine et sens commercial des marques aidant, personne n'en parle. Cette précision concernant ces produits réputés est absente de tous les écrits à leur sujet.

La frigidité masculine est un sujet tabou. Car la reconnaître, c'est admettre que l'homme perd un des rares domaines où il prétendait encore, avec la jouissance automatique, être « supérieur » aux femmes. Certains hommes, pire encore, ont mal au moment de l'éjaculation. Il arrive aussi qu'ils doivent frotter leur membre jusqu'à l'irriter. Et aussi sont physiquement épuisés après l'acte.

Mais le mythe est là : l'homme jouit automatiquement. Quelle farce ! Un vrai secret de Polichinelle ! Un ami âgé me disait : « si les hommes jouissaient à chaque fois qu'ils font l'amour, ça se saurait. » Il reconnaissait bien la valeur jouissive le plus souvent réduite de l'éjaculation. Mais de ça, personne ne parle ou presque. Il faut maintenir intact le verbiage sur la jouissance automatique et maximale des étalons humains.

Certes, existe parfois, de ci, de là, des éjaculations qui font grimper l'intéressé aux rideaux. Mais elles sont rares, très rares. Et plus on les cherche moins on les trouve. Il s'agit d'un shoot endorphinien massif qui donne le sentiment de sortir de soi et peut aller jusqu'à la perte de connaissance momentanée. Je n'ai jamais trouvé de textes décrivant ce phénomène.

Ce rêve de jouissance extrême est poursuivi avec l'aide de drogues. On cherche aussi « l'amour », c'est-à-dire l'harmonie avec un tiers. Chose qu'on ne peut acheter, pas plus qu'on ne peut acheter une amitié sincère. Alors, les riches, noyés dans leurs thunes, continuent leur double quête impossible. Et s'ennuient. C'est la misère des riches. L'excès d'argent ne fait pas le bonheur.

Basile, philosophe naïf, Paris le 28 novembre 2013

mercredi 27 novembre 2013

176 Les « spécialistes »

J'ai regardé un débat où trois hommes affrontaient une femme. Les trois premiers vantaient la nécessité et le bien fondé de l'ignoble hausse prochaine de la TVA. En les écoutant couvrir fréquemment de leurs cris la voix de leur opposante à cette injustice, j'ai relevé leur argumentaire.

Il existe dans notre société bien huilée et harmonieuse un terrifiant phénomène cosmique qui traverse le ciel à la façon d'une comète. Accompagné de pétarades assourdissantes, d'éclairs aveuglants, d'odeur de soufre et de caoutchouc brûlé. Vous pensez que c'est le Diable, Belzébuth ou Lucifer en personne ? Vous n'y pensez pas ! Il s'agit d'un phénomène venu de nulle part, dévastateur et incompréhensible : « la crise ».

On ne sait pas ce que c'est. Pourquoi ça arrive. Mais, il n'y a rien à y faire. Il faut s'y plier. Ou, plus exactement, plier les pauvres à ses exigences régaliennes. Personne ne discute de cette chose étrange. C'est Dieu en personne ! A genoux manants ! Obéissez à la très sainte criiiiise !

Mais de qui se fout-on ? De nous, les petits, bien sûr !

Seule réponse aux exigences de ladite très sainte crise : il faut de l'argent ! Beaucoup d'argent, des milliards d'euros, sinon on va tous mourir ! Enfin, pas tous ! Les pauvres vont crever. Et les riches se goberger ! Mais, chut ! Arrêtez de faire du mauvais esprit !

Donc, l'argent, on ne peut le trouver qu'en un unique endroit : dans la poche des pauvres. Comment ? En réduisant les services publics dont ils bénéficient, on fait des économies. En fermant, par exemple, les services d'urgences des hôpitaux, les hôpitaux eux-mêmes, les maternités, comme celle de Marie Galante, ou d'ailleurs. Ou bien on peut racler de la thune et tondre le reste de laine des pauvres en créant de nouveaux impôts, réduisant les salaires et retraites, augmentant le temps de travail des fonctionnaires sans augmenter leurs salaires. Comme cela vient d'être décidé au Portugal, où de 35 heures hebdomadaires ils vont bientôt passer à 40.

Mais, bien sûr, si on pressure ainsi les pauvres, vous n'avez rien compris, c'est dans leur intérêt. Grâce à cela, les riches pourront créer des emplois. On pourra « sauver » notre système social !

Pour que les riches créent des emplois, il faut que les pauvres aient faim et froid. C'est la règle.

Car, si on fait payer les riches, ils vont s'en aller. Par exemple Vinci emmènera ses autoroutes, Moët et Chandon démontera ses vignobles et emportera ceux-ci ainsi que le ciel de Champagne et son climat en Chine, etc. Et en France, on n'aura plus que nos yeux pour pleurer !

Et les pauvres, ils sont in-di-gnés ! Par quoi ? Par les riches ? Que nenni, Messieurs-Dames. Ils sont indignés par « l'assistanat ». L'assistanat des actionnaires et milliardaires ? Non, celui des pauvres qui ne travaillent pas et touchent de maigres allocations.

Ces feignants doivent travailler gratuitement pour avoir droit aux allocations ! Ainsi, on pourra mettre au chômage de nouveaux chômeurs en les remplaçant par ces travailleurs gratuits qui ne coutent rien à leurs employeurs. Et sont payés avec l'argent des pauvres contribuables. Tiens ? Au fait ! Si on rétablissait l'esclavage ? Jonathan Swift a déjà formulé il y a des siècles la solution : il faut donner aux pauvres à manger les pauvres. Il plaisantait et faisait de l'humour noir en parlant des enfants affamés d'Irlande. Attendons qu'un théoricien nous fasse sérieusement cette proposition pour « sortir de la crise ». Ce sera toujours mieux d'entendre ça que d'être sourd !

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 novembre 2013

175 Abolir la prostitution ?

J'ai la plus profonde horreur et le plus profond dégoût pour la guerre, l'alcoolisme et la prostitution.

Ce qui ne m'empêche pas, sans-doute contradictoirement aux yeux de certains, d'éprouver le plus profond respect pour les militaires, les viticulteurs, les cavistes, les œnologues et les prostitués.

A présent vient d'être lancé un faux débat en France pour ou contre « l'abolition » de la prostitution.

Faux débat au regard des arguments démagogiques brandis. On prétend liquider un fléau antique avec une loi et des clameurs approbatives.

Peut-on abolir la guerre ou l'alcoolisme ?

La guerre a déjà été mise « hors la loi ». On sait avec quelle efficacité, ou plutôt inefficacité.

La prohibition du fléau de l'alcool a été édictée aux États-Unis. On connait quel en fut le résultat déplorable. Et pourquoi on a fini par y renoncer.

A présent, on nous rejoue la même partition avec la prostitution. On prétend « l'abolir ». Abolissons, tant qu'on y est, l'avarice, l'égoïsme, l'indifférence. Si ! Si ! Vite « une loi » ! Croyez-vous que celle-ci règlera le problème ?

Comment ? Vous êtes contre une loi interdisant l'avarice, l'égoïsme et l'indifférence ?

Vous seriez donc pour ces fléaux ? Monstres que vous êtes !

Remarquons le caractère putophobe et sexiste des abolitionnistes :

A leurs yeux, les prostituées seraient toutes prostituées de force. Celles et ceux qui se prostituent et affirment le contraire et même s'organisent en syndicats n'auraient pas leur mot à dire.

Mais s'il est considéré comme un libre et honorable choix possible de vendre des armes, c'est-à-dire la mort, vendre ou plutôt louer son cul ne serait pas possible ? Et pour quelle raison les abolitionnistes font comme si seules des femmes se prostituent ? Il y a aussi des hommes qui se prostituent. Et qui ont des clientes. Pourquoi ainsi ignorer volontairement la réalité ?

Quelles sont les principales causes qui amènent des personnes à se prostituer ? La misère, l'exploitation, le chômage, la précarité, l'inflation, que notre cher gouvernement « abolitionniste » encourage à fond les manettes avec une masse de mesures antisociales horribles et catastrophiques

Alors, d'un côté il alimente la prostitution. De l'autre il fait des discours contre. Quelle hypocrisie !

La première mesure contre la prostitution est de donner à tous la possibilité d'accéder à des conditions de vie décente. La politique d'austérité s'y oppose. Le grand pourvoyeur de la prostitution, c'est le capitalisme. Nos gouvernants sont à son service. Et aujourd'hui, plutôt que renoncer à cette politique économique mortifère, pour faire les jolis ils nous ressortent le vieux débat pour ou contre la prostitution. Sans aller au fond des choses. Et en prenant la pose. En prétendant défendre les femmes, après avoir expulsé Leonarda Dibrani, sa mère et ses sœurs, qui sont des femmes. Et en général accentué la misère sociale qui frappe d'abord les femmes.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 novembre 2013

mardi 26 novembre 2013

174 Est-ce que la prostitution libre existe ?

Ces temps derniers a été relancé en France le vieux débat sur l'interdiction ou l'autorisation de la prostitution. En gros, d'un côté les partisans de l'interdiction, condamnent l'activité comme celle de personnes humiliées, contraintes par la violence à une pratique dégradante. Les partisans de l'autorisation sont eux d'avis que tout le monde a le droit de vendre ses charmes, s'il en a envie. Que c'est une liberté et un service sain et positif rendu aux clients.

Un seul point fondamental du débat n'est pas soulevé : choisit-on librement de travailler ?

Affirmer que, librement, on choisi d'aller travailler à l'usine, au bureau, dans un restaurant ou un bordel est une grosse blague.

Personne ou presque n'est « libre de travailler ».

Si on ne travaille pas, à moins d'être riche, on n'a pas ou guère de ressources pour vivre.

Quand on entend certaines prostituées déclarer préférer se prostituer. Et gagner vite beaucoup d'argent. Plutôt que gagner peu en allant longuement travailler dans un bureau. Elles énoncent là leur choix entre deux esclavages.

Regardez les gens le matin dans le métro qui vont au boulot. Ou, le soir, qui en retournent fatigués. Et demandez-leurs s'ils s'en vont ainsi par plaisir et librement.

L'activité prostitutionnelle ou non serait libre, si à ceux et celles concernés était offert le choix de travailler. Ou ne pas travailler. Tout en étant à même en tous les cas de vivre confortablement.

On n'est pas libre d'aller travailler à l'usine. Et on n'est pas libre d'aller travailler au bordel.

D'ailleurs fait significatif : dans les années 1930 en France, on appelait un bordel en argot « une taule » et le patron du bordel « un taulier ». Aujourd'hui, un glissement sémantique a fait qu'une « taule » en argot désigne une entreprise dont le « taulier » est le patron.

Cette significative banalisation de ces mots d'argot en dit long sur la perception du travail et sa valorisation auprès d'une multitude de gens qui s'en vont tous les jours exercer un travail qui ne leur plaît pas. Dont la rémunération leur paraît insuffisante. Et qu'ils n'ont nullement choisi de faire.

Le jour où on pourra tous choisir de travailler ou pas. Et le travail qu'on souhaite effectuer. Si ce jour arrive. On pourra parler du choix libre pour certains de se prostituer. Sinon, de choix libre, on ne voit guère ici que celui du client qui paye. Et défend la liberté du travail de ses esclaves sexuels.

Quant à ceux qui vivent confortablement d'une autre activité. Et vantent la liberté de se prostituer. Qu'ils donnent donc l'exemple ! Et encourageront-ils aussi leurs conjoints, fils, filles, frères, sœurs, cousins, cousines, père, mère, grand père et grand mère à se prostituer ? J'en doute fort.

Certains métiers sont interdits, tels que la vente de la drogue. Faut-il interdire la prostitution ? C'est là un autre débat. Sans compter que les interdictions brillent ici le plus souvent par leur inefficacité. Et, avant de parler du statut à changer ou non de la prostitution, qu'on commence par liquider les réseaux financiers qui sont parfaitement connus. Et par où transitent vers des paradis fiscaux les flots d'argent générés par la prostitution, la vente de la drogue, le trafic d'armes, etc.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 novembre 2013

vendredi 22 novembre 2013

173 La journée de l'homme politique

L'immense masse de la population salariée se lève aux aurores. Jaillit de la tiédeur attachante de son lit dans le froid de la pièce pour courir se rendre au chagrin.

L'homme ou la femme politique se lève chaque jour à une heure humaine et raisonnable : vers huit ou neuf heures. Prend son petit déjeuner ou son café confortablement en épluchant avec intérêt la presse. Elle traite de sa vie professionnelle.

« Tiens ? Se dit-il, B a été promu ministre suite au dernier remaniement gouvernemental ? Ça tombe bien ! C'est un ami. Je vais lui téléphoner, ça favorisera ma carrière. Et W est nommé au Conseil d'État ? Mais qui c'est ce W ? Mais, bien sûr, c'est le cousin par alliance de X ! Quel malin, ce W, il démarre en beauté dans la politique. Voyons, mais c'est N à la page faits divers ! Il est poursuivi pour abus de biens sociaux ? Bien fait pour lui, il m'a toujours mis des bâtons dans les roues ! »

Et voilà démarré sa journée. Puis, l'homme ou la femme politique se rend à son travail. Vers dix heures il rejoint une mairie, le siège de son parti, sa permanence. Il retrouve des collègues et échange avec eux.

Puis, à midi, il va déjeuner. Un excellent repas en prenant son temps. Il n'est pas malheureux. Rien à voir avec une cantine d'entreprise. Là où il va, c'est un sympathique petit restaurant de quartier où tout le monde le connait. Il a ses habitudes et tutoie même le patron et certains habitués.

L'après-midi se passe vite. S'il n'a pas séance ou réunion, à dix-sept heures l'homme ou la femme politique est de retour à la maison : un appartement spacieux, acheté en toute propriété, ou un très vaste appartement obtenu en qualité de logement social.

La vie de l'homme ou la femme politique est paisible et agréable. Il peut être un homme ou une femme très sympathique. Défendre des idées et causes justes. Et y être sincèrement attaché. Le seul problème est que sa vie se déroule plus par rapport à la politique conçue comme une carrière professionnelle que comme un idéal. Ce qui facilite arrangements, compromissions.

J'ai connu un homme politique très sympathique. C'est seulement après bien des années que j'ai réalisé qu'en fait sa motivation n'était pas les idées qu'il défendait. Mais la vie confortable qu'il connaissait grâce à la politique. Il n'a jamais trahi personne. Mais il en faisait juste assez pour continuer à vivre son job. Et là est le problème. La politique ne devrait jamais être un métier.

Comme il paraissait bon, sensible et généreux, je lui ai parlé un jour du problème des SDF. Il m'a répondu : « ce n'est pas un problème facile à résoudre ». En fait, si ce problème ne lui paraissait pas facile à résoudre, c'est parce que pour lui son existence ne dérangeait pas sa vie, n'était en fait pas un problème pour lui.

Cet homme est mort depuis longtemps. Il y a à présent officiellement 150 000 SDF en France. Il serait facile de donner à chacun d'eux un minimum de quelques mètres carrés bien isolés du froid, comportant un chauffage, un lavabo, une douche, un lit, un placard, un téléphone, une plaque chauffante et des WC. Ce serait mieux que ces innombrables et misérables petites tentes où ces jours-ci les SDF grelottent en nombre dans les rues de Paris. Mais pour nos hommes et femmes politiques ce drame ne contrarie pas le cours de leurs activités professionnelles. Alors, ils ne cherchent pas à y remédier. Et c'est bien dommage. Car ce problème pourrait être réglé par eux en quelques semaines. A condition, bien sûr, de vouloir s'en occuper. Et s'en donner les moyens.

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 novembre 2013

172 Protection des mineurs et chagrins d'amour

Il y a une vingtaine d'années, une amie, mère de deux jeunes enfants, évoquait devant moi des affaires récentes d'agressions pédophiles. « Tu te rends compte, me disait-elle, les agresseurs sont justement des personnes auxquelles on devrait faire confiance : prêtres, instituteurs, moniteurs ou directeurs de colonies de vacances. Comment faire alors pour protéger ses enfants ? »

Des millions de parents se trouvent confrontés à ce problème sans solution visible : ils voudraient naturellement mettre leurs enfants totalement à l'abri de toutes éventualités d'agressions sexuelles. Mais comment faire ? Trop mettre en garde les enfants peut les traumatiser. Les surprotéger n'est pas non plus la solution. Et, de toutes façons, tôt ou tard, on ne sera pas toujours là pour protéger ses enfants. Ils s'éloigneront forcément un jour pour vivre leur vie indépendamment.

La réponse à cette crainte, je pense l'avoir trouvé. Une personne qui est beaucoup câlinée sera infiniment moins affectée par une agression sexuelle subie qu'une autre en manque de câlins. En fait, pour protéger quelqu'un des conséquences néfastes d'agressions sexuelles possible, il faut la combler de contacts physiques sains et chaleureux. J'en parlais tout à l'heure avec mon médecin. Il était d'accord. Cette idée ne serait donc pas originale. Mais elle est insuffisamment propagée me semble-t-il. C'est pourquoi il est utile de la répéter ici.

Au nombre des conséquences dramatiques de l'amour contrarié on trouve les « chagrins d'amours ». Il est largement temps de cesser de traiter ceux-ci comme des histoires individuelles relevant du romantisme ou de la poésie. Il s'agit d'un fléau social de très grande envergure. Il amène de terribles souffrances pour des dizaines de millions de personnes chaque année dans le monde et des dizaines de milliers de suicides ou tentatives de suicides. C'est donc un phénomène très grave et à prendre au sérieux.

Dans les services psychiatriques des hôpitaux aboutissent une petite partie des victimes. Traitées par la parole et avec des médicaments qui sont en fait des drogues, on s'efforce de les guérir. Le mal n'est pas traité en tant que « chagrins d'amour », mais qualifiés par ses conséquences : dépressions, tentatives de suicides.

Qu'est-ce objectivement qu'un « chagrin d'amour » ? C'est l'effet d'une violence morale ressentie suite à une contrariété. Il s'agit donc d'un acte de violence invisible. Un coup porté moralement et pas avec une arme ou un poing. Là aussi, la réponse paraît être le renforcement des victimes potentielles par les câlins. Car il s'agit d'une forme particulière de violence sexuelle, différente du viol, mais violence sexuelle quand même.

Pour prévenir les conséquences de violences sexuelles, physiques ou sentimentales, il faut dès l'enfance et tout au cours de leur vie généreusement câliner les personnes menacées.

Il est facile de remarquer que nous ne sommes pas à égalité face aux menaces de souffrances amoureuses. Celui ou celle qui a manqué de câlins réagit infiniment plus à un désappointement amoureux que celui ou celle qui a été comblé de câlins. Je me souviens avoir rencontré une personne tellement bien immunisée contre la souffrance amoureuse causée par une déception, qu'elle n'arrivait pas à comprendre de quoi il s'agissait exactement. Et, un jour, dans le bus à Paris, j'ai surpris une conversation entre deux jeunes femmes. L'une d'elle, surprise et désappointée rapportait qu'ayant repoussé un soupirant, celui-ci avait acquiescé et pas insisté, ni paru chagrin : « tu te rends compte ? disait-elle, et après ? Rien ! » Je pense pour ma part que ce jeune homme avait beaucoup de chances comparé à ceux qui souffrent de chagrins d'amour durant des années !

Basile, philosophe naïf, Paris le 22 novembre 2013

jeudi 21 novembre 2013

171 A propos des conséquences d'agressions sexuelles et de leur traitement curatif

La peur de la mort et la souffrance causée par le manque d'amour sont une seule et même chose. Ceci explique pourquoi des personnes très croyantes mais manquant d'amour peuvent avoir peur de mourir. Et des personnes rassasiées d'amour et absolument pas croyantes peuvent ne pas du tout avoir peur de mourir. J'ai eu l'occasion de rencontrer les deux cas de figure. Et je me souviens avoir commencé à souffrir de la peur de la mort justement quand j'étais en grave manque d'amour. Ce manque d'amour prenant en fait la forme de cette peur.

Les hommes de pouvoir amoureux de leur fauteuil de direction, carencé en amour peuvent aussi témoigner d'une peur apparente de leur mort. Qui en réalité exprime leur manque d'amour.

L'amour, les câlins, le sexe, sont trois éléments de la vie que notre société s'applique à rendre très difficilement identifiables séparément. L'interaction entre ces phénomènes distincts trouve une expression intéressante s'agissant des victimes d'agressions sexuelles.

J'ai été interpellé par la confrontation entre deux cas de personnes agressées très jeunes : l'une à huit ans, l'autre à neuf.

La première, un garçon, a subit quelques attouchements génitaux. Le résultat terrifiant a été un traumatisme qui a troublé gravement sa vie jusqu'à l'âge de cinquante ans, soit durant quarante-deux ans.

La seconde, une fille, durant un moment d'intimité et de jeu quand elle à neuf ans est carrément pénétrée par son frère aîné. Il use de son pénis en érection. Elle saigne alors un peu et ne réalise pas vraiment ce qui vient de lui arriver. Il s'agit donc d'un viol. Il se passe il y a un peu plus d'une quarantaine d'années.

Or, cette personne violée ne subit presque aucune conséquences psychologiques de cela dans sa vie. Et paraît la conduire, notamment sur le plan affectif et sexuel, avec une maestria peu commune.

Comment expliquer la différence de conséquences de ces deux agressions sexuelles ? Logiquement, on penserait que la fille aurait du être plus traumatisée que le garçon. Or, c'est l'inverse qui s'est produit. J'ai fini par comprendre l'origine du phénomène.

La différence essentielle entre le garçon et la fille tient en ceci. Le garçon vit dans une famille où il ne reçoit aucun bisou, caresse, câlin. La fille, elle, grandit dans une famille où ses père et mère et son jeune frère la comble de câlins.

Le garçon est câlinement parlant comme une caisse vide. La fille comme une caisse pleine à ras bords. Résultat, quand on donne un coup de pied, l'agression sexuelle, à l'une, elle est bouleversée, renversée avec bruit. La seconde réagit à peine.

Et si pour la prévention des conséquences d'agressions sexuelles les câlins sont idéaux, on peut aussi penser qu'ils pourront servir à soigner les conséquences d'agressions sexuelles sur des personnes carencées en câlins ou pas. Notre médecine nationale n'est pas assez mûre pour adopter ce genre de traitements. Elle préfère la psychologie, la parole. Mais, soigne-t-on une jambe cassée avec une psychothérapie ? Peut-être aux Pays-Bas, où on a été jusqu'à imaginer des prostitués thérapeutiques pour invalides, un traitement à base de câlins non sexuels pourrait voir le jour

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 novembre 2013

mardi 19 novembre 2013

170 Un monde cloisonné

A écouter et voir certains, en France, la nudité apparente des adultes serait « sexuelle ».

Pourtant, si on quitte notre pays, à quelques centaines de kilomètres de nos frontières, sur les plages du nord de l'Allemagne et de la Scandinavie, tout le monde est tout nu et personnes ne trouve ça « sexuel », mais normal et naturel.

Et trouverait très bête et ridicule de se baigner avec un slip mouillé, ou des cache-seins hypocritement baptisés « soutien-gorge ».

Il y a quelques années j'ai vu à la télévision française un documentaire tourné en Suède où était interviewé une respectable dame sexagénaire.

A un moment-donné on la voyait descendre une échelle verticale pour aller se baigner dans la mer.

Le cameraman français à cette occasion avait choisi un très bizarre cadrage en contre-plongée destiné à éviter absolument qu'on réalise qu'elle allait à l'eau toute nue comme tous les Suédois le font.

Les Allemands et Scandinaves en vacances chez nous sont réputés aimer beaucoup le naturisme. En fait, ils ne font pas du naturisme, ils font comme sur les plages chez eux. Mais on préfère parler de naturisme, plutôt qu'énoncer la simple vérité.

Et je n'entends autant dire jamais un Français ou un Allemand ou un Scandinave parler de cette différence de mœurs entre la France et l'Allemagne ou la Scandinavie. Une seule fois j'ai entendu à ce jour une Française très pudique raconter son effarement devant la découverte de la nudité généralisée sur une plage du nord de l'Allemagne. Sa gène, puis sa tranquillité acquise rapidement à faire comme tout le monde. Car personne ne faisait spécialement attention à sa nudité.

Sur les plages de France les baigneurs sont accoutrés de ridicules et microscopiques morceaux de tissus baptisés « vêtements de bains », qui sont paraît-il très importants. Ils protègent paraît-il « la pudeur ». En fait ils protègent des automatismes inculqués faisant croire que certaines réactions physiques, situations, impliquent nécessairement une activité dite « sexuelle ». Ils égarent. Soulignent ce qu'ils prétendent cacher. Et éloignent de la réalité.

Ce qui ne signifie pas que leur absence implique forcément d'y voir clair. Les peuples qui vivent nus tout le temps, ou nus sur leurs plages seulement, peuvent tout aussi bien porter leur slip de bains ou leur cache-seins dans la tête.

Et je ne crois pas que les Allemands du nord ou les Scandinaves soient particulièrement plus heureux en amour que les Français. Être nu ou en maillot de bain est en définitive secondaire. Mais il est bon de souligner la vanité des apparences et le cloisonnement des cultures. Et en prendre bien conscience pour avancer dans la compréhension des gens et des choses.

Par delà les apparences « physiques », nu ou habillé, il faut chercher à comprendre la signification des interdits. Et la confusion qu'ils recouvrent. Pour progresser vers la compréhension de l'humain, c'est-à-dire de nous-mêmes et des autres. Pour nous sentir mieux dans notre vie. Nous n'améliorerons pas notre prochain avec des discours, si justes soient-ils. Mais nous améliorer peut nous rendre plus agréables. Et par là aider notre prochain à s'améliorer.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 novembre 2013

169 Le piège des mots

J'écoutais récemment un père s'extasiant sur sa fille. Il en parlait de la même façon que s'il s'agissait d'une épouse aimée. Il en était totalement amoureux comme d'une femme avec laquelle il voudrait faire sa vie. Certains en concluront qu'il sera très malheureux le jour où, adulte, sa fille encore aujourd'hui très jeune, quittera le foyer paternel. D'autres émettront l'hypothèse inquiète qu'il pourrait arriver un inceste au sein de cette famille, soit le viol de la fille par son père. Enfin, l'avis rassurant et banal de certains sera de dire : « il s'agit d'amour paternel, ça n'est pas du tout la même chose qu'un amour conjugal ! »

Tous ces avis passent à côté de la réalité. Cet homme aime sa fille comme une femme, tout simplement parce que l'amour est un. Et ce sentiment n'est rigoureusement pas « sexuel », c'est-à-dire devant déboucher forcément sur l'acte sexuel. On aime de la même façon, quel que soit l'objet qui suscite notre amour.

Ensuite, autre élément, indépendant du sentiment, existe les câlins, caresses, bisous, etc.

Enfin existe l'acte sexuel proprement dit.

Trois éléments qui ne s'opposent pas et sont entièrement indépendants. Chose qui généralement n'apparait pas clairement à la plupart d'entre nous, pris dans le piège des mots.

On a dit que la langue « est l'outil de la pensée ».

Que dire quand on use d'outils défectueux ? Par exemple d'une boussole qui indique le sud et pas le nord ?

D'une carte qui porte des indications erronées ?

Il en est ainsi du langage que nous utilisons. L'amour y apparaît découpé en rondelles : filial, maternel, fraternel, sororal, conjugal, sexuel, etc.

Les câlins sont subordonnés au « sexe ».

Et le sexe est sensé être au sommet de l'amour. On dit « l'amour », « faire l'amour », « les ébats amoureux », pour désigner la très prosaïque baise.

Et on se prend les pieds dans cette sémantique traître. Comme les traditions religieuses - et pas seulement judéo-chrétiennes, mais aussi d'autres religions, - condamnent le sexe, elles cherchent à y rattacher tout ce qui serait sensé y mener. Par exemple : la nudité, les caresses, les mots d'amour, le sommeil partagé dans un même lit, etc.

Le concept d'amour « physique », l'expression « faire l'amour », participent de cette terrible confusion. Et on croit devoir chercher « en premier » un amour comprenant sexe et câlins.

Ce qui revient à chercher dans un grand verger un pommier qui donne des pommes cuites. Si vous critiquez les chercheurs, ils vous rétorqueront : « comment, vous n'aimez pas les pommes cuites ? » ou : « les pommes cuites existent, j'ai vu des gens en manger ». Ce qui n'empêche pas que les pommiers portant des pommes cuites n'existent pas. Et que l'amour « tout en un » : sexe et câlins et sentiments d'extase en permanence à trouver dans la société n'existe pas non plus.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 novembre 2013

168 Une quête sans fin ?

Une femme qui a beaucoup fait la bringue dans sa vie, arrivée à la cinquantaine, écrit dans ses mémoires : « Après toutes ces années, je suis toujours en perpétuelle recherche d'amour. Je l'ai connu, entrevu, découvert, j'ai entrouvert sa porte (en fait elle était grande ouverte, et je ne l'avais pas vu). »

Pourquoi n'arrive-t-on pas le plus souvent à rencontrer l'amour ? Ou a « le conserver » quand on le rencontre ? Parce qu'on ne le cherche pas où il est. On ne le cherche pas comme il faut. Et quand l'ayant découvert, on cherche à s'en rapprocher, en fait on s'en éloigne.

Je connais un homme qui vit un magnifique amour sans vraiment le savoir. Et un autre qui, ayant rencontré l'amour, s'en est éloigné. Et l'a perdu en croyant s'en rapprocher.

Qu'est-ce que l'amour ? C'est l'état naturel des relations entre les humains. Celles-ci sont dans notre société extrêmement perturbées. Et de ce fait se détournent souvent de l'amour.

Regardez par exemple la rue parisienne le matin vers huit heures. Elle est parcourue par des gens qui se hâtent loin de chez eux, de leurs familles, de ceux qu'ils aiment. Et ne reverront pas avant le soir. Pourquoi ? Parce qu'ils vont travailler. Et pour cela ils renoncent à rester auprès de ceux qu'ils aiment. Le travail fait partie des activités contraires à l'amour. Ce n'est pas un hasard si les vacances sont réputées être propices à la naissance de ce sentiment.

Deux êtres s'aiment. Tout le monde croient qu'ils sont amants. Ça les fait bien rire. Et puis, un jour, ils se font des câlins plus intimes que de simples bises. Et alors, croyant se rapprocher, ils vont s'éloigner.

Car ils se disent : « à présent nous sommes un couple ». Ils blaguent à propos de la quête enfin aboutie pour trouver « le prince charmant », mais y croient quand même. Les amis applaudissent.

Ces deux jeunes gens étaient libres, sincères, spontanés. Ils vont cesser de l'être. Renoncer à vivre l'instant présent. Et se conformeront dorénavant à des règles, des échelles de valeurs, des approbations extérieures, des scénarios qui ne sont pas eux. C'est une histoire classique.

Au lieu de suivre leurs envies, leurs désirs, les deux « amoureux » entreprendront de faire ce qu'ils pensent devoir faire en de telles circonstances. Lui voudra un logement commun. Elle non, mais cédera sans faire part de ses doutes. Ils aiment les câlins ? A présent, il faut « faire l'amour ». Même s'ils n'en ont pas envie. Il faudra de toutes façons s'y mettre pour les enfants. Alors on suit le mode d'emploi de l'amour. Les recettes du « bonheur » et on oublie l'essentiel : la spontanéité du cœur.

L'oubli est progressif. Il faudra plusieurs années pour que, par petits accrocs successifs, la toile relationnelle finisse par se rompre. Et sans savoir pourquoi, on passera finalement de la romance à la marche funèbre, de la jouissance à la souffrance et la séparation.

Ce malheur est aggravé, renforcé par une catastrophe sémantique : l'expression « faire l'amour ». Jadis « faire l'amour » signifiait « faire la cour ». Aujourd'hui cela signifie à tort baiser. Car cela sous-entend que l'amour n'est pas un sentiment, mais une chose à réaliser, à caractère sexuel. Pour aimer vraiment il faudrait « faire l'amour » ! Donc, on ne peut pas aimer si cet acte n'est pas à l'ordre du jour. Alors que l'amour est un sentiment libre et sans contraintes. L'oiseau merveilleux de l'amour cesse de voler et meurt pris dans le filet des mots de la société. Il faut les fuir, s'échapper !!

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 novembre 2013

167 De l'amour et quelques-unes de ses conséquences

Il n'est pas besoin d'être un grand philosophe ou un penseur politique avisé pour réaliser que l'Humanité souffre depuis bien des siècles de troubles généraux, dont les symptômes ont noms guerres, famines organisées, abus divers commis par des humains sur d'autres humains.

Pour en expliquer l'origine, il est courant de voir affirmer que ces tares tirent leur racine dans l'origine même de l'Humanité. L'homme, plus faible que le tigre ou la panthère, faible et nu (il ne porte pas de fourrure), aurait jadis entrepris de « lutter pour la vie ».

Des conséquences de ce combat vital seraient nés avantages et problèmes.

Le défaut de ce propos est que l'homme n'a jamais eu besoin de ce « progrès » tant vanté. En tous cas au début. Singe de grande taille, vivant en groupe, qui pouvait-il craindre ? Un lion préfère goûter une girafe ou un lièvre plutôt que risquer de se retrouver sujet aux morsures d'une troupe de grands singes en fureur ! Le lion n'est pas stupide.

Quant au froid, les girafes n'ont jamais eu besoin de porter des chandails et des caches-nez. Elles restent vivre là où il fait bon pour elles : en Afrique. Pourquoi voulez-vous que les humains des temps premiers auraient souhaité agir différemment ?

Et, pour ce qui est de manger, l'être humain restait tout simplement là où il y avait suffisamment de nourriture sauvage pour le nourrir. L'élevage, l'agriculture, il n'en avait aucun besoin.

Cette fameuse soi-disant « lutte pour la vie » inexistante aux temps premiers, est également niée par l'état actuel de la société humaine. Et ce par son aspect le plus caricatural : il y a depuis longtemps à manger pour tous et même plus. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un organisme de l'ONU, le Fond mondial pour l'alimentation, le FAO. Pourtant on crève de faim un peu partout. Pourquoi ? Parce qu'une très réduite minorité d'humains amoncelle des richesses qui ne lui servent à rien. Et en privent la masse des autres. S'agit-il d'une « lutte pour la vie » de la part de ces riches accapareurs ? Bien sûr que non. Autre chose motive leur comportement dévastateur de la vie des masses.

Dans d'autres domaines éclate cette absurdité. Ainsi, par exemple, Paris bénéficiait d'une remarquable couverture hospitalière. Depuis un certain nombre d'années, la destruction de celle-ci est entreprise. Les hôpitaux Broussais, Boucicaut, Laënnec, Saint-Vincent-de-Paul ont été fermé. On annonce la suppression de Beaujon et Bichât. Et, à présent, il est entrepris de tenter de liquider le seul hôpital restant au centre de Paris : l'Hôtel-Dieu. Il est dit et démontré que sa fermeture entrainant un encombrement supplémentaire des services d'urgence déjà surchargés ailleurs entrainera des morts. Pourtant, les liquidateurs persistent. Au nombre de ceux-ci on trouve des diplômés d'études médicales. Et pourquoi s'acharner contre l'hôpital Hôtel-Dieu ? Pour le transformer à terme en palace de luxe. Encore l'argent convoité par des gens qui n'ont besoin de rien. Il leur en faut toujours plus à accumuler stérilement en empêchant de vivre les autres.

Et que dire de la mise en pièces de la Grèce pour les mêmes raisons, commise par la sinistre troïka avec l'appui de nos gouvernants ? Encore et toujours la recherche de la fascination causée par des tas d'or qui ne servent à rien. Et dont l'accumulation cause la mort évitable d'un tas de pauvres gens.

Le pouvoir et l'argent sont les deux grandes maladies de la société.

Tant qu'on n'abolira pas le pouvoir et l'argent, l'Humanité souffrira

Mais, pourquoi y a-t-il des gens qui rêvent tant à l'argent et au pouvoir ? A regarder de près les riches, ils n'apparaissent pas si heureux que ça. Quantité de riches sont frustrés, méchants, vicieux. Une de leurs caractéristiques est très souvent une activité sexuelle débridée et totalement dérangée. Les riches et les puissants peuvent aisément disposer auprès d'eux, s'ils le souhaitent, de rabatteurs éliminateurs. Ces derniers se chargent de rabattre vers eux le gibier sexuel dont ils souhaitent jouir. Et de gérer les vagues ultérieures à éviter. Par la corruption, la menace ou pire, les rabatteurs évitent le scandale et les ennuis possible éventuels. Ce phénomène très ancien se voit déjà par exemple avec l'impératrice allemande de Russie Catherine II au XVIIIème siècle. Elle disposait carrément d'un service chargé de prostituer de jeunes officiers qui allaient coucher avec la souveraine. Et touchaient ensuite une indemnité. L'équivalent du « petit cadeau » des putes ordinaires.

Face à ces riches, la masse des pauvres : tristes, malheureux, obéissants. Sauf par moments, quand éclatent des émotions : révoltes, etc. Alors les pauvres cassent tout, puis retournent à leurs occupations habituelles.

Ce qui est curieux, c'est la fréquente diabolisation réciproque. Quand les riches condamnent les pauvres, ou les pauvres condamnent les riches, bien des fois ils nient la qualité humaine de leurs adversaires. Par exemple, Alexandre Dumas fils défendant les riches, disaient en parlant des communards massacrés en mai 1871 : « Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour toutes les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes ».

Pourtant, à y regarder objectivement, riches ou pauvres, rois ou sujets, tous sont exactement pareils. Ce sont des humains. Quoiqu'ils puissent dire ou seulement penser les uns des autres.

Je n'aime pas la misère des pauvres organisée par les riches, ni la fureur dévastatrice des pauvres en révolte ou des riches en résistance contre eux. On dira que je suis difficile. Remarquons que cette fureur sera bientôt à l'ordre du jour, car cela fait quelques temps déjà que nos gouvernements ne tiennent pas compte du mécontentement populaire.

Un exemple a été donné par l'affaire du lundi de Pentecôte. Ce jour férié devait redevenir travaillé soi-disant pour financer l'aide aux vieux dépendants. Prétexte pour s'attaquer aux jours fériés, cette mesure a mécontenté notamment les catholiques français. Ce fut une mesure calamiteuse électoralement qui a fait perdre des voix fidèles au président Sarkozy et contribué à sa défaite face à son concurrent Hollande.

Hollande fonce à présent vers le désordre. Il prend des tonnes de mesures impopulaires en ignorant le ressentiment des masses. Tant l'ivresse du pouvoir et ses privilèges lui fait perdre le sens des réalités très prosaïquement électorales. Les nuages noirs de la crise sociale et politique s'amoncellent à l'horizon. Ce n'est pas moi qui l'annonce. Ce sont les préfets qui le disent.

Existe-t-il des solutions ? Le problème est que les dauphins de Hollande, de son clan ou d'autres, souffrent des mêmes idées fixes que lui : parvenir au pouvoir et aux avantages qui vont avec.

Vouloir à tous prix l'argent et le pouvoir qui va avec relève d'un trouble. Sans prétendre y trouver un remède, il est intéressant d'en étudier les origines.

A l'origine des désordres et avantages du « progrès » est le jeu. Les humains ont commencé par inventer, organiser par jeu. Petit à petit le jeu s'est imposé et a imposé des règles avec des désordres entrainant un manque d'amour entre humains. Il a fallu des millions d'années pour arriver au désordre organisé actuel. Pour fuir cette souffrance, les humains ont cherché d'insatisfaisantes compensations dans le pouvoir et l'argent. Et encore dans bien d'autres choses, au nombre desquelles l'alcoolisme et le consumérisme sexuel de qualité : baiser le plus possible le plus grand nombre de partenaires possibles et classés de première qualité.

Je viens de lire les mémoires d'un très sympathique chanteur connu. Ce chanteur y apparaît comme alcoolique. Il traite aussi le sexe comme une sorte de pâtisserie. Un bon film, un bon restau, une bonne baise. Et rencontre années après années et durant des décennies des catastrophes sentimentales. Sans pour autant se poser une seule fois la fort simple question : « si tous mes amours à terme se cassent la gueule, ma conception consumériste du sexe n'y serait-elle pas pour quelque chose ? »

La consommation sexuelle, fut-elle de luxe, n'est pas la réponse au manque d'amour.

On dit que le langage nous permet d'exprimer désirs, sentiments. Sans réaliser que nous avons aujourd'hui un langage dépourvu de liberté. Au XVIIIème siècle, par exemple, on pouvait dire ou écrire : « je vous aime » à quelqu'un. Cela exprimait le fait de l'aimer. Aujourd'hui, il est en principe exclu de s'exprimer ainsi sauf pour indiquer une intention sexuelle. On n'a pas la possibilité, le droit de dire à quelqu'un simplement qu'on l'aime !! Quelle triste condition pour l'amour !

J'aimerais pouvoir dire à un ami « mon chéri » sans que cela signifie des « avances » homosexuelles, mais tout simplement que mon interlocuteur m'est vraiment très cher. Et pouvoir dire ou écrire à une amie « je t'embrasse sur la bouche » simplement en qualité de caresse verbale. Ne signifiant pas pour autant que nous nous embrasserons ainsi. Mais le plus souvent ça n'est pas possible. La liberté d'expression n'existe pas. L'homme s'en est lui-même privé !

L'amour existe malgré tout parfois. Et des ennemis terribles le guettent. Je vais passer en revue les pires ennemis de l'amour : l'amour lui-même ; le sexe ; les enfants.

Quand l'amour fleurit entre deux individus, celui-ci est ressenti comme une relation extrêmement différente, agréable, rassurante, comparée aux autres relations carencées. Un déséquilibre immense en résulte. Je l'ai vécu. Tout instant passé avec la femme de mon cœur m'apparaissait incomparablement plus nourrissant, comblant, que tout le reste. Résultat, on privilégie à outrance son amour. Des expressions témoignent de ce phénomène courant : « les amoureux sont seuls au monde », « tu es tout pour moi », « je ne pourrais pas vivre sans toi ».

Mais cela revient de facto à chercher dans un seul amour la totalité de l'amour général qui manque autour ! Pression calamiteuse et épouvantable qui ne peut que contribuer à massacrer à terme l'amour entre deux personnes ! Et aussi à idéaliser à l'extrême votre simple humain partenaire.

Ce n'est pas étonnant avec ça que l'amour mythique idéal dans notre société soit celui, malade, entre Roméo et Juliette, finissant par un double suicide et deux cadavres puants !

Non, l'amour, il faut le voir à sa vraie grandeur. Et quand il est nait entre vous et un autre être, il ne faut pas exiger de lui ce qui manque tout autour. Vouloir faire avec deux bûches un brasier immense conduit à tout bruler très vite et retrouver vite le froid !

L'autre grand ennemi de l'amour est le sexe s'il est systématiquement lié à celui-ci.

On ne doit « faire l'amour » que quand un désir réel existe. Et pas simplement parce qu'il est techniquement possible de le faire. Un sexe en érection ne suffit pas.

Et, pour de curieuses raisons, baiser à tire-larigot avec votre partenaire est le plus sûr moyen de se retrouver seul ! Sûrement parce que cela amène à minorer, négliger, mépriser bisous et câlins.

Le troisième grand ennemi de l'amour peut être la fabrication des enfants.
On s'aime. On est deux. On en déduit que les conditions sont réunies pour faire un enfant. Quelle imbécillité mécaniste ! Avoir un enfant n'est pas le résultat d'une équation mathématique : 1 + 1 = 3

A vouloir s'empresser de pondre ainsi, le résultat est que, l'indépendance matérielle des femmes aidant, nous avons aujourd'hui des multitudes d'enfants avec des parents séparés.

Non, ce n'est pas simplement parce que deux humains se rapprochent qu'un enfant est forcément alors une bonne idée.

Les humains ne sont pas des lapins.

Je ne suis ni contre l'amour, ni contre le sexe, ni contre les enfants, mais il faut bien savoir où on en est et où on va, avant de suivre bêtement les règles établies de cette société malade.

Société malade que je ne saurais guérir. Je saurais juste conseiller de se révolutionner soi à défaut de révolutionner la société. Si pour elle en général vous voyez ce qu'il faut faire, bonne chance !

Les règles établies par la société malade pour nous conduire à l'échec en amour sont soutenues par de magnifiques clichés. L'amour y figure ainsi : un couple jeune, beau, riche, à la peau blanche ou bronzée, en bonne santé et en vacances. Si on trouve à y redire, on s'attire aussitôt la riposte cinglante suivante : « comment ? Mais vous êtes fou ! Vous êtes contre le fait d'être amoureux, jeunes, beaux, riches, blancs ou bronzés, en bonne santé et en vacances ? »

Bien sûr que non. Mais la formalisation de cet « amour » conduit à toutes sortes de catastrophes :

Pour être heureux en amour, il faut être jeunes. Donc rester jeunes, ne pas être pas jeunes. Seul hic, rester jeunes est un rêve impossible. Toutes sortes d'excès et troubles découlent de celui-ci. Un quadragénaire file un parfait amour avec une trentenaire et n'arrête pas de s'angoisser. Des riches se font opérer la gueule pour paraître toujours jeunes et finissent par ressembler à des momies. Des cinquantenaires draguent des minettes pour « se sentir jeunes ».

Il faut être beaux. Mais que signifie « beau » ? Les canons en vigueur amènent à d'inutiles opérations de chirurgie esthétique, de cruels complexes, des régimes absurdes et excessifs.

Pour avoir l'amour, il faudrait être riches. On devient obsédé par la carrière, la « réussite ». L'argent devient une drogue. On fait de la boulimie bancaire. Et on oublie de vivre.

Avoir la peau claire ou bronzée ? Certains noirs usent de produits dangereux pour s'éclaircir la peau. La folie du bronzage chez les blancs amène brûlures et cancers de la peau.

La bonne santé participe du mythe de la pleine forme. L'idolâtrie des vacances amène à emprunter pour, vivre pour.

On peut continuer à parler de l'amour et de ses conséquences. La vérité existe à son propos. Les idées justes sont faciles à trouver. « L'homme est un singe », « aimez-vous les uns les autres », « liberté pour les bisous », etc. En revanche il est extrêmement difficile de se faire des convictions, qui peuvent améliorer nos vies. Seul un travail personnel sur soi peut avec long temps et difficultés parvenir à nous améliorer. Le chemin est traître, imprévu, difficile, dangereux, mais en vaut la peine. Pour ce qui est du reste des problèmes sociétaux, nous pouvons mener d'utiles actions partielles, comme par exemple défendre la survie de l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 novembre 2013

166 Les trois piliers de la société humaine : la corruption, la violence et le conditionnement

A sa naissance, l'être humain est un pur singe. Quels sont les moyens qui vont le forcer à s'humaniser. C'est-à-dire, d'une certaine façon à se dégrader. Passant de l'état d'animal libre à celui d'animal soumis et contrarié par des lois. Qu'il n'a pas choisi. Et que le plus souvent il ne comprend pas ou guère ?

On peut distinguer trois moyens : la corruption, la violence et le conditionnement. Les mêmes servent à l'homme pour dominer ses animaux esclaves, « dressés » ou « domestiqués ».

Le premier moyen pour soumettre l'animal humain est la corruption. Voilà un animal humain qui se sent en forme en se levant à neuf heures du matin. Dont la passion est la peinture. Et qui a quantité d'amis. Pourtant, six jours sur sept, il se lève à six heures pour balayer et sortir des poubelles. Ce qui l'ennuie, en compagnie de personnes qui ne l'intéressent pas. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'un « travail ». Il renonce à ses activités et amis aimés. En se levant à six heures six jours sur sept et restant crevé toute la journée et même le jour en fin de semaine où il ne « travaille » pas. En échange de ça, on lui vend des bons de nourriture à prix réduit, appelés « tickets de cantine ». Et aussi, chaque mois, il reçoit un peu d'argent pour acheter un minimum de choses.

Le deuxième moyen utilisé pour dévoyer du chemin de l'authenticité et la liberté l'animal humain est la violence. S'il refuse de travailler on le licencie. Il perd son salaire. N'a plus aucun revenu régulier pour subvenir à ses besoins. Notamment payer son loyer ou ses charges s'il est propriétaire. Résultat, on l'expulse. Il se retrouve à la rue. Il est marginalisé. Rejeté par la société qui l'entoure. L'alcoolisme, la dépression, le suicide le guettent. C'est la règle dans la plupart des pays du monde.

Le troisième moyen, plus subtil, pour obliger l'animal humain à se trahir est le conditionnement.

S'il travaille, lui a-t-on répété un milliard de fois dans la société, dans sa famille et à l'école, c'est parce que « tout le monde travaille ». « C'est normal de travailler ». « C'est bien de travailler ». « Si on ne travaille pas, on est un feignant, un parasite, on profite des autres, » etc. Et ceux qui travaillent sont « courageux », « nourrissent leurs enfants », « sont nobles, utiles à la société », etc.

Tous ces alibis sont bien jolis. Mais la plupart du temps, l'unique raison qui amène à travailler est tout simplement l'argent. La peur panique d'en manquer juste pour soi et strictement rien d'autre.

Il y a des tas de gens qui ne travaillent pas : les petits enfants, les vieillards retraités, les malades, les invalides, les malins débrouillards. Et les riches, quand ils n'ont pas envie de travailler. Parmi les malins débrouillards, on trouve, par exemple, tout un tas de personnes très grassement payées, assumant soi-disant de très hautes responsabilités. Et en fait touchant leur paie à ne rien faire. J'en ai rencontré plusieurs. Mais, bien sûr, je n'en dirais pas plus. Ce serait de la diffamation.

L'importance primordiale de ces trois moyens : la corruption, la violence et le conditionnement, expliquent quantité d'aspects perturbés de la société humaine.

Car, tout ce qui tend à échapper par nature à la corruption, la violence et le conditionnement est impitoyablement pourchassé.

Le sexe à l'état naturel est au nombre des victimes de cette chasse. L'amour « physique », comme on dit, ne se compare pas avec la prostitution. C'est comme comparer un banquet entre amis avec un repas au restaurant pris avec des inconnus. Les plats pourront être semblables. La saveur « humaine » de ceux-ci n'aura rien à voir. Tout en banalisant le sexe lucratif, la société cherchera de multiples façons à anéantir la relation entre ceux qui aiment vraiment quand ils s'accouplent.

La seconde victime ici répertoriée, ce sont les câlins. Comme pour le sexe, un câlin sincèrement donné et reçu surpasse la caresse tarifée en émotion et ressenti. Le vrai câlin est désintéressé, gratuit, généreux, égalitaire. Notre société est tout son contraire. Et pour cela le déteste.

L'amour subira un terrible ostracisme dans notre société. Car c'est bien là une chose que personne ne peut acheter. Ni obtenir par la force, ou le conditionnement. L'amour est le grand triomphe du singe humain sur la perversion de la société où il vit. Ou l'amour existe malgré elle. Ou n'existe pas. On a beau faire, toutes les imitations perverties et artificielles de l'amour sont tristes et insipides.

La société pervertie va avoir en horreur la plus innocente et pure des tenues : la nudité. Car elle nous montre tous égaux et bien sexués. Il faudra absolument éviter de regarder l'autre nu. D'être vu nu par lui. Et tout particulièrement certaines parties de l'épiderme devront être dérobées à la vue.

Ou bien, on décrétera qu'il existe une nudité « asexuelle », neutre. C'est ainsi que feront les « naturistes ». Ils auront aussi peur que les femmes, et même les fillettes nues, laissent leurs cuisses écartées en public en telle sorte que leur fente soit visible. Et auront une trouille panique de l'érection publique. Ces deux peurs ne seront pas consignées par écrit, mais transmises oralement.

Une autre perversion de la vision de la nudité consiste à la décréter, par définition, comme se réduisant à un prélude ou postlude au coït, à la masturbation, au cunnilingus ou à la fellation.

La prohibition de la dactilité existe aussi, notamment en France. Elle consiste à condamner l'usage tendre des doigts. Par exemple, pour tenir l'autre par la main. Si ce n'est pas un enfant, un malade, un mourant, votre amant ou votre maitresse, pas touche ! On atteint ici un sommet d'absurdité.

La chose la plus chaleureuse, paisible et rassurante qui soit : dormir ensemble, est abusivement assimilée au coït. « Coucher avec », « dormir avec », signifie « baiser avec ». J'ai entendu un jour une dame indignée raconter qu'une de ses amies dormait avec un fils âgé de treize ans. Vu l'âge, selon elle, ça ne pouvait être que de l'inceste ! Son interlocutrice approuvait ces âneries.

Sans parler de la lingualité et du toilettage ! Montrer sa langue est irrévérencieux et réservé aux enfants. Lécher l'autre publiquement, si on est adulte, est forcement « sexuel ». On ne doit pas utiliser sa langue ainsi. Les seules exceptions admises comme « correctes » en société sont, avec la langue : lécher une glace. Ou un cigare, pour le plaisir, et l'humecter avant de le fumer.

Mais lécher un humain, si c'est en public, est un acte parfaitement abominable et indécent.

La société humaine, pour nier le singe, ne craint pas le ridicule. Car, comme chacun sait, le ridicule ne tue pas.

Et des lois pénales sévères, partout dans le monde protègent le ridicule. Qui prétend de ce fait ne plus l'être. Des fois, ces lois confinent au tragique. Dans certains pays, comme l'Iran, voilà deux hommes qui s'embrassent. Ce bisou est passible de mort. Car c'est de l'« homosexualité » !

La langue que nous parlons ou écrivons ignore l'amour vrai et ses subtilités. Et même s'est appauvrit au cours des siècles. Ainsi, par exemple, jadis en France, « être en goguette » signifiait « être en caresses avec une femme ». Aujourd'hui, « être en goguette » signifie faire la fête avec une légère ivresse. Et pour dire « être en caresses avec une femme » il n'existe plus de mot.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 novembre 2013